L'ombre de l'Ukraine et des missiles nord-coréens plane sur le sommet de l'Apec

Manifestations à Bagkok quelques heures avant le début du sommet de l'APEC. (AFP).
Manifestations à Bagkok quelques heures avant le début du sommet de l'APEC. (AFP).
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Publié le Vendredi 18 novembre 2022

L'ombre de l'Ukraine et des missiles nord-coréens plane sur le sommet de l'Apec

  • Le sommet de l'Apec est le point culminant d'une quinzaine de jours intenses du point de vue diplomatique en Asie, après le G20
  • Le président français Emmanuel Macron est arrivé à Bangkok mercredi soir. Durant cette réunion de deux jours, il va tenter de relancer les ambitions stratégiques de la France en Asie-Pacifique, mises à mal par la crise avec l'Australie

BANGKOK: Les dirigeants des pays du forum de Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (Apec) ont rendez-vous à Bangkok jeudi pour un sommet consacré aux pandémies et aux conséquences de la guerre en Ukraine, le jour même d'un nouveau lancement de missile nord-coréen.

Ce sommet de deux jours  est aussi marqué par une rencontre inédite entre le président chinois Xi Jinping et le premier ministre japonais Fumio Kishida. Ils doivent tenir leur premier entretien en tête-à-tête depuis trois ans, quelques heures après le dernier d'une longue série de tirs de missile nord-coréens qui a remis la peur du nucléaire en haut de l'agenda avec le conflit ukrainien.

Le président chinois Xi Jinping est arrivé jeudi dans la capitale thaïlandaise après avoir participé au G20 à Bali, où le président américain Joe Biden l'a pressé d'user de son influence pour modérer le régime de Pyongyang.

Alors que M. Xi et le Premier ministre japonais Fumio Kishida se préparaient à se rencontrer, la Corée du Nord a tiré un missile balistique de courte portée et a averti Washington et ses alliés qu'ils devaient s'attendre à une réponse militaire "plus féroce".

Le bureau de M. Kishida a condamné le dernier lancement effectué par la Corée du Nord, qui s'ajoute à une série de tirs, dont celui d'un missile balistique intercontinental, qui ont débuté au début du mois.

Selon Séoul et Washington, Pyongyang pourrait se préparer à effectuer un essai nucléaire, qui serait le septième de son histoire.

Joe Biden et Fumio Kishida qui se sont rencontrés avec le président sud-coréen Yoon Suk-yeol en marge du sommet de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est à Phnom Penh, ont réaffirmé qu'un test nucléaire de la Corée du Nord serait suivi par "une réponse forte et ferme de la communauté internationale."

Les dirigeants ont publié un communiqué commun à l'issue de leur rencontre, le président américain Joe Biden s'engageant à déployer "tout l'éventail des capacités, mêmes nucléaires" pour défendre ses alliés.

A l'issue de son entretien avec Xi lundi, M. Biden s'est dit convaincu que la Chine, principal allié diplomatique et économique de Pyongyang, ne souhaitait pas que le régime de Kim Jong Un aggrave encore les tensions.

La Chine et le Japon, respectivement deuxième et troisième économies mondiales, sont d'importants partenaires commerciaux, mais leurs rapports se sont considérablement dégradés ces dernières années, Pékin affichant des ambitions grandissantes en Asie-Pacifique.

Marathon diplomatique en Asie 

Les missiles chinois tirés lors d'exercices militaires massifs autour de Taïwan en août seraient tombés dans la zone économique exclusive du Japon, et Tokyo a protesté contre ce qu'il appelle des violations aériennes et maritimes croissantes ces derniers mois.

Xi et Kishida ne se sont encore jamais rencontrés en tête-à-tête. Ils s'étaient parlés au téléphone en octobre 2021 peu après l'arrivée de M. Kishida au pouvoir au Japon.

Le dernier sommet entre des dirigeants des deux pays remonte à décembre 2019, quand l'ancien Premier ministre japonais Shinzo Abe avait rencontré M. Xi à Pékin.

Le sommet de l'Apec est le point culminant d'une quinzaine de jours intenses du point de vue diplomatique en Asie, après le G20 et une réunion des dirigeants de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est à Phnom Penh la semaine dernière.

Le G20 a été assombri par la chute d'un missile en Pologne, un incident qui a renforcé les craintes d'une escalade du conflit contre lesquelles n'ont cessé de mettre en garde les dirigeants des 20 grandes économies mondiales.

La Pologne et l'Otan ont déclaré que l'explosion avait probablement été causée par un missile de défense aérienne ukrainien lancé pour intercepter un tir de barrage russe.

Lors de leur rare rencontre lundi, MM. Biden et Xi ont cherché à apaiser les tensions, mais les deux superpuissances restent sur une trajectoire de collision tant les sujets de discorde sont forts entre elles.

Joe Biden a affirmé qu'une nouvelle Guerre froide n'était pas nécessaire, tandis que le dirigeant chinois a assuré que Pékin n'avait pas l'intention de "changer l'ordre international existant".

Ce ton conciliant entre les deux hommes est de nature à rassurer les membres de l'Apec, de plus en plus inquiets à l'idée de devoir prendre parti entre les deux plus grandes économies du monde.

Si Etats-Unis et Chine s'opposent toujours sur la question de l'avenir de Taïwan, ils ont trouvé un terrain d'entente sur l'Ukraine.

Ils se sont mis d'accord sur un point, selon la Maison Blanche: le refus de tout recours à l'arme nucléaire.

Plus vague, la Chine s'est dite "du côté de la paix" et a de nouveau appelé à des négociations.

Le président français Emmanuel Macron est arrivé à Bangkok mercredi soir. Durant cette réunion de deux jours, il va tenter de relancer les ambitions stratégiques de la France en Asie-Pacifique, mises à mal par la crise avec l'Australie autour d'un mégacontrat de sous-marins en 2021.

"Dans cette région très contestée, qui est le théâtre d'une confrontation entre les deux grandes puissances mondiales, notre stratégie est de défendre la liberté et la souveraineté", a déclaré M. Macron jeudi.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.