Précarité alimentaire: les associations sonnent l'alarme pour les «plus pauvres des pauvres»

Des bénévoles préparent des colis de nourriture lors du lancement de la 38e campagne hivernale de distribution de nourriture aux personnes dans le besoin de l'association caritative Les Restos Du Coeur, à Asnières, dans le nord de Paris, le 22 novembre 2022. (Photo de Bertrand GUAY / AFP)
Des bénévoles préparent des colis de nourriture lors du lancement de la 38e campagne hivernale de distribution de nourriture aux personnes dans le besoin de l'association caritative Les Restos Du Coeur, à Asnières, dans le nord de Paris, le 22 novembre 2022. (Photo de Bertrand GUAY / AFP)
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Publié le Vendredi 25 novembre 2022

Précarité alimentaire: les associations sonnent l'alarme pour les «plus pauvres des pauvres»

  • Les associations font toutes le même constat. A mesure que les prix augmentent, le nombre des bénéficiaires de l'aide alimentaire gonfle et la pauvreté se creuse
  • Au total, 3,2 à 3,5 millions de personnes en France ont recours à une aide alimentaire apportée par des associations - que ce soit via des distributions de colis, de repas chauds ou des épiceries solidaires

PARIS: Restos du coeur, épiceries sociales ou soupes populaires: à l'heure où s'ouvre la 38e campagne de l'association fondée par Coluche, le monde caritatif fait figure de dernier rempart pour "les plus pauvres des pauvres" qui subissent de plein fouet l'inflation et la précarité alimentaire.

Les associations font toutes le même constat. A mesure que les prix augmentent, le nombre des bénéficiaires de l'aide alimentaire gonfle et la pauvreté se creuse.

Depuis avril, le nombre de bénéficiaires des "Restos" - qui ont lancé mardi leur 38e campagne nationale -, a ainsi bondi de 12% et leurs difficultés se sont accrues, puisque 60% (au lieu de 50% un an plus tôt) vivent dans l'"extrême pauvreté", c'est-à-dire avec moins de la moitié du seuil de pauvreté (551 euros par mois).

Dans les Banques alimentaires, la hausse constatée de la fréquentation est de 9% au premier semestre, "soit à peu près autant en six mois qu'auparavant en deux années de Covid", observe avec amertume la directrice du réseau Laurence Champier.

Au total, 3,2 à 3,5 millions de personnes en France ont recours à une aide alimentaire apportée par des associations - que ce soit via des distributions de colis, de repas chauds ou des épiceries solidaires - détaille une étude de l'Insee parue mardi.

Ces bénéficiaires comptent parmi "les plus pauvres des pauvres" et sont souvent contraints de se priver pour mieux nourrir leurs enfants: leur niveau de vie moyen n'atteint que 637 euros par mois, soit nettement moins que les 877 euros perçus en moyenne par l'ensemble des ménages vivant sous le seuil de pauvreté, précise l'institut d'études statistiques.

Les Restos du Coeur lancent leur nouvelle campagne

Après le Covid, l'inflation: les crises qui se succèdent ont nettement aggravé la précarité, au point que certaines familles doivent choisir entre "se nourrir et se chauffer", s'alarment les Restos du Coeur qui lancent mardi leur 38e campagne annuelle.

"Les premiers effets de la crise inflationniste se font déjà sentir", souligne l'association fondée par Coluche: depuis avril, le nombre de bénéficiaires a bondi de 12% et leurs difficultés se sont accrues, puisque 60% (au lieu de 50% un an plus tôt) vivent dans l'"extrême pauvreté", c'est-à-dire avec moins de la moitié du seuil de pauvreté (551 euros par mois). Quelque 30% n'ont même aucune ressource.

Pour mieux tenir compte de l'inflation, l'association vient d'adapter ses règles: pour évaluer si une personne est éligible à une aide, elle prend désormais en compte non seulement ses revenus et son loyer, mais aussi ses frais de chauffage.

Car "en ce moment, tout est cher, c'est difficile!", constate Ami, 39 ans, une bénéficiaire rencontrée par l'AFP dans un "Resto bébé du Coeur" à Paris, où elle est venue chercher de quoi habiller et nourrir sa fille de 11 mois.

Dans ce centre, les mamans, venues avec leurs bambins en poussette, peuvent récupérer des fournitures indispensables, mais aussi demander des conseils ou apprendre à cuisiner des purées pour leurs bébés. "Les habits, les couches, le lait et tout, ça nous aide beaucoup", sourit Ami, en fourrant une boîte de lait infantile dans son sac à provisions.

Pour Patrice Douret, le président des "Restos", l'aggravation actuelle de la précarité conduit les personnes pauvres à de plus en plus de renoncements.

"Avant, les gens nous disaient: +je ne me chauffe pas, mais au moins je peux manger+. Désormais ils se sacrifient sur la santé ou l'énergie, mais en plus ils savent qu'ils n'auront pas grand-chose à manger", souligne M. Douret.

La crainte d'un «effet ciseaux»

D'autres organisations caritatives font le même constat. Les banques alimentaires, qui lancent elles aussi leur collecte nationale cette semaine, "répondent actuellement à une hausse de 9% de la demande, soit 200.000 personnes supplémentaires accueillies", ont-elles indiqué dans un communiqué.

Et près de la moitié des ménages ayant sollicité l'an dernier l'aide du Secours catholique disposaient d'un budget insuffisant pour se nourrir au quotidien, alerte l'association dans son récent rapport annuel sur la pauvreté.

Or, pour répondre aux besoins croissants des plus précaires, les associations doivent elles- mêmes composer avec des coûts en hausse, ce qui fait redouter un "effet ciseaux".

Pour autant, les Restos du Coeur n'envisagent pas de réduire l'aide apportée à leurs 1,1 million de bénéficiaires, et en appellent donc plus que jamais aux dons des Français, qui contribuent aux trois quarts des besoins de l'association.

Une générosité d'autant plus nécessaire que l'an dernier, le traditionnel concert des Enfoirés a dû être enregistré sans public à cause du Covid, ce qui a créé un manque-à-gagner de 4 millions d'euros pour l'association - sur un budget total d'environ 200 millions -, que les pouvoirs publics n'ont pas compensé.

Autre motif d'inquiétude: "nous avons beaucoup de donateurs modestes", souligne M. Douret, qui se demande "jusqu'à quand ils pourront continuer à donner" dans ce contexte d'inflation.

En outre, parmi les dizaines de milliers de bénévoles des Restos du coeur, beaucoup sont eux- mêmes modestes voire précaires, et certains ont désormais des difficultés à payer leurs frais de carburant pour se rendre dans les centres de distribution. Des dépenses qui donnent droit à un avantage fiscal... mais seulement pour ceux qui payent déjà des impôts.

"Cela crée une inégalité entre nos bénévoles modestes et les autres", déplore M. Douret, qui réclame au gouvernement, depuis des années, que sur ce point précis la réduction soit transformée en crédit d'impôt, pour bénéficier aussi aux bénévoles modestes.

Une demande qu'il aura l'occasion de réitérer mardi au ministre des Solidarités Jean- Christophe Combe, attendu dans un centre de distribution d'Asnières-sur-Seine, près de Paris, pour le lancement de cette 38e campagne.

Près d'un tiers (32%) des bénéficiaires "déclarent se coucher souvent ou parfois en ayant faim" et les deux tiers de ceux qui ont des enfants déclarent que, dans leur famille, les adultes doivent "souvent ou parfois" réduire leur part au profit des enfants. - "chaque geste compte" -

"On est dans une situation où la précarité augmente dans notre pays, en particulier la précarité alimentaire", a abondé le ministre des Solidarités, venu mardi soutenir les bénévoles des "Restos" dans un centre de distribution d'Asnières, près de Paris.

Face à l'inflation et à l'augmentation des loyers ou des prix de l'énergie, les plus précaires sont amenés à des "arbitrages" dans leur budget, a-t-il souligné.

"On fait le choix de ne plus manger de viande ou de poisson, ensuite on saute des repas", a observé le ministre, avant de vanter les mesures du bouclier tarifaire sur l'énergie et d'annoncer une enveloppe exceptionnelle de 10 millions d'euros pour l'aide alimentaire aux étudiants en difficultés. Un montant dont on peut pourtant craindre qu'il "ne suffise pas", a commenté sur France Inter le président des Restos du Coeur Patrice Douret.

Pour répondre aux besoins croissants des plus précaires - qui parfois, n'ont même plus de quoi se payer l'essence pour aller chercher leur colis alimentaire - les associations doivent elles-mêmes composer avec des coûts en hausse, ce qui fait redouter un "effet ciseaux".

Pour autant, les Restos du Coeur n'envisagent pas de réduire l'aide apportée à leurs 1,1 million de bénéficiaires et en appellent donc plus que jamais aux dons des Français qui contribuent aux trois quarts des besoins de l'association.

Or, "nous avons beaucoup de donateurs modestes", souligne M. Douret qui se demande "jusqu'à quand ils pourront continuer à donner" dans ce contexte difficile.

Une inquiétude partagée par Laurence Champier, des Banques alimentaires, qui lancent le week-end prochain leur grande "collecte nationale" auprès du grand public: en faisant don d'un paquet de pâtes ou d'un bocal de haricots à la sortie de leur supermarché, les particuliers peuvent contribuer à 10% des besoins annuels du réseau associatif, explique-t- elle.

"Chaque geste compte", résume Mme Champier. "La générosité, c'est un outil de cohésion sociale, on va en avoir besoin face à cette crise qui s'annonce. Il faut qu'on continue à être soudés, malgré les difficultés budgétaires que nous connaissons tous".


Assemblée: la gauche s'insurge contre le refus d'une minute de silence pour la victime de la mosquée du Gard

La députée de La France Insoumise - Nouveau Front Populaire et présidente de la commission parlementaire des affaires économiques, Aurélie Trouve, s'exprime lors d'une déclaration du gouvernement et d'un débat parlementaire sur la souveraineté énergétique de la France à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 28 avril 2025. (AFP)
La députée de La France Insoumise - Nouveau Front Populaire et présidente de la commission parlementaire des affaires économiques, Aurélie Trouve, s'exprime lors d'une déclaration du gouvernement et d'un débat parlementaire sur la souveraineté énergétique de la France à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 28 avril 2025. (AFP)
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  • La gauche s'est insurgée mardi contre l'absence de minute de silence à l'Assemblée nationale en hommage à Aboubakar Cissé, tué de plusieurs dizaines de coups de couteau vendredi dans une mosquée du Gard
  • Le parti de gauche a annoncé avoir essuyé un refus de Mme Braun-Pivet au motif qu'il "n'y a pas de minute de silence pour des cas individuels", a rapporté Aurélie Trouvé, députée LFI

PARIS: La gauche s'est insurgée mardi contre l'absence de minute de silence à l'Assemblée nationale en hommage à Aboubakar Cissé, tué de plusieurs dizaines de coups de couteau vendredi dans une mosquée du Gard.

La France insoumise, qui appelle à une "mobilisation nationale contre l'islamophobie" le dimanche 11 mai, a demandé à la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qu'une minute de silence soit observée mardi en ouverture de la séance des questions au gouvernement.

Le parti de gauche a toutefois annoncé avoir essuyé un refus de Mme Braun-Pivet au motif qu'il "n'y a pas de minute de silence pour des cas individuels", a rapporté Aurélie Trouvé, députée LFI (Seine-Saint-Denis).

La question a été soulevée en conférence des présidents, mais n'a pas recueilli de majorité de voix selon une source parlementaire, qui souligne que cette instance a décidé fin janvier "de ne plus faire de minutes de silence pour des cas individuels".

"On n'est pas sur un cas individuel, on est sur un meurtre islamophobe, sur un climat islamophobe dans le pays, et ne pas rendre hommage à Aboubakar Cissé est une très grave faute politique", a déploré le député LFI Thomas Portes.

Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, s'est dit sur X "scandalisé par le refus de Yaël Braun-Pivet d'accorder une minute de silence en hommage à Aboubakar Cissé". "Cet hommage républicain doit être rendu dans l'hémicycle", a abondé sur le même réseau social le patron des députés PS Boris Vallaud.

Benjamin Lucas, porte-parole du groupe écologiste, a lui-aussi regretté l'absence de cette minute de silence qui "aurait été un bon signal" envers "nos compatriotes musulmans qui sont insultés, injuriés en permanence".

Une décision également "vivement regrettée" par Stéphane Peu, chef du groupe communiste à l'Assemblée nationale. Son groupe posera mardi après-midi une question au gouvernement sur le meurtre d'Aboubakar Cissé.

Réunis autour de membres de la famille d'Aboubakar Cissé, mardi à l'Assemblée nationale, plusieurs leaders de gauche dont Olivier Faure et l'écologiste Marine Tondelier, ont insisté pour que cette minute de silence puisse avoir lieu.


Le procès d'un ex-rebelle syrien pour complicité de crimes de guerre s'est ouvert à Paris

Il s'agit du deuxième procès qui se tient en France concernant les crimes commis en Syrie, après un premier tenu par défaut en mai 2024 visant de hauts dignitaires du régime syrien, condamnés pour la disparition forcée et la mort de deux Franco-Syriens. (AFP)
Il s'agit du deuxième procès qui se tient en France concernant les crimes commis en Syrie, après un premier tenu par défaut en mai 2024 visant de hauts dignitaires du régime syrien, condamnés pour la disparition forcée et la mort de deux Franco-Syriens. (AFP)
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  • Cet ancien membre de Jaysh al-Islam (JAI, Armée de l'islam), âgé aujourd'hui de 36 ans, conteste les accusations, affirmant n'avoir eu qu'un "rôle limité" dans ce groupe prônant la charia et qui combattait le régime syrien
  • Placé en détention provisoire depuis janvier 2020, il comparaît pour complicité de crimes de guerre et entente en vue de la préparation de crimes de guerre. Il est notamment soupçonné d'avoir aidé à enrôler des enfants ou des adolescents

PARIS: Le procès d'un ex-rebelle salafiste, Majdi Nema, pour complicité de crimes de guerre commis entre 2013 et 2016 en Syrie, s'est ouvert mardi devant la cour d'assises de Paris, qui peut le juger en vertu du principe de la compétence universelle de la justice française.

Cet ancien membre de Jaysh al-Islam (JAI, Armée de l'islam), âgé aujourd'hui de 36 ans, conteste les accusations, affirmant n'avoir eu qu'un "rôle limité" dans ce groupe prônant la charia et qui combattait le régime syrien.

Placé en détention provisoire depuis janvier 2020, il comparaît pour complicité de crimes de guerre et entente en vue de la préparation de crimes de guerre. Il est notamment soupçonné d'avoir aidé à enrôler des enfants ou des adolescents dans les rangs des "Lionceaux de l'islam" et à les former à l'action armée.

Pour ces faits, il encourt 20 ans de réclusion criminelle.

Echanges tendus 

Avant même l'ouverture des débats, les échanges ont été tendus entre les avocats de la défense, Mes Romain Ruiz et Raphaël Kempf, et le président de la cour d'assises, Jean-Marc Lavergne, ce dernier ayant refusé que l'accusé s'exprime en anglais, et exigé qu'il s'exprime dans sa langue maternelle, l'arabe.

Une injonction ignorée par Majdi Nema. Appelé à décliner son identité, l'accusé à la forte corpulence et aux rares cheveux coiffés en catogan, a répondu en anglais. "Il n'y a aucune preuve des faits qu'on me reproche", a-t-il déclaré d'emblée, qualifiant l'affaire de "purement politique".

Il s'agit du deuxième procès qui se tient en France concernant les crimes commis en Syrie, après un premier tenu par défaut en mai 2024 visant de hauts dignitaires du régime syrien, condamnés pour la disparition forcée et la mort de deux Franco-Syriens.

Ex-officier de l'armée syrienne, Majdi Nema avait fait défection en novembre 2012 pour rejoindre Zahran Alloush, fondateur et commandant en chef de Liwa al-Islam, devenu JAI en 2013. Ce groupe avait pris dès 2011 le contrôle de la Ghouta orientale, au nord-est de Damas, et est aujourd'hui soupçonné d'être impliqué dans la commission de crimes de guerre commis notamment au préjudice de la population civile.

Connu sous le nom de guerre d'Islam Alloush, il affirme avoir quitté la Ghouta orientale fin mai 2013 pour rejoindre la Turquie, d'où il agissait comme porte-parole de JAI, ce qui prouverait qu'il n'a pu commettre les crimes reprochés. Il dit avoir quitté le groupe en 2016.

En novembre 2019, il était arrivé en France pour suivre comme étudiant un cycle de conférences à l'Institut de recherche sur le monde arabe et musulman de l'université Aix-Marseille.

Compétence contestée 

Alors qu'une plainte avait été déposée en France contre JAI quelques mois auparavant, il avait été interpellé en janvier 2020 et mis en examen par un juge du pôle crimes contre l'humanité du tribunal de Paris.

Au terme de la procédure, il avait aussi été renvoyé devant les assises pour complicité de disparitions forcées. Il était mis en cause, en tant que membre de JAI, dans l'enlèvement le 9 décembre 2013 de quatre militants des droits humains, dont l'avocate et journaliste syrienne Razan Zeitouneh, jamais retrouvés.

Mais la cour d'appel de Paris a annulé ces poursuites en novembre 2023 pour des raisons procédurales, même si elle affirmait dans son arrêt que "Jaysh al-Islam doit être considéré comme responsable de la disparition" des quatre activistes. Ce qui avait été ensuite validé par la Cour de cassation.

Pendant l'instruction, la défense de Majdi Nema a contesté le principe de la compétence universelle de la justice française, qui lui permet de juger un étranger pour des crimes contre l'humanité ou des crimes de guerre commis à l'étranger contre des étrangers, mais la Cour de cassation a rejeté son pourvoi.

Avant le procès, les avocats de l'accusé ont souligné que la chute en décembre 2024 du régime de Bachar al-Assad ouvrait de nouvelles perspectives et posait la "question de la légitimité" de ce procès.

Pour Me Marc Bailly, avocat de plusieurs parties civiles dans ce dossier, "en l'état actuel, il est impossible de faire un procès en Syrie pour ces crimes".

Verdict prévu le 27 mai.

 


Assemblée générale de L'Oréal: Françoise Bettencourt Meyers s'apprête à prendre du champ

Françoise Bettencourt Meyers, fille de la milliardaire française et héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt, quitte l'Institut de France à Paris le 12 octobre 2011. (AFP)
Françoise Bettencourt Meyers, fille de la milliardaire française et héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt, quitte l'Institut de France à Paris le 12 octobre 2011. (AFP)
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  • Françoise Bettencourt Meyers, 71 ans, s'apprête à céder son mandat d'administratrice de L'Oréal à la holding familiale Téthys, lors de l'assemblée générale du groupe mardi
  • L'héritière du numéro un mondial des cosmétiques cédera la vice-présidence à son fils aîné Jean-Victor, qui fête mardi ses 39 ans

PARIS: Françoise Bettencourt Meyers, 71 ans, s'apprête à céder son mandat d'administratrice de L'Oréal à la holding familiale Téthys, lors de l'assemblée générale du groupe mardi, et son poste de vice-présidente à un de ses fils.

"Je ne quitte pas L'Oréal, mais son conseil d'administration, où je serai restée près de 30 ans", a-t-elle déclaré lundi à l'AFP.

"C'est un bonheur pour mon mari et moi de voir le lien se perpétuer entre notre famille et L'Oréal. Nous en profiterons aux côtés de nos fils Jean-Victor et Nicolas", a-t-elle ajouté.

L'héritière du numéro un mondial des cosmétiques cédera la vice-présidence à son fils aîné Jean-Victor, qui fête mardi ses 39 ans et est déjà membre du conseil d'administration avec son frère Nicolas, 36 ans.

Les actionnaires voteront sur son remplacement comme administratrice par la société Téthys, la holding familiale et premier actionnaire de L'Oréal, qui sera représentée au conseil d'administration par Alexandre Benais. Françoise Bettencourt Meyers est présidente de Téthys.

Françoise Bettencourt Meyers sera restée 28 ans au conseil d'administration de L'Oréal.

Ces changements avaient été dévoilés par L'Oréal en février à l'occasion de la présentation des résultats annuels du groupe.

"Passage de génération, la quatrième côté famille, et aux côtés de la sixième des grands patrons de L'Oréal depuis sa création. Des patrons visionnaires qui ont chacun anticipé de façon magistrale le futur de L'Oréal", a précisé Mme Bettencourt Meyers dans sa déclaration à l'AFP.

"J'en suis le témoin et avec ma famille nous en sommes les gardiens. Nous voulons apprécier cette continuité remarquable par respect et fierté pour tous ceux qui ont contribué partout dans le monde. Au fond, pour que presque rien ne change dans cette épopée", selon elle.

- "Caricaturés" -

Son fils Jean-Victor, qui avait succédé à sa grand-mère Liliane au poste d'administrateur, deviendra vice-président à l'issue de l'assemblée générale, ce que le conseil d'administration a approuvé à l'unanimité.

La famille, extrêmement discrète, a été mise sous les feux des projecteurs contre son gré lors de l'affaire Bettencourt, qui a abouti à la condamnation du photographe François-Marie Banier en appel en 2016 à quatre ans de prison avec sursis pour abus de faiblesse contre Liliane Bettencourt.

Les Bettencourt Meyers "sont tellement discrets qu'ils ne sont pas connus et donc caricaturés", a expliqué à l'AFP Jean-Claude Le Grand, directeur des relations humaines chez L'Oréal.

Lors du prochain festival de Cannes, une fiction inspirée de Liliane Bettencourt avec Isabelle Huppert sera présentée. "L'affaire Bettencourt" a quant à elle déjà fait l'objet d'une série documentaire sur Netflix.

Lors de l'assemblée générale, le mandat d'administrateur du directeur général Nicolas Hieronimus arrivant à échéance, son renouvellement pour une durée de quatre ans sera également soumis au vote.

Nicolas Hieronimus, entré chez L'Oréal en 1987, en est administrateur depuis avril 2021 et directeur général du groupe depuis le 1er mai 2021.

Au 24 mars 2025, la famille Bettencourt Meyers possédait 34,76% du capital. En 2024, L'Oréal a réalisé un bénéfice net en hausse de 3,6% à 6,4 milliards d'euros et un chiffre d'affaires en progression de 5,6% à 43,48 milliards d'euros.