France: Entre canicules et Covid, un été 2022 meurtrier

Le panneau digital d'une pharmacie bordelaise affichant la température de 45°C, alors qu'une canicule frappe la France (Photo, AFP).
Le panneau digital d'une pharmacie bordelaise affichant la température de 45°C, alors qu'une canicule frappe la France (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 22 novembre 2022

France: Entre canicules et Covid, un été 2022 meurtrier

  • Lors du deuxième été le plus chaud depuis 1900, il y a eu 10 420 décès en excès entre le 1er juin et le 15 septembre
  • Une partie des décès excédentaires se concentre sur les trois épisodes de canicule: 2 816 enregistrés sur ces seules périodes

PARIS: Un excès de mortalité estimé à plus de 10 000 décès. C'est le bilan de l'été en France, avec deux grands coupables: une épidémie persistante de Covid et, surtout, des canicules à répétition qui témoignent des effets meurtriers du réchauffement climatique.

Lors du deuxième été le plus chaud depuis 1900, il y a eu 10 420 décès en excès entre le 1er juin et le 15 septembre, selon une estimation donnée lundi soir par l'agence Santé publique France (SpF) dans un bilan "Canicule et santé".

Une partie des décès excédentaires se concentre sur les trois épisodes de canicule: 2 816 enregistrés sur ces seules périodes.

Que signifie un excès de mortalité ? C'est le nombre de décès observé par rapport à celui attendu, établi en le comparant aux cinq étés/périodes précédentes, et ajusté en fonction du vieillissement démographique.

Le bilan de la surmortalité lors des canicules de 2022 est "le plus important depuis 2003", année mémorable pour sa canicule de trois semaines d'affilée qui avait causé 15 000 décès, a souligné SpF. A la suite de cela, un plan national canicule avait été créé.

Une part de la surmortalité de l'ensemble de l'été 2022 (du 1er juin au 15 septembre) est aussi "vraisemblablement due à une exposition à de fortes chaleurs" sous "les seuils d'alerte canicule". Il faudra attendre début 2023 pour avoir une estimation précise de leur rôle spécifique.

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Trois canicules

Si cet été a été spécialement chaud et sec, il a aussi été marqué par une recrudescence de Covid.

Difficile de dissocier les deux. "Il y a une interaction complexe", a résumé lors d'un point presse Guillaume Boulanger, responsable de l'unité "Qualité des milieux de vie et du travail et santé des populations" de SpF. "La Covid-19 a pu augmenter la vulnérabilité à la chaleur pour certaines personnes", et réciproquement.

D'autres éléments, comme des accidents de la route ou des noyades, ont pu influencer "mais à la marge" l'excès de mortalité.

Lors d'un été aux multiples manifestations de réchauffement climatique, la France a notamment traversé trois canicules "intenses et remarquables": une en juin, d'une précocité inédite, une en juillet, la plus longue et qui a touché les deux tiers des Français, une dernière en août.

Les 75 ans et plus ont été les plus touchés par la surmortalité dans ces périodes: un décès en excès sur six a concerné cette tranche d'âge (2.272 décès en excès, +20,2%).

Géographiquement, aussi, les effets ont été inégaux. Quatre régions, principalement du sud de la France (Auvergne-Rhône-Alpes, Nouvelle Aquitaine, Occitanie, Provence-Alpes Côte d'Azur) ont cumulé près des deux tiers de l'excès de décès national lors des canicules.

Mais trois autres régions ont affiché les plus fortes proportions d'excès de mortalité: la  Bretagne, moins acclimatée aux canicules car peu affectée jusqu'à cette année, l'Ile-de-France, densément peuplée et urbanisée, et le Grand-Est.

Le corps humain éprouvé

Sept accidents du travail mortels "en lien possible avec la chaleur" ont aussi été notifiés. Survenus principalement lors d'une activité en extérieur, dont trois dans la construction, ils concernaient des hommes de 39 à 54 ans.

Ce bilan confirme que les canicules, dont l'accumulation est un effet du réchauffement climatiques, sont meurtrières et que le phénomène s'accélère.

Sur les huit derniers étés, les canicules ont occasionné "plus de 10 500 décès en excès" en France, a observé Santé Publique France.

Mais même hors des périodes de canicules, les fortes chaleurs éprouvent le corps humain, davantage pour les populations à risque: enfants, personnes âgées, travailleurs, sportifs etc.

De début juin à mi-septembre, plus de 17 000 passages aux urgences et 3 500 consultations SOS Médecins ont ainsi été enregistrés en métropole.

Les fortes vagues de chaleur ont touché toute l'Europe cet été, autant des pays coutumiers de ces phénomènes, comme l'Espagne, que d'autres, affectés pour la première fois, comme le Royaume-Uni.

Une première estimation publiée le 7 novembre par l'OMS Europe à l'occasion de la COP27, faisait état d'au moins 15 000 décès en Europe liés aux vagues de chaleurs d'un été également marqué par des sécheresses et incendies. "Le changement climatique nous tue déjà, mais une action forte aujourd’hui peut éviter davantage de morts", a plaidé l'institution.

Le continent européen est celui qui se réchauffe le plus vite, enregistrant une hausse des températures plus de deux fois supérieure à la moyenne planétaire lors des trente dernières années, selon l'ONU.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.