Nagorny Karabakh: les Arméniens brûlent leurs maisons avant l'arrivée des Azerbaïdjanais

Les villageois du Haut-Karabakh incendient leurs maisons le 14 novembre 2020, avant de fuir vers l'Arménie à la veille de l'échéance qui verra des parties du territoire remises à l'Azerbaïdjan dans le cadre d'un accord de paix (Alexander Nemenov / AFP
Les villageois du Haut-Karabakh incendient leurs maisons le 14 novembre 2020, avant de fuir vers l'Arménie à la veille de l'échéance qui verra des parties du territoire remises à l'Azerbaïdjan dans le cadre d'un accord de paix (Alexander Nemenov / AFP
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Publié le Dimanche 15 novembre 2020

Nagorny Karabakh: les Arméniens brûlent leurs maisons avant l'arrivée des Azerbaïdjanais

  • La gorge serrée, un homme noue un vieux pull imbibé d'essence au bout d'une perche de bois, l'allume, et jette le tout sur le parquet, contemplant le spectacle de sa maison en feu
  • Au terme de l’accord de paix signé entre Erevan et Bakou, qui consacre une humiliante défaite pour l'Arménie, l'Azerbaïdjan reconquiert de larges territoires sous contrôle arménien depuis une première guerre aux débuts des années 1990

CHAREKTAR, Azerbaïdjan : Des grappes de fumée s'élèvent dans le ciel d'automne de la vallée. Charektar brûle. A la veille de l'arrivée des troupes azerbaïdjanaises, les habitants de ce village près du Nagorny-Karabakh préfèrent incendier leurs maisons que de les abandonner au voisin honni.

"C'est le dernier jour, demain les soldats azerbaïdjanais seront là". La gorge serrée, l'homme noue un vieux pull imbibé d'essence au bout d'une perche de bois, l'allume, et jette le tout sur le parquet, contemplant le spectacle de sa maison en feu.

Les flammes lèchent déjà la charpente du toit de tôle qui peu à peu s'embrase. Pour être sûr qu'il ne restera que des cendres, l'infortuné propriétaire jette tisons et planches enflammées par chacune des fenêtres.

"C'est ma maison, je ne peux pas la laisser aux Turcs", comme les Arméniens appellent souvent les Azerbaïdjanais. Toute l'habitation été vidée, il ne reste qu'une énorme baignoire à massage au milieu d'une chambre, laissée là on ne sait pas pourquoi, et dont le plastique commence à fondre sous la chaleur du brasier.

 "Tous des traîtres"

"Tout le monde brûle sa maison aujourd'hui (...) On nous a donné jusqu'à minuit pour partir", lâche-t-il, avant de remonter dans sa jeep, sans un regard derrière lui, et d'insulter: "tous des traîtres, tous des enc...".

Un accord de paix signé en début de semaine entre Erevan et Bakou sous l'égide de Moscou a mis fin à près de sept semaines d'intenses combats au Nagorny Karabakh, enclave montagneuse disputée depuis des décennies entre ces deux pays du Caucase.

Au terme de ce texte, qui consacre une humiliante défaite pour l'Arménie, l'Azerbaïdjan reconquiert de larges territoires sous contrôle arménien depuis une première guerre dans le début des années 1990.

Depuis le cœur du Nagorny Karabakh, le village de Charektar marque l'entrée de la région de Kalvajar, une étroite vallée serpentant le long de la rivière Tartar, au pied de hautes montagnes et de falaises à pic.

Cette région fait partie du "glacis protecteur" formé par les forces arméniennes autour du Nagorny Karabakh à proprement parler, dont une partie doit également revenir à l'Azerbaïdjan selon les termes de l'accord de paix.

Charektar en est l'une des principales zones habitées, et sans doute plus de la moitié des maisons du village, pour beaucoup de modestes masures de paysans de montagnes, y ont été incendiées ces dernières 24 heures par leurs propriétaires sur le départ.

A chaque fois les mêmes scènes autour des logis en flammes. Des hommes en treillis militaires, de retour des lignes de front, embarquent tout ce qu'ils peuvent à bord d'antiques camions cahotants.

"Si je n'arrive pas à trouver un véhicule, je crame tout", grogne Sargis, 46 ans, assis devant sa maison crasseuse. Les prix ont flambé, et impossible de trouver un véhicule.

Aux pieds du soldat, ses maigres biens : une antenne TV, un lustre des années 70, un gros bidon en plastique, des planches, une niche bricolée dans la tôle où sont entassées des poulets paniqués... "J'ai déjà dû brûler les ruches, je n'ai plus beaucoup de temps".

"Danger mines !"

Quand et comment vont arriver les forces azerbaïdjanaises ? Nul ne le sait. Les autorités du Nagorny Karabakh ont assuré que la route de Kalvajar, aujourd'hui unique voie reliant l'enclave à l'Arménie, restera sous leur contrôle. Des soldats russes y circulent.

"Les Azéris vont arriver (à Kalvajar) par hélicoptère", croit savoir Sargis.

Sur cette même route, c'est la grande migration. La circulation est incessante vers la ville frontière arménienne de Vardenis, via le col de Sodits à 2.700 mètres d'altitude. Tout ce qui est transportable à Kalvajar d'ici ce soir semble être en train d'être rapporté.

Des camions chargent les transformateurs gros comme des éléphants des stations hydro-électriques. Une nuée de bucherons s'affairent à couper et débiter les arbres le long de la route pour en faire de grosses buches aussitôt embarquées vers l'Arménie, où le bois s'échange à bon prix. Des bergers convoient d'un pas rapide troupeaux de vaches et moutons, encombrant un peu plus la chaussée.

Sur le point d'être abandonnée, la base militaire de Kalvajar est ouverte aux quatre vents. Tels des fourmis, les soldats encore présents enlèvent les tôles des toits des hangars, remballent caisses de munition, 4X4 en panne et tout ce qui peut être encore ramassé.

Des papiers brûlent dans la cour de l'état-major. "Danger, mines !", prévient en arménien une feuille placardée à l'entrée de l'un des baraquements. Sur le mur, une tête de cochon et deux mots, tagués grossièrement à la peinture jaune, avec un message clair à l'attention des imminents arrivants : "F… Azer!". (AFP)

 


L’ancien Premier ministre australien à Netanyahu : « Restez en dehors de notre politique »

L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
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  • Turnbull s’en prend au Premier ministre israélien dans une interview sur Channel 4
  • Les tentatives de Netanyahu de lier le massacre de Bondi à la politique sur la Palestine jugées « contre-productives »

​​​​​​LONDRES : L’ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull a demandé à Benjamin Netanyahu de « rester en dehors de notre politique » après que le dirigeant israélien a établi un lien entre la reconnaissance de la Palestine et la fusillade de masse survenue à Bondi Beach.

Quinze personnes ont été tuées lorsqu’un père et son fils ont ouvert le feu sur des participants célébrant la fête juive de Hanoukka dimanche soir.

Netanyahu a affirmé que la décision de l’Australie de reconnaître l’État palestinien plus tôt cette année avait « jeté de l’huile sur le feu de l’antisémitisme » dans les semaines précédant l’attaque.

Interrogé sur ces propos lors du journal de Channel 4 News au Royaume-Uni, Turnbull a déclaré : « Je dirais respectueusement à “Bibi” Netanyahu : s’il vous plaît, restez en dehors de notre politique.

« Tenir ce type de discours n’aide en rien… et ce n’est pas approprié. »

Turnbull a soutenu la décision du gouvernement de l’actuel Premier ministre australien Anthony Albanese de reconnaître l’État palestinien en août — aux côtés de nombreux autres pays occidentaux — alors que la pression internationale s’intensifiait face à la guerre à Gaza.

Dans un discours prononcé après l’attaque de Bondi, Netanyahu a déclaré : « Il y a quelques mois, j’ai écrit au Premier ministre australien pour lui dire que sa politique jetait de l’huile sur le feu de l’antisémitisme. »

Il a ajouté : « L’antisémitisme est un cancer qui se propage lorsque les dirigeants se taisent. »

Turnbull a rappelé que la grande majorité des pays du monde reconnaissaient la Palestine comme un État et soutenaient une solution à deux États au conflit.

Il a souligné que l’Australie était une société multiculturelle très prospère qui ne pouvait permettre l’importation de conflits étrangers.

« Nous devons veiller à ce que les guerres du Moyen-Orient ou d’ailleurs ne soient pas menées ici », a-t-il déclaré.
« Chercher à les relier, comme l’a fait Netanyahu, n’est pas utile et va exactement à l’encontre de ce que nous voulons accomplir. »

Albanese a également rejeté les propos de Netanyahu lorsqu’on lui a demandé s’il existait un lien entre sa politique sur la Palestine et l’attaque de Bondi.

« L’écrasante majorité du monde considère qu’une solution à deux États est la voie à suivre au Moyen-Orient », a-t-il déclaré aux médias.

« C’est un moment d’unité nationale où nous devons nous rassembler… Nous devons entourer les membres de la communauté juive qui traversent une période extraordinairement difficile. »

Albanese s’est rendu à l’hôpital pour rendre visite à l’homme salué comme un héros pour avoir désarmé l’un des assaillants.

Ahmed Al-Ahmed, commerçant arrivé en Australie depuis la Syrie en 2006, est en convalescence après avoir maîtrisé le tireur.

Albanese a déclaré mardi que les assaillants, Sajid Akram et son fils Naveed, étaient animés par l’idéologie de Daesh.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Attentat de Sydney: le Premier ministre australien rend visite au «héros» de la plage de Bondi

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
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  • Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants
  • Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump

SYDNEY: Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies.

Dimanche soir, alors qu'une foule était rassemblée sur cette plage de Sydney pour la fête juive de Hanouka, un père et son fils ont ouvert le feu pendant une dizaine de minutes, tuant 15 personnes et en blessant 42 autres.

Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants. Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump.

"Il allait s'acheter un café et s’est retrouvé face à des gens qui se faisaient tirer dessus", raconte M. Albanese après une visite au chevet de M. Ahmed.

"Il a décidé d'agir, et son courage est une source d’inspiration pour tous les Australiens."

L'homme a été touché plusieurs fois à l'épaule après s'être battu avec l'un des assaillants. M. Albanese rapporte qu'il devra "subir une nouvelle intervention chirurgicale" mercredi.

"Au moment où nous avons été témoins d'actes maléfiques, il brille comme un exemple de la force de l'humanité", a salué le Premier ministre. "Nous sommes un pays courageux. Ahmed al Ahmed incarne ce que notre pays a de meilleur."

Alité, des tubes dans le nez, M. Ahmed a brièvement remercié en arabe les personnes le soutenant, dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux mardi matin.

"J'apprécie les efforts de chacun (...). Puisse Allah vous récompenser et vous accorder le bien être", a-t-il déclaré, selon une traduction (en anglais) fournie par la chaîne publique turque TRT World.

Ce père de deux enfants, originaire de Syrie, vit en Australie depuis plus de 10 ans, selon les médias locaux.

Sa mère a déclaré lundi au média australien ABC qu'elle n'avait cessé de "culpabiliser et de pleurer" lorsqu'elle a reçu l'appel lui annonçant que son fils avait été blessé par balle dans "un accident". "Nous prions pour que Dieu le sauve", dit-elle.

Une collecte de fonds en ligne a récolté plus de 1,9 million de dollars australiens (1,1 million d'euros) de dons pour couvrir les frais médicaux de M. Ahmed.


La CPI rejette un appel d'Israël contestant sa compétence

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
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  • Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas
  • Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a rejeté lundi une demande en appel d'Israël qui contestait sa compétence pour enquêter sur des crimes présumés dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas.

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

Ils sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza. Famine, meurtre et persécution font partie des chefs d'accusation.

Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas.

Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties".

La Cour examine actuellement une autre contestation israélienne de sa compétence, en plus d'une demande de récusation du procureur Karim Khan.

Elle a dit non en juillet à une demande d'Israël de rejet des mandats d'arrêts, ainsi qu'à l'appel de cette décision en octobre.

Créée en 2002, la CPI poursuit des individus accusés des pires atrocités tels que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide.

Israël n'adhère pas au traité de Rome ayant institué la CPI, ce qui ne les empêche pas d'introduire des contestations juridiques auprès de la Cour.

La Cour avait déjà statué en 2021 que sa compétence territoriale s'étendait à Gaza.

Les accusations de génocide commis par Israël envers les Palestiniens dans la bande de Gaza se sont multipliées depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, après l'attaque du Hamas contre Israël ayant coûté la vie à 1.221 personnes côté israélien, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont depuis fait plus de 70.000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, que l'ONU considère comme fiables.

Sous fortes pressions américaines, une trêve fragile est en vigueur depuis le 10 octobre.