Gares vides et TGV annulés au troisième jour de grève des contrôleurs de la SNCF

Un train arrive en gare Matabiau de Toulouse, le 2 décembre 2022 lors d'une grève organisée par les contrôleurs de la SNCF (Photo, AFP).
Un train arrive en gare Matabiau de Toulouse, le 2 décembre 2022 lors d'une grève organisée par les contrôleurs de la SNCF (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 04 décembre 2022

Gares vides et TGV annulés au troisième jour de grève des contrôleurs de la SNCF

  • Cette mobilisation survient avant le début des négociations annuelles obligatoires, qui doivent s'engager mercredi au niveau du groupe SNCF
  • Face aux craintes que ce mouvement perturbe les fêtes de fin d'année, le ministre délégué aux Transports, Clément Beaune, a appelé samedi à la «responsabilité collective»

PARIS: La grève des contrôleurs de la SNCF se poursuit dimanche avec 60% des TGV et Intercités annulés, dépeuplant les quais de certaines gares, avec la crainte que ces perturbations se reproduisent lors des fêtes de fin d'année.

Comme la veille, 4 TGV et Intercités sur 10 étaient en circulation dimanche, a confirmé un porte-parole de la SNCF à l'AFP.

A la gare de l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle, les voies dédiées aux TGV étaient désertes en début de journée. Le premier train  était annoncé pour 13H36, suivi de quatre autres dans l'après-midi.

Entouré de ses trois valises, Marc Kufess fait part de son agacement: arrivé à 9H30 du Togo, il n'a découvert qu'à l'atterrissage l'existence de la grève, et la suppression de son train de 11H24 pour Mulhouse.

A quelques pas de là, Wa Ismaël, agent d'accueil, slalome entre les voyageurs qui, faute de train, se dirigent vers les bornes pour acheter un billet de RER et se rendre à Paris. "Ça chamboule tout (...) mais on essaie de faire au mieux", explique l'agent.

La direction de la SNCF a annoncé vendredi que de "nouvelles rencontres" auraient lieu la semaine prochaine avec les organisations syndicales et les contrôleurs - officiellement appelés chefs de bord -, qui réclament notamment une meilleure reconnaissance.

Les syndicats Unsa-Ferroviaire, SUD-Rail, CFDT-Cheminots et FO-Cheminots ont apporté leur appui au mouvement, et déposé un préavis de grève pour les week-ends de Noël et du Nouvel An, afin de faire pression sur la SNCF.

"On fera le maximum pour qu'il n'y ait pas de grève à Noël", a toutefois promis Nicolas Limon, l'un des fondateurs du Collectif national ASCT (CNA), lancé en septembre sur Facebook en dehors de tout cadre syndical et qui compte aujourd'hui près de 3 000 membres.

Il avait indiqué vendredi à l'AFP que "plus de 80%" des contrôleurs étaient en grève pour le week-end, avec une reprise progressive envisagée lundi.

«Prise de température»

En gare de Lille Flandres, quelques rares personnes attendaient aussi dimanche sous les écrans, qui affichaient seulement une poignée de TGV annoncés.

Anne Gravereaux et son mari arrivent tout juste de Cannes pour voir leur parrain de 93 ans en Ehpad. "On a regardé toutes les options: louer une voiture, venir en covoiturage...". Ils ont finalement trouvé ce train, après une première escale la veille à Paris: "une vraie galère!", raconte-t-elle.

Face aux craintes que ce mouvement perturbe les fêtes de fin d'année, le ministre délégué aux Transports, Clément Beaune, a appelé samedi à la "responsabilité collective". "Travaillons dans les prochains jours pour éviter cela (...) je ferai tout à mon niveau", a-t-il assuré.

Les presque 10 000 chefs de bord de la SNCF, dont près de 3 000 travaillent sur les TGV et Intercités, ont une fonction essentielle en matière de sécurité de la circulation et des voyageurs. Sans eux, les trains ne peuvent pas circuler.

Au-delà des questions de salaire, les contrôleurs se sentent "maltraités", et réclament une meilleure prise en considération ainsi qu'une amélioration de leurs conditions de travail, avait expliqué samedi sur RMC Fabien Villedieu, délégué syndical SUD Rail.

"C'est une grève qu'on n'a pas vue arriver, ni nous ni les syndicats", avait reconnu jeudi le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou, lors d'une conférence organisée par le magazine Challenges.

Après ce week-end de "prise de température", SUD Rail espère que des propositions concrètes seront formulées lors des négociations la semaine prochaine, disant "croire au dialogue social", surtout à l'approche de Noël.

Cette mobilisation survient aussi avant le début des négociations annuelles obligatoires, qui doivent s'engager mercredi au niveau du groupe SNCF. La CGT, SUD-Rail et CFDT ont appelé à une "grève unitaire" ce jour-là.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.