Médicaments: les pénuries, symptôme d'un modèle économique qui s'essouffle

Entre les traitements innovants vendus des dizaines de milliers d'euros et les pénuries de molécules essentielles comme les antibiotiques, le modèle économique du médicament pose de plus en plus la question de sa viabilité à long terme. (AFP)
Entre les traitements innovants vendus des dizaines de milliers d'euros et les pénuries de molécules essentielles comme les antibiotiques, le modèle économique du médicament pose de plus en plus la question de sa viabilité à long terme. (AFP)
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Publié le Mardi 22 novembre 2022

Médicaments: les pénuries, symptôme d'un modèle économique qui s'essouffle

  • Les explications, multiples, sont connues, avec la mondialisation, la production des principes actifs est désormais concentrée dans quelques pays en Asie
  • Faute de modèle économique pour certains médicaments, comme les antibiotiques, souvent déjà vendus sous forme générique, les gros laboratoires ont tendance à délaisser des maladies

PARIS: Entre les traitements innovants vendus des dizaines de milliers d'euros et les pénuries de molécules essentielles comme les antibiotiques, le modèle économique du médicament pose de plus en plus la question de sa viabilité à long terme.

Les problèmes récurrents alimentent les remises en cause de la part d'ONG, et même d'industriels. En premier lieu, les pénuries, qui ne cessent de croître depuis une décennie dans le monde.

En 2021, l'Agence française de la sécurité du médicament (ANSM) a ainsi reçu 2 160 signalements de ruptures de stock et de risque de ruptures. Avec des problèmes notamment sur des insulines, essentielles dans le traitement du diabète, et sur les antibiotiques.

Vendredi, l'ANSM a évoqué de "fortes tensions" d'approvisionnement sur la forme buvable de l'amoxicilline, un antibiotique largement prescrit chez les enfants. Il y a quelques semaines, son homologue aux Etats-Unis, la Food and Drug Administration (FDA) avait fait de même.

Les molécules actuellement sous tension dans les pays riches manquent depuis longtemps dans les pays en développement, rappelle Gaëlle Krikorian, sociologue de la santé, qui vient de publier un essai sur la question: "Ce qui a changé, c'est que désormais les problèmes d'accès aux molécules se posent aussi dans les pays du Nord".

"Ce qu'on qualifie souvent de +défaillance du marché+ se multiplie partout et il devient évident qu’il ne s'agit pas de défaillances ponctuelles du système", ajoute-t-elle.

Dépendants des start-ups 

Les explications, multiples, sont connues: avec la mondialisation, la production des principes actifs --qui donnent leur efficacité aux médicaments-- est désormais concentrée dans quelques pays en Asie. Un problème sur la chaîne de fabrication, et le système à flux tendu s'enraye.

Autre cause: faute de modèle économique pour certains médicaments, comme les antibiotiques, souvent déjà vendus sous forme générique, les gros laboratoires ont tendance à délaisser des maladies. Ou à négliger des marchés en développement, moins aptes à payer les molécules au prix fort.

D'un côté, des médicaments qui n'intéressent plus les laboratoires; de l'autre des traitements innovants ultra onéreux, qui eux, ne rencontrent pas de rupture d'approvisionnement mais pèsent sur le budget des systèmes de santé.

Face à cela, nombre d'ONG militent notamment pour la remise en cause des brevets. Médecins du Monde (MdM) attend ainsi mercredi une décision de l'Office européen des brevets, auprès duquel l'ONG a déposé un recours concernant un traitement contre l'hépatite C, initialement mis sur le marché à 41.000 euros par le laboratoire Gilead.

"Les industriels du médicament se sont désengagés de la recherche depuis les années 1980, et sont devenus dépendants de starts-up pour les brevets", qu'ils doivent racheter très cher, explique à l'AFP Olivier Maguet, responsable de la mission prix des médicaments à MdM.

De vieux produits indispensables 

Résultat, dit-il, "des médicaments de tous les jours deviennent de plus en plus difficiles à trouver car ils sont moins rentables que les innovations et n'intéressent pas les industriels".

La sociologue Gaëlle Krikorian propose dès lors de faire évoluer la législation, en réfléchissant "à la mise au point de droits collectifs (sur les brevets, ndlr), car la recherche médicale est, après tout, un effort collectif" (via le financement public de la recherche notamment).

Les ONG militent aussi pour davantage de transparence sur les prix, négociés entre chaque pays et chaque laboratoire en toute confidentialité.

Sans oublier la nécessité de conserver ou recréer une production régionale pour certaines molécules essentielles. C'est ce que veut faire le laboratoire français Delbert, qui commercialise une quinzaine de vieux médicaments, dont de l'amoxicilline sous forme injectable... Qu'il ne commercialise pas en France, où le prix fixé par les autorités est trop bas, à environ un euro la boîte, indique Thierry Hoffmann, directeur général de Delbert.

"A vouloir récompenser uniquement l'innovation, on oublie que le système de soin existe à travers de vieux produits, absolument indispensables dans l'arsenal thérapeutique", relève-t-il.


Le budget de la Sécurité sociale et son débat sur les retraites suspendus au vote sur les "recettes"

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (en bas) s'exprime lors d'un débat parlementaire sur le budget 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, le 31 octobre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (en bas) s'exprime lors d'un débat parlementaire sur le budget 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, le 31 octobre 2025. (AFP)
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  • Les députés doivent voter sur la partie « recettes » du budget de la Sécurité sociale, dont le rejet bloquerait l’examen de la suspension de la réforme des retraites prévue dans la partie « dépenses »
  • Malgré les divisions, le gouvernement appelle à la responsabilité pour éviter un blocage, tandis que les oppositions cherchent à peser sur le déficit et la répartition des recettes

PARIS: Le budget de la Sécurité sociale va-t-il poursuivre son chemin à l'Assemblée? Les députés doivent se prononcer, potentiellement samedi, sur sa partie "recettes" largement remaniée, et dont le rejet interromprait les débats avant même l'article-phare suspendant la réforme des retraites.

Signe de l'importance du moment, le ministère des Relations avec le Parlement a appelé les députés à adopter cette partie du texte pour que le débat "se poursuive" sur les dépenses, avant un vote sur l'ensemble du texte prévu mercredi, plutôt que d'envoyer dès ce week-end tout le projet de loi initial au Sénat. Laconique, et s'exprimant depuis le Mexique, Emmanuel Macron a tout de même répété ses vœux de "stabilité" pour le pays, en misant sur "la responsabilité de chacun" dans l'examen de ce budget.

La partie "dépenses" contient des "sujets de santé, de prévention, d'hôpital" et "la suspension de la réforme des retraites", rappelle le ministère.

Un message nécessairement adressé aux oppositions, mais qui peut aussi se lire comme un appel à la mobilisation de son propre camp, échaudé par certaines concessions à la gauche.

"On est loyal à un gouvernement qui fait n'importe quoi", s'est emporté anonymement cette semaine un député Renaissance.

L'opportunité d'aborder tous les sujets pèse à gauche: "on ne votera pas contre la partie recettes, ne serait-ce que parce qu'on veut qu'il y ait le débat sur la réforme des retraites", a expliqué à l'AFP Stéphane Peu, patron du groupe communiste, qui devrait s'abstenir.

Renaud Labaye, secrétaire général du groupe RN, pense que tous les groupes ont "intérêt à ce qu'on aborde les dépenses" car "ce n'est pas bon de laisser entendre aux Français que quand on parle de budget on ne parle que de fiscalité". Mais la décision sera actée par la patronne Marine Le Pen.

Le gouvernement espérera nécessairement une abstention des socialistes plutôt qu'un vote contre, alors que le PS, qui a obtenu sous la menace d'une censure l'annonce d'une suspension de la réforme des retraites, a un intérêt objectif à ce que les débats aillent jusqu'à cet article crucial.

- Quel déficit? -

Les oppositions, mais aussi une partie du camp gouvernemental, peuvent aussi se targuer d'avoir largement réécrit la partie recettes: exit la surtaxe sur les mutuelles, la cotisation patronale sur les tickets-restaurants ou la fin d'une exonération sur les salaires des apprentis.

Et la gauche a aussi fait adopter des amendements PS, LFI et communiste pour une hausse de CSG sur les revenus du patrimoine, et dégager 2,8 milliards de recettes en 2026. Le tout avec un avis favorable, quoique très froid, du gouvernement, qui n'a pas approuvé le dispositif mais veut qu'il reste sur la table pour la suite de la navette parlementaire.

"C'est la seule chose, pour l'instant, qu'ils ont cédée. Si les choses ne changent pas (...) ce sera un vote contre", estimait vendredi après-midi Hendrik Davi, du groupe écologiste, qui décidera samedi de sa position.

"J'aurais bien aimé qu'il y ait un petit peu plus de recettes", pointait aussi Jérôme Guedj (PS) vendredi, déçu du manque de soutien à certaines réductions d'exonérations patronales. "Il faut qu'on voit à la fin ce qu'il y a."

Plus d'impôts, moins de dépenses... Tous les groupes s'inquiètent à leur manière de la façon dont sera réduit le déficit de la Sécu. La copie du gouvernement prévoyait 17,5 milliards d'euros de déficit en 2026 (contre 23 milliards en 2025).

Mais le feu nourri des parlementaires contre plusieurs mesures-phares, comme le gel des retraites et des minima sociaux auquel le gouvernement entend renoncer, éloigne l'objectif.

"Il faudra nous assurer que, de manière absolue, le déficit de la sécurité sociale ne soit pas supérieur à 20 milliards d'euros", a insisté mercredi la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin.

Une alerte perçue comme une marge de manœuvre par certains à gauche, qui considèrent que le gouvernement de Sébastien Lecornu est effectivement prêt à renoncer à certaines mesures d'économies.


La présidente du Louvre déterminée à mener à bien la modernisation du musée

 La présidente-directrice du Louvre, musée le plus visité au monde, a assuré vendredi "avoir pris toute la mesure" des problèmes de sécurité du musée, après le vol retentissant de bijoux de la Couronne et un rapport très critique de la Cour des comptes. (AFP)
La présidente-directrice du Louvre, musée le plus visité au monde, a assuré vendredi "avoir pris toute la mesure" des problèmes de sécurité du musée, après le vol retentissant de bijoux de la Couronne et un rapport très critique de la Cour des comptes. (AFP)
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  • "J'ai pris toute la mesure de nos problèmes de sécurité", a déclaré Laurence des Cars, en précisant que le plan de sécurisation du Louvre, ou "schéma directeur" des équipements de sûreté, rentrait "en application aujourd'hui"
  • Il consiste en "toute une série de travaux d'améliorations, notamment en matière de vidéosurveillance", qui constitue "un des points faibles" du musée, comme l'a rappelé la présidente

PARIS: La présidente-directrice du Louvre, musée le plus visité au monde, a assuré vendredi "avoir pris toute la mesure" des problèmes de sécurité du musée, après le vol retentissant de bijoux de la Couronne et un rapport très critique de la Cour des comptes.

"J'ai pris toute la mesure de nos problèmes de sécurité", a déclaré Laurence des Cars, en précisant que le plan de sécurisation du Louvre, ou "schéma directeur" des équipements de sûreté, rentrait "en application aujourd'hui".

Il consiste en "toute une série de travaux d'améliorations, notamment en matière de vidéosurveillance", qui constitue "un des points faibles" du musée, comme l'a rappelé la présidente, qui en avait déjà fait état lors de son audition devant la commission de la Culture du Sénat fin octobre.

"Je veux remercier la confiance qui m'est accordée" pour "porter la transformation du Louvre, qui a plus que jamais besoin de transformation, de modernisation, pour devenir pleinement un musée du XXIe siècle. Ce qu'il n'est pas aujourd'hui", a ajouté la présidente, dont la démission avait été refusée après le vol.

Laurence des Cars, en poste depuis septembre 2021, a convoqué un conseil d'administration d'urgence vendredi pour revoir la gouvernance du musée le plus visité du monde.

Le 19 octobre, des malfaiteurs avaient réussi à s'introduire au Louvre et à dérober des joyaux d'une valeur de 88 millions d'euros, qui restent introuvables. Quatre suspects ont été mis en examen et écroués.

La Cour des comptes a étrillé jeudi le grand musée parisien dans un rapport en estimant qu'il avait "privilégié des opérations visibles et attractives" au détriment de la sécurité.

Entre 2018 et 2024, le Louvre a consacré 26,7 millions d'euros à des travaux d'entretien et de mise aux normes et 105,4 millions d'euros "pour l'acquisition d'œuvres", selon le rapport.

Mais, pour Laurence des Cars, "le Louvre est un tout" dans "lequel il ne faut pas opposer les travaux aux acquisitions des oeuvres, l'accueil de tous les publics". "Nous avons assuré l'ensemble de nos missions".

 


Un jeune homme tué par arme blanche dans une rixe à Clermont-Ferrand

Un jeune homme a été tué par arme blanche lors d'une rixe dans la nuit de jeudi à vendredi à Clermont-Ferrand et l'auteur des coups est en fuite, a indiqué le procureur à l'AFP. (AFP)
Un jeune homme a été tué par arme blanche lors d'une rixe dans la nuit de jeudi à vendredi à Clermont-Ferrand et l'auteur des coups est en fuite, a indiqué le procureur à l'AFP. (AFP)
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  • A un moment, l'un des protagonistes est parti chercher un couteau. A son retour, il a frappé au thorax un jeune homme qui n'a pas pu être ranimé par les secours, a précisé le magistrat
  • La victime était âgée de 20 ans et son meurtrier s'est enfui avec l'arme du crime, selon une source policière

CLERMONT-FERRAND: Un jeune homme a été tué par arme blanche lors d'une rixe dans la nuit de jeudi à vendredi à Clermont-Ferrand et l'auteur des coups est en fuite, a indiqué le procureur à l'AFP.

Une rixe est survenue entre deux groupes de personnes dans le centre de la ville en fin de soirée pour un motif encore inconnu, a expliqué Eric Serfass.

A un moment, l'un des protagonistes est parti chercher un couteau. A son retour, il a frappé au thorax un jeune homme qui n'a pas pu être ranimé par les secours, a précisé le magistrat.

La victime était âgée de 20 ans et son meurtrier s'est enfui avec l'arme du crime, selon une source policière.

Il n'y a pas eu d'autres blessés et aucune interpellation n'a encore eu lieu, selon le procureur.

Une enquête pour homicide volontaire est ouverte.