En l'absence des touristes, les parisiens profitent de leur ville

Avec l’ouverture de la 19e édition de Paris-Plages, les parisiens prennent d’asssaut les bords de la Seine pour un peu de plein air après des mois de confinement. (Photo Bertrand GUAY).
Avec l’ouverture de la 19e édition de Paris-Plages, les parisiens prennent d’asssaut les bords de la Seine pour un peu de plein air après des mois de confinement. (Photo Bertrand GUAY).
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Publié le Jeudi 23 juillet 2020

En l'absence des touristes, les parisiens profitent de leur ville

  • Les commerçants font grise mine: les soldes d'été qui ont démarré le 15 juillet attirent peu de clients dans les boutiques de prêt-à-porter, malgré de fortes promotions
  • Profitant de l'absence des touristes, les Français font le plein au restaurant de la Tour Eiffel 

PARIS : "Sans la terrasse on était morts. C'est une bouffée d'oxygène", dit le restaurateur Stéphane Manigold. Dans une capitale vidée de visiteurs étrangers par l'épidémie de coronavirus, les professionnels du tourisme comptent sur les Parisiens pour sauver la saison estivale.

Ce midi ensoleillé, des convives finissent leur poulpe laqué aux épices coréennes sur la terrasse du Bistrot d'à côté Flaubert, installée sur cinq places de parking -grâce à l'autorisation exceptionnelle dont bénéficient bars et restaurants parisiens jusqu'au 30 septembre, après trois mois de fermeture dus au Covid-19- dans une rue calme du 17e arrondissement.

"Nous servons 36 couverts dehors. A l'intérieur, avec la distanciation on tombait à 10 ou 15 et on ne rouvrait pas. La terrasse nous a permis de sortir tout le monde du chômage partiel et même d'embaucher un commis de cuisine et un serveur de plus", rapporte, soulagé, M. Manigold. 

A la tête de quatre établissements dont la Maison Rostang, ce restaurateur est devenu célèbre grâce à sa victoire judiciaire fin mai contre Axa, qui refusait d'indemniser les pertes d'exploitation liées au Covid-19. Un accord financier a été conclu et le géant de l'assurance a indemnisé des centaines d'autres entreprises depuis.

Bordée d'élégantes ferronneries blanches -commandées à l'entreprise d'évènementiel Jaulin, à l'arrêt comme tout son secteur- la terrasse et un menu de midi à 24 euros, pour attirer une large clientèle de quartier, permettent de générer 70% à 80% du chiffre d'affaires habituel de juillet... moyennant 15.000 euros d'investissement.

Si ce restaurateur tire son épingle du jeu, nombre d'hôtels souffrent: avec un taux d'occupation de 18% en juin et 30% les deux premières semaines de juillet, "si la situation n'évolue pas, c'est toute une industrie qui risque l'ensablement", estime Vanguélis Panayotis, président du cabinet spécialisé MKG Consulting.

Les Français font le plein au restaurant de la Tour Eiffel 

Des hôtels de la capitale "aux deux tiers vides cet été alors que moins de la moitié a rouvert, c'est du jamais vu", dit-il. "Pour les Français, cet été sera vraiment l'opportunité d'une vie de profiter pleinement de Paris et de ses hôtels, restaurants, boutiques, parcs d'attractions et musées vidés de leurs touristes étrangers."

Les commerçants, eux, font grise mine: les soldes d'été qui ont démarré le 15 juillet attirent peu de clients dans les boutiques de prêt-à-porter, malgré de fortes promotions. Nombre de Parisiens sont partis en vacances et le masque obligatoire, ajouté aux cabines d'essayage condamnées pour éviter de propager le virus, découragent.

Quant aux navettes Batobus et aux Bateaux Parisiens, très prisés des touristes étrangers, ils ont repris du service le 1er juillet après trois mois d'arrêt et un nombre de voyageurs divisé par deux pour respecter les précautions sanitaires.

Les bateaux naviguent désormais 7 jours sur 7 depuis le 13 juillet, leur rythme normal, soit 1 à 2 jours de plus qu'au redémarrage, et les croisières avec restauration comprise des Bateaux Parisiens viennent de reprendre. 

"La clientèle française est clairement la première, avec beaucoup de familles dans les croisières l'après-midi, grâce à la gratuité pour les enfants de moins de 12 ans, instaurée cet été", précise un porte-parole de Sodexo Sports et Loisirs, qui détient ces activités. Elle compense les touristes provenant des Etats-Unis et d'Amérique latine, "deux grosses clientèles absentes cette année".

Quant au restaurant Jules Verne de la Tour Eiffel, il réussit à faire le plein tous les soirs de juillet, et quasiment aussi au déjeuner: les Français représentent désormais la quasi totalité des convives, contre la moitié avant la crise sanitaire.

"Les trois mois de délai de réservation qui décourageaient les Français, ont été ramenés à un mois", précise Sodexo Sports et Loisirs, qui gère la restauration de la vénérable Dame de fer. 

De son côté, le parc de loisirs Disneyland Paris n'a rouvert ses portes au public, après quatre mois de fermeture, que mi-juillet avec des mesures d'hygiène renforcées et une capacité d'accueil réduite: la première destination touristique privée en Europe ne draine donc pas autant de touristes que d'habitude vers la capitale.

Si la France est la première destination touristique mondiale avec 90 millions de visiteurs par an, le dynamisme du secteur est déjà très lié à une clientèle hexagonale qui a dépensé 110 milliards d'euros l'an dernier, près de deux fois plus que les visiteurs étrangers.

 


Metz: un forcené tué par balles, un policier touché à la main

Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
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  • Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier
  • Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard

STRASBOURG: Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet.

Les faits ont commencé dimanche soir dans une rue très passante de la vieille ville de Metz. "Vers 22h00, un individu menace depuis sa fenêtre, avec une arme à canon long, un passant", a rapporté le maire François Grosdidier sur sa page Facebook.

Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier.

Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard.

"Il sortait alors de son studio, tenant dans chaque main un revolver, et faisait feu sur les policiers présents dans le couloir", a-t-il ajouté. "Un policier était blessé à une main, tandis qu'un de ses collègues tirait à trois reprises, touchant l'individu à l'abdomen et au bras".

L'homme de 56 ans a été hospitalisé mais est décédé lundi matin. "Son casier judiciaire porte trace de neuf condamnations", selon M. Bernard.

Le policier blessé a également été hospitalisé.

L'homme détenait "plusieurs armes, de poing et d'épaule, dans son appartement", selon le maire qui a salué l'intervention des forces de l'ordre.


Tourisme en France : entre recherche de soleil, contraintes budgétaires et destinations alternatives

Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
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  • les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget.
  • L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées

RIYAD : Alors que l'été 2025 se profile, les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget. Si 61 % d’entre eux envisagent de prendre quelques jours de congé, selon un sondage OpinionWay pour Liligo, leur comportement de consommation évolue. Pour la première fois en cinq ans, le budget moyen baisse de 74 euros par personne.

L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées comme la Bretagne, la Normandie ou le nord de la France. Cette tendance s’explique notamment par deux étés précédents jugés peu cléments sur le plan météorologique, ce qui dissuade certains vacanciers de s'y rendre à nouveau.

Dans les établissements touristiques du Grand Ouest, les professionnels constatent un recul des séjours d'une semaine, compensé par une légère hausse des courts séjours (2 à 6 nuits). Les réservations de dernière minute restent fréquentes et très dépendantes des prévisions météorologiques du dimanche soir.

Confrontés à une inflation persistante et à des inquiétudes concernant leur pouvoir d’achat, les Français adaptent leurs comportements. Ils réduisent leurs dépenses dans les restaurants, les commerces ou les activités annexes, et sont plus prudents dans la planification de leurs séjours. Les formules « tout compris », jugées plus économiques et prévisibles, rencontrent un succès croissant.

Selon le cabinet Pro tourisme, les prix des hébergements touristiques ont grimpé de 27 % en quatre ans. Dans ce contexte, les territoires proposant des tarifs plus accessibles, comme l’intérieur des terres ou les destinations proches des grandes agglomérations comme l’Eure, la Vienne, l’Ain ou l’Oise, enregistrent une forte progression des recherches, parfois jusqu’à +150 %.

Si les littoraux restent prisés, un rééquilibrage s’opère en faveur des zones rurales et périurbaines. Ces destinations sont non seulement plus abordables, puisque les locations y sont en moyenne 20 à 30 % moins chères que sur la côte, mais elles offrent également un cadre de vie plus agréable.

Ces destinations répondent à une demande croissante de nature, de tranquillité et d’authenticité. La France rurale, longtemps en retrait, bénéficie désormais d’une attractivité renouvelée. Un phénomène accentué par l’essor du télétravail, le besoin de déconnexion et la quête d’expériences plus simples. L’arrière-pays n’est plus perçu comme une alternative de repli, mais comme un véritable choix de qualité.

Sur le plan international, la France reste solidement installée comme première destination mondiale avec 100 millions de touristes étrangers en 2024, devant l’Espagne. Les métropoles touristiques qui accueillent une clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat, comme Paris, Cannes, Nice ou les régions viticoles, affichent des perspectives encourageantes.

Les analystes estiment que les Jeux Olympiques 2024 ont amplifié la visibilité de la France sur la scène mondiale, générant un regain d’intérêt pour la capitale et ses alentours. À Paris, la fréquentation touristique devrait rester élevée en 2025 grâce à l’effet post-événementiel.

Entre contraintes économiques, recherche d’ensoleillement et désir de proximité, le tourisme en France est en pleine mutation. Les professionnels s’adaptent à une clientèle plus exigeante, plus mobile et surtout plus attentive à l’équilibre entre plaisir et dépenses. Le paysage touristique français, longtemps polarisé entre le littoral et la montagne, s’enrichit désormais d’une diversité de choix stratégiques, économiques et culturels.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.