Chine: hommage national et trois minutes de silence pour Jiang Zemin

Les gens participent au service commémoratif public pour l'ancien dirigeant chinois Jiang Zemin au Grand Palais du Peuple, à Pékin, le 6 décembre 2022 (Photo, AFP).
Les gens participent au service commémoratif public pour l'ancien dirigeant chinois Jiang Zemin au Grand Palais du Peuple, à Pékin, le 6 décembre 2022 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mercredi 07 décembre 2022

Chine: hommage national et trois minutes de silence pour Jiang Zemin

  • La cérémonie commémorative, retransmise en direct à la télévision, a eu lieu au palais du Peuple à Pékin où un immense portrait de l'ex-dirigeant était installé
  • Au premier rang se trouvait la veuve de Jiang Zemin, Wang Yeping, en fauteuil roulant

PEKIN: Les sirènes ont retenti mardi en Chine et trois minutes de silence ont été observées en hommage à l'ex-président Jiang Zemin, décédé à l'âge de 96 ans et salué comme un patriote qui a "consacré sa vie" au peuple chinois.

Dans cette journée de deuil national, les forces de l'ordre faisaient en sorte d'éviter tout grand rassemblement, après la vague de manifestations contre les restrictions sanitaires.

La cérémonie commémorative, retransmise en direct à la télévision, a eu lieu au palais du Peuple à Pékin où un immense portrait de l'ex-dirigeant était installé, accompagné de slogans et d'offrandes florales.

"Il a consacré toute sa vie et son énergie au peuple chinois, à la lutte pour l'indépendance nationale, la libération du peuple, la prospérité nationale et le bonheur de la population", a assuré le président Xi Jinping face une assemblée de hauts dignitaires chinois, tous masqués.

"Le Comité central du Parti communiste chinois appelle l'ensemble du parti, de l'armée et du peuple chinois, dans tous ses groupes ethniques, à transformer le chagrin en force", a-t-il ajouté.

Au premier rang se trouvait la veuve de Jiang Zemin, Wang Yeping, en fauteuil roulant.

«Dirigeant très important»

Alors que les autorités ont été confrontées récemment à un mouvement de contestation d'une ampleur inédite depuis les mobilisations pro-démocratie de Tiananmen en 1989, la figure de Jiang Zemin semble fédératrice. Artisan de l'arrivée de la Chine sur la scène mondiale, il est aussi celui qui avait su rétablir le calme à Shanghai en 1989.

Il a pris le pouvoir suite à cet épisode, accompagnant la transformation de la nation la plus peuplée de la planète en une puissance mondiale, qu'il a dirigée jusqu'en 2003.

Il est décédé le 30 novembre à Shanghai des suites d'une leucémie et de la défaillance de plusieurs organes, selon les médias officiels.

Son corps a été incinéré lundi à Pékin, lors d'une cérémonie à laquelle ont assisté le président Xi Jinping et d'autres hauts dirigeants, selon l'agence d'Etat Chine Nouvelle.

L'ex-président Hu Jintao --dont la sortie abrupte du palais du Peuple en octobre, durant le congrès du parti, avait suscité l'attention internationale-- était également présent.

Toute la journée, les drapeaux sont en berne et les activités récréatives suspendues.

A Yangzhou (Sud), ville natale de Jiang Zemin, une centaine de personnes se sont réunies face à son ancienne résidence pour observer le moment de silence, avant d'être dispersées par la police.

Les Bourses de Shanghai et Shenzhen ont suspendu leurs cotations durant trois minutes, pendant que dans le port de Hong Kong des centaines de bateaux faisaient retentir leur sirène.

Au collège Scientia à Hong Kong, plusieurs centaines d'élèves et de professeurs se sont rassemblés pour un hommage à Jiang Zemin. C'est sous son mandat qu'avait eu lieu la rétrocession britannique de ce territoire, aujourd'hui région chinoise semi-autonome.

"Nous, les Hongkongais, nous avons des sentiments forts pour le président Jiang, qui a visité Hong Kong à de nombreuses reprises, notamment en assistant à la cérémonie de rétrocession", a déclaré l'un des enseignants.

Kate Leung, élève de 16 ans, a dit avoir observé le moment de silence "avec gratitude" envers l'ex-président, "un dirigeant très important".

«Une ère plus tolérante»

Populaire auprès des jeunes générations de Chinois, Jiang Zemin divise pourtant la population quant à son héritage.

On l'accuse de n'avoir pas réussi à résoudre les problèmes générés par le bond économique de la Chine, comme la corruption, les inégalités, l'impact sur l'environnement et les licenciements dus aux réformes des industries étatiques.

Sous son mandat, la répression des militants politiques s'est également faite plus féroce.

"L'ère Jiang, même si ce n'était pas la plus prospère, était plus tolérante", assurait pourtant un internaute sur le réseau social Weibo, équivalent de Twitter en Chine.

"J'ai entendu beaucoup de critiques de lui, mais le fait qu'il ait autorisé l'existence de voix critiques montre à quel point il est digne d'éloges", a-t-il ajouté, alors que les autorités traquent actuellement les participants aux manifestations contre les restrictions anti-Covid.

Depuis qu'il était à la retraite, Jiang Zemin était vu avec tendresse par ses fans des jeunes générations chinoises, qui s'appelaient eux-mêmes les "fidèles du crapaud", fascinés par sa contenance rappelant le batracien et ses manies excentriques.

Sur Weibo, beaucoup d'internautes ont commenté son décès en l'appelant "grand-père Jiang".


Au-delà du couscous, l'essor de la gastronomie maghrébine à Paris

«"On assiste depuis quelques années à un phénomène nouveau, porté par une nouvelle génération de restaurateurs qui reprend en main cette gastronomie maghrébine en la faisant découvrir à une clientèle qui ne la voyait qu’à travers le couscous», analyse Patrick Rambourg, historien spécialiste de la gastronomie.
«"On assiste depuis quelques années à un phénomène nouveau, porté par une nouvelle génération de restaurateurs qui reprend en main cette gastronomie maghrébine en la faisant découvrir à une clientèle qui ne la voyait qu’à travers le couscous», analyse Patrick Rambourg, historien spécialiste de la gastronomie.
Short Url
  • Si les restaurants maghrébins sont «depuis la fin du XIXe siècle» implantés dans la capitale française, l'arrivée de nouvelles tables attirant principalement une clientèle de bureau est assez récente
  • Ouverte en 2018, la cantine Tounsia, située dans le Xe arrondissement, permet de déguster «une cuisine qui est avant tout familiale», précise la fondatrice

PARIS: Rfissa, rechta, chakhchoukha... Au menu d'une nouvelle génération de restaurants maghrébins à Paris, couscous et tajines sont à l'honneur, désormais accompagnés d'une multitude d'autres plats moins connus pour faire découvrir la cuisine maghrébine dans toute sa richesse.

Alors qu’elle travaillait dans la communication, Katia Barek, 42 ans, a pris la décision d'ouvrir en 2021, en plein centre de Paris, Majouja, une cantine algérienne qui sert uniquement le midi, pour faire découvrir "la cuisine de (son) enfance".

"Je fais partie d’une génération qui a un peu eu honte de sa cuisine, parce qu’on disait +ça sent les épices+, etc. Mais aujourd’hui, je suis fière de m'être réappropriée ma culture, de vendre dans le IXe arrondissement les sfenj (beignets) que ma mère cuisinait les dimanches après-midi", se félicite Katia Barek, dont le restaurant porte le surnom donné à sa mère.

"Notre cuisine fait partie de notre patrimoine, c’est un héritage qu’on nous a légué dans nos familles, c’est important de la mettre en valeur", renchérit Mustapha Khalis, 52 ans, qui a fondé la cantine Gamila en 2020, un restaurant marocain présent dans trois arrondissements.

Si les restaurants maghrébins sont "depuis la fin du XIXe siècle" implantés dans la capitale française, l'arrivée de nouvelles tables attirant principalement une clientèle de bureau est assez récente, affirme à l'AFP Patrick Rambourg, historien spécialiste de la gastronomie.

«Phénomène nouveau»

"On assiste depuis quelques années à un phénomène nouveau, porté par une nouvelle génération de restaurateurs qui reprend en main cette gastronomie maghrébine en la faisant découvrir à une clientèle qui ne la voyait qu’à travers le couscous", analyse-t-il.

"Évidemment, à la carte, on va avoir l’incontournable couscous", confirme Katia Barek, "mais on va aussi avoir des plats traditionnels moins connus comme +rechta+ (pâtes traditionnelles), et même des plats qu’on revisite, comme les +mhadjeb+ (galettes) qu’on farcit avec des épinards et de la feta".

Ouverte en 2018, la cantine Tounsia, située dans le Xe arrondissement, permet elle aussi de déguster "une cuisine qui est avant tout familiale", précise la fondatrice Siwar Damak, 34 ans. Et extrêmement variée. Des grillades de dorade aux sandwichs de la street food tunisienne, en passant par le surprenant couscous au poulpe – emblématique de Sfax, ville portuaire de l’est tunisien dont la fondatrice est originaire -, le restaurant met à l’honneur la "spécificité des plats tunisiens".

"Ma mère a personnellement formé le cuisinier pour que le couscous au poulpe du restaurant soit exactement le même que celui de la maison", insiste-t-elle.

Sur Instagram 

"On souhaite permettre à nos clients de ressentir des odeurs, des saveurs de chez eux", souligne encore Katia Barek, dont le restaurant est décoré avec des "clins d'oeil à (ses) racines", comme les tamis à couscous de sa mère.

"Je ne veux pas non plus tomber dans le folklore", avance la fondatrice de Majouja, "comme l’image qu’on a de ce qu’on appelait les +restos orientaux+, avec les +youyous+ en versant le thé et tout ce genre de choses".

Définissant son restaurant comme "tradi et trendy", elle assure une forte présence sur les réseaux sociaux et compte plus de 45 000 abonnés sur Instagram.

Ambition partagée par Mustapha Khalis, lui aussi très actif en ligne. Il souhaite faire de la cantine Gamila "davantage une destination qu’un simple restaurant", en y mettant en avant l’artisanat marocain lors d’expositions qui y sont organisées.

"Même si le métier de restaurateur est difficile, il y a de la place" pour créer encore d'autres tables, affirme Mustapha Khalis. "On a une cuisine très riche et très variée, c’est à nous de la mettre en valeur en allant au-delà des grands classiques que tout le monde connaît".


L’IMA lance pour la première fois le «Prix du design du monde arabe»

L’IMA lance pour la première fois le «Prix du design du monde arabe». (Photo: www.imarabe.org)
L’IMA lance pour la première fois le «Prix du design du monde arabe». (Photo: www.imarabe.org)
Short Url
  • Ce prix est l’une des rares récompenses françaises distinguant la création design arabe dans le but de rendre mieux visible le dynamisme et la créativité de cette pratique dans le monde arabe
  • Les lauréats recevront leur prix lors d’une cérémonie à l'Institut du monde arabe (IMA) le 6 septembre 2023 dans le cadre de la Paris Design Week

PARIS: La première édition du « Prix du design du monde arabe » est dédiée à la promotion du projet d’un jeune designer de la nationalité de l'un des pays de la Ligue arabe et d’une entreprise de design dont la production est développée dans l’un des pays de la Ligue arabe, ayant été créé dans les trois dernières années (entre le 1er septembre 2021 et le 31 août 2023).

Ce prix est l’une des rares récompenses françaises distinguant la création design arabe dans le but de rendre mieux visible le dynamisme et la créativité de cette pratique dans le monde arabe.

Mettre en lumière les cultures arabes dans leur richesse et leur diversité en France, telle est la volonté du fondateur du prix

Les lauréats recevront leur prix lors d’une cérémonie à l'Institut du monde arabe (IMA) le 6 septembre 2023 dans le cadre de la Paris Design Week.

Ce nouveau prix s’inscrit dans la lignée des engagements de l’IMA en faveur des enjeux d’interculturalité, et dans leur volonté de les mettre à la portée du plus grand nombre.

Il est également l’occasion de célébrer une figure confirmée du design arabe. Une/des mention.s spéciale.s et/ou d’autres catégories pourront être envisagées selon la nature et la qualité des projets proposés.

Un jury prestigieux, présidé par India Mahdavi, accompagné respectivement d’un expert et d’un entrepreneur du design, François Leblanc di Cicilia et Ismaïl Tazi, distinguera la création design arabe dans 2 catégories : « Talent émergent » et « Talent entrepreneurial ».


A New York, des dissidents chinois ouvrent l'unique musée au monde sur Tiananmen

Des visiteurs arrivent pour l'ouverture du pavillon de protestation de Hong Kong et du nouveau musée commémoratif de Tiananmen du 4 juin à New York, le 2 juin 2023, avant le 34e anniversaire de la répression, en 1989, des manifestations en faveur de la démocratie autour de la place Tiananmen à Pékin. (Photo, AFP)
Des visiteurs arrivent pour l'ouverture du pavillon de protestation de Hong Kong et du nouveau musée commémoratif de Tiananmen du 4 juin à New York, le 2 juin 2023, avant le 34e anniversaire de la répression, en 1989, des manifestations en faveur de la démocratie autour de la place Tiananmen à Pékin. (Photo, AFP)
Short Url
  • Dans un minuscule espace de bureaux d'un immeuble sans charme du centre de Manhattan, sont exposées photos, vidéos, coupures de presse, affiches, lettres et banderoles sur ce soulèvement démocratique historique que Pékin a réprimé dans le sang
  • Des organisations de défense des droits humains assurent que les victimes se comptent par milliers

NEW YORK: Des dissidents chinois du mouvement de Tiananmen à Pékin en 1989 ont ouvert vendredi à New York l'unique musée au monde du "souvenir" des "rêves démocratiques du peuple chinois", à deux jours du 34e anniversaire de la "répression brutale" de ce soulèvement.

"Les événements de 1989 ont eu un impact sur la Chine mais aussi sur le monde entier. Au moment où l'on se rend compte de la menace que représente le régime (du président chinois) Xi Jinping sur la civilisation, nous devons commémorer (le 4 juin) 1989", a lancé devant la presse Wang Dan, fondateur de ce petit musée-mémorial new-yorkais et qui fut l'une des grandes figures du mouvement étudiant de la place Tiananmen.

Dans un minuscule espace de bureaux d'un immeuble sans charme du centre de Manhattan, sont exposées photos, vidéos, coupures de presse, affiches, lettres et banderoles sur ce soulèvement démocratique historique que Pékin a réprimé dans le sang, avec au moins 1 000 manifestants pacifiques tués.

Des organisations de défense des droits humains assurent que les victimes se comptent par milliers.

"Nous devons commémorer ceux qui ont sacrifié leur vie et nous souvenir des rêves démocratiques du peuple chinois à l'époque", a exhorté Wang Dan, qui a fait des années de prison en Chine avant d'être accueilli en 1998 aux Etats-Unis et d'y faire une thèse d'histoire à Harvard.

Mais "même aux Etats-Unis, on sent la pression et les menaces du régime chinois", a-t-il confié à l'AFP.

Pour ce dissident, "les événements de 1989 sont liés au passé mais aussi au présent et à l'avenir" et il a réclamé que l'on se "souvienne du vrai visage du parti communiste chinois" de 1989 et d'aujourd'hui.

Nombre d'opposants chinois et de responsables politiques américains se sont exprimés lors d'une cérémonie d'inauguration du musée, unique exposition permanente au monde sur Tiananmen après la fermeture en 2021 d'un musée à Hong Kong.

De fait, l'effervescence artistique qui accompagnait chaque année à Hong Kong la commémoration de Tiananmen a quasiment disparu sous le joug des autorités pro-Pékin.

Pendant plus de 30 ans, des dizaines de milliers de personnes se sont réunies chaque 4 juin dans le parc Victoria à Hong Kong - rétrocédé par Londres à Pékin en 1997 - pour une veillée aux chandelles.

Mais depuis que la Chine a imposé en 2020 une loi sur la sécurité nationale, les autorités locales ont mis fin à ces rassemblements, criminalisé l'essentiel de la dissidence et étouffé le mouvement démocratique.

«Il y a une Histoire»

A New York, un groupe d'étudiants chinois vivant aux Etats-Unis s'est joint à une marche vendredi soir à travers Manhattan entre le nouveau musée sur Tiananmen et le consulat général de Chine.

Certains portaient des masques et des lunettes de soleil pour éviter d'être reconnus et de mettre en danger leurs familles restées en Chine, a constaté l'AFP.

Yuge Shi a jugé "très important" de pouvoir manifester. "Vous savez, le gouvernement chinois a tué un très grand nombre de personnes en 1989, et il ne veut pas que les gens s'en souviennent. C'est pourquoi, chaque année, nous devons nous tenir ici et dire à tous les peuples du monde qu'il y a une Histoire", dit-il à l'AFP.

"Près de 40 ans se sont écoulés entre les manifestations des 'Papiers blancs' (de fin 2022, ndlr) et celles de la place Tiananmen, et pourtant nous sommes toujours dirigés par le même gouvernement dont la nature n'a pas changé d'un iota", confie à l'AFP une manifestante qui n'a accepté de donner que son seul prénom, Shawn, pour des raisons de sécurité.

Fin novembre 2022, un rare mouvement d'hostilité envers le régime du président Xi Jinping et sa politique de "zéro Covid" draconienne avait secoué la Chine. Nombre de manifestants agitaient alors des feuilles de papier vierge pour symboliser la censure.

Au cours de cette mobilisation sans précédent depuis les manifestations pro-démocratie de 1989, les protestataires exigeaient l'arrêt des dures restrictions sanitaires contre le Covid-19 et réclamaient davantage de libertés, un mois après la reconduction de Xi Jinping à la tête du pays.