RDC: Prochaine élection présidentielle le 20 décembre 2023

Le président congolais Felix Tshisekedi (Photo, AP).
Le président congolais Felix Tshisekedi (Photo, AP).
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Publié le Dimanche 27 novembre 2022

RDC: Prochaine élection présidentielle le 20 décembre 2023

  • En RDC, la présidentielle est une élection à un seul tour
  • L'ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo (2012-2016) a fait part de son intention de se présenter

KINSHASA: La prochaine élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC) aura lieu le 20 décembre 2023, et pourrait notamment opposer comme en 2018 l'actuel président Félix Tshisekedi à Martin Fayulu.

L'annonce de la date, faite samedi par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), intervient alors que l'est du pays reste en proie aux violences de groupes armés, dont la rébellion du M23 qui contrôle une partie d'un territoire du Nord-Kivu.

"L'insécurité persistante dans certaines parties du territoire" est un des "défis" à relever par la Ceni pour organiser dans les temps un scrutin qu'elle veut "libre, démocratique, transparent", a déclaré son président, Denis Kadima qui a lu le calendrier électoral au siège de la commission.

Des experts ont en outre manifesté leurs doutes sur un processus qui, selon eux, a pris "un mauvais départ" et risque encore une fois d'aboutir à une élection contestée.

En RDC, la présidentielle est une élection à un seul tour, couplée aux législatives ainsi qu'aux élections des députés provinciaux et des conseillers communaux.

La prestation de serment du président élu aura lieu le 20 janvier 2024, a précisé la Ceni.

Le président Félix Tshisekedi, qui a succédé à Joseph Kabila en janvier 2019 à l'issue d'une élection controversée, a déjà exprimé son intention de se représenter.

Parmi les autres candidats possibles figure Martin Fayulu, qui continue d'ailleurs d'affirmer avoir remporté celle de 2018 et été privé de sa victoire.

Inquiétudes

D'autres potentiels candidats tels que l'ancien Premier ministre Adolphe Muzito ou encore l'ancien gouverneur du Katanga Moïse Katumbi, ne se sont pas encore prononcés clairement.

L'ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo (2012-2016) a de son côté fait part de son intention de se présenter.

Des poursuites engagées contre lui pour détournement présumé de fonds publics, qu'il conteste, avaient tourné court en novembre dernier, quand la Cour constitutionnelle avait estimé qu'elle n'était pas compétente pour le juger. La voie était alors dégagée pour lui. Mais la composition de la Cour a changé et celle-ci se considère maintenant en mesure de le juger, laissant entrevoir un procès.

Dans un rapport publié en octobre, des chercheurs des organisations Groupe d'étude sur le Congo(GREC) et Ebuteli, liées à l'Université de New York (NYU), s'inquiétaient d'un "processus mal embarqué" et d'un "déficit de confiance" porteurs, selon eux, de risques de "violentes protestations".

"La mainmise politique persiste sur les institutions impliquées dans la gestion du processus électoral", analysaient-ils.

En RDC, les résultats de la présidentielle sont parfois violemment contestés, comme en 2006 et 2011, avec à la clé des dizaines de morts.

D'autres inquiétudes se manifestent dans le pays au regard du regain de tension lié à la rébellion du "Mouvement du 23 mars" (M23), qui s'est emparée récemment de larges portions d'un territoire au nord de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu dans l'est.

Les combats ont notamment provoqué le déplacement de dizaines de milliers de personnes ces derniers mois.

Plusieurs initiatives diplomatiques sont en cours pour tenter de ramener la paix et d'apaiser les tensions entre la RDC et le Rwanda, accusé par Kinshasa de soutenir le M23. Un mini-sommet cette semaine à Luanda a décidé un cessez-le-feu à partir de vendredi soir. Les lignes de front semblaient calmes samedi, mais la région, habituée aux engagements non tenus, reste très sceptique.

Cette question sécuritaire doit nécessairement être prise en compte pour garantir "l'inclusivité" du scrutin, a réagi Jonas Tshombela, président de la Nouvelle société civile du Congo.

En annonçant la date du 20 décembre 2023, "la Ceni est en train de tenter de nous convaincre que l'élection présidentielle va avoir lieu dans le délai constitutionnel, ce que nous apprécions déjà", a-t-il ajouté, promettant d'"examiner de près" ce calendrier.

Beaucoup pensaient que le gouvernement "utiliserait la cause de l'insécurité" pour ne pas organiser le scrutin, a souligné à des journalistes le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya.

Selon lui, "le matériel électoral de la Ceni dans le territoire de Rutshuru a été saccagé, mais cela ne nous empêche pas de travailler (...) pour permettre au processus de se faire au même moment, au même rythme" partout dans le pays.

Par ailleurs, la question du "financement des élections fait partie des priorités du gouvernement", a-t-il assuré: "en ce jour, aucun partenaire financier n'a donné un quelconque dollar. Le gouvernement pour l'exercice 2022 s'est acquitté aujourd'hui de 80%, minimum, de ce qu'il doit payer".


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.