Au Karabakh, les adieux au monastère arménien de Dadivank

Des soldats arméniens visitent une dernière fois le monastère orthodoxe de Dadivank (XIIe-XIIIe siècle) à la périphérie de Kalbajar, le 12 novembre 2020 (Alexander Nemenov / AFP)
Des soldats arméniens visitent une dernière fois le monastère orthodoxe de Dadivank (XIIe-XIIIe siècle) à la périphérie de Kalbajar, le 12 novembre 2020 (Alexander Nemenov / AFP)
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Publié le Vendredi 13 novembre 2020

Au Karabakh, les adieux au monastère arménien de Dadivank

  • Avec ses hautes montagnes, ses gorges à pic et ses pentes boisées et abruptes, le district de Kalbajar doit repasser sous le contrôle de Bakou dimanche
  • A trois jours de sa rétrocession à l'Azerbaïdjan prévue par le cessez-le-feu au Nagorny Karabakh, le monastère arménien de Dadivank reçoit ses derniers pèlerins

DADIVANK, Azerbaïdjan : Ils viennent par dizaines, recueillis et souvent en larmes. A trois jours de sa rétrocession à l'Azerbaïdjan prévue par le cessez-le-feu au Nagorny Karabakh, le monastère arménien de Dadivank reçoit ses derniers pélerins.

Les armes se sont tues en début de semaine autour de l'enclave arménienne sécessionniste, après plus d'un mois d'affrontements et une humiliante défaite face aux troupes azerbaïdjanaises, qui, au terme d'un accord parrainé par la Russie, reprendront possession du gros des territoires perdus lors d'une guerre dans les années 1990.

Avec ses hautes montagnes, ses gorges à pic et ses pentes boisées et abruptes, le district de Kalbajar doit repasser sous le contrôle de Bakou dimanche. Y compris ce lieu cher aux Arméniens: le monastère de Dadivank.

Supposément fondé aux premières heures de la chrétienté par saint Dadi, Dadivank a été édifié aux XII-XIIIe siècle.

Après des siècles d'une histoire agitée, il reste aujourd'hui un magnifique ensemble monastique de pierres grises -dont une église-cathédrale-, fierté de l'Eglise apostolique arménienne, accrochée à la montagne.

"C'est très dur, très douloureux. Nous sommes venus dire au revoir...", lâche dans un sanglot une brune quadragénaire, dissimulant ses larmes derrière ses lunettes de soleil.

Des grappes de visiteurs, beaucoup venus de Erevan, marchent avec recueillement sur le parvis. Désemparés ou résignés, ils déambulent d'une basilique à la chapelle, sous le narthex de l'évêque Grégoire. Sur la tombe de Dadi, quelques roses finissent de faner.

Baptêmes improvisés

On s'échange des poignées de cierges achetés dans la petite boutique de souvenirs religieux, déjà en train de plier bagage tout en faisant ses dernières affaires.

Sur la route secondaire montant vers le monastère, c'est presque l'embouteillage. Si ce n'était l'évidente tristesse générale et les trop nombreux militaires parmi les visiteurs, la scène ressemblerait à un flot de touristes en vacances.

"Je ne peux pas croire que c'est la dernière fois que je viens ici", confie Miasnik Simonian, 28 ans, venu de Vardenis (nord de l'Arménie) avec trois amis.

"Cette terre est celle de nos grands-parents. Ces pierres sont vieilles de 800 ans", dit-il, pointant deux majestueux khachkars, traditionnelles croix arméniennes scupltées dans la pierre comme de la dentelle.

Inna Tumanian, tout juste diplômée de l'université d'Erevan, voulait se faire baptiser ici depuis des mois. "C'était très important pour moi. Mais il y a eu le corona, puis la guerre... Quand j'ai appris que nous allions devoir abandonner Dadivank, j'ai appelé le prêtre, qui m'a dit de venir".

Elles sont douze ce jour-là, des jeunes femmes, à prendre place dans l'église Sourp Astvatsatsin (Sainte Mère de Dieu) pour un baptême improvisé dans cette petite cathédrale, d'une dizaine de travées, dont le dépouillement invite au silence et au recueillement.

"Je ne peux pas partir"

Sous le regard de deux fresques murales du XIIIe siècle laissant deviner une scène de lapidation d'un martyr et le courronnement d'un saint, le Père Hovhannes laisse percer son amertume contre l'Azerbaïdjan, pays turchophone laïc à majorité chiite, "qui n'a pas les mêmes valeurs que nous".

Quand la région était contrôlée par le régime soviétique athée en place en Azerbaïdjan comme en Arménie, les lieux avaient été abandonnés au bétail.

Mercredi, le gouvernement arménien s'est dit "extrêmement préoccupé" sur le sort de ce patrimoine unique, malgré les assurances de Bakou qui promet de préserver tous les lieux historiques et spirituels.

"Les gens ont perdu des proches, leurs maisons. Ils ne veulent pas perdre Davidank. (...). Nous devons prier pour la sauvegarde de notre monastère", poursuit le religieux à la barbe grise, crucifix d'argent sur la poitrine de sa soutane noire.

"Surtout n'emportez rien avec vous, ne volez rien dans la maison de Dieu", prévient-il, à l'attention de ceux ou celles qui seraient tentés d'emporter une ultime relique.

Le père Hovhannes explique n'avoir reçu aucune instruction de Erevan quant à la préservation des lieux et des artefacts.

"Ce monastère nous appartient, je ne peux pas partir d'ici", plaide-t-il. Quant à ramener en Arménie certains des plus précieux khachkars qui ornent l'endroit. "Qui suis-je pour enlever des pierres qui sont ici depuis plus de 800 ans ? Je ne peux pas..." (AFP)

 


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.