Mohammed ben Salmane en Corée du Sud: un «nouveau partenariat stratégique tourné vers l'avenir»

Mohammed ben Salmane en Corée du Sud: un «nouveau partenariat stratégique tourné vers l'avenir»
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Publié le Samedi 19 novembre 2022

Mohammed ben Salmane en Corée du Sud: un «nouveau partenariat stratégique tourné vers l'avenir»

  • Le président Yoon Seok-youl déclare que le Royaume est l'un des partenaires essentiels de la sécurité économique et énergétique de Séoul
  • La délégation a signé vingt-six protocoles d'accord d'une valeur de 30 milliards de dollars, couvrant une large étendue de secteurs, des chemins de fer à l'énergie

RIYAD: Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, a conclu sa visite officielle en Corée du Sud jeudi, après avoir obtenu de multiples accords commerciaux et réaffirmé les relations traditionnelles entre les deux pays.

Plusieurs responsables, dont le ministre saoudien de l'Énergie, Abdelaziz ben Salmane, et le ministre de l'Intérieur, le prince Abdelaziz ben Saoud ben Nayef, ont accompagné le prince héritier lors de sa visite de deux jours, qui faisait suite à sa participation au sommet du Groupe des vingt (G20) à Bali, en Indonésie.

Le prince héritier a tenu plusieurs réunions avec des représentants du gouvernement et des chefs d'entreprise sud-coréens, qui ont abouti à vingt-six protocoles d'accord d'une valeur de 30 milliards de dollars (1 dollar = 0,96 euro), portant sur les chemins de fer, la construction, la pétrochimie, l'agriculture et l'énergie.

Lors d'une réunion jeudi avec Yoon Seok-youl, le président de la Corée du Sud, le prince héritier a remercié ses hôtes pour leur «leur hospitalité et leur accueil chaleureux» et il a salué le succès de soixante ans de relations diplomatiques.

Le prince héritier a déclaré que «cette visite dans votre pays ami coïncide avec le soixantième anniversaire depuis l'établissement des relations entre le royaume d'Arabie saoudite et la République de Corée, ce qui confirme la volonté de nos deux pays de continuer à consolider les fondements de cette relation historique et d'œuvrer à l'aboutissement des efforts visant à renforcer la coopération dans tous les domaines».

«Les relations entre le royaume d'Arabie saoudite et la République de Corée se sont sérieusement développées au cours des six dernières décennies, ce qui a donné lieu à un partenariat stratégique fructueux pour les deux pays. Afin de préserver les acquis de cette relation, nous avons toujours veillé à intensifier la consultation et la coordination avec votre pays ami afin de concrétiser des aspirations économiques ambitieuses et de construire un avenir meilleur pour la région et le monde en particulier.»

 

 

LES DATES CLÉS DES RELATIONS SAOUDO-SUD-CORÉENNES

1962: Établissement des relations diplomatiques.

1973: La Corée du Sud ouvre son ambassade en Arabie saoudite.

1974: L'Arabie saoudite ouvre son ambassade en Corée du Sud.

1975: Création d'un comité mixte saoudo-sud-coréen.

1998: Le prince héritier Abdallah effectue une visite de trois jours en Corée du Sud dans le but de renforcer les liens.

1999: Visite de quatre jours du prince Salmane en Corée du Sud visant à renforcer les relations bilatérales.

2016: Le prince héritier, Mohammed ben Salmane, et la présidente de l'époque, Park Geun-hye, s'entretiennent en marge du sommet des dirigeants du G20 à Hangzhou, en Chine.

2017: Lancement de la Vision 2030 saoudo-coréenne.

2019: Le prince héritier se rend en Corée du Sud à l'invitation du président de l'époque, Moon Jae-in.

Janvier 2022: Moon Jae-in se rend en Arabie saoudite. 

Janvier 2022: Le Fonds public d’investissement d’Arabie saoudite (PIF), Posco et Samsung C&T signent un protocole d'accord en marge du Forum d'investissement saoudo-sud-coréen à Riyad pour développer un projet d'hydrogène vert.

Novembre 2022: Le prince héritier, Mohammed ben Salmane, se rend à Séoul.

Dans le cadre de cette visite officielle, un forum d'investissement saoudo-coréen a été accueilli à Séoul par le ministère saoudien de l'Investissement jeudi. La réunion a bénéficié du soutien et de la participation de membres éminents de la Fédération saoudienne des chambres de commerce et des chambres coréennes de commerce et d'industrie.

Parmi les participants figuraient Khaled al-Falih, ministre saoudien de l'Investissement; Faisal al-Ibrahim, ministre saoudien de l'Économie et de la Planification; Lee Chang-yang, ministre sud-coréen du Commerce, de l'Industrie et de l'Énergie, ainsi que des représentants d'entités gouvernementales concernées et de grandes entreprises du secteur privé des deux pays.

Les principaux sujets de présentation et de discussion ont porté sur l'énergie et la durabilité, avec une table ronde sur «l'énergie propre du futur». Le forum a également abordé les actions de diversification économique, de localisation et de privatisation de l'Arabie saoudite, ainsi que la fabrication.

 

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Le prince héritier saoudien rencontre un groupe de chefs d'entreprises coréennes et passe en revue les opportunités d'investissement prometteuses dans divers domaines. (SPA).

En 2017, les deux pays ont initié la Vision 2030 de l'Arabie saoudite et de la Corée, formant un comité conjoint composé de représentants des agences gouvernementales concernées pour examiner le partenariat, approuver les projets et mettre en œuvre les plans.

Vision 2030 est le programme de réforme sociale et de diversification économique de l'Arabie saoudite, créé en 2016 pour aider à réduire la dépendance de l'économie du Royaume aux hydrocarbures et promouvoir la participation des jeunes et des femmes dans de nouveaux secteurs, des loisirs et du tourisme aux énergies renouvelables.

La Corée du Sud fait partie des huit pays qui coopèrent avec le Royaume pour aider à atteindre les objectifs de la Vision 2030, en travaillant sur quarante projets et initiatives partagés.

Le prince héritier a ajouté qu’«à la lumière des grands défis auxquels notre monde est confronté aujourd'hui, et à cet égard, nous nous référons à la coopération étroite dans le cadre de la Vision 2030 saoudo-coréenne, et nous saluons ce qui a été réalisé au cours de celle-ci».

«Nous suivons également avec grand intérêt les réalisations des commissions conjointes entre nos deux pays, et nous sommes impatients d'élever le rythme de la coordination des investissements et de renforcer le partenariat entre les secteurs public et privé.»

 

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Le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, et le président de la Corée du Sud, Yoon Seok-youl, et leurs délégations à Séoul le 17 novembre 2022. (Bandar Algaloud/via SPA).

Au cours de la session, le prince héritier a déclaré qu'il était impatient d'approfondir la coopération sur l'énergie hydrogène, la technologie de capture du carbone et l'énergie nucléaire.

Il a déclaré: «Je réitère nos remerciements et notre reconnaissance à Votre Excellence pour votre volonté de faire progresser les relations entre les deux pays amis.»

Dans son propre discours au cours de la session, Yoon Seok-youl a fait part de son enthousiasme à porter les relations bilatérales à un niveau inédit. Il a salué la mise en œuvre du plan de réforme Vision 2030 du Royaume et il a déclaré qu'il était impatient d'étendre et de développer la coopération et les investissements.

Ces domaines de coopération comprennent les industries de la défense, les énergies du futur, comme l'hydrogène, la culture, le tourisme et les mégaprojets tels que Neom.

Neom est une entreprise de 500 milliards de dollars commencée en 2017, qui vise à développer des villes intelligentes durables couvrant 26 500 km² dans la province de Tabouk, au nord-ouest de l'Arabie saoudite, près de la mer Rouge.

 

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Parmi les domaines de coopération de Neom figure la production d'énergie propre, telle que le solaire, l'éolien et l'hydrogène. (Fourni/photo d'archive)

 

Yoon Seok-youl a souligné que l'Arabie saoudite était le premier partenaire commercial de la Corée du Sud au Moyen-Orient et qu'elle était l'un des principaux partenaires de la sécurité économique et énergétique de Séoul.

Dans un tweet après leur rencontre, Yoon Seok-youl a écrit: «Heureux d'avoir eu une discussion marquante aujourd'hui. Continuons à travailler ensemble pour construire un nouveau partenariat stratégique tourné vers l'avenir.»

La dernière visite du prince héritier à Séoul remonte à 2019. Le prince héritier a également rencontré le prédécesseur de Yoon Seok-youl, l'ancien président Moon Jae-in, lors de sa visite en Arabie saoudite en janvier dernier.

En atterrissant à la base aérienne de Séoul mercredi, le prince héritier a été reçu par Han Duck-soo, le Premier ministre de la Corée du Sud. Au cours d’une cérémonie de réception officielle, les hymnes saoudien et sud-coréen ont été joués, et une haie d'honneur a été inspectée.

 

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Le prince héritier, Mohammed ben Salmane, avec le président sud-coréen, Yoon Seok-youl, lors d'une cérémonie de bienvenue à Séoul, le 17 novembre 2022. (Bandar Algaloud/photo de la Cour royale saoudienne via SPA)

Au cours des entretiens, le prince héritier et Han Duck-soo ont passé en revue les relations, les perspectives de coopération bilatérale et les moyens de la développer et de la renforcer dans plusieurs domaines.

Jeudi, le prince héritier a également rencontré un groupe de chefs d'entreprise coréens pour discuter des opportunités d'investissement prometteuses dans le Royaume dans plusieurs secteurs, notamment l'énergie, la technologie, l'industrie, la construction et les villes intelligentes.

Les marchés ont bien réagi à la visite du prince héritier, les cours des actions des entreprises coréennes de divers secteurs ont enregistré une tendance à la hausse au cours de la séance de jeudi, reflétant les attentes en matière de partenariats commerciaux et de construction bilatéraux avec l'Arabie saoudite.

L'Arabie saoudite formant activement des partenariats commerciaux avec des entreprises coréennes dans le cadre de son mégaprojet Neom, les cours boursiers de plusieurs entreprises coréennes ont augmenté.

 

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Membres de la délégation accompagnant le prince héritier à Séoul. Vingt-six protocoles d'accord ont été signés entre les deux parties au cours de la visite. (AFP).

 

Hyundai Rotem, une entreprise de l'industrie lourde qui fabrique du matériel roulant, des équipements militaires et des installations techniques, a vu le cours de ses actions augmenter de 5,45 % à la clôture de jeudi, après avoir annoncé le même jour la signature d'un mémorandum avec le ministère saoudien de l'Investissement sur la coopération ferroviaire.

Le cours de l'action de Bifido, société coréenne de produits pharmaceutiques pour le microbiome, a également augmenté de 8,03 % après la signature d’un mémorandum avec une société biopharmaceutique saoudienne de coopération en vue de coopérer à la production de probiotiques.

EuBiologics, une autre société biopharmaceutique, a également vu son cours de bourse augmenter de 0,85 %, la société ayant accepté de partager des technologies de vaccins avec une société pharmaceutique saoudienne. BMT, une société de tuyauterie et de valves, a également vu le cours de son action augmenter de 1,91 % après avoir annoncé un accord de coopération avec l'Arabie saoudite pour la production de valves de raccord.

Jeudi également, une délégation du Centre de communication gouvernementale du ministère saoudien des médias s'est rendue au siège du journal The Korea Times, où elle a discuté des possibilités de coopération et de partenariat, en plus d'examiner les expériences et l'expertise les plus importantes dans le domaine des médias et de l'édition.

En quittant Séoul jeudi soir, le prince héritier a envoyé un message de remerciement au président Yoon Seok-youl: «Au moment de quitter votre pays ami, j'ai le grand plaisir d'exprimer à Votre Excellence ma profonde gratitude et mon appréciation pour le bon accueil et la généreuse hospitalité qui m'ont été réservés ainsi qu'à la délégation qui m'accompagnait.»

«Les discussions que nous avons eues ont confirmé la solidité des relations entre les deux pays et le désir commun de renforcer la coopération dans tous les domaines dans le cadre de la Vision 2030 saoudo-coréenne de façon à servir les intérêts des deux peuples amis, sous la direction du Gardien des deux Saintes mosquées, le roi Salmane ben Abdelaziz al-Saoud, et de Votre Excellence.»

«Je souhaite à Votre Excellence bonne santé et bonheur, et à votre pays et au peuple coréen ami progrès et prospérité continus.»

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Irak: un «bombardement» sur une base militaire fait plusieurs victimes

Le Premier ministre irakien, Mohamed Shia al-Sudani, préside une réunion avec des hauts responsables des forces armées irakiennes et de la coalition dirigée par les États-Unis lors du premier cycle de négociations sur l'avenir des troupes américaines et autres troupes étrangères dans le pays, à Bagdad, le 27 janvier 2024. (Photo Hadi Mizban Pool AFP)
Le Premier ministre irakien, Mohamed Shia al-Sudani, préside une réunion avec des hauts responsables des forces armées irakiennes et de la coalition dirigée par les États-Unis lors du premier cycle de négociations sur l'avenir des troupes américaines et autres troupes étrangères dans le pays, à Bagdad, le 27 janvier 2024. (Photo Hadi Mizban Pool AFP)
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  • «Les Etats-Unis n'ont pas mené de frappes aériennes en Irak aujourd'hui», a réagi le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom) sur X, peu après cette annonce
  • Le Hachd al-Chaabi, coalition de groupes armés pro-Iran a confirmé dans un communiqué des «blessés», sans en préciser le nombre, et des «pertes matérielles» dans une «explosion»

BAGDAD, Irak : Un «bombardement» a fait des victimes dans la nuit de vendredi à samedi sur une base militaire en Irak abritant des troupes de l'armée et d'anciens paramilitaires pro-Iran du Hachd al-Chaabi, ont rapporté des sources de sécurité dans un contexte régional déjà explosif.

Interrogés par l'AFP, un responsable militaire et un responsable du ministère de l'Intérieur n'étaient pas en mesure d'identifier les responsables de ce bombardement aérien ayant visé la base de Calso, dans la province de Babylone (centre), ni de dire s'il s'agissait d'une frappe de drone.

«Les Etats-Unis n'ont pas mené de frappes aériennes en Irak aujourd'hui», a réagi le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom) sur X, peu après cette annonce.

Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a assuré «ne pas commenter les informations parues dans les médias étrangers.»

Un responsable au ministère de l'Intérieur avait initialement fait état d'un bilan «d'un mort et de huit blessés» dans un «bombardement aérien». Mais le Hachd al-Chaabi, coalition de groupes armés pro-Iran a confirmé dans un communiqué des «blessés», sans en préciser le nombre, et des «pertes matérielles» dans une «explosion».

Celle-ci a touché ses locaux sur la base, précise l'organisation, en ajoutant qu'une «enquête préliminaire» avait été ouverte et des enquêteurs dépêchés sur le site.

Ce développement en Irak intervient à un moment où les efforts diplomatiques se poursuivent pour éviter un embrasement du Moyen-Orient, sur fond de guerre à Gaza et de tensions ravivées entre Israël et l'Iran.

Tôt vendredi, des frappes de drones ont ainsi visé les environs d'une base militaire dans la région d'Ispahan dans le centre de l'Iran. L'attaque a été imputée à Israël qui, toutefois, ne l'a pas revendiquée.

- «Risques d'escalade militaire» -

En Irak, sur la base de Calso, un responsable militaire a fait état de trois blessés parmi les effectifs de l'armée irakienne.

«Il y a des explosions dans les entrepôts abritant les équipements en raison du bombardement», a précisé ce responsable s'exprimant sous couvert de l'anonymat en raison de la sensibilité du sujet. Il a fait état d'un incendie qui a ravagé certains secteurs de la base.

De son côté, le responsable au sein du ministère de l'Intérieur a assuré que le bombardement avait ciblé la Direction des véhicules blindés du Hachd al-Chaabi. «L'explosion a touché le matériel, l'armement, les véhicules», a-t-il précisé.

Le Hachd al-Chaabi fait partie intégrante de l'appareil sécuritaire officiel irakien placé sous l'autorité du Premier ministre.

Mais cette institution rassemble plusieurs factions armées pro-Iran, qui ont par ailleurs mené pour certaines des dizaines d'attaques, en Irak et en Syrie, contre les soldats américains déployés dans le cadre d'une coalition internationale antijihadistes.

Le bombardement en Irak, qui n'a pas été revendiqué dans l'immédiat, intervient dans un contexte régional explosif.

Avant les frappes de vendredi en Iran dans les environs d'Ispahan, Téhéran avait mené le 13 avril une attaque inédite aux drones et aux missiles contre Israël. Il s'agissait d'une riposte à une précédente attaque qui avait détruit le consulat iranien à Damas et coûté la vie à sept militaires, dont deux hauts gradés.

La diplomatie irakienne a exprimé vendredi soir sa «forte inquiétude» concernant l'attaque à Ispahan et «mis en garde contre les risques de l'escalade militaire qui menace la sécurité et la stabilité dans la région».

«Cette escalade ne doit pas détourner l'attention de ce qui se passe dans la bande de Gaza, les destructions et les pertes de vie innocentes», a-t-elle fait valoir.

Le Premier ministre irakien, Mohamed Chia al-Soudani, se trouve toujours aux Etats-Unis, où il a rencontré en début de semaine le président Joe Biden.

 


Arabie saoudite - Arménie: Pour un renforcement des relations diplomatiques, affirme Ararat Mirzoyan

Le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, affirme qu'il n'y a «aucune limite» aux opportunités de coopération entre l'Arabie saoudite et l'Arménie. (Photo, AN)
Le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, affirme qu'il n'y a «aucune limite» aux opportunités de coopération entre l'Arabie saoudite et l'Arménie. (Photo, AN)
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  • «Aucune limite» aux opportunités de coopération entre l’Arabie saoudite et l’Arménie, déclare le ministre des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, lors de sa visite «historique» à Riyad
  • Il affirme que le gouvernement arménien soutient un cessez-le-feu à Gaza et la solution des deux États pour Israël-Palestine

RIYAD: L'Arménie s'engage à établir une «feuille de route» pour renforcer ses relations diplomatiques avec l'Arabie saoudite, a déclaré Ararat Mirzoyan, ministre arménien des Affaires étrangères, lors d'une interview exclusive accordée à Arab News jeudi en marge d'une visite dans le Royaume.

Lors d'une discussion approfondie qui a couvert divers aspects, notamment le développement des liens bilatéraux, le processus de paix dans le Caucase du Sud et la guerre à Gaza, Mirzoyan a souligné que l'établissement de relations diplomatiques officielles en novembre dernier marquait le début d’une nouvelle ère de coopération entre les deux pays.

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Le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, affirme qu'il n'y a «aucune limite» aux opportunités de coopération entre l'Arabie saoudite et l'Arménie. (Photo, AN)

«Il est essentiel de souligner que nos liens historiques avec le monde arabe, avec tous les pays arabes, reposent sur des relations amicales ancrées dans la tradition entre nos peuples respectifs,», a-t-il déclaré. «Nous devons garder à l’esprit que de nombreux pays arabes ont accueilli des réfugiés survivants du génocide arménien. Mais bien sûr, nos liens culturels et nos relations existaient même avant cela.»

Mirzoyan a rencontré son homologue saoudien, le prince Faisal ben Farhane, à Riyad mercredi, et il a également été reçu aux ministères saoudiens de l'Éducation et de l'Économie.

«Nous ne voulons pas nous arrêter là. Il existe de nombreux domaines où nous pouvons approfondir notre coopération et explorer de nouvelles opportunités. Nous espérons qu’après cette visite une feuille de route pour le développement des relations émergera», a-t-il ajouté.

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Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane (à droite), reçoit le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, avant leur rencontre à Riyad, le 17 avril 2024. (Photo, SPA)

Ces dernières années ont été marqués par un réchauffement progressif des relations entre les deux pays. En octobre 2021, le président arménien de l'époque, Armen Sarkissian, s'était rendu en Arabie saoudite, marquant ainsi le début d'un nouvel avenir diplomatique pour l'Arménie.

Bien que les relations diplomatiques formelles soient récentes, M. Mirzoyan est très optimiste quant aux avantages mutuels de développer ces liens.

«Franchement, il n'y a pas de limite», a-t-il déclaré. «L'éducation, les sciences, les technologies de pointe, le développement urbain, l'agriculture, le tourisme, les contacts entre les peuples, le commerce, les investissements et les infrastructures. Il se passe tellement de choses ici en Arabie saoudite, mais aussi en Arménie».

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Le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, s'est également entretenu avec le ministre saoudien de l'Économie et de la Planification, Faisal F. Al-Ibrahim, à Riyad le 17 avril 2024. (Photo SPA)

Mirzoyan a salué le lancement des vols commerciaux entre Riyad et la capitale arménienne, Erevan, par la compagnie aérienne saoudienne Flynas, en juin de l'année dernière, affirmant qu'il s'attend à ce que cette initiative stimule le tourisme entre les deux nations.

Le ministre des Affaires étrangères a également félicité l'Arabie saoudite pour avoir remporté sa candidature pour l'Expo 2030, candidature que l'Arménie a soutenue en 2022.

«Notre vision est que nous devrions établir une coopération très étroite et solide avec l'Arabie saoudite, y compris en ce qui concerne les affaires régionales, mais aussi les forums internationaux», a-t-il déclaré.

«J’entrevois également la possibilité d’une coopération étroite dans les forums internationaux. Encore une fois, je tiens à mentionner que lorsque l'Arabie saoudite a présenté sa candidature pour l'Expo 2030, l'Arménie figurait parmi les pays qui l'ont soutenue.»

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Les ministres des Affaires étrangères saoudien et arménien, accompagnés de leurs délégations respectives, réunis à Riyad le 17 avril 2024. (Photo SPA)

Mirzoyan a également exprimé son soutien à une solution à deux États et à un cessez-le-feu en Palestine. En décembre de l'année dernière, l'Arménie s'est jointe à l'Arabie saoudite et à plus de 150 autres pays à l'Assemblée générale des Nations unies pour voter en faveur d'un cessez-le-feu immédiat à Gaza. En outre, l'Arménie serait prête à agir en tant que facilitateur potentiel entre les deux parties, si nécessaire et sur demande.

«L'Arménie a toujours soutenu la solution à deux États pour la Palestine et Israël, et condamne fermement la violence et le ciblage des populations civiles», a déclaré Mirzoyan, soulignant que l'Arménie avait très récemment été victime de cette violence.

«Nous condamnons fermement toute violence à l'encontre des populations civiles», a-t-insisté.

Outre les mots de soutien, l'Arménie a pris des mesures concrètes pour aider les populations civiles touchées par le conflit. Le mois dernier, elle a envoyé 30 tonnes de nourriture et de médicaments aux civils palestiniens déplacés et réfugiés à Rafah.

«L'Arménie déplore des dizaines de milliers de victimes innocentes de l'escalade des hostilités à Gaza. Nous-mêmes avons vécu l'horreur des attaques contre les civils et les infrastructures civiles, et nous nous joignons aux appels de la communauté internationale en faveur d'un cessez-le-feu immédiat à Gaza», a déclaré le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan lors d'une conférence de presse donnée à l’occasion de sa visite en Égypte pour discuter de la livraison d'aide.

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Des Palestiniens inspectent une maison détruite par une frappe israélienne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 17 avril 2024. (Reuters)

Mirzoyan a exprimé son espoir que l’assistance «puisse aider un tant soit peu à alléger la situation et soulager la souffrance de ces personnes».

Concernant les relations plus proches, Mirzoyan a exprimé son désir d’aboutir à la paix entre l'Arménie et les autres nations du Caucase du Sud, tout en admettant que la paix durable nécessitera des efforts pour surmonter les obstacles.

«Il y a vraiment une opportunité, un élan tout à fait réaliste, pour construire une paix et une stabilité durables dans le Caucase du Sud. Mon gouvernement est pleinement engagé dans la voie de la paix, et nous sommes engagés dans des négociations de bonne foi et constructives. Cependant, pour être honnête, il reste encore quelques problèmes cruciaux où les positions des parties divergent. Le premier problème étant, bien entendu, la question des frontières et de la reconnaissance mutuelle de l'intégrité territoriale.» 

Dans le Caucase du Sud, les tensions territoriales sont fréquentes entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan depuis la chute de l'Union soviétique en 1991.

Pour normaliser les relations, Mirzoyan a souligné l’importance du respect des principes de souveraineté, de juridiction, d'égalité et de réciprocité par toutes les parties concernées.

«Nous sommes convaincus que tout peut être débloqué, y compris les voies ferrées, et nous pensons que tout ce qui sera débloqué doit rester sous la souveraineté des pays respectifs.»

«L'infrastructure sur le territoire arménien doit demeurer sous la souveraineté de l’Arménie tout comme l'infrastructure azérie sous la souveraineté de l'Azerbaïdjan. De plus, toutes ces infrastructures doivent fonctionner conformément à nos législations nationales, dans le respect des principes d'égalité et de réciprocité.»

Mirzoyan a ajouté que l'Arménie était en mesure de garantir la sécurité des personnes et des marchandises traversant son territoire sans nécessiter la présence d'un pays tiers.

Il a également expliqué que son pays avait lancé une initiative visant à améliorer les perspectives de stabilité et de paix en débloquant les infrastructures de transport dans la région.

«Nous avons proposé une initiative que nous avons baptisée “Carrefour de la paix” parce que nous croyons fermement que le déblocage complet des infrastructures de transport dans le Caucase du Sud, notamment les routes et les chemins de fer arméniens, azéris et turcs, aura non seulement des retombées économiques positives, mais constituera également un facteur majeur de paix et de stabilité dans notre région.»

Carte illustrée montrant les «carrefours de la paix» proposés par l'Arménie.

Même en dehors de l'Arménie et du Caucase du Sud, l'initiative pourrait avoir un impact mondial significatif, selon Mirzoyan.

«Il y a un intérêt croissant de la part de plusieurs pays pour la mise en œuvre de ce projet, le Carrefour de la Paix, en raison de ses avantages évidents. Je parle notamment des connexions est-ouest, mais nous devons également envisager les liens sud-nord ou nord-sud. C'est pourquoi nous le qualifions de “carrefour”», a-t-il expliqué.

Il a également souligné: «Ce projet pourrait s'avérer très bénéfique pour relier, par exemple, le monde arabe, y compris l'Arabie saoudite, avec la région de la mer Noire, et même au-delà.»

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La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock (C), accueille les ministres des Affaires étrangères de l'Arménie, Ararat Mirzoyan (G), et de l'Azerbaïdjan, Jeyhun Bayramov (D), pour des pourparlers de paix à Berlin, le 28 février 2024. (AFP/Dossier)

La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock (C), accueille les ministres des Affaires étrangères de l'Arménie, Ararat Mirzoyan (G), et de l'Azerbaïdjan, Jeyhun Bayramov (D), pour des pourparlers de paix à Berlin, le 28 février 2024. (AFP/Dossier)

L'Arménie s'apprête à établir des relations diplomatiques avec plusieurs pays et organisations multilatérales, dont l'Union européenne, s'éloignant ainsi de son allié historique le plus puissant, la Russie.

«Il convient de noter que les relations entre l'Arménie et la Fédération de Russie ne sont pas au beau fixe, dirais-je», a déclaré M. Mirzoyan. «Bien sûr, des difficultés subsistent, et nous n’en faisons pas mystère». 

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Cette photo prise le 17 novembre 2020 montre des véhicules de soldats de la paix russes stationnés à un poste de contrôle sur la route de Shusha, dans le Haut-Karabakh. Le porte-parole du président Vladimir Poutine a déclaré le 17 avril 2024 que les forces russes se retiraient de la région du Karabakh, où elles étaient stationnées en tant que forces de maintien de la paix depuis la fin d'une guerre en 2020. (Photo AP /Dossier)

«Il y a des problèmes ainsi que des interrogations au sein de la société arménienne, notamment en ce qui concerne le comportement des soldats de la paix russes au Nagorno-Karabakh, mais aussi celui de nos alliés russes lors des attaques sur nos territoires souverains en 2022, 2023 et bien avant. Il est vrai que des questions subsistent à ce sujet. Cependant, nous y travaillons.»

Les relations de l’Arménie avec l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) sont gelées depuis l'automne dernier. Fondée en 2002, l'OTSC est une alliance militaire regroupant six États post-soviétiques: Arménie, Biélorussie, Kazakhstan, Kirghizistan, Russie et Tadjikistan. Mirzoyan a déclaré dans une interview en mars avec TRT World de Turquie que la candidature de l'Arménie à l'UE était en discussion.

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Le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, en visite dans le Royaume cette semaine, s'est entretenu en exclusivité avec la rédactrice en chef adjointe d'Arab News, Noor Nugali. (Photo AN)

Abordant la question avec Arab News, Mirzoyan a déclaré: «Les aspirations européennes du peuple de la république d'Arménie se renforcent de plus en plus, surtout face à la frustration ressentie par les Arméniens à l’égard des relations avec la Russie, bien que cela ne soit pas le seul élément en jeu.

«L'Arménie approfondit véritablement et de manière significative ses liens avec les États-Unis et l'UE. Ce sont nos principaux partenaires dans notre programme de réformes démocratiques. Ces derniers montrent désormais un engagement fort à soutenir l'Arménie et à renforcer sa résilience économique.

Nous entamons avec l'UE une nouvelle voie de partenariat étroit et, jusqu'à présent, personne ne peut prédire avec certitude où cela nous mènera.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’Arabie saoudite déplore l’échec de la candidature de la Palestine à l’ONU

Le ministère a renouvelé l'appel du Royaume à la communauté internationale pour qu'elle assume sa responsabilité dans l'arrêt des attaques de l'occupation israélienne contre les civils à Gaza. (AP)
Le ministère a renouvelé l'appel du Royaume à la communauté internationale pour qu'elle assume sa responsabilité dans l'arrêt des attaques de l'occupation israélienne contre les civils à Gaza. (AP)
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  • Le Royaume réaffirme son soutien au droit du peuple palestinien à l'autodétermination
  • La Jordanie exprime également sa "sincère tristesse" face à l'incapacité du Conseil de sécurité à approuver la résolution.

DUBAI : L'Arabie saoudite a exprimé son regret face à l'échec du Conseil de sécurité des Nations Unies à adopter une résolution acceptant l'adhésion à part entière de la Palestine à l'ONU.

Dans une déclaration officielle du ministère des Affaires étrangères sur la plateforme de médias sociaux X, le Royaume a déclaré que "la non-adoption de la résolution permet à l'occupation israélienne de poursuivre ses violations du droit international sans dissuasion et ne rapprochera pas la paix souhaitée".

Le ministère a renouvelé l'appel du Royaume à la communauté internationale pour qu'elle assume sa responsabilité dans l'arrêt des attaques de l'occupation israélienne contre les civils à Gaza.

Le Royaume a également réaffirmé son soutien au droit du peuple palestinien à l'autodétermination et à l'établissement d'un État palestinien sur les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale, conformément à l'initiative de paix arabe et aux résolutions internationales pertinentes.

La Jordanie a également exprimé sa "sincère tristesse" face à l'incapacité du Conseil de sécurité à approuver une résolution qui aurait admis la Palestine comme membre à part entière des Nations unies, en raison du droit de veto des États-Unis.

Dans une déclaration, le ministère des affaires étrangères du pays a réaffirmé "que la communauté internationale est en faveur de la solution à deux États, qu'Israël est en train de saper".

"Le Conseil de sécurité doit reconnaître l'État palestinien afin d'empêcher Israël de priver le peuple palestinien de son droit à la liberté et à son propre État", a rapporté l'agence de presse nationale Petra.

"La reconnaissance de l'État palestinien et son adhésion pleine et entière sont une étape nécessaire pour imposer une paix juste qui mette fin à l'occupation et au conflit et qui respecte le droit de tous les peuples de la région à vivre dans la sécurité et la stabilité", a déclaré le porte-parole du ministère, Sufian Qudah.

"La Jordanie exige que toutes les nations reconnaissent l'État de Palestine sur les lignes du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, comme condition préalable à l'instauration de la paix et de la sécurité dans la région.

Le Qatar, dans une déclaration publiée par son ministère des affaires étrangères, a également exprimé son "profond regret face à l'échec du Conseil de sécurité à adopter un projet de résolution acceptant l'adhésion à part entière de l'État de Palestine aux Nations unies".

L'Organisation de la coopération islamique a également exprimé son profond regret face à l'incapacité du Conseil de sécurité "d'assumer ses responsabilités en accordant à l'État de Palestine le statut de membre à part entière des Nations unies, à un moment où le peuple palestinien est confronté aux formes les plus dures d'agression, de persécution et de génocide".

Dans une déclaration, l'organisation a affirmé que "l'utilisation du droit de veto des États-Unis contrevient aux dispositions de la Charte des Nations Unies, qui permet l'adhésion de tous les États acceptant les obligations qu'elle contient, et continue d'empêcher le peuple palestinien d'obtenir ses droits légitimes, perpétuant ainsi l'injustice historique subie par le peuple palestinien au cours des 75 dernières années", a rapporté l'agence de presse qatarie.

L'OCI a également affirmé le droit légitime de la Palestine à incarner son statut politique et juridique au sein des Nations unies, "considérant qu'il s'agit d'un droit en souffrance depuis des décennies, fondé sur les droits politiques, juridiques, historiques et naturels du peuple palestinien sur sa terre, comme le confirment les résolutions pertinentes des Nations unies".

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com