La protection de l'enfance au Liban en mal de lois et de stratégie nationale

Une photo montre une salle d'audience vide dans le Palais de justice du Liban, à Beyrouth, le 30 août 2022 (AFP).
Une photo montre une salle d'audience vide dans le Palais de justice du Liban, à Beyrouth, le 30 août 2022 (AFP).
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Publié le Dimanche 20 novembre 2022

La protection de l'enfance au Liban en mal de lois et de stratégie nationale

  • Le chômage généralisé plonge les familles dans la crise, aggravant le sort des jeunes
  • Le nombre de mendiants, y compris des enfants, a considérablement augmenté

BEYROUTH : Un récent drame judiciaire au cours duquel un juge a proposé de payer les cautions de deux frères démunis, qui avaient été appréhendés dans le cadre d'un différend financier, a permis de mettre en évidence l'impact de la crise économique du Liban sur les enfants.

Le tandem arrêté, qui ramasse et vend des boîtes de conserve et de la ferraille provenant des rues et des décharges pour gagner sa vie, avait été détenu pendant un mois à la suite d'une dispute.

Dany Zeeny, le juge d'instruction, a aidé les mineurs et ordonné leur libération d'un poste de police du Akkar, dans l'extrême nord du Liban.

De nombreuses personnes pauvres à travers le Liban ont récemment commencé à collecter des fragments de métal, qu'elles revendent pour de petites sommes afin de subvenir aux besoins de leurs familles.

Les frères ont comparu devant Zeeny en présence d'un avocat commis d'office.

Le cas de ces garçons montre que la protection des enfants ne figure plus sur la liste des priorités du Liban, bien que le pays ait signé la Convention relative aux droits de l'enfant il y a plus de 30 ans.

Le nombre de mendiants, y compris des enfants, a considérablement augmenté.

Le ministre de l'Intérieur, Bassam Mawlawi, a déclaré que le gouvernement s'attaquait à ce problème et a ajouté qu'il était prévu de créer un centre de réhabilitation pour mineurs.

Une fois établi, le centre accueillera uniquement des mineurs, et il a précisé qu'il n'y aura pas de mineurs dans la prison centrale pour adultes de Roumieh.

Le ministre intérimaire de la Justice, Henry Khoury, le ministre de l'Éducation, Abbas Al-Halabi, le ministre des Affaires sociales, Hector Hajjar, et Mawlawi ont admis le problème de la protection des enfants auprès de Najat Mualla Majid, la représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies sur la question de la violence contre les enfants.

La représentante de l'ONU a participé à une réunion qui s'est tenue au siège du gouvernement à Beyrouth, après que l'organisation a exprimé son inquiétude face à la menace croissante qui pèse sur le bien-être et la sécurité des enfants au Liban.

Selon l'UNICEF, les conditions difficiles dans le pays ont entraîné un ralentissement des progrès réalisés pour garantir les droits des enfants, tels que définis dans la convention.

Cela s'est traduit par la difficulté d’accéder aux soins de santé, à la protection, à l'éducation, au repos, au jeu et aux loisirs, ce qui a eu des effets désastreux sur les enfants, en particulier ceux qui sont handicapés.

Les rapports présentés par les ministres au cours de la réunion ont montré des crises préexistantes - dont certaines ont été exacerbées par l'effondrement économique - en plus de nouvelles préoccupations liées à des problèmes politiques, économiques et juridiques insolubles.

Le ministre de la Justice a déclaré que bien que les gouvernements successifs aient préparé des projets de loi et discuté de la nécessité de créer des centres ou des établissements correctionnels pour la réhabilitation des enfants, le parlement n'a pas encore voté ou approuvé ces mesures.

Hajjar a déclaré que le programme de protection des enfants était difficile à mettre en œuvre en raison de la présence d'un grand nombre de réfugiés syriens et palestiniens.

Il a ajouté que les enfants vivaient dans des conditions difficiles dans les camps, et que la majorité d'entre eux ne fréquentaient pas l'école, ce qui les exposait à encore plus de problèmes.

Hajjar a exhorté la communauté internationale à se coordonner avec les ministères concernés pour aider à trouver des solutions appropriées.

L'hyperinflation face à l'effondrement de la monnaie libanaise a fait que les familles luttent pour survivre.

Selon l'UNICEF, certaines familles ont essayé de s'en sortir en réduisant leur alimentation, en limitant les soins de santé et l'éducation et, dans de nombreux cas, en obligeant les enfants à travailler. Cela avait déjà été le cas avant 2019.

La couverture et le financement du système de protection sociale au Liban recèlent d’importantes failles.

En outre, il n'existe pas de programme national de bourses d'études pour les enfants, ni d'allocations générales pour les enfants handicapés.

De nouvelles conclusions de l'UNICEF ont révélé l’ampleur des dégâts sur la vie des enfants.

Elles indiquent que « les enfants sont exposés à un risque accru d'abus, d'exploitation et de violence, et empêchés d'accéder aux besoins fondamentaux pour survivre, ce qui entraînera des répercussions physiques, mentales, psychologiques et économiques qui les accompagneront à l'adolescence et l'âge adulte ».

« Le niveau élevé de stress et d'anxiété au sein de la famille entraîne des problèmes sanitaires et psychologiques pour les enfants, et conduit parfois à des situations de violence au sein de la famille et à une dépendance plus forte qu'auparavant à l'égard de normes et de pratiques sociales et de genre néfastes. »

Majid a précisé que « la protection des enfants doit être garantie aux niveaux judiciaire, social, médical et administratif ».

« L'objectif est d'activer un florilège de services pour atteindre tous les enfants. Le Liban doit investir dans ses enfants et dans l'avenir et le présent du pays.

« L'ONU et l'UNICEF sont tout à fait prêts à apporter tout le soutien possible pour améliorer les services fournis aux enfants et aux familles, dans l'intérêt des enfants. »

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.


Un mort dans des frappes israéliennes au Liban (ministère)

Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
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  • Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé, Israël affirmant viser des membres du Hezbollah malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Sous pression internationale, le Liban s’est engagé à désarmer le Hezbollah au sud du Litani, mais Israël accuse le mouvement de se réarmer, une accusation relayée par le sénateur américain Lindsey Graham

BEYROUTH: Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé dimanche, a annoncé le ministère libanais de la Santé, tandis que l'armée israélienne a déclaré avoir visé des membres du Hezbollah.

Israël continue à mener régulièrement des frappes au Liban et affirme viser le mouvement islamiste soutenu par l'Iran, malgré un cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an d'hostilités, en marge de la guerre dans la bande de Gaza.

Israël maintient également des troupes dans cinq positions frontalières du sud du Liban qu'il estime stratégiques.

Selon le ministère libanais de la Santé, deux frappes israéliennes ont touché dimanche un véhicule et une moto dans la ville de Yater, à environ cinq kilomètres de la frontière avec Israël, tuant une personne et en blessant une autre.

L'armée israélienne a déclaré avoir "frappé un terroriste du Hezbollah dans la zone de Yater" et ajouté peu après avoir "frappé un autre terroriste du Hezbollah" dans la même zone.

Dimanche également, l'armée libanaise a annoncé que des soldats avaient découvert et démantelé "un dispositif d'espionnage israélien" à Yaroun, une autre localité proche de la frontière.

Sous forte pression américaine et par crainte d'une intensification des frappes israéliennes, le Liban s'est engagé, comme prévu par l'accord de cessez-le-feu, à désarmer le Hezbollah et à démanteler d'ici la fin de l'année toutes ses structures militaires entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres plus au nord.

Israël a mis en doute l'efficacité de l'armée libanaise et accusé le Hezbollah de se réarmer, tandis que le mouvement chiite a rejeté les appels à abandonner ses armes.

En visite en Israël dimanche, le sénateur américain Lindsey Graham a lui aussi accusé le mouvement de se réarmer. "Mon impression est que le Hezbollah essaie de fabriquer davantage d'armes (...) Ce n'est pas un résultat acceptable", a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée par le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Plus de 340 personnes ont été tuées par des tirs israéliens au Liban depuis le cessez-le-feu, selon un bilan de l'AFP basé sur les chiffres du ministère libanais de la Santé.