PARIS: Le documentaire Zip It d’Anicée Gohar sur les péripéties d’un créateur de mode égyptien a bénéficié d’une très bonne réception à l'échelle locale, régionale et internationale. Il a même été diffusé à l'Institut du monde arabe dans le cadre de la Nuit blanche et de l’exposition Habibi, les révolutions de l’amour, le 1er octobre dernier. Arab News en français a rencontré Anicée Gohar.
MBC, le point d’envol

Fraîchement diplômée de la prestigieuse London School of Economics après un master en communication et gouvernance des médias, Anicée Gohar avait décidé de travailler dans le monde des médias en décrochant un stage dans le bureau de Londres de la chaîne d'information en langue arabe Al-Arabiya. «Je pensais que j'étais plus destinée à travailler dans le monde de l'information. J'ai aimé le stage, mais je ne me sentais pas vraiment là où je devais être.» C'est là qu'elle fait la connaissance de Raya Abi Rached, journaliste du groupe audiovisuel MBC et qui est en quelque sorte la «Madame Cinéma» du monde arabe grâce à son émission phare «Scoop with Raya».
Cette rencontre marque un tournant professionnel pour la Franco-Égyptienne. L'émission est consacrée à l'actualité du cinéma et des festivals régionaux et internationaux. Cette collaboration pendant plus deux six ans lui sera bénéfique et lui permettra d’acquérir beaucoup d'expérience en travaillant dans différents domaines – production, montage et parfois en tant que reporter à la place de Raya.

Surnommée «mini-Raya» par certains, elle a pu assister à de nombreuses projections de films lors de certains festivals, ce qui lui sera utile pour la suite de sa carrière professionnelle, même si elle ne souhaitait pas devenir présentatrice. «Je me sentais plus à l’aise derrière la caméra. Je sais que je ne suis pas faite pour être présentatrice», déclare-t-elle. Aujourd’hui, elle continue à collaborer avec Raya de temps en temps, mais elle consacre le plus clair de son temps à sa carrière de réalisatrice.
Le producteur exécutif à MBC, Mohammed AbdelHaq, va lui accorder sa confiance pour réaliser un documentaire télévisé long format entre Los Angeles et Dubaï sur une jeune chanteuse jordanienne d'opéra. Cette dernière lui a donné carte blanche lorsqu'elle s'est installée au Caire, il y a deux ans, pour réaliser des minidocumentaires sur la capitale égyptienne. La série Ahl al-Nil («Les gens du Nil»), diffusée sur MBC Égypte, relate par exemple les initiatives locales visant à préserver ce fleuve mythique.
Zip It, un avant et un après
Pour développer ses compétences, elle a étudié au Tisch School of the Arts à New York. Dans le cadre de sa formation, elle réalise le court-métrage documentaire Keema qui reçoit le prix du meilleur portrait au Greenwich Village Film Festival en 2018.

C’est en Égypte que le documentaire Zip It est né, de manière spontanée et organique. «Mohanad Kojak était proche de ma sœur qui travaille dans le milieu de la mode. J'ai commencé à le filmer par hasard. Il a accepté que je continue à filmer ce documentaire. Je l'ai suivi partout. Je n'avais pas de scénario précis, mais après toutes ces années à Londres, j'avais l'impression qu'il représentait une jeunesse libre dont les gens à l'étranger n'avaient aucune idée. Cette jeunesse-là n'était pas assez représentée.»
La réception de son travail l'a agréablement surprise. La première du documentaire a eu lieu au festival du film Middle East Now à Florence en Italie. Sélectionné par le prestigieux festival de cinéma indépendant Raidance à Londres, il a aussi reçu le prix du meilleur documentaire long-métrage au Festival libanais du film indépendant à Beyrouth.
Anicée Gohar travaille sur plusieurs projets, dont un sur les chats des rues du Caire. «J'aimerais montrer comment les chats s'adaptent au chaos du Caire et aussi leur relation avec les humains», souligne-t-elle. Anicée a vécu de nombreuses années à Londres avant de s’installer au Caire. «J'adore mes deux cultures française et égyptienne mais elles ne me définissent pas.»