Bpifrance veut investir massivement dans les multinationales françaises

À la suite du protocole d’accord signé par Bpifrance et Mubadala au mois de février dernier, l’investissement par Mubadala a été entériné lors de la première clôture du fonds. (Photo Fournie)
À la suite du protocole d’accord signé par Bpifrance et Mubadala au mois de février dernier, l’investissement par Mubadala a été entériné lors de la première clôture du fonds. (Photo Fournie)
Short Url
Publié le Jeudi 23 juillet 2020

Bpifrance veut investir massivement dans les multinationales françaises

  • Première clôture réussie du fonds « Lac 1 » avec une capacité d’investissement de près de 4,2 millions d’euros et plus de vingt nouveaux investisseurs, parmi lesquels le fonds souverain Mubadala Investment Company, basé à Abou Dhabi
  • « Les multinationales dans lesquelles nous cherchons à investir auront l’appui requis pour un développement futur dans le CCG et au Moyen-Orient »

PARIS: La banque d’investissement nationale française Bpifrance est prête à mobiliser le fonds « LAC 1 » pour une capacité d’investissement proche de 4,2 milliards d’euros dans les multinationales françaises.

Le fonds a pour objectif d’apporter d’importants capitaux dans des sociétés françaises de premier plan, de soutenir leurs plans stratégiques et de maximiser la création de valeur. Le fonds compte lever 10 milliards d’euros qui seront investis dans 15 à 20 sociétés dont la capitalisation boursière dépasse les 500 millions d’euros, et les sociétés seront sélectionnées parmi un large éventail d’entreprises françaises de premier plan, au cours des dix prochaines années. Avec une capacité d’investissement actuelle proche de 4,2 milliards d’euros, dont plus de 3,2 milliards d’euros levés auprès d’investisseurs et 1 milliard d’euros d’emprunts, ce fonds investit dans les multinationales françaises cotées en bourse. Il s’appuie sur l’expérience de Bpifrance dans le domaine des transitions technologiques ainsi que sur ses solides compétences en matière de gouvernance de compagnies cotées en bourse.

Le fonds « LAC 1 » inclut plus de vingt nouveaux investisseurs avec Bpifrance, parmi lesquels le fonds souverain Mubadala Investment Company, basé à Abou Dhabi, pour un montant d’1 milliard d’euros.

À la suite du protocole d’accord signé par les deux parties au mois de février dernier, l’investissement par Mubadala a été entériné lors de la première clôture du fonds, le 26 mai 2020.

La clôture réussie du fonds « LAC 1 » conforte l’attrait de la France pour les investisseurs et les fonds souverains du Moyen-Orient. Bpifrance offre à des souscripteurs triés sur le volet l’opportunité d’investir dans des titres français performants cotés en bourse. Cette stratégie d’investissement de capital privé, leur donnera un rôle actif dans la gouvernance.

De plus, alors que le monde fait face à de nombreux défis en raison des répercussions économiques de la pandémie de Covid-19, la capacité de résilience de l’économie française et les réformes favorables aux entreprises qui ont été mises en place ont favorisé la confiance des investisseurs étrangers en les sociétés françaises cotées en bourse.

« Cette première clôture a confirmé le principe des investissements du fonds « LAC 1 » par les investisseurs de niveau 1 et les investisseurs internationaux de renom, assure Nicolas Dufourcq, président directeur général de Bpifrance. Elle a également permis de souligner le bilan des investissements ainsi que le savoir-faire que les équipes de Bpifrance ont bâti pendant plus de dix ans. Les multinationales performantes internationalisées et innovantes dans lesquelles nous cherchons à investir auront également l’appui requis pour un développement futur dans le CCG et au Moyen-Orient. »

Bpifrance, qui finance les entreprises à travers des prêts, des garanties, des placements en titres ainsi que des assurances à l’exportation, fournit également des services financiers supplémentaires (formation, conseil) afin d'aider les entrepreneurs à relever différents défis.

Depuis sa création, elle a soutenu et accompagné avec succès son portefeuille coté en bourse, réalisant un important retour sur investissement, au-delà des indices correspondants générés par des sorties représentant 15 milliards d’euros.

Une stratégie similaire d’engagement actif à long terme sera reproduite pour les compagnies de « LAC 1 », avec le même objectif de maximisation de la création de valeur pour les souscripteurs. En parallèle, la mise en œuvre d’une politique de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) permettra de garantir que les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) seront respectés et que la croissance sera soutenue sur le long terme.

Outre Mubadala Investment Company, plus de 20 souscripteurs ont participé à cette première clôture avec Bpifrance, notamment d’importants investisseurs internationaux et des investisseurs institutionnels français comme Covea, Axa, CNP Assurances, Crédit Agricole Assurances, BNP Paribas Cardif, Groupe Generali, Groupe VYV, Société Générale Assurances, le groupe Caisse des Dépôts, Natixis, AG2R LA MONDIALE, Aviva France, Groupe Groupama, Scor, CCR de même que de grandes entreprises et des bureaux de gestion de patrimoine, incluant notamment Orange, Groupe Unibel et Financière Dassault.


Taxe Zucman : «truc absurde», «jalousie à la française», selon le patron de Bpifrance

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Short Url
  • M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde"
  • Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier"

PARIS: Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française".

M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde", mais qui selon lui "n'arrivera pas".

Mais "ça panique les entrepreneurs : ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable!", a-t-il déclaré.

Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier" : "Donc demain j'aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering, NDLR), 20% du capital de Free. C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

"Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (...) au lieu de leur dire qu'on va leur piquer 2% de leur fortune".

Il a observé que "si on pique la totalité de celle de Bernard Arnault, ça finance 10 mois d'assurance-maladie", mais qu'après "il n'y a plus d'Arnault".

"Il n'y a pas de trésor caché", a estimé M. Dufourcq, qui pense que cette taxe "n'arrivera jamais", et n'est évoquée que "pour hystériser le débat" politique.

Pour lui, il s'agit "d'une pure histoire de jalousie à la française, une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble", rappelant les origines modestes de François Pinault ou Xavier Niel: "c'est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues".

"Il y a effectivement des fortunes qui passent dans leur holding des dépenses personnelles", a-t-il remarqué, "c'est ça qu'il faut traquer, et c'est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd'hui".

Mais il y a aussi "beaucoup de Français qui passent en note de frais leurs dépenses personnelles", a-t-il observé. "Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaus", pour se les faire rembourser.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Short Url
  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
Short Url
  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".