Iran: nouvelles protestations antirégime lors de funérailles de manifestants

Des Iraniens se recueillent devant les cercueils de personnes tuées dans une fusillade, lors de leurs funérailles dans la ville d'Izeh, dans la province iranienne du Khuzestan, le 18 novembre 2022. (AFP).
Des Iraniens se recueillent devant les cercueils de personnes tuées dans une fusillade, lors de leurs funérailles dans la ville d'Izeh, dans la province iranienne du Khuzestan, le 18 novembre 2022. (AFP).
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Publié le Samedi 19 novembre 2022

Iran: nouvelles protestations antirégime lors de funérailles de manifestants

  • Vendredi, des dizaines de personnes se sont rassemblées à Izeh, dans la province du Khouzistan (sud-ouest), pour les obsèques de Kian Pirfalak, 9 ans, tué mercredi avec six autres personnes
  • Dans une vidéo diffusée par l'IHR et le média en ligne 1500tasvir, on entend une femme présentée comme la mère de Kian accusant les forces de sécurité d'avoir tué son fils

PARIS : Les funérailles de jeunes Iraniens, tués selon leurs familles par les forces de l'ordre dans la répression de la contestation, ont provoqué vendredi de nouvelles protestations antirégime.

Depuis le 16 septembre, l'Iran est le théâtre d'un mouvement de contestation déclenché par la mort de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans arrêtée par la police des moeurs pour avoir d'après celle-ci enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique.

Les autorités dénoncent des "émeutes" et ont arrêté plus de 15 000 manifestants selon l'ONG Iran Human Rights (IHR) basée à Oslo. Des centaines de manifestants ont été tués dans la répression, d'après des ONG.

Vendredi, des dizaines de personnes se sont rassemblées à Izeh, dans la province du Khouzistan (sud-ouest), pour les obsèques de Kian Pirfalak, 9 ans, tué mercredi avec six autres personnes, selon des images diffusées par l'agence iranienne Isna.

Dans une vidéo diffusée par l'IHR et le média en ligne 1500tasvir, on entend une femme présentée comme la mère de Kian accusant les forces de sécurité d'avoir tué son fils.

Les médias officiels iraniens ont attribué l'attaque à des "terroristes". Et le gouverneur de la province du Khouzistan, Sadegh Khalilian, a accusé des "éléments" étrangers.

"Ecoutez-moi pour savoir comment l'attaque a eu lieu, parce qu'ils mentent quand ils disent que c'est une attaque terroriste", a dit la femme dans la vidéo. "Des membres des forces de l'ordre en civil ont tué mon fils. C'est ce qui s'est passé", a-t-elle ajouté.

Outre le petit Kian, Sepehr Maghsoudi, âgé de 14 ans, a aussi été tué dans l'attaque d'Izeh, selon des médias d'opposition basés à l'étranger.

Révolution 2022

"Mort à Khamenei", ont crié lors des funérailles des manifestants selon une autre vidéo postée par 1500tasvir, en référence au guide suprême de la République islamique, l'ayatollah Ali Khamenei.

"Kian Pirfalak et Sepehr Maghsoudi font partie des au moins 56 enfants tués par les forces iraniennes dans la répression de la révolution 2022", a affirmé Hadi Ghaemi, le directeur du Centre pour les droits de l'Homme en Iran, basé à New York.

Les funérailles de manifestants tués dans la répression donnent généralement lieu à des rassemblements pour dénoncer la mort de Mahsa Amini, et plus généralement pour s'en prendre au pouvoir.

Toujours dans l'ouest de l'Iran, l’agence de presse iranienne Tasnim a fait état de la mort d'un responsable local des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de l'Iran, Nader Beirami, tué à l'arme blanche lors d'affrontements avec des "émeutiers" à Sahne. L'agresseur a été arrêté.

A Tabriz (nord), des slogans antirégime ont été scandés lors des funérailles d'Aylar Haghi, un étudiant en médecine dont la mort a été imputée par des militants aux forces de sécurité.

Une foule a assisté aussi à Mahabad (nord-ouest) aux obsèques d'Azad Hassanpour tué jeudi par les policiers, a indiqué l'ONG de défense des Kurdes d'Iran Hengaw, basée en Norvège.

Et d'après des images postées sur les réseaux sociaux vérifiées par l'AFP, des protestataires ont mis le feu à la maison historique du fondateur de la République islamique, l'ayatollah Khomeiny, à Khomein (ouest). L'agence de presse iranienne Tasnim a démenti.

Drapeaux arrachés

La répression du régime a été particulièrement sévère dans les zones kurdes du nord-ouest du pays mais aussi dans celles du sud-est, notamment dans la province déshéritée du Sistan-Baloutchistan.

Au moins 342 personnes ont été tuées dans la répression des manifestations en Iran, selon l'IHR: 219 ont péri lors des protestations liées à la mort de Mahsa Amini et 123 au Sistan-Baloutchistan dont plus de 90 le 30 septembre dans la capitale provinciale Zahedan, lors de protestations contre le viol d'une adolescente imputé à un officier.

De nouvelles manifestations ont eu lieu vendredi à Zahedan, où des participants ont arraché les drapeaux iraniens de bâtiments, selon l'IHR.

Dans le même temps au Qatar, où le coup d'envoi de la Coupe du monde de football sera lancé dimanche, le capitaine de l'équipe nationale iranienne Alireza Jahanbakhsh est resté prudent quant à un éventuel soutien de ses joueurs aux manifestations.

Interrogé sur la possibilité qu'ils ne chantent pas l'hymne national en solidarité aux protestataires, Jahanbakhsh a indiqué que la décision serait prise "collectivement".


Israël attaque l’Iran: fortes explosions tôt vendredi dans le centre du pays

De fortes explosions ont été rapportées tôt vendredi dans le centre de l'Iran, trois d’entre elles près d'une base militaire dans le centre du pays, a rapporté l'agence officielle Fars (Photo, AFP/Archives)
De fortes explosions ont été rapportées tôt vendredi dans le centre de l'Iran, trois d’entre elles près d'une base militaire dans le centre du pays, a rapporté l'agence officielle Fars (Photo, AFP/Archives)
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  • Des drones ont été abattus mais il n'y a pas eu d'attaque par missiles "jusqu'à présent", ont indiqué les autorités iraniennes
  • Les vols commerciaux ont été suspendus avant une reprise graduelle depuis les deux aéroports majeurs de la capitale, comme l’a annonce l’agence Irna

TEHERAN, WASHINGTON : Israël a lancé une attaque contre l'Iran, en représailles aux frappes iraniennes contre son territoire du week-end dernier, ont indiqué plusieurs médias aux Etats-Unis, citant des responsables américains.

ABC, CBS et CNN, entre autres médias, ont rapporté les frappes tôt vendredi, heure du Moyen-Orient, en citant des responsables américains.

CNN a précisé que l'attaque israélienne n'avait pas pris pour cible d'installations nucléaires, rapportant là encore un responsable américain.

De fortes explosions ont été rapportées tôt vendredi dans le centre de l'Iran, trois d’entre elles près d'une base militaire dans le centre du pays, a rapporté l'agence officielle Fars.

Des drones ont été abattus mais il n'y a pas eu d'attaque par missiles "jusqu'à présent", ont indiqué les autorités iraniennes. Et les installations nucléaires basées dans la région d'Ispahan (centre), sont "totalement en sécurité", a précisé l'agence Tasnim.

 


Des députés britanniques exhortent le gouvernement à désigner le CGRI comme un groupe terroriste

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  • Les signataires de la lettre ouverte affirment que l’organisation iranienne «n’a jamais représenté une aussi grande menace pour le Royaume-Uni»
  • La désignation du CGRI comme groupe terroriste le mettrait sur un pied d’égalité avec Daech et Al-Qaïda

LONDRES: Un groupe multipartite formé de plus de 50 députés et de pairs à la Chambre des lords au Royaume-Uni a exigé que le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) iranien soit désigné comme une organisation terroriste.

Ce groupe, qui comprend les anciennes secrétaires d’État à l’intérieur Suella Braverman et Priti Patel, a formulé cette demande dans une lettre ouverte publiée dans le quotidien The Times.

Le CGRI constitue un élément clé des capacités militaires et de projection de puissance de l’Iran. Plus de 125 000 personnes servent dans ses rangs, réparties dans des unités telles que la force Al-Qods, l’unité d’outre-mer chargée d’assurer la liaison avec les milices au Yémen, au Liban, en Irak et en Syrie, et de les soutenir. Ces dernières années, le CGRI a également établi des relations avec le Hamas dans la bande de Gaza.

La lettre ouverte, signée par 134 personnes, intervient après l’attaque iranienne du week-end dernier contre Israël, que les signataires ont décrite comme le «dernier chapitre de la terreur destructrice du CGRI».

«Le gouvernement lutte contre le terrorisme et l’extrémisme en considérant le Hamas et le Hezbollah comme terroristes, mais ce n’est pas suffisant», indique le document.

«Le CGRI est la principale source de radicalisation idéologique, de financement, d’équipement et de formation de ces groupes.»

«Le gouvernement doit agir contre la racine même du problème et considérer le CGRI comme une organisation terroriste.»

L’Iran a riposté à l’attaque israélienne contre son consulat à Damas, qui a fait onze morts, dont des commandants de haut rang.

L’ancien président américain Donald Trump a désigné le CGRI comme une organisation terroriste en 2019, un an avant l’assassinat de Qassem Soleimani, commandant de la force Al-Qods.

Le Royaume-Uni s’est toutefois montré réticent à faire de même par crainte de rompre les canaux de communication diplomatiques avec Téhéran.

Cependant, dans le cadre des sanctions imposées à l’Iran en raison de son programme nucléaire, le Royaume-Uni a sanctionné le CGRI; il a gelé les avoirs de ses membres et a mis en œuvre des mesures d’interdiction de voyager.

La désignation du CGRI comme groupe terroriste au Royaume-Uni le mettrait sur un pied d’égalité avec Daech et Al-Qaïda et rendrait illégal tout soutien au groupe, avec une peine maximale de quatorze ans d’emprisonnement.

Les 134 signataires affirment que le CGRI «n’a jamais représenté une aussi grande menace pour le Royaume-Uni». Ils accusent des «voyous» qui appartiennent au groupe d’avoir poignardé un dissident iranien à Londres le mois dernier.

La lettre a été coordonnée par le Groupe parlementaire multipartite Royaume-Uni-Israël, dont fait partie l’ex-ministre de l’Immigration Robert Jenrick.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Washington et Londres imposent des sanctions contre l'Iran, visant des fabricants de drones

Un camion militaire iranien transporte des pièces d'un missile Sayad 4-B devant un portrait du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'un défilé militaire dans la capitale Téhéran, le 17 avril 2024. (AFP)
Un camion militaire iranien transporte des pièces d'un missile Sayad 4-B devant un portrait du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'un défilé militaire dans la capitale Téhéran, le 17 avril 2024. (AFP)
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  • Elles concernent également trois filiales du constructeur automobile iranien Bahman Group et le ministère iranien de la Défense
  • L'Iran a lancé dans la nuit de samedi à dimanche plus de 350 drones et missiles contre Israël, dont la quasi-totalité ont été interceptés en vol

WASHINGTON: Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont imposé jeudi des sanctions contre l'Iran, ciblant "le programme iranien de drones, l'industrie sidérurgique et les constructeurs automobiles", après l'attaque du week-end dernier contre Israël.

Les sanctions de Washington visent "16 personnes et deux entités permettant la production de drones iraniens" dont les Shahed qui "ont été utilisés lors de l'attaque du 13 avril", a annoncé le département du Trésor dans un communiqué.

Elles concernent également trois filiales du constructeur automobile iranien Bahman Group et le ministère iranien de la Défense.

Le président américain Joe Biden a déclaré que les Etats-Unis allaient continuer à faire "rendre des compte" à l'Iran avec ces nouvelles sanctions visant la République islamique.

Il a assuré que les sanctions étaient destinées à "limiter les programmes militaires déstabilisateurs de l'Iran", selon un communiqué de la Maison Blanche.

Les sanctions imposées par Londres ciblent, elles, "plusieurs organisations militaires iraniennes, individus et entités impliqués dans les industries iraniennes de drones et missiles balistiques", a précisé le Trésor.

L'Iran a lancé dans la nuit de samedi à dimanche plus de 350 drones et missiles contre Israël, dont la quasi-totalité ont été interceptés en vol.

Téhéran a présenté son attaque comme une riposte à la frappe meurtrière imputée à Israël visant le consulat iranien à Damas début avril.

Eviter l'escalade 

En réponse, les pays occidentaux ont promis de renforcer leurs sanctions contre l'Iran, mais veulent aussi éviter une escalade de la violence dans la région.

L'Union européenne a ainsi décidé, mercredi lors d'un sommet à Bruxelles, d'imposer de nouvelles sanctions visant les producteurs iraniens de drones et de missiles.

Et jeudi, la cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock a indiqué que les dirigeants des pays du G7, en réunion sur l'île italienne de Capri, discutent "de mesures supplémentaires", tout en insistant sur la nécessité d'éviter "une escalade".

Les pays du G7 (Etats-Unis, Canada, Royaume-Uni, France, Allemagne, Japon et Italie) devraient appeler à des sanctions individuelles contre des personnes impliquées dans la chaîne d'approvisionnement iranienne en missiles et en drones, selon une source au sein du ministère italien des Affaires étrangères.

Et les ministres des Finances et banquiers centraux du G7, réunis à Washington, avaient promis, dans un communiqué mercredi soir, d'assurer "une coordination étroite de toute mesure future visant à affaiblir la capacité de l'Iran à acquérir, produire ou transférer des armes pour soutenir ses activités régionales déstabilisatrices".

Ils avaient par ailleurs appelé "à la stabilité dans l'ensemble de la région, au vu des risques économiques posés par une escalade régionale, notamment les perturbations du transport maritime international".