Rébellion du M23 en RDC: après une courte accalmie, un dimanche de combats

Les lignes de front étaient restées calmes samedi, laissant croire que les appels à cesser le feu pouvaient avoir été entendus (Photo, AFP).
Les lignes de front étaient restées calmes samedi, laissant croire que les appels à cesser le feu pouvaient avoir été entendus (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 21 novembre 2022

Rébellion du M23 en RDC: après une courte accalmie, un dimanche de combats

  • Les lignes de front étaient restées calmes samedi, laissant croire que les appels à cesser le feu pouvaient avoir été entendus
  • Reprochant à Kinshasa de ne pas avoir respecté des engagements sur la démobilisation et la réinsertion de ses combattants, le mouvement tutsi a repris les armes en fin d'année dernière et étend depuis son territoire

GOMA: Les offices religieux ont été écourtés dimanche dans des villages du nord-est de la République démocratique du Congo par l'irruption des rebelles du M23 qui restent à l'offensive, en dépit des appels à déposer les armes.

Les lignes de front étaient restées calmes samedi, laissant croire que les appels à cesser le feu pouvaient avoir été entendus. Mais l'accalmie n'a duré qu'une journée.

"Nous étions à l'église pour le culte et le M23 a surgi en tirant beaucoup de coups de feu", a déclaré à l'AFP par téléphone un pasteur de Katwiguru, agglomération du territoire de Rutshuru située sur le front nord-est des combats entre l'armée congolaise et le "Mouvement du 23 mars".

Selon Jean Bosco Bahati, un responsable de la société civile locale, les rebelles se sont emparés de plusieurs villages de la région, à quelque 35 km d'Ishasha, localité frontalière de l'Ouganda située non loin du Lac Edouard.

"La population est en débandade", a-t-il témoigné. Selon un autre habitant, l'armée s'est repliée vers le nord.

Plus au sud, les combats ont aussi repris dimanche matin à une vingtaine de km au nord de la grande ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, au niveau de Kibumba, qui marque depuis plusieurs jours la ligne du front sud.

"Depuis ce matin, les combats font rage" dans la région, a indiqué un habitant. "Trois officiers, dont un colonel viennent d'être blessés dans les combats", a précisé une source sécuritaire sous couvert d'anonymat.

Il y a vingt ans jour pour jour, le 20 novembre 2012, le M23 s'était emparé de la ville de Goma, qu'il avait occupée pendant une dizaine de jours avant de se retirer et d'être vaincu l'année suivante.

William Ruto à Kinshasa 

Reprochant à Kinshasa de ne pas avoir respecté des engagements sur la démobilisation et la réinsertion de ses combattants, le mouvement tutsi a repris les armes en fin d'année dernière et étend depuis son territoire.

Sa résurgence a provoqué un regain de tension entre la RDC et le Rwanda, accusé de soutenir cette rébellion. Kigali conteste, en accusant en retour Kinshasa de collusion avec des rebelles Hutu rwandais implantés en RD Congo depuis le génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda.

Plusieurs initiatives diplomatiques ont été lancées pour tenter de surmonter la crise.

Le président kényan se rend en RDC dans le cadre des efforts de paix

Le président kényan William Ruto se rend dimanche en République démocratique du Congo (RDC) dans le cadre des efforts pour tenter de rétablir la pays dans l'est de ce pays, a annoncé son bureau

Sa visite fait suite à celle de son prédécesseur, l'ex-président Uhuru Kenyatta, qui est désormais facilitateur de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Est (EAC) pour la paix en RDC.

A Kinshasa, M. Ruto doit s'entretenir notamment avec son homologue congolais Félix Tshisekedi de la situation sécuritaire dans l'est de la RDC, a indiqué son bureau.

Vendredi soir, Uhuru Kenyatta a indiqué que le président rwandais Paul Kagame s'était joint aux appels demandant aux rebelles du M23 de cesser les combats et de se retirer des territoires qu'ils occupent.

L'EAC a par ailleurs décidé de créer une force régionale pour tenter de ramener la paix dans l'est de la RDC, en proie depuis près de trente ans aux violences de multiples groupes armés, dont le M23.

Le Kenya devrait contribuer à cette force à hauteur de 900 hommes, dont les premiers sont arrivés à Goma, où se situe le quartier général de la force.

Une autre initiative diplomatique est conduite en parallèle par le chef de l'État angolais João Lourenço, qui prévoit une nouvelle rencontre entre les présidents congolais et rwandais jeudi à Luanda.


Trump et Poutine s'entendent sur une trêve très limitée en Ukraine, Zelensky méfiant

L'Ukraine avait elle déjà accepté, sous la pression de Washington, l'idée d'un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours. (AFP)
L'Ukraine avait elle déjà accepté, sous la pression de Washington, l'idée d'un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours. (AFP)
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  • Vladimir Poutine et Donald Trump se sont accordés mardi sur une trêve en Ukraine, limitée aux infrastructures énergétiques et sans réelle percée en vue d'un cessez-le-feu total, une annonce accueillie avec méfiance à Kiev
  • "Il y a malheureusement des frappes, et précisément contre des infrastructures civiles", a écrit le président ukrainien sur Telegram

WASHINGTON: Vladimir Poutine et Donald Trump se sont accordés mardi sur une trêve en Ukraine, limitée aux infrastructures énergétiques et sans réelle percée en vue d'un cessez-le-feu total, une annonce accueillie avec méfiance à Kiev.

Peu après la fin de l'appel très attendu entre les deux chefs d'Etat, des sirènes d'alerte et des explosions ont retenti dans la capitale ukrainienne.

La Russie a de son côté affirmé avoir repoussé plusieurs tentatives d'incursion terrestre de l'armée ukrainienne dans la région russe frontalière de Belgorod.

Les dirigeants américain et russe ont convenu de commencer "immédiatement" des négociations, qui doivent se tenir au Moyen-Orient, sur un arrêt progressif des hostilités déclenchées en février 2022 par l'invasion russe, selon un communiqué de la Maison Blanche.

Moscou a accepté de cesser les frappes sur les infrastructures énergétiques en Ukraine pour 30 jours, le Kremlin qualifiant l'échange de "détaillé et franc".

"Nous avons convenu d'un cessez-le-feu immédiat sur les sites énergétiques et les infrastructures, avec une entente sur le fait que nous allons travailler rapidement pour avoir un cessez-le-feu total et, au bout du compte, la FIN de cette guerre vraiment horrible" a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social.

L'Ukraine avait elle déjà accepté, sous la pression de Washington, l'idée d'un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a demandé mardi, lors d'une conférence de presse en ligne, de connaître "les détails de ce que les Russes ont offert aux Américains ou de ce que les Américains ont offert aux Russes", tout en se disant favorable sur le principe à un arrêt de 30 jours des frappes sur les infrastructures énergétiques.

Conditions

Vladimir Poutine a aussi accepté que 175 prisonniers de guerre soient échangés mercredi avec l'Ukraine.

Pour le reste, le président russe, sans s'engager à un cessez-le-feu total, a exigé la fin du "réarmement" de l'Ukraine et l'arrêt de l'aide occidentale à Kiev.

Ces conditions visent à "affaiblir" l'Ukraine et montrent qu'il n'est pas prêt "à mettre fin" à la guerre, a accusé Volodymyr Zelensky.

Le chancelier allemand Olaf Scholz et le président français Emmanuel Macron ont de leur côté assuré mardi l'Ukraine de la poursuite de l'aide militaire.

Le Royaume-Uni, qui s'est dit prêt à envoyer des militaires en Ukraine une fois la paix conclue, tout comme la France, a réagi de son côté en saluant des "progrès" réalisés "en vue d'un cessez-le-feu".

"Nous resterons (aux côtés de l'Ukraine) aussi longtemps qu'il le faudra pour veiller à ce que la Russie ne puisse plus jamais lancer une invasion illégale", a dit une porte-parole du Premier ministre Keir Starmer.

La Maison Blanche a évoqué, en plus de la pause des attaques contre le secteur de l'énergie, des "négociations techniques sur la mise en place d'un cessez-le-feu maritime en mer Noire".

Dans son communiqué, l'exécutif américain a par ailleurs vanté l'"immense avantage" d'une "meilleure relation bilatérale" entre les Etats-Unis et la Russie, avec à la clé de potentiels "énormes accords économiques."

Les comptes-rendus publiés par les deux capitales ne mentionnent pas d'éventuels redécoupages territoriaux, après que le président américain a dit être prêt à parler de "partage" entre l'Ukraine et la Russie, laquelle réclame cinq régions ukrainiennes dont la Crimée.

"L'objectif doit rester le même, avoir un cessez-le-feu mesurable et vérifiable", a réclamé Emmanuel Macron. "Cela n'est pas concevable sans que les Ukrainiens ne soient autour de la table", a-t-il martelé.

Le président américain, qui a engagé un spectaculaire rapprochement avec Moscou, a d'ores et déjà validé plusieurs revendications russes, en jugeant impossible le maintien de l'intégrité territoriale de l'Ukraine et son adhésion à l'Otan.

A l'inverse, il a soumis les autorités ukrainiennes à une pression extrême, qui a culminé lorsque Donald Trump a publiquement rabroué le président Volodymyr Zelensky à la Maison Banche.

Il avait ensuite suspendu l'aide militaire et en renseignements à Kiev, ne les rétablissant que lorsque l'Ukraine avait entériné son projet de trêve.

Frappes aériennes

La Russie a mené mardi soir des frappes aériennes contre des "infrastructures civiles" en Ukraine, dont un hôpital, a affirmé le président ukrainien Volodymyr Zelensky, estimant que Vladimir Poutine avait "rejeté la proposition d'un cessez-le-feu complet".

"Il y a malheureusement des frappes, et précisément contre des infrastructures civiles", a écrit le président ukrainien sur Telegram.

Il a notamment fait état d'une "frappe directe" d'un drone de conception iranienne Shahed "sur un hôpital à Soumy", dans le nord du pays, et d'autres attaques y compris à Kiev.

M. Zelensky n'a toutefois mentionné aucune attaque directe contre des infrastructures énergétiques, objet de la trêve de 30 jours accordée entre le président américain Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine mardi.

"Ce sont précisément ces attaques nocturnes de la Russie qui détruisent notre énergie, nos infrastructures et la vie normale des Ukrainiens. Et le fait que cette nuit n'ait pas été une exception montre que nous devons continuer à faire pression sur la Russie pour le bien de la paix", a poursuivi M. Zelensky.

"Poutine a en réalité refusé aujourd'hui la proposition d'un cessez-le-feu complet" lors de son entretien téléphonique avec Donald Trump, a-t-il ajouté.


L'Union européenne, le Canada et la Grande-Bretagne avancent en front uni face à Trump

Le président français Emmanuel Macron (à droite) et le nouveau Premier ministre canadien Mark Carney (à gauche) se serrent la main après une déclaration commune au palais présidentiel de l'Élysée, à Paris, le 17 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (à droite) et le nouveau Premier ministre canadien Mark Carney (à gauche) se serrent la main après une déclaration commune au palais présidentiel de l'Élysée, à Paris, le 17 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
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  • Ils avaient affronté Donald Trump en ordre dispersé lors de son premier mandat, mais les pays de l'Union européenne font désormais bloc.
  • En moins de deux mois à la présidence, Donald Trump a bousculé l'ordre géopolitique mondial en considérant la diplomatie comme un rapport de force, y compris avec les partenaires les plus proches de Washington.

PARIS : Ils avaient affronté Donald Trump en ordre dispersé lors de son premier mandat, mais les pays de l'Union européenne font désormais bloc, agissant comme un pôle d'attraction, notamment pour le Canada et la Grande-Bretagne qui partagent leur vision du monde.

Le nouveau Premier ministre canadien, Mark Carney, qui a choisi la France et la Grande-Bretagne pour son premier déplacement à l'étranger, en a délaissé son voisin nord-américain. Il a souligné lundi qu'il était « plus important que jamais de renforcer » les liens de son pays avec des « alliés fiables » et de « diversifier » ses relations commerciales et sécuritaires, au moment où le Canada subit les menaces répétées du président américain.

« À l'évidence, une alliance se dessine dans les premiers mois de la présidence Trump », observe Frédéric Merand, professeur de sciences politiques à l'Université de Montréal. Il explique que les alliés historiques des États-Unis ont pris conscience qu'il n'y a « aucune relation spéciale qui vaille, sauf peut-être avec Israël » pour l'hôte de la Maison Blanche.

En moins de deux mois à la présidence, le républicain a bousculé l'ordre géopolitique mondial en considérant la diplomatie comme un rapport de force, y compris avec les partenaires les plus proches de Washington.

Il a multiplié les propos menaçants sur l'annexion du Canada, qu'il aimerait voir devenir le 51ᵉ État américain, ou sur la possibilité de s'emparer du Groenland et du canal de Panama.

Sur le plan économique, il a dégainé, comme lors de son premier mandat, des droits de douane punitifs, tandis que, dans le domaine de la défense, les alliés des États-Unis dans l'Otan sont accusés de tirer profit de la générosité de l'Amérique.

Les États-Unis de Donald Trump sont ainsi devenus un repoussoir.

« Par conséquent, la seule stratégie viable, c'est de faire front commun et de l'isoler sur la scène internationale », estime Frédéric Merand.

- Entre le continent et le grand large.

Dans ce contexte, « l'Union européenne devient un point d'attraction pour des pays traditionnellement alliés des États-Unis et démocratiques, comme le Canada, qui sont menacés par le pouvoir à Washington », constate Sylvie Bermann, ancienne ambassadrice de France au Royaume-Uni.

Elle note le changement de posture de l'allié britannique, qui avait toujours dit qu'entre le continent et le grand large, il choisirait le grand large. « Sauf qu'aujourd'hui, c'est compliqué, à partir du moment où Donald Trump ne respecte plus les règles du jeu et s'éloigne des démocraties », dit-elle.

Le Royaume-Uni, qui a quitté l'Union européenne en 2020, est plus proche que jamais de la France et des autres pays membres, notamment dans la défense de l'Ukraine face à la Russie.

Pour le moment, on est dans « une réaffirmation de solidarité entre ces pays démocratiques qui ont la même vision du monde ». Cela ne veut toutefois pas dire qu'une alliance structurée sera mise en place », estime néanmoins la diplomate Sylvie Bermann.

Pour autant, en affichant un réalignement stratégique, l'UE, le Canada et le Royaume-Uni signalent la nécessité d'un bloc transatlantique renforcé à long terme.

« Nous n'avons aucune assurance que les États-Unis, dans trois ans ou dans quatre ans, seront les États-Unis que nous avions connus depuis la Seconde Guerre mondiale », poursuit le professeur de l'Université de Montréal.

Pour lui, il est temps de « penser à long terme et de mettre en place des fondations qui permettraient d'institutionnaliser et de pérenniser un pacte des démocraties alliées historiques aux États-Unis ».

Alors que l'UE, le Canada et le Royaume-Uni sont déjà liés par des accords de libre-échange, l'intégration économique semble être une voie d'entrée. Cependant, harmoniser les réglementations, coordonner les politiques industrielles ou réduire la dépendance envers les États-Unis constituent de sérieux obstacles.

« Aucun pays n'est plus vulnérable que le Canada en raison de sa dépendance économique envers les États-Unis et de sa dépendance à l'égard du parapluie sécuritaire américain », note pour sa part Edward Alden, expert au Council on Foreign Relations (CFR).

Renforcer ses liens avec l'Europe ne suffira pas à combler le vide, dit-il. « L'UE (...) représente environ 5 % des exportations canadiennes, tandis que les États-Unis en représentent plus de 75 %. Tout réalignement économique sérieux prendrait des décennies. »

Quels que soient les obstacles, ces pays ont toutefois intérêt à se doter des moyens pour agir de façon plus autonome, que ce soit sur le plan économique, diplomatique ou sécuritaire, estime néanmoins Sylvie Bermann.

« On a longtemps considéré que le premier mandat de Donald Trump était l'exception et que celui de Joe Biden était la norme. Ce n'est pas le cas", résume-t-elle, rappelant les faits : « Depuis plus d'une décennie, sinon davantage, puisque c'était déjà le cas avec Barack Obama, les États-Unis se désintéressent de l'Europe. »


Trump veut rallier un Poutine récalcitrant à un projet de trêve en Ukraine

Cette combinaison d'images créée le 7 novembre 2024 montre l'ancien président des États-Unis et candidat républicain à la présidence Donald Trump (à gauche) assistant à une réunion de Fox News Townn Hall animée par l'animateur de télévision américain Harris Faulkner (hors champ), à Cumming, en Géorgie, le 15 octobre 2024, et le président russe Vladimir Poutine (à droite) s'exprimant lors du sommet des BRICS à Kazan, le 24 octobre 2024.  (Photo Elijah Nouvelage et Alexander NEMENOV / AFP)
Cette combinaison d'images créée le 7 novembre 2024 montre l'ancien président des États-Unis et candidat républicain à la présidence Donald Trump (à gauche) assistant à une réunion de Fox News Townn Hall animée par l'animateur de télévision américain Harris Faulkner (hors champ), à Cumming, en Géorgie, le 15 octobre 2024, et le président russe Vladimir Poutine (à droite) s'exprimant lors du sommet des BRICS à Kazan, le 24 octobre 2024. (Photo Elijah Nouvelage et Alexander NEMENOV / AFP)
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  • Donald Trump souhaite convaincre mardi Vladimir Poutine d'accepter son projet de trêve en Ukraine, à l'occasion d'un entretien prévu dans l'après-midi.
  • Vladimir Poutine, qui a l'avantage militaire sur le terrain, a pris soin de ne pas refuser cette idée, mais a publiquement exprimé de nombreuses réticences.

WASHINGTON : Donald Trump souhaite convaincre mardi Vladimir Poutine d'accepter son projet de trêve en Ukraine, à l'occasion d'un entretien prévu dans l'après-midi. Une idée sur laquelle Moscou a exprimé bien des réserves, tout en se gardant à ce stade de la rejeter.

La conversation téléphonique entre les présidents américain et russe est prévue pour durer de 13 heures à 15 heures GMT, selon le Kremlin.

Les résultats de cet échange seront scrutés avec attention dans les capitales européennes et à Kiev, où l'on craint que M. Trump ne cède trop à M. Poutine, perçu comme une menace à l'échelle du continent.

Des représentants russes et américains négocient depuis que l'Ukraine a accepté, sous la pression de Donald Trump, l'idée d'un cessez-le-feu inconditionnel de trente jours.

Vladimir Poutine, qui a l'avantage militaire sur le terrain, a pris soin de ne pas refuser cette idée, mais a publiquement exprimé de nombreuses réticences.

- « Établir un dialogue » ;

« Il y a certaines ententes, bien sûr. Mais il y a aussi un grand nombre de questions liées à la poursuite de la normalisation de nos relations et à la question ukrainienne, dont les deux présidents doivent discuter", a résumé mardi Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin.

Puis, parlant aux médias russes, il a semblé vouloir ménager les attentes, présentant l'entretien Trump-Poutine comme « une conversation dans une chaîne d'actions visant à établir un dialogue ».

La coopération russo-américaine est quasi inexistante depuis le début de l'invasion de l'Ukraine. Et la Russie est la cible de douloureuses sanctions économiques.

Côté américain, M. Trump a écrit lundi sur sa plateforme Truth Social que de « nombreux éléments » sur la trêve en Ukraine avaient « été convenus ». « Mais beaucoup restent encore » à négocier, a-t-il insisté.

Européens et Ukrainiens attendent donc avec appréhension la conversation entre les deux hommes, d'autant que le président américain a repris sur plusieurs points la rhétorique et des contre-vérités du Kremlin.

Il a déjà accédé à des revendications russes en jugeant impossible l'intégrité territoriale de l'Ukraine et son adhésion à l'OTAN.

Par ailleurs, Donald Trump, qui s'est déjà entretenu une première fois, officiellement, avec Vladimir Poutine le 12 février, a publiquement rabroué le chef de l'État ukrainien, Volodymyr Zelensky, à la Maison Blanche. Cette scène a rompu avec trois années de soutien américain et le front uni occidental face à Moscou.

Il avait ensuite suspendu l'aide militaire et en matière de renseignement à Kiev, ne les rétablissant que lorsque l'Ukraine avait entériné son projet de trêve.

La Russie n'a pour sa part fait état d'aucune concession de fond.

Elle réclame toujours cinq régions ukrainiennes, dont la Crimée, l'abandon des ambitions de Kiev de rejoindre l'Alliance atlantique, ainsi que le démantèlement du pouvoir ukrainien et de son armée.

M. Poutine a aussi jugé qu'une cessation provisoire des combats dépendrait de la situation dans la région russe de Koursk, que l'armée ukrainienne occupe partiellement depuis août 2024.

Au début du mois de mars, à la faveur d'une contre-offensive, les soldats russes ont repris un terrain considérable, affaiblissant ainsi la position de l'Ukraine qui espérait utiliser ces terres comme monnaie d'échange.

- « Soufflé en une seconde » -

Des déplacés russes, qui ont passé sept mois coupés du monde dans des localités sous contrôle ukrainien et visés par de nombreux bombardements, ont pu sortir de la zone ces derniers jours.

Olga Chkouratova raconte à l'AFP qu'elle sort tout juste des « décombres » de son village de Gontcharovka. Elle y a perdu « papy » Nikolaï, son mari de 73 ans, la semaine passée.

« Un obus est tombé et tout a été soufflé en une seconde : plus de maison, plus de garage, plus de grange. Et papy a été écrasé sous le poids du garage », explique-t-elle, émue.

Elena Soukhareva, une bénévole de 50 ans venue en aide à Olga et à ses semblables, espère que Donald Trump et Vladimir Poutine trouveront un compromis, car « des pourparlers de paix » sont « la seule façon de résoudre le problème ».

L'Ukraine ne peut imaginer la paix sans garanties de sécurité : la Russie lui livre la guerre sous une forme ou sous une autre depuis 2014. Sans démonstration de force occidentale, Kiev estime que Moscou attaquera de nouveau.

Donald Trump a exclu pour l'heure de fournir de telles garanties, un vide que l'Europe cherche à combler sans avoir pour autant été incluse aux pourparlers dont le président américain a pris l'initiative.