Affaire du cardinal Ricard: Le Vatican annonce une enquête

Une croix au sommet de la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 2 octobre 2022 (Photo, AFP).
Une croix au sommet de la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 2 octobre 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 12 novembre 2022

Affaire du cardinal Ricard: Le Vatican annonce une enquête

  • «Il a été décidé d'ouvrir une enquête préliminaire», a indiqué aux journalistes le directeur du service de presse du Saint-Siège, Matteo Bruni
  • Mardi, le parquet de Marseille avait annoncé avoir ouvert une enquête préliminaire après les aveux de l'ex-archevêque de Bordeaux

CITÉ DU VATICAN: Le Vatican a annoncé vendredi l'ouverture d'une enquête préliminaire après les révélations d'un nouveau scandale d'agression sexuelle, par le cardinal français Jean-Pierre Ricard, qui ont aggravé la crise dans l'Église de France.

"Suite aux éléments qui sont apparus ces derniers jours et suite à la déclaration du cardinal Jean-Pierre Ricard, afin de compléter l'examen de ce qui s'est passé, il a été décidé d'ouvrir une enquête préliminaire", a indiqué aux journalistes le directeur du service de presse du Saint-Siège, Matteo Bruni.

"On est actuellement en train d'évaluer la personne la plus apte à la mener, avec l'autonomie, l'impartialité et l'expérience nécessaires, compte tenu également du fait que les autorités judiciaires françaises ont ouvert un dossier sur cette affaire", a-t-il ajouté.

Mardi, le parquet de Marseille avait annoncé avoir ouvert une enquête préliminaire après les aveux de l'ex-archevêque de Bordeaux, en retraite depuis 2019 dans les Alpes-de-Haute-Provence (sud-est de la France), qui ont provoqué un nouveau séisme dans l'Église.

"Il y a 35 ans, alors que j'étais curé, je me suis conduit de façon répréhensible avec une jeune fille de 14 ans. Mon comportement a nécessairement causé chez cette personne des conséquences graves et durables", a écrit le cardinal, sans donner plus de détails sur les faits dont il s'incrimine alors qu'il était en poste à Marseille.

Ces déclarations sont intervenues au lendemain de l'annonce surprise par l'épiscopat français que 11 évêques ou anciens évêques avaient eu affaire à la justice civile ou la justice de l'Église pour des "abus" sexuels ou leur "non-dénonciation".

Âgé de 78 ans, Mgr Ricard, qui dispose du droit de vote en cas de conclave, est membre du puissant dicastère (l'équivalent d'un ministère dans le gouvernement du Saint-Siège) pour la doctrine de la foi, chargé notamment des cas de violences sexuelles sur mineurs.

Un procès canonique n'est généralement ouvert qu'une fois le dossier clos par les autorités judiciaires dans le pays concerné. A l'issue du procès civil, l'Église peut demander la documentation aux autorités judiciaires afin de l'intégrer dans sa propre évaluation.

«Nécessité de transparence»

Depuis un an, et la publication du rapport Sauvé qui a estimé à quelque 330 000 le nombre de victimes de prêtres, diacres, religieux ou personnes en lien avec l'Église de France depuis 1950, les affaires et révélations se multiplient.

Jeudi, un prêtre de l'ouest de la France, qui avait donné rendez-vous début novembre à un adolescent, a été inculpé pour viol et écroué. Il est également soupçonné de lui avoir administré des drogues.

Et mi-octobre, la presse avait révélé que Mgr Michel Santier, ancien évêque de Créteil parti à la retraite en 2021, avait été sanctionné cette même année par les autorités du Vatican pour des "abus spirituels ayant mené à du voyeurisme sur deux hommes majeurs".

Ces dernières annonces ont suscité de vives réactions chez les fidèles catholiques, certains faisant part de leur "colère" et de leur "souffrance" tandis que d'autres réclament davantage de transparence sur les mesures prises par l'Église à l'encontre des clercs mis en cause.

"Il y a une très forte pression sur la nécessité de transparence", à laquelle il est "impossible de résister", a confirmé un spécialiste du droit canonique. "Il n'y a pas de raison de cacher les agissements d'un évêque, c'est la règle citoyenne qui doit l'emporter".

Selon lui, "si une personne est dans une contradiction totale entre ce qu'elle fait (dans son ministère) et ce qui lui est reproché, elle ne peut pas rester en place".

Dimanche, le pape François avait assuré que l'Église travaillait "du mieux possible" pour lutter contre la pédocriminalité. Malgré "la tentation du compromis", "la volonté de l'Église est de tout clarifier" a-t-il déclaré.


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".


Restitutions coloniales: le gouvernement français annonce un projet de loi

La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
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  • Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation
  • Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises

PARIS: Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation.

S'appliquant en priorité aux pays africains mais de "portée géographique universelle", ce texte vise à accélérer le retour dans leur pays d'origine de biens culturels appartenant aux collections nationales françaises.

Ils doivent revenir à des "Etats qui, du fait d'une appropriation illicite, en ont été privés" entre 1815 et 1972, selon le ministère français de la Culture.

Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises. Les oeuvres à restituer devront avoir été acquises "dans une situation de vol, de pillage, de cession ou de libéralité obtenue par contrainte ou violence ou d'une personne qui ne pouvait en disposer", a précisé le ministère.

La décision de sortie des collections pour opérer cette restitution ne passera plus par un processus législatif au cas par cas mais pourra intervenir sur seul décret du Conseil d'Etat et après avis, le cas échéant, d'une commission scientifique bilatérale.

Cette commission devra en effet documenter et déterminer, si besoin, le caractère illicite de l'appropriation des oeuvres réclamées à travers un travail qui associerait des experts et historiens français et l'Etat demandeur, selon le ministère.

Concernant la période historique retenue, 1815 correspond à la date d'un règlement des conquêtes napoléoniennes qui est dû à un premier mouvement de restitution d'œuvres à l'échelle européenne. 1972 est celle de l'entrée en application de la convention internationale de l'Unesco protégeant les biens culturels contre le trafic illicite.