Au Pakistan, les talibans locaux pratiquent assidûment l'extorsion de fonds

Sur cette photo prise le 25 octobre 2022, des habitants de la banlieue empruntent une route très fréquentée dans un marché de Mingora, dans le district de Swat (Khyber Pakhtunkhwa). (Photo par Abdul MAJEED / AFP)
Sur cette photo prise le 25 octobre 2022, des habitants de la banlieue empruntent une route très fréquentée dans un marché de Mingora, dans le district de Swat (Khyber Pakhtunkhwa). (Photo par Abdul MAJEED / AFP)
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Publié le Vendredi 25 novembre 2022

Au Pakistan, les talibans locaux pratiquent assidûment l'extorsion de fonds

  • Depuis la prise de pouvoir en août 2021 des talibans à Kaboul, les tentatives d'extorsion de la part du TTP à la frontière avec l'Afghanistan se sont multipliées
  • Né dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan, à la frontière avec l'Afghanistan, le TTP a tué en moins d'une décennie des dizaines de milliers de civils pakistanais et de membres des forces de sécurité

MINGORA, Pakistan : Un parlementaire prenait le thé avec des électeurs en juillet dans sa circonscription du nord-ouest du Pakistan quand son téléphone a vibré: les talibans locaux le contactaient pour réclamer un «don».

«Nous espérons que vous ne nous décevrez pas», disait l'inquiétant message, envoyé par un intermédiaire au nom des talibans pakistanais du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP).

Un autre message a rapidement suivi: «Un refus de fournir un soutien financier fera de vous un problème», prévenait-il. «Nous pensons qu'un homme sage comprendra ce que nous entendons par là».

Depuis la prise de pouvoir en août 2021 des talibans à Kaboul, les tentatives d'extorsion de la part du TTP à la frontière avec l'Afghanistan se sont multipliées.

Le TTP est un groupe distinct des talibans afghans. Mais il partage avec eux une même idéologie et une longue histoire commune, et a été revigoré par leur succès.

Depuis cet été, le parlementaire provincial, qui a demandé à rester anonyme, a été contraint de payer au TTP une somme totalisant 1,2 millions de roupies (5.200 euros).

«Ceux qui ne paient pas doivent faire face aux conséquences. Parfois, ils lancent une grenade à leur porte. Parfois, ils tirent», explique-t-il à l'AFP.

«La majeure partie des élites paient l'argent extorqué. Certains paient plus, d'autres moins, mais personne n'en parle», ajoute-t-il. «Tout le monde craint pour sa vie.»

Le TTP a été créé en 2007 par des jihadistes pakistanais alliés à Al-Qaïda, qui avaient combattu aux côtés des talibans en Afghanistan dans les années 1990 avant de s'opposer au soutien apporté par Islamabad aux Américains après l'invasion de ce pays en 2001.

Ses membres sont principalement d'ethnie pachtoune, comme les talibans afghans.

- Attaques en hausse -

Né dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan, à la frontière avec l'Afghanistan, le TTP a tué en moins d'une décennie des dizaines de milliers de civils pakistanais et de membres des forces de sécurité.

Il a été au faîte de son pouvoir entre 2007 et 2009, quand il contrôlait la vallée de Swat, à peine 140 km au nord d'Islamabad, y imposant une version ultra-radicale de la loi islamique.

Amoindri par les tirs de drones américains, les divisions internes et les ralliements au groupe jihadiste Etat islamique, le TTP a finalement été chassé des zones tribales lors d'une vaste opération lancée par l'armée pakistanaise en 2014.

Le TTP a commencé à se redresser à l'été 2020 en ralliant à lui des factions dissidentes. Mais sa fortune a véritablement changé avec le retour au pouvoir des talibans à Kaboul.

L'Afghanistan est depuis devenu un «refuge ouvert» pour ses combattants, qui y étaient auparavant pourchassés par la coalition menée par les Etats-Unis, constate l'analyste sécuritaire pakistanais Imtiaz Gul.

«Ils ont maintenant toute liberté d'action», observe-t-il. «C'est l'une des raisons pour lesquelles les attaques du TTP ont augmenté» au Pakistan.

 

Moins meurtrières que par le passé et dirigées principalement contre les forces de sécurité, ces attaques sont en hausse de 50% depuis août 2021 et ont fait 433 morts, selon l'Institut pakistanais PIPS.

«Ils ont recommencé le même jeu qu'avant: attentats ciblés, explosions de bombes, enlèvements et coups de fil pour extorquer», remarque un activiste communautaire de Swat, Ahmad Shah.

L'extorsion de fonds permet au TTP de se financer, tout en entamant la confiance des gens dans les institutions locales. Le député provincial Nisar Mohmand estime que 80 à 95% des habitants les plus aisés de la région en sont victimes.

Certains parlementaires ont été attaqués après avoir refusé de payer, d'autres ont maintenant trop peur pour visiter leur circonscription.

Le TTP a son «propre système de récompense et de punition», souligne M. Mohmand. «Ils ont établi un gouvernement alternatif, alors comment les gens sont-ils censés leur résister?»

- Heures sombres -

Les talibans afghans ont de vieilles divergences avec le TTP et ont maintes fois assuré qu'ils ne laisseraient pas de groupe terroriste opérer sur leur sol.

Mais le premier signe d'une tentative de chantage du TTP est le numéro téléphonique commençant par le code international de l'Afghanistan: +93. Puis vient un SMS laissant peu de place à l'ambiguïté, ou un message vocal en langue pachtoune prononcé avec un accent pakistanais.

L'AFP a consulté l'un de ces messages, menaçant un propriétaire terrien. «L'heure de se montrer cruel est proche. Ne pensez pas que nous sommes finis», prévenait-il.

La somme est généralement réglée via un intermédiaire. Les victimes doivent s'attendre à être mises à contribution plusieurs fois par an.

Le TTP, qui a perdu une large partie du soutien populaire dont il bénéficiait localement avant 2014, prétend que ce système d'extorsion est aux mains de criminels qui utilisent son nom.

Mais selon un responsable local des renseignements, il est bien «à la racine de la menace».

A Swat, la population craint un retour aux heures sombres. Elle a exprimé son rejet du TTP avec plusieurs manifestations bien suivies ces dernières semaines.

Des pourparlers de paix sont en cours entre Islamabad et le TTP, qui a déclaré une trêve qu'aucun des deux camps ne respecte.

Le retour des talibans afghans au pouvoir, après deux décennies de guerre contre les Occidentaux, montre que la solution ne sera probablement pas militaire.

«Nous devons chercher une solution qui soit acceptable pour les deux camps», estime Muhammad Ali Saif, un négociateur du gouvernement. «Un accord durable devra être trouvé.»


Ouverture du procès de l'Afghan qui a attaqué au couteau des enfants en Allemagne

Les enquêteurs n'avaient pas identifié de mobile politique ou religieux à cette attaque et ont aussitôt pointé la santé mentale du suspect. Mais elle est venue s'ajouter à une série d'actes meurtriers dont les auteurs présumés étaient des étrangers ou avaient des motivations islamistes. (AFP)
Les enquêteurs n'avaient pas identifié de mobile politique ou religieux à cette attaque et ont aussitôt pointé la santé mentale du suspect. Mais elle est venue s'ajouter à une série d'actes meurtriers dont les auteurs présumés étaient des étrangers ou avaient des motivations islamistes. (AFP)
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  • Pendant six jours d'audience qui s'étaleront jusqu'au 30 octobre à Aschaffenbourg, en Bavière, les débats tourneront autour de l'état mental d'Enamullah O
  • Commis en pleine campagne législative, son acte a choqué une opinion publique allemande déjà critique d'un accueil jugé trop généreux des migrants

BERLIN: Son geste avait horrifié l'Allemagne, durci le débat sur l'immigration et fait le jeu de l'extrême droite: le procès d'un Afghan de 28 ans qui avait attaqué un groupe d'enfants au couteau, tuant l'un d'entre eux et un adulte, s'est ouvert jeudi.

Pendant six jours d'audience qui s'étaleront jusqu'au 30 octobre à Aschaffenbourg, en Bavière, les débats tourneront autour de l'état mental d'Enamullah O., une expertise ayant conclu à son irresponsabilité pénale en raison de troubles psychiatriques.

Au lieu d'une procédure pénale classique, le tribunal a donc ordonné une procédure de sûreté, à l'issue de laquelle un probable placement en établissement psychiatrique remplacera la peine de prison.

Le parquet a demandé l'internement permanent de l'accusé.

Commis en pleine campagne législative, son acte a choqué une opinion publique allemande déjà critique d'un accueil jugé trop généreux des migrants. Il a aussi mis en lumière les limites du règlement européen dit de Dublin, car Enamullah O. aurait dû être expulsé dès 2023 vers la Bulgarie, son pays d'entrée dans l'Union européenne.

Le 22 janvier 2025, deux éducatrices employées par un jardin d'enfants promènent cinq enfants, à bord d'une grande poussette collective, dans un parc de cette ville bavaroise.

Ils sont soudain attaqués par un homme qui les avait suivis.

Un enfant âgé de deux ans, d'origine marocaine, reçoit plusieurs coups de couteau à la gorge et sur le haut du corps. Une fillette du même âge, d'origine syrienne, est elle gravement blessée au cou.

Essayant de le tenir à distance, une des éducatrices est projetée au sol, le bras cassé. Deux hommes de 41 et 72 ans accourent pour s'interposer et reçoivent eux aussi des coups de couteau.

L'accusé s'enfuit à l'arrivée d'autres passants, avant d'être arrêté peu après. Le garçon et l'homme de 41 ans décèdent sur place.

Les enquêteurs n'avaient pas identifié de mobile politique ou religieux à cette attaque et ont aussitôt pointé la santé mentale du suspect. Mais elle est venue s'ajouter à une série d'actes meurtriers dont les auteurs présumés étaient des étrangers ou avaient des motivations islamistes.

"Remigration" 

Le drame a remis la politique migratoire au cœur de la campagne électorale.

"Remigration maintenant!", avait demandé la cheffe de file de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), Alice Weidel. Un mot employé par l'extrême droite pour appeler à l'expulsion massive d'étrangers.

Devant l'émotion suscitée, les conservateurs de Friedrich Merz avaient été accusés de franchir un pas dans le rapprochement avec l'extrême droite du pays en tentant ensemble de faire adopter une proposition de loi sur l'immigration, du jamais vu dans l'Histoire post-1945 du pays.

Son initiative avait déclenché de vastes manifestations et M. Merz avait dû se défendre de toute idée d'alliance avec l'AfD.

Mais depuis son accession au poste de chancelier au printemps, il a assumé une ligne dure sur l'immigration pour enrayer la progression de l'extrême droite, désormais au coude à coude avec sa formation dans les sondages.

 


Madagascar: le président contesté écarte toute démission

Le président malgache, Andry Rajoelina, a écarté lundi soir toute démission en appelant à "respecter la Constitution", dans sa première prise de parole depuis un lieu inconnu, après le ralliement ce weekend des militaires à la contestation qui agite le pays. (AFP)
Le président malgache, Andry Rajoelina, a écarté lundi soir toute démission en appelant à "respecter la Constitution", dans sa première prise de parole depuis un lieu inconnu, après le ralliement ce weekend des militaires à la contestation qui agite le pays. (AFP)
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  • Elu en 2018, puis réélu en 2023 pour un mandat de cinq ans lors d'un scrutin boycotté par l'opposition, M. Rajoelina n'a pu faire diffuser son allocution par la télévision publique TVM après l'arrivée d'un "groupe de soldats armés" au siège de la chaîne
  • D'après RFI, il a embarqué dimanche "à bord d'un avion militaire français pour La Réunion, avant de partir vers une autre destination avec sa famille"

ANTANANARIVO: Le président malgache, Andry Rajoelina, a écarté lundi soir toute démission en appelant à "respecter la Constitution", dans sa première prise de parole depuis un lieu inconnu, après le ralliement ce weekend des militaires à la contestation qui agite le pays.

Lors de ce direct diffusé sur les réseaux sociaux mais pas à la télévision publique malgache, M. Rajoelina s'est dit dans un "lieu sûr" après une "tentative de meurtre", sans plus de précisions sur sa localisation.

Est-il encore dans le pays, ou parti à l'étranger, comme l'a indiqué lundi la radio française RFI? Cette incertitude nourrit la confusion sur cette île très pauvre de l'Océan indien où de nouvelles scènes de joie ont eu lieu lundi dans la capitale Antananarivo entre militaires et des milliers de manifestants appelant à son départ.

"Il n'y a qu'une seule issue pour résoudre ces problèmes, c'est de respecter la Constitution en vigueur dans le pays", a affirmé le président de 51 ans, rejetant de fait les appels à la démission du mouvement de contestation né le 25 septembre.

Elu en 2018, puis réélu en 2023 pour un mandat de cinq ans lors d'un scrutin boycotté par l'opposition, M. Rajoelina n'a pu faire diffuser son allocution par la télévision publique TVM après l'arrivée d'un "groupe de soldats armés" au siège de la chaîne.

D'après RFI, il a embarqué dimanche "à bord d'un avion militaire français pour La Réunion, avant de partir vers une autre destination avec sa famille". "Je ne confirme rien aujourd'hui", a répondu à ce sujet depuis l'Egypte le président français, Emmanuel Macron, disant sa "grande préoccupation" pour Madagascar.

Des remises de peine ont été accordées lundi par décret présidentiel à une série de personnes parmi lesquelles le Franco-Malgache Paul Maillot Rafanoharana, emprisonné depuis 2021 pour tentative de coup d'Etat, et point de crispation entre les deux pays.

Ce weekend, une unité militaire, le Capsat, qui avait joué un rôle majeur dans le coup d'État en 2009 qui a porté au pouvoir M. Rajoelina, à la suite déjà d'une mobilisation populaire, a appelé les forces de sécurité à "refuser de tirer" sur les manifestants, avant de rejoindre ces derniers dans le centre de la capitale.

"Plus de dinosaures" 

"C'est tout bizarre, vu qu'on était habitués à toujours être pourchassés et bombardés par des gaz lacrymogènes", a témoigné auprès de l'AFP Finaritra Manitra Andrianamelasoa, 24 ans. Cet étudiant en droit figurait parmi les milliers de manifestants ayant rejoint lundi la place du 13-mai dans une ambiance de fête.

Marchant au rythme d'une fanfare, le cortège a enflé à mesure qu'il approchait de ce lieu symbolique de l'histoire politique malgache, baptisé en hommage aux tués d'un soulèvement populaire en 1972 ayant conduit au départ du premier président.

"Au tout début, ce qu'on demandait, c'était l'électricité, la liberté de s'exprimer, mais on attend actuellement sa démission", a asséné Steven Mandimbiarivong Rasolonjanahary, 19 ans, un autre étudiant en droit.

"On attend sa démission mais le connaissant, je ne crois pas qu'il va dire ça", pronostiquait avec succès Rotsinasandratra Lucas Hantamalala, étudiante de 20 ans. "Plus de dinosaures politiques s'il vous plaît, on en a assez vus", exhorte-t-elle.

Des soldats ont accompagné samedi dans le centre-ville de la capitale malgache des milliers de manifestants, les rejoignant à nouveau dimanche pour un rassemblement en hommage aux personnes tuées au cours des plus de deux semaines de manifestations.

Départ du président du Sénat 

Le mouvement de contestation, qui dénonçait au départ les coupures incessantes d'eau et d'électricité, s'est mué depuis en une contestation plus large du président Rajoelina et de son clan.

Le Conseil sécurité de l'Union africaine "rejette catégoriquement toute tentative de changement anticonstitutionnel du gouvernement dans le pays", a-t-il averti lundi dans un communiqué qui "exhorte toutes les unités des forces armées malgaches à "s'abstenir de toute ingérence dans les affaires politiques".

Les manifestants ont obtenu ce weekend le départ du décrié président du Sénat Richard Ravalomanana, ancien commandant de gendarmerie.

Surnommé "Général Bomba" pour son recours généreux aux grenades lacrymogènes lors de la crise de 2009, Richard Ravalomanana était accusé par les contestataires d'être un des principaux acteurs de la répression des manifestations ces dernières semaines.

Quant au troisième homme vilipendé par la rue, l'homme d'affaires et proche du chef de l'Etat Maminiaina Ravatomanga, il a fui dimanche matin à l'île Maurice voisine, comme l'a confirmé le gouvernement mauricien.

Au moins 22 personnes ont été tuées au début des manifestations et plus d'une centaine blessées, d'après un bilan des Nations unies.

Madagascar, île à la population très démunie, a une longue histoire de soulèvements populaires suivis par la mise en place de gouvernements militaires de transition.

Au moins 80% des 32 millions d'habitants de Madagascar vivent avec moins de 15.000 ariary par jour (2,80 euros), le seuil de pauvreté de la Banque mondiale.


Au sommet sur Gaza, Trump proclame un «jour formidable pour le Moyen-Orient»

Donald Trump a proclamé lundi un "jour formidable pour le Moyen-Orient" lors d'un sommet sur Gaza en Egypte et a cosigné une déclaration visant à cimenter le cessez-le-feu dans le territoire palestinien, après un échange d'otages et de détenus entre Israël et le Hamas. (AFP)
Donald Trump a proclamé lundi un "jour formidable pour le Moyen-Orient" lors d'un sommet sur Gaza en Egypte et a cosigné une déclaration visant à cimenter le cessez-le-feu dans le territoire palestinien, après un échange d'otages et de détenus entre Israël et le Hamas. (AFP)
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  • A l'origine du plan sur un cessez-le-feu à Gaza, M. Trump a coprésidé le sommet à Charm el-Cheikh avec le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, en présence de nombreux dirigeants internationaux
  • M. Trump a accueilli les dirigeants sur un tapis rouge, souriant et serrant la main de chacun. Derrière une inscription géante "PEACE 2025", il a levé plusieurs fois le pouce devant les caméras

CHARM EL-CHEIKH: Donald Trump a proclamé lundi un "jour formidable pour le Moyen-Orient" lors d'un sommet sur Gaza en Egypte et a cosigné une déclaration visant à cimenter le cessez-le-feu dans le territoire palestinien, après un échange d'otages et de détenus entre Israël et le Hamas.

Plus tôt, lors d'une visite éclair à Jérusalem, le président américain a annoncé devant le Parlement israélien la fin d'un "long cauchemar" pour Israël et les Palestiniens. "Ce n'est pas seulement la fin d'une guerre, c'est la fin d'une ère de terreur et de mort", a-t-il dit, appelant les Palestiniens à "se détourner pour toujours de la voie du terrorisme".

Au quatrième jour du cessez-le-feu dans la bande de Gaza dévastée par deux ans de guerre, le mouvement islamiste Hamas a libéré les 20 derniers otages vivants qu'il retenait, en échange de 1.968 prisonniers palestiniens relâchés par Israël.

Sur la place des Otages à Tel-Aviv, des scènes de liesse ont accueilli la libération des otages enlevés le 7 octobre 2023 lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël, qui a déclenché la guerre.

"C'est superbe et bouleversant que cela arrive enfin" a déclaré Shelly Bar Nir, 34 ans. "Nos otages rentrent enfin chez eux."

"Ma vie, tu es ma vie... tu es un héros", s'exclame Einav Zangauker en serrant dans ses bras son fils Matan, tout sourire, après sa libération, selon une vidéo diffusée par l'armée israélienne.

A Ramallah, en Cisjordanie occupée, une explosion de joie a accompagné l'arrivée des cars transportant des prisonniers palestiniens libérés. "C'est une renaissance", a dit Mahdi Ramadan après sa libération. D'autres bus ont gagné la bande de Gaza, accueillis par des milliers de personnes agitant le drapeau palestinien et celui du Hamas.

"PEACE 2025" 

A l'origine du plan sur un cessez-le-feu à Gaza, M. Trump a coprésidé le sommet à Charm el-Cheikh avec le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, en présence de nombreux dirigeants internationaux, mais sans le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, ni le Hamas.

M. Trump a accueilli les dirigeants sur un tapis rouge, souriant et serrant la main de chacun. Derrière une inscription géante "PEACE 2025", il a levé plusieurs fois le pouce devant les caméras.

Avec les dirigeants d'Egypte, du Qatar et de Turquie, il a ensuite signé une déclaration sur Gaza dans laquelle ils engagent à "poursuivre une vision de paix" au Moyen-Orient. Ce document, publié en fin de journée par la Maison Blanche, s'en tient néanmoins à des termes vagues sur le besoin de parvenir à une "paix durable" entre Israël et ses voisins, dont les Palestiniens.

Donald Trump a, dans l'avion de retour à Washington, évacué la question de la solution à deux Etats. "Je ne parle pas d'un seul Etat, de double Etat ou de deux Etats. Nous parlons de la reconstruction de Gaza."

Avant de partir d'Egype, le président américain a assuré avoir "réussi ensemble ce que tout le monde pensait impossible. Enfin, nous avons la paix au Moyen-Orient."

M. Sissi a, lui, annoncé que son pays allait accueillir une conférence sur la reconstruction de Gaza, sans donner de date.

Dans la journée, 20 otages ont été remis en deux phases au Comité international de la Croix-Rouge (CICR), dont les voitures ont pris la direction d'Israël sous l'œil de combattants armés du Hamas.

La majorité des 251 personnes enlevées lors de l'attaque du 7-Octobre avaient été libérées lors de deux précédentes trêves à Gaza.

"Libération totale" 

L'attaque du Hamas a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de données officielles.

En riposte, Israël a lancé une offensive qui a ravagé la bande de Gaza, provoqué un désastre humanitaire et fait 67.869 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas.

"Il est temps de laisser entrer l'aide humanitaire à grande échelle, notamment par l'intermédiaire de l'Unrwa", a réagi lundi le directeur général de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, dans un communiqué.

La première phase du plan américain prévoit outre le cessez-le-feu et un retrait israélien de certains secteurs de Gaza, le retour dans les 72 heures des 47 derniers otages retenus à Gaza, dont 27 sont morts.

Mais l'armée israélienne a annoncé la remise de seulement quatre corps d'otages via le CICR lundi: "Le Hamas est tenu de respecter l'accord et de prendre les mesures nécessaires pour le retour de tous les otages décédés".

Le Hamas a salué "la libération des prisonniers palestiniens des prisons de l'occupation" comme "un succès national sur le chemin de la libération totale".

Le plan Trump prévoit dans une phase ultérieure le désarmement du Hamas et son exclusion de la gouvernance du territoire, où le mouvement a pris le pouvoir en 2007.

Le mouvement islamiste ne s'est pas prononcé sur son désarmement et exige un retrait total israélien de la bande de Gaza. L'armée israélienne contrôle aujourd'hui 53% du territoire.

Un responsable du Hamas a dit prévoir une deuxième phase "difficile" des négociations.