Royaume-Uni: la déchéance de nationalité d'une adolescente qui avait rejoint l'EI devant la justice

Dans cette photo d'archive prise le 22 février 2015, Renu, la sœur aînée de la fille britannique disparue Shamima Begum, tient une photo de sa sœur alors qu'elle est interviewée par les médias dans le centre de Londres. (AFP).
Dans cette photo d'archive prise le 22 février 2015, Renu, la sœur aînée de la fille britannique disparue Shamima Begum, tient une photo de sa sœur alors qu'elle est interviewée par les médias dans le centre de Londres. (AFP).
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Publié le Mardi 22 novembre 2022

Royaume-Uni: la déchéance de nationalité d'une adolescente qui avait rejoint l'EI devant la justice

  • Shamima Begum avait quitté en 2015 avec deux amies le quartier de l'est de Londres où elles avaient grandi
  • Aujourd'hui dans un camps de réfugiés syrien, elle conteste sa déchéance de nationalité britannique décidée par Londres en 2019

LONDRES: Shamima Begum avait 15 ans lorsqu'elle a quitté le Royaume-Uni pour rejoindre la Syrie et le groupe Etat islamique (EI). Aujourd'hui dans un camps de réfugiés syrien, elle conteste sa déchéance de nationalité britannique décidée par Londres en 2019, qui l'empêche d'être rapatriée. Une audience se tient lundi pour examiner la légitimité de cette décision.

Le parcours de cette adolescente anglaise rejoint celui de centaines d'autres jeunes partis en Syrie pour rejoindre le "califat" de l'Etat islamique, mais son cas avait particulièrement marqué l'opinion par son jeune âge au moment de son départ.

Shamima Begum avait quitté en 2015 avec deux amies le quartier de l'est de Londres où elles avaient grandi. En Syrie, elle a épousé un jihadiste de l'EI d'origine néerlandaise, de huit ans son aîné, a eu deux enfants, qui sont morts en bas âge.

Après avoir fui les combats, la jeune femme s'était retrouvée en février 2019 dans un camp de réfugiés. Enceinte d'un enfant qui mourra peu après sa naissance, ce qui avait suscité des critiques contre le gouvernement britannique, elle avait exprimé le souhait de rentrer au Royaume-Uni, mais Londres l'avait déchue de sa nationalité, invoquant la sécurité nationale.

Sa famille a contesté cette décision, et leur appel est examiné lundi par la Commission spéciale chargée des appels en matière d'immigration (SIAC).

Début 2020, elle avait perdu une première manche de cet appel, la SIAC ayant jugé que la décision ne faisait pas de Shamima une apatride car elle était Bangladaise par ses parents. Mais Dacca a refusé de l'accueillir car elle n'avait jamais effectué de demande pour obtenir la nationalité bangladaise.

L'enjeu de cette nouvelle audience est notamment de déterminer si le gouvernement avait des raisons de sécurité nationale légitimes pour empêcher Shamima Begum, aujourd'hui âgée de 22 ans, de revenir au Royaume-Uni.

« Stupide »

L'an dernier, Shamima Begum avait supplié le Royaume-Uni de la laisser rentrer pour s'expliquer. "Je sais que je n'ai rien fait dans l'(organisation) Etat islamique à part être une mère et une épouse", avait déclaré la jeune femme sur la chaîne ITV. "Le seul crime que j'ai commis était d'avoir été assez stupide pour rejoindre l'EI", avait-elle ajouté, filmée sans voile et vêtue d'un débardeur.

Mais Shamima avait aussi suscité l'indignation l'année précédente dans une interview où elle n'avait exprimé aucun regret pour avoir rejoint l'EI. Elle arborait cette fois un voile noir tombant jusqu'aux pieds.

L'audience de lundi devrait s'attacher à déterminer si Shamima Begum peut être "considérée comme une victime de trafic" et si "le ministre de l'Intérieur (à l'époque, Sajid Javid) a considéré cet aspect quand il a pris sa décision de la priver de sa nationalité", a expliqué à l'AFP Tasnime Akunjee, l'avocat de la famille.

Il s'appuie sur des révélations de presse d'août, selon lesquelles la jeune fille a pu entrer en Syrie grâce à un passeur qui transmettait aussi des renseignements au Canada.

"Shamima Begum a été endoctrinée en ligne alors qu'elle n'était qu'une enfant et emmenée en Syrie par un espion canadien. Elle devrait être protégée comme le serait une adolescente victime de la traite dans n'importe quel autre contexte", défend auprès de l'AFP Maya Foa, directrice de l'ONG Reprieve.

Interrogé lundi matin sur Sky News, le ministre de l'Immigration Robert Jenrick a refusé de commenter directement l'affaire. "Il y a des situations où des personnes font des choses ou prennent des décisions qui vont tellement à l'encontre des intérêts du Royaume-Uni qu'il est juste pour le ministre de l'Intérieur d'avoir le pouvoir de leur retirer leur passeport", a-t-il simplement défendu.

Le retour des familles des jihadistes capturés ou tués en Syrie et en Irak est une question délicate dans tous les pays européens depuis la chute en 2019 du "califat" de l'EI.

Face à l'hostilité de l'opinion publique, la France a notamment longtemps procédé à des rapatriements au cas par cas. Mais Paris a accéléré le rythme ces derniers mois, après une condamnation par la Cour européenne des droits de l'homme.

Le Royaume-Uni s'est aussi montré très réticent à rapatrier ses ressortissants. Selon Reprieve, entre 20 et 25 familles britanniques, incluant 36 enfants, sont toujours dans des camps dans le nord-est de la Syrie.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.