L'UE reste divisée sur le plafonnement des prix du gaz

Le dispositif dévoilé par Bruxelles consiste à plafonner pour un an les prix des contrats mensuels (pour livraison le mois suivant) sur le marché néerlandais de référence TTF (Photo, AFP).
Le dispositif dévoilé par Bruxelles consiste à plafonner pour un an les prix des contrats mensuels (pour livraison le mois suivant) sur le marché néerlandais de référence TTF (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 24 novembre 2022

L'UE reste divisée sur le plafonnement des prix du gaz

  • Réunis à Bruxelles, les ministres de l'Energie ont approuvé le contenu d'un texte prévoyant des achats communs de gaz et un mécanisme de solidarité --pour que les pays menacés de pénuries soient automatiquement aidés par d'autres Etats membres
  • Faute d'un nouveau texte «sérieux», l'Espagne pourrait «simplement cesser de soutenir les propositions de la Commission sur d'autres questions importantes pour elle»

BRUXELLES: Les pays de l'UE ont affiché jeudi leurs divergences sur une proposition de la Commission pour plafonner les cours du gaz, majoritairement jugée inefficace, ce qui les a empêchés d'adopter d'autres mesures pour répondre à la crise énergétique. 

Réunis à Bruxelles, les ministres de l'Energie ont approuvé le contenu d'un texte prévoyant des achats communs de gaz et un mécanisme de solidarité --pour que les pays menacés de pénuries soient automatiquement aidés par d'autres Etats membres--, ainsi qu'un autre texte simplifiant les autorisations pour les infrastructures d'énergies renouvelables. 

Si le ministre tchèque Jozef Sikela, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE, a salué sur Twitter "un accord sur ces mesures importantes", un diplomate européen a précisé que cet accord restait "informel", les textes n'étant pas formellement adoptés. 

Comme attendu, aucun compromis n'a été trouvé sur la proposition de la Commission visant à plafonner les prix du gaz, qui suscite une levée de boucliers. 

"Les négociations continuent, et il apparaît qu'il ne pourra y avoir une adoption formelle que si un accord est trouvé sur l'ensemble des trois textes", a ajouté la source diplomatique. 

M. Sikela a d'ailleurs annoncé la tenue d'une nouvelle réunion ministérielle "dans la première quinzaine de décembre". 

"Il est important d'arriver à un accord sur tous les dossiers en même temps, c'est une question d'équilibre", avait estimé jeudi matin la ministre belge Tinne van der Straeten. 

Le dispositif controversé proposé mardi par l'exécutif européen consisterait à plafonner pour un an les prix des contrats mensuels sur le marché gazier de référence TTF dès qu'ils dépassent 275 euros/MWh pendant deux semaines consécutives, entre autres conditions -- ce qui ne s'est jamais produit, même au plus fort de la flambée des cours en août dernier. 

"A ce niveau, ce n'est pas un plafond! Les prix du gaz menacent les ménages et entreprises, nous avons perdu trop de temps sans résultats", a fulminé le ministre grec Konstantinos Skrekas à son arrivée à Bruxelles. 

"C'est une plaisanterie! Il fait -10 degrés chez nous, nous ne voulons pas continuer à discourir sur la solidarité ou les renouvelables, il faut discuter dès maintenant d'un plafond des prix du gaz" et obtenir un nouveau texte de l'exécutif européen "dans les prochains jours", a également estimé son homologue polonaise Anna Moskwa. 

« Mauvaise blague » 

La ministre espagnole Teresa Ribera a jugé la proposition de la Commission "inapplicable et inefficace" pour plafonner les prix, la taxant de "mauvaise blague" et soulignant "la grande inquiétude d'une large majorité d'Etats membres" à ce sujet. 

Considérant que le plafonnement proposé est "insuffisant" et "certainement pas une réponse à l'envolée des prix" qui menace l'industrie européenne, la ministre française Agnès Pannier-Runacher avait cependant appelé à approuver les autres textes. "Il faut avancer là où on peut", avait-elle plaidé. 

"Ne nous laissons pas distraire par ces histoires de plafonnement, ce n'est pas ça qui va changer les choses!", avait également exhorté son homologue luxembourgeois Claude Turmes, jugeant que les achats communs de gaz auprès de partenaires "fiables" de l'UE et l'accélération des renouvelables ont au contraire la capacité de modifier "les fondamentaux" du marché. 

Les dirigeants des Vingt-Sept, en sommet fin octobre, avaient demandé à Bruxelles de préparer un mécanisme "temporaire" pour plafonner les prix du gaz, mais à la condition expresse que cela ne perturbe pas les approvisionnements du continent et que cela n'incite pas à consommer davantage d'hydrocarbures --des garde-fous exigés notamment par l'Allemagne, très rétive, comme les Pays-Bas, à toute intervention sur les marchés. 

"Nous avons reçu des instructions très claires sur la nécessité d'éviter les effets indésirables, et c'est ce que nous avons fait", s'est défendue jeudi la commissaire à l'Energie, Kadri Simson. 

"La proposition va dans la bonne direction. Nous sommes prêts à négocier (...) mais si le plafonnement est excessif, nous n'aurons plus d'approvisionnements et plus de gaz", en raison de la concurrence d'acheteurs asiatiques offrant des prix plus élevés, a réaffirmé le secrétaire d'Etat allemand Sven Giegold. 


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
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  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.