Dans le sud irakien, le narguilé, c'est l'affaire des ébénistes

Un ébéniste irakien confectionne un narguilé, à Karbala le 21 octobre (Photo, Mohammed SAWAF/AFP).
Un ébéniste irakien confectionne un narguilé, à Karbala le 21 octobre (Photo, Mohammed SAWAF/AFP).
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Publié le Lundi 16 novembre 2020

Dans le sud irakien, le narguilé, c'est l'affaire des ébénistes

  • Hassan Ali, qui a repris il y a onze ans une échoppe à thé, a tout de suite ajouté à son menu le narguilé. Et pas n'importe lequel. Celui en saule de Kerbala
  • Le « bakkar », le tube sculpté en bois qui relie le pot en verre rempli d'eau à la « tête » du narguilé, un petit pot en terre cuite où est déposé le tabac, « donne un goût différent de celui en métal ou en cuivre »

KERBALA: Le narguilé est devenu un incontournable à travers le globe. Mais à Kerbala, dans le sud de l'Irak, l'une des régions les plus chaudes du monde, il ne ressemble à aucun autre : plutôt que de métal brûlant les doigts, il est fait de bois.

Sur les trottoirs de la ville sainte chiite, non loin des mausolées aux dômes dorés, assis autour d'un thé brûlant, de petites grappes --d'hommes seulement-- discutent dans un nuage de fumée. 

Que l'époque soit aux pèlerinages de millions de fidèles ou au confinement mondial, ils sont là. Comme si le nouveau coronavirus n'infectait pas chaque jour près de 4 000 nouveaux Irakiens.

Hassan Ali, qui a repris il y a onze ans une échoppe à thé, a tout de suite ajouté à son menu le narguilé. Et pas n'importe lequel. Celui en saule de Kerbala.

Le « bakkar », le tube sculpté en bois qui relie le pot en verre rempli d'eau à la « tête » du narguilé, un petit pot en terre cuite où est déposé le tabac, « donne un goût différent de celui en métal ou en cuivre », affirme-t-il, rejetant en bloc les autres matériaux « des usines chinoises » bon marché.

« Si ton tabac a un goût de pomme ou de menthe, tu le sens. Avec les autres, tu n'as que de la fumée », poursuit-il. « Et surtout, quand il est en bois, le bakkar est froid alors que les autres sont brûlants. »

Là où certains trichent en jetant des glaçons dans l'eau pour contrer l'effet de la chaleur sur le métal, les ébénistes de Kerbala ont trouvé la parade, explique l'un d'eux, Mohammed Baqer, penché sur son tour à bois.

L'imagination au pouvoir

« Nous utilisons du saule de Kerbala », qui pousse au bord de l'Euphrate, « un bois léger, qui absorbe bien l'eau et épure la fumée, ce qui donne de la saveur », affirme cet Irakien de 56 ans, dont 30 dans l'ébénisterie.

Sa grosse saison, il la réalise durant les pèlerinages, quand les cafés des alentours accueillent parfois « jusqu'à 80 fumeurs de chicha en même temps ». De quoi doubler sa production quotidienne d'une vingtaine de bakkar.

Et à chaque fois, assure-t-il, il laisse travailler son imagination.

« Quand j'installe le bois sur le tour, je laisse mes doigts suivre ce qui me passe par la tête », dit-il. « Le résultat est toujours beau et trouve client », jure-t-il, cigarette à la main.

Un peu plus loin, Mohammed Jassem, lui, a appris le métier avec son grand-père et son père Abou Hamada, dont l'enseigne de l'atelier porte encore le nom. Il a même commencé à former son fils Jassem, encore adolescent, depuis deux ans.

Ses clients sont des cafés des provinces du sud « là où il fait chaud », dépassant allègrement les 50 degrés durant des semaines en été, « parce qu'à Bagdad et plus au nord, ils ont plus froid, donc ils peuvent utiliser du métal », explique-t-il.

Pour varier les plaisirs, il a développé plusieurs modèles : « islamique » avec des sculptures en forme de dôme, « en creux de Kerbala », la signature de la ville depuis l'époque de son grand-père, avec des creux formés à la main et d'autres...

Car, dit-il, « si tu aimes ton travail, tu es créatif ».

Et les trois mois de fermeture des cafés décrété en Irak pour endiguer l'épidémie de Covid-19 n'a fait que donner un nouvel élan aux commandes. Jassem a même envoyé cette année des bakkar au Liban et en Allemagne.

« Tant qu'il y aura du tabac, on ira bien », assure-t-il dans un sourire.


Art Basel Qatar dévoile les détails de sa première édition prévue en 2026

M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
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  • Art Basel Qatar lancera sa première édition en février 2026 à Doha, avec 87 galeries, 84 artistes et neuf commandes monumentales dans l’espace public
  • L’événement mettra fortement l’accent sur la région MENASA, autour du thème « Becoming », explorant transformation, identité et enjeux contemporains

DUBAÏ : Art Basel Qatar a révélé les premiers détails de sa toute première édition, qui se tiendra en février 2026, offrant un aperçu du secteur Galleries et de son programme Special Projects, déployé dans le quartier de Msheireb Downtown Doha.

Aux côtés des présentations de 87 galeries exposant les œuvres de 84 artistes, Art Basel Qatar proposera neuf commandes monumentales et in situ investissant les espaces publics et les lieux culturels de Msheireb. Conçus par le directeur artistique Wael Shawky, en collaboration avec le directeur artistique en chef d’Art Basel Vincenzo de Bellis, ces projets répondent au thème central de la foire : « Becoming » (« Devenir »).

Couvrant la sculpture, l’installation, la performance, le film et l’architecture, ces projets interrogent les notions de transformation — matérielle, sociale et politique — en abordant le changement environnemental, la migration, la mémoire et l’identité. Parmi les artistes participants figurent Abraham Cruzvillegas, Bruce Nauman, Hassan Khan, Khalil Rabah, Nalini Malani, Nour Jaouda, Rayyane Tabet, Sumayya Vally, ainsi que Sweat Variant (Okwui Okpokwasili et Peter Born). Parmi les temps forts annoncés : l’installation vidéo immersive en 3D de Bruce Nauman à M7, la projection monumentale en plein air de Nalini Malani sur la façade de M7, et le majlis évolutif imaginé par Sumayya Vally, conçu comme un espace vivant de rencontre et de dialogue.

Le secteur Galleries réunira des exposants issus de 31 pays et territoires, dont 16 galeries participant pour la première fois à Art Basel. Plus de la moitié des artistes présentés sont originaires de la région MENASA, confirmant l’ancrage régional de la foire. Les présentations iront de figures majeures telles que Etel Adnan, Hassan Sharif et MARWAN à des voix contemporaines comme Ali Cherri, Ahmed Mater, Sophia Al-Maria et Shirin Neshat.

Des galeries de l’ensemble de la région seront représentées, y compris celles disposant d’antennes dans les États du Golfe, notamment au Qatar, aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite.

Le Moyen-Orient élargi et l’Asie seront également présents, avec des galeries venues du Liban, de Turquie, d’Égypte, du Maroc, de Tunisie et d’Inde.

Art Basel Qatar se tiendra du 5 au 7 février 2026, à M7, dans le Doha Design District et dans plusieurs autres lieux de Msheireb Downtown Doha.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Une nouvelle initiative cinématographique à AlUla vise à stimuler le talent créatif saoudien

Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production. (SPA)
Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production. (SPA)
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  • Les efforts visent à soutenir les jeunes talents et à contribuer à la croissance du secteur cinématographique du Royaume
  • Villa Hegra organise également des programmes éducatifs et interactifs pour les enfants afin de développer leurs talents et leurs capacités créatives

ALULA : Villa Hegra, en collaboration avec Film AlUla, a lancé un programme spécialisé dans la réalisation de films pour développer les compétences cinématographiques et soutenir les talents créatifs, a rapporté lundi l'Agence de presse saoudienne.

Cette initiative reflète l'engagement de Villa Hegra à renforcer l'activité culturelle et cinématographique tout en favorisant un environnement inspirant pour les créateurs de contenu et les cinéphiles.

Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production.

Ces efforts visent à soutenir les jeunes talents et à contribuer à la croissance du secteur cinématographique du Royaume, a ajouté la SPA.

Villa Hegra organise également des programmes éducatifs et interactifs pour les enfants afin de développer leurs talents et leurs capacités créatives.

Ces programmes comprennent des ateliers qui simplifient les concepts scientifiques et les intègrent aux pratiques artistiques modernes, créant ainsi un environnement d'apprentissage qui encourage la découverte et l'innovation.

Ils ont suscité une forte participation des élèves dans tout le gouvernorat en raison de leur approche pratique et interactive, qui renforce la réflexion et la créativité des enfants.

Les initiatives sont mises en œuvre en collaboration avec des institutions françaises et saoudiennes, reflétant ainsi la diversité culturelle et les partenariats internationaux tout en améliorant la qualité du contenu éducatif pour les jeunes générations.

Villa Hegra est la première fondation culturelle franco-saoudienne basée à AlUla. Lancée en octobre, elle soutient la scène culturelle de la région en proposant des plateformes éducatives qui développent les compétences des enfants et des jeunes saoudiens, tout en renforçant la présence d'AlUla sur la scène culturelle internationale.


Eurovision: Nemo rend son trophée 2024 pour protester contre la participation d'Israël

Le chanteur suisse Nemo, qui représentait la Suisse avec la chanson « The Code », célèbre sur scène avec son trophée après avoir remporté la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (CEC) 2024, le 11 mai 2024 à la Malmö Arena de Malmö, en Suède. (AFP)
Le chanteur suisse Nemo, qui représentait la Suisse avec la chanson « The Code », célèbre sur scène avec son trophée après avoir remporté la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (CEC) 2024, le 11 mai 2024 à la Malmö Arena de Malmö, en Suède. (AFP)
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  • L’artiste suisse Nemo, vainqueur de l’Eurovision 2024, rend son trophée pour protester contre la participation maintenue d’Israël, dénonçant une contradiction avec les valeurs d’unité et de dignité affichées par l’UER
  • Cinq pays — Islande, Espagne, Pays-Bas, Irlande et Slovénie — ont déjà annoncé leur boycott de l’édition 2026, sur fond de critiques liées à la guerre à Gaza et d’accusations d’irrégularités de vote

GENEVE: L'artiste suisse Nemo, qui a remporté l’Eurovision 2024 en Suède, a annoncé jeudi rendre son trophée pour protester contre le maintien de la participation d'Israël dans la compétition, qui a déjà provoqué le boycott de cinq pays.

"En tant que personne et en tant qu'artiste, aujourd'hui, je ne pense plus que ce trophée ait sa place sur mon étagère", a déclaré dans une vidéo postée sur Instagram Nemo, qui s'était déjà joint aux appels réclamant l'exclusion d'Israël du plus grand événement musical télévisé en direct au monde.

"L'Eurovision prétend défendre l'unité, l'inclusion et la dignité de tous (...) Mais la participation continue d'Israël, alors que la commission d'enquête internationale indépendante (mandatée par) l'ONU a conclu à un génocide, démontre un conflit évident entre ces idéaux et les décisions prises par" l'Union européenne de Radio-Télévision (UER), a déclaré le chanteur de 26 ans.

"Il ne s'agit pas d'individus ou d'artistes. Il s'agit du fait que le concours a été utilisé à maintes reprises pour redorer l'image d'un État accusé de graves atrocités", a ajouté Nemo, devenu en 2024 le premier artiste non binaire à être sacré à l'issue d'une édition déjà marquée par une controverses sur la participation d'Israël en pleine guerre dans la bande de Gaza.

Mercredi, la télévision publique islandaise RUV a annoncé boycotter l'édition 2026 de l'Eurovision après le feu vert donné à la participation d'Israël, devenant le cinquième pays à ne pas participer au prochain concours à Vienne.

Début décembre, la majorité des membres de l'UER avaient estimé qu'il n'était pas nécessaire de voter sur la participation d'Israël avec sa télévision publique KAN.

Cette décision a déclenché instantanément les annonces de boycott des diffuseurs de l'Espagne, des Pays-Bas, de l'Irlande et de la Slovénie, sur fond de critiques de la guerre dans la bande de Gaza mais aussi d'accusations d'irrégularités dans les votes lors des précédentes éditions.

"Quand des pays entiers se retirent, il est évident que quelque chose ne va pas du tout. C'est pourquoi j'ai décidé de renvoyer ce trophée au siège de l'UER à Genève, avec gratitude et un message clair : incarnez vos valeurs", a ajouté Nemo, avant de déposer son trophée dans une boite.