Dans Dirty, Difficult, Dangerous, Wissam Charaf questionne le sens de l’hospitalité au Liban

Wissam Charaf au Festival international du film de la mer Rouge. Photo Ammar Abd Rabbo.
Wissam Charaf au Festival international du film de la mer Rouge. Photo Ammar Abd Rabbo.
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Publié le Jeudi 08 décembre 2022

Dans Dirty, Difficult, Dangerous, Wissam Charaf questionne le sens de l’hospitalité au Liban

  • «L'idée de ce film est née il y a plus de dix ans, en 2011. La guerre en Syrie venait de commencer. Et depuis l’immeuble bourgeois de Beyrouth dans lequel je vis, j’ai vu affluer jour après jour ces jeunes Syriens qui n'avaient que leurs mains pour travai
  • Après plusieurs années de recherche de financement, l’équipe du film obtient «une somme modeste qui nous a permis in extremis de faire pencher la balance en notre faveur» et de produire le film

DJEDDAH: Depuis ses premiers courts-métrages jusqu'à son premier long-métrage de fiction Tombé du ciel (2016), Wissam Charaf ne cesse de cultiver son sens de l'étrangeté, balayant son regard sur le malaise que traverse la société libanaise contemporaine. Réalisateur, cameraman et éditeur, il commence à travailler en 1998 avec la chaîne franco-allemande Arte, en tant que cameraman d'information, monteur et journaliste.

Il couvre alors de grandes zones de conflit allant du Liban et du Proche-Orient au Darfour, en passant par l'Afghanistan, Haïti ou la Corée du Nord, et il collabore pour de nombreux programmes de la chaîne Arte: Arte Info, Arte Reportage, Tracks, et Metropolis. Il réalise plusieurs courts et longs-métrages, ainsi que le documentaire It's All in Lebanon. Dans Dirty, Difficult, Dangerous, son dernier long-métrage, projeté en ouverture des Giornate degli Autori de la 79e Mostra de Venise («Venice Days») et qui est lauréat du prix Label Europa Cinemas 2022 de la meilleure projection de film européen, le réalisateur franco-libanais Wissam Charaf nous montre une ville emplie de préjugés et d'hostilité envers sa population immigrée.

C’est une histoire d’amour au cœur de Beyrouth, entre Mehdia, une employée de maison éthiopienne, interprétée par l'actrice Clara Couturet, et un réfugié syrien, interprété par l'acteur Ziad Jallad, qui vend du «fer, du cuivre, et des batteries». À travers le point de vue de ce jeune couple victime de la traite, de la guerre et des inégalités, le réalisateur questionne le sens de l'hospitalité dans un pays bouleversé depuis plusieurs décennies par des crises politiques, économiques et sociales sans précédent.

À l’occasion de la sélection du long-métrage en compétition au Festival international du film de la mer Rouge, Wissam Charaf se confie à Arab News en français sur ce film fait au rythme de l’exil, de la discrimination, mais surtout de l’amour qui transcende.

«L'idée de ce film est née il y a plus de dix ans, en 2011. La guerre en Syrie venait de commencer. Et depuis l’immeuble bourgeois de Beyrouth dans lequel je vis, j’ai vu affluer jour après jour ces jeunes Syriens qui n'avaient que leurs mains pour travailler», explique Wissaf Charaf.

Dans la misère, le dénuement de ces réfugiés syriens, le réalisateur voit «une trajectoire, une espèce de machine déshumanisée qui ne fait que porter des charges», qui lui rappelle Atlas et Sisyphe. Un destin qu’il met en parallèle avec celui des travailleuses migrantes qui travaillent dans les maisons libanaises: «Dans les mêmes rues, on voit des femmes très frêles, d'origine asiatique ou africaine, souvent éthiopienne, qui aident leurs employeurs, qui sont généralement des personnes âgées, à faire leur promenade quotidienne.»

Il y voit alors une «idée de cinéma»: traiter d’une manière cinématographique à la fois le «thème porteur et social qui est le drame des réfugiés syriens, mais également le drame du traitement qu'on réserve aux domestiques africaines et asiatiques au Liban».

Après plusieurs années de recherche de financement, l’équipe du film obtient «une somme modeste qui nous a permis in extremis de faire pencher la balance en notre faveur» et de produire le film, grâce à une aide exceptionnelle du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) français au cinéma libanais, octroyée après l’explosion du port de Beyrouth en août 2020.

Le défi de taille a été de trouver une comédienne éthiopienne qui puisse parler l'arabe avec l'accent libanais. «Le problème n'était pas d'en trouver une au Liban parce qu’elles sont nombreuses», se souvient le réalisateur. «Le problème, c'était de la faire venir en Corse ou de la trouver en France. N'oublions pas que c'était l'époque de la pandémie de Covid-19 et que la France délivrait des visas au compte-gouttes. C'était une période très difficile pour voyager, encore plus pour trouver quelqu'un et le faire venir avec un statut spécial de travailleurs domestiques, celui de la kafala

Wissam Charaf trouve finalement une comédienne qui s’était présentée au casting. «Elle avait quelque chose dans les yeux qui me touchait. Et puis elle semblait très précise dans son jeu.» En revanche, l’actrice française ne parlant pas un mot d’arabe et très peu l’éthiopien, elle a été coachée pendant des semaines pour qu’elle puisse apprendre phonétiquement chaque mot de chaque dialogue en libanais, tel que le parlent les Éthiopiens au Liban. «C’était un exercice particulièrement laborieux pour elle, mais je pense qu’elle s’en est très bien sortie», confie le réalisateur.

Quant à Ziad Jallad, acteur libano-égyptien vivant en France et qui joue le rôle d’Ahmed, un réfugié syrien, il a pu plus facilement apprendre l’accent syrien qui est proche de l’accent libanais.

«Le défi n’était pas seulement de trouver des comédiens, mais de trouver un couple, auquel le spectateur puisse croire et s’identifier. Et moi, je trouve qu’ils allaient bien ensemble. Ça ne s'explique pas. Il y avait quelque chose dans les yeux, et j'ai tout de suite cru à ce couple», précise encore Wissam Charaf.

C’est la première fois que le film est montré dans un pays arabe. «En France et en Europe, où il a été diffusé dans des festivals, c’est un sujet qui concerne les gens, mais de loin; le film les touche toutefois par son universalité, parce qu’en définitive, ce sont des êtres humains comme vous et moi», estime le réalisateur. «Au Liban, ça parle vraiment des failles de notre société, c’est-à-dire de la manière dont on traite, nous, les plus faibles, les plus démunis. Et c'est à ça qu'on juge une société. Ce n'est pas très reluisant, malheureusement, pour les Libanais.»


Kehlani réagit à l'annulation de son concert en raison de sentiments «anti-Israël»

Kehlani, connue pour ses positions pro-palestiniennes, a réagi sur les réseaux sociaux cette semaine à l'annulation de son concert à l'université de Cornell. (Getty Images)
Kehlani, connue pour ses positions pro-palestiniennes, a réagi sur les réseaux sociaux cette semaine à l'annulation de son concert à l'université de Cornell. (Getty Images)
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  • La semaine dernière, le président de Cornell, Michael Kotlikoff, a annoncé qu'il retirait l'invitation de la chanteuse R&B à se produire lors de l'événement en raison de ce qu'il a qualifié de "sentiments antisémites et anti-Israël"
  • "Malheureusement, même si ce n'était pas l'intention, le choix de Kehlani comme tête d'affiche de cette année a semé la division et la discorde au Slope Day", a écrit M. Kotlikoff la semaine dernière, en faisant référence au concert

DUBAI : La chanteuse américaine Kehlani s'est exprimée sur les médias sociaux après l'annulation de sa participation au concert annuel de l'université de Cornell en raison de sa position pro-palestinienne.

La semaine dernière, le président de Cornell, Michael Kotlikoff, a annoncé qu'il retirait l'invitation de la chanteuse R&B à se produire lors de l'événement en raison de ce qu'il a qualifié de "sentiments antisémites et anti-Israël".

"Malheureusement, même si ce n'était pas l'intention, le choix de Kehlani comme tête d'affiche de cette année a semé la division et la discorde au Slope Day", a écrit M. Kotlikoff la semaine dernière, en faisant référence au concert.

"Pour cette raison, j'annule l'invitation de Kehlani et je m'attends à ce qu'une nouvelle programmation pour un grand Slope Day 2025 soit annoncée sous peu".

Il poursuit : "Dans les jours qui ont suivi l'annonce de Kehlani, j'ai entendu de graves préoccupations de la part de notre communauté : beaucoup sont en colère, blessés et confus que le Slope Day présente un artiste qui a épousé des sentiments antisémites et anti-israéliens dans ses spectacles, ses vidéos et sur les médias sociaux. Dans notre pays, tout artiste a le droit d'exprimer des opinions haineuses, mais le Slope Day a pour but d'unir notre communauté, et non de la diviser.

Dans une nouvelle vidéo Instagram réagissant à l'annulation, Kehlani a déclaré : "On me demande et on m'appelle à clarifier et à faire une déclaration encore une fois pour la millionième fois, que je ne suis pas antisémite ni antijuive. Je suis contre le génocide, je suis contre les actions du gouvernement israélien, je suis contre l'extermination d'un peuple entier, je suis contre le bombardement d'enfants innocents, d'hommes, de femmes... c'est ce que je suis contre".

Le jeune homme de 30 ans, qui collabore fréquemment avec le groupe Jewish Voice for Peace, a ajouté une légende : "Je sais que vous avez vu que l'université Cornell a annulé mon spectacle, et maintenant il y a des tentatives d'autres annulations qui s'ajoutent à celles que j'ai déjà subies au cours de l'année écoulée. Si vous voulez me priver d'une opportunité, dites-vous que c'est à cause de votre sionisme. n'en faites pas une question antijuive. c'est un jeu joué. tout cela parce que nous voulons que les gens arrêtent de mourir. J'espère que cela vous aidera.


Comment Netflix fait voyager l'humour français d'Astérix et d'Alain Chabat

En Allemagne, deuxième marché d'Astérix derrière la France et où l'expression "Die spinnen, die Römer!" ("Ils sont fous ces Romains!") est passée dans le langage courant, les lecteurs du "Combat des Chefs" devraient ainsi s'y retrouver. (AFP)
En Allemagne, deuxième marché d'Astérix derrière la France et où l'expression "Die spinnen, die Römer!" ("Ils sont fous ces Romains!") est passée dans le langage courant, les lecteurs du "Combat des Chefs" devraient ainsi s'y retrouver. (AFP)
"C'est très très important que l'humour voyage": doublée dans près de 40 langues et diffusée dans 190 pays sur Netflix, la série animée du réalisateur français Alain Chabat, tirée d'Astérix, a nécessité "un énorme" travail de traduction, en collaboration avec les éditions Albert René. (AFP)
"C'est très très important que l'humour voyage": doublée dans près de 40 langues et diffusée dans 190 pays sur Netflix, la série animée du réalisateur français Alain Chabat, tirée d'Astérix, a nécessité "un énorme" travail de traduction, en collaboration avec les éditions Albert René. (AFP)
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  • Arabe, coréen, croate, hébreu ou encore mandarin... 38 versions seront proposées aux quelque 300 millions d'abonnés de la plateforme, où débarque mercredi "Astérix et Obélix: le combat des chefs", inspiré de l'album éponyme
  • Netflix a "fait un super boulot" pour ne "pas perdre l'humour à la traduction" et adapter les calembours et références indissociables de la saga

PARIS: "C'est très très important que l'humour voyage": doublée dans près de 40 langues et diffusée dans 190 pays sur Netflix, la série animée du réalisateur français Alain Chabat, tirée d'Astérix, a nécessité "un énorme" travail de traduction, en collaboration avec les éditions Albert René.

Arabe, coréen, croate, hébreu ou encore mandarin... 38 versions seront proposées aux quelque 300 millions d'abonnés de la plateforme, où débarque mercredi "Astérix et Obélix: le combat des chefs", inspiré de l'album éponyme.

Netflix a "fait un super boulot" pour ne "pas perdre l'humour à la traduction" et adapter les calembours et références indissociables de la saga, a assuré à l'AFP Céleste Surugue, le directeur général des Editions Albert René, qui détiennent les droits des albums.

Le géant du streaming, qui n'a pas répondu à l'AFP à ce sujet, s'est notamment appuyé sur les traductions existantes de l’œuvre originale, qui ne manquent pas: avec 120 langues et dialectes au compteur, "Astérix" est la bande dessinée la plus traduite au monde.

"On a travaillé main dans la main, que ce soit sur les noms des personnages (...) certaines phrases célèbres", l'éditeur ayant fait "relire et valider" les scripts avec une société spécialisée partenaire et donné accès à ses traducteurs "quand il y avait des interrogations, des difficultés", selon Céleste Surugue.

En Allemagne, deuxième marché d'Astérix derrière la France et où l'expression "Die spinnen, die Römer!" ("Ils sont fous ces Romains!") est passée dans le langage courant, les lecteurs du "Combat des Chefs" devraient ainsi s'y retrouver.

Fastanfurious 

De même, en anglais, Idéfix s'appelle toujours Dogmatix, comme l'a baptisé la traductrice britannique historique d'Astérix Anthea Bell, tout comme Abraracourcix conserve le nom Vitalstatistix.

Quid des ajouts d'Alain Chabat, connu pour son humour ultra-référencé? Sur "un certain nombre d'endroits", le réalisateur et scénariste "est très fidèle, voire très proche dans les dialogues à ce qu'on a dans l'album" sorti en 1966, souligne Céleste Surugue.

Pour les nouveaux personnages, "des noms fonctionnant dans plein de pays" ont souvent été choisis, comme Metadata, Potus (abréviation de "President of the United States") ou encore Fastanfurious (en référence à la franchise centrée sur les voitures).

Quant aux "références culturelles locales", les traducteurs "ont pris soin d'essayer de trouver des équivalents à chaque fois".

Pour autant, certaines blagues semblent impossibles à transposer, comme une allusion au duo français Omar et Fred (Omar Sy et Fred Testot) impliquant... homard et fraises.

Une "problématique" commune aux albums, relève Céleste Surugue, citant l'exemple des Romains "déplaçant des bornes" dans "Astérix et la Transitalique".

Connu dans le monde entier, avec plus de 400 millions d'exemplaires vendus, Astérix "est particulièrement fort en Europe continentale", et est, en langue anglaise, surtout prisé dans "les pays du Commonwealth" comme l'Afrique du Sud, la Nouvelle-Zélande, l'Australie ou l'Inde, selon M. Surugue.

Son adaptation sur Netflix devrait permettre de le faire découvrir à un public plus large que les films dédiés au cinéma, notamment aux Etats-Unis et en Angleterre, où ses aventures sont généralement cantonnées aux salles d'art et essai, en version originale, d'après M. Surugue.

Succès public en France en 2023 avec 4,6 millions d'entrées, le long-métrage de l'acteur et metteur en scène français Guillaume Canet, "L'empire du milieu", doublé dans "une petite trentaine de langues", avait bénéficié d'une sortie dans plus de 50 pays.


Le prince héritier jordanien célèbre le 31e anniversaire de la princesse Rajwa

Le prince héritier de Jordanie, Hussein ben Abdullah, a adressé lundi ses meilleurs vœux à son épouse d'origine saoudienne, la princesse Rajwa Al-Hussein, à l'occasion de son 31e anniversaire (Instagram).
Le prince héritier de Jordanie, Hussein ben Abdullah, a adressé lundi ses meilleurs vœux à son épouse d'origine saoudienne, la princesse Rajwa Al-Hussein, à l'occasion de son 31e anniversaire (Instagram).
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  • La famille royale partage un nouveau portrait officiel de la princesse.
  • La princesse Rajwa a donné naissance à Iman – la première petite-fille du roi Abdallah II de Jordanie et de la reine Rania – en août de l'année dernière

DUBAI : Le prince héritier de Jordanie, Hussein ben Abdullah, a adressé lundi sur les réseaux sociaux ses meilleurs vœux à son épouse d'origine saoudienne, la princesse Rajwa Al-Hussein, à l'occasion de son 31e anniversaire.

"Joyeux anniversaire Rajwa ! Reconnaissant pour l'amour, la gentillesse et la chaleur que tu apportes dans la vie d'Iman et la mienne", a-t-il écrit, faisant référence à leur petite fille, la Princesse Iman.

La princesse Rajwa a donné naissance à Iman – la première petite-fille du roi Abdallah II de Jordanie et de la reine Rania – en août de l'année dernière.

rajwa
La famille royale jordanienne a partagé un nouveau portrait officiel de la princesse Rajwa pour célébrer son anniversaire (Instagram).

La famille royale jordanienne a partagé un nouveau portrait officiel de la princesse Rajwa pour célébrer son anniversaire. On la voit porter un ensemble composé d'un haut à col bénitier et d'un pantalon à jambe large de la marque Simkhai, basée à Los Angeles. Elle a accessoirisé son look avec le collier lariat two letters de Joy Jewels, qui reprend les premières lettres arabes des noms du prince héritier et de la princesse Rajwa.