Les Affaires étrangères au Liban veulent le dossier des sanctions de Bassil

Charbel Wehbe. (Photo / Réseaux sociaux).
Charbel Wehbe. (Photo / Réseaux sociaux).
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Publié le Mardi 17 novembre 2020

Les Affaires étrangères au Liban veulent le dossier des sanctions de Bassil

  • Bassil est le premier fonctionnaire libanais à être puni en vertu de la loi américaine de Magnitsky, qui cible les auteurs de violations des droits de l'homme et de corruption
  • L'État libanais, tout comme les citoyens, dépense ses dernières économies

BEYROUTH: Le ministre libanais des Affaires étrangères a exhorté l'ambassadrice américaine au Liban Dorothy Shea à dévoiler les éléments du dossier qui ont mené aux sanctions contre Gebran Bassil.

Charbel Wehbe, ministre du gouvernement intérimaire, a rencontré Shea lundi pour discuter des relations bilatérales et des sanctions imposées au chef du Mouvement patriotique libre (FPM).

Le ministère libanais des Affaires étrangères a déclaré que la réunion s’est déroulée «dans le cadre des rencontres du ministre des Affaires étrangères avec les diplomates au Liban», ce qui signifie que Shea n’a pas été convoquée.

Le 6 novembre, le Trésor américain a imposé des sanctions à Bassil. Il devient ainsi le premier fonctionnaire libanais à être puni en vertu de la loi Magnitsky, une loi américaine qui cible les auteurs de violations des droits de l'homme et de corruption. Les personnes visées sont confrontées à une saisie de leurs biens et leurs actifs financiers, ils font l’objet d’enquêtes sur leurs sociétés, entités et associés, et sont interdits d'entrer aux États-Unis.

Le président libanais Michel Aoun aurait demandé à Wehbe «d’établir les contacts nécessaires pour obtenir les documents qui ont poussé le Trésor américain à monter le dossier et à imposer les sanctions» contre son gendre. La preuve devrait être remise aux procureurs libanais afin qu'ils prennent des mesures juridiques contre Bassil le cas échéant.  

Le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, a déclaré: «La corruption systémique du système politique libanais, personnifiée par Bassil, a contribué à l’érosion des fondements d’un gouvernement au service du peuple libanais. Le Liban a longtemps souffert de la corruption et de la mauvaise gestion économique de ces courtiers au pouvoir, eux qui défendent leurs propres intérêts aux dépens du peuple libanais qu'ils sont censés représenter».

Le ministère libanais des Affaires étrangères a déclaré lundi que Shea réitère «le soutien de son pays au Liban, que ce soit au sujet des négociations sur les frontières maritimes, le retour des réfugiés dans leur pays, la transition vers la nouvelle administration aux États-Unis. A cela s’ajoutent les mesures prises par l'administration américaine contre des Libanais dont d'anciens députés et ministres, et un chef de bloc parlementaire».

L'ancien ministre des Affaires étrangères Nassif Hitti, membre du cabinet dissous du Premier ministre Hassan Diab, avait précédemment convoqué Shea quand elle avait traité le Hezbollah de «groupe terroriste». Un juge libanais a frappé alors l’ambassadrice d’un interdit de publication controversé qui empêcherait les médias de publier ses déclarations ou la rencontrer.

Shea a déclaré lors d'un entretien avec l'Institut d'études stratégiques internationales il y a trois jours que les États-Unis «continuent de poursuivre une politique de pression sur le Hezbollah». Elle ajoute que «la relation du Hezbollah avec Gebran Bassil offre une couverture aux armes du parti qui, en échange, ferme les yeux sur la corruption de ce dernier».

Shea a déclaré: «Washington maintient sa position de lutte contre la corruption au Liban afin que des progrès soient réalisés, étape par étape. Plus rien ne sera gratuit désormais.

«L’administration américaine n’a pas suivi l’exemple des États du Golfe qui se sont éloignés du Liban et ont cessé de le soutenir. Les États-Unis n’ont pas offert leur soutien au gouvernement de Hassan Diab parce que c’est le Hezbollah qui l’a formé, ils ne soutiennent que le peuple libanais. Nous garderons un œil sur le prochain gouvernement pour déterminer la position américaine».

Avec la grave crise économique, la formation d'un gouvernement de crise dirigé par Saad Hariri se heurte aux des obstacles du FPM et des autres alliés du Hezbollah.

Le député Bilal Abdallah, membre de l'alliance parlementaire «Rassemblement démocratique», a déclaré à Arab News que «les Américains ne croient pas en une mission de sauvetage au Liban, et ils restent dubitatifs à l’égard de l'initiative française. Après la visite de l'envoyé français au Liban, Patrick Dorrell, et qui s'est soldée par un échec, il semble que le Liban va sombrer dans l'isolement. Les Américains estiment que le moment est venu de faire pression sur le Liban».

Avec le Hezbollah et ses alliés qui essaient de gagner du temps, l'effondrement total semble imminent. L'État libanais, tout comme les citoyens, dépense ses dernières économies. «Où étaient les opposants aux sanctions contre Bassil quand le régime syrien a traité le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, et le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, de terroristes? Ils étaient silencieux à l'époque. Aujourd'hui, leurs voix s’élèvent pour Bassil, mais les citoyens ne sont pas intéressés par ce qui arrive aux dirigeants politiques. Si un gouvernement n'est pas formé, le pays se dirige vers l'abîme. Quelle honte!»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Netanyahu annonce l'envoi d'un représentant israélien pour une rencontre avec des responsables au Liban

Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
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  • M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban"
  • Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mercredi l'envoi d'un représentant pour une rencontre avec des responsables politiques et économiques au Liban, "première tentative pour établir une base de relations et de coopération économique entre Israël et le Liban".

M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban", indique un communiqué de son bureau.

Le texte ne précise pas quand cette rencontre doit avoir lieu.

Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban.

Accusant le mouvement islamiste Hezbollah de violer le cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an en se réarmant dans le sud du pays, l'armé israélienne a multiplié les frappes sur le sud du Liban la semaine dernière sur ce qu'elle a présenté comme des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Depuis plusieurs semaines, la presse israélienne multiplie les articles sur la possible imminence d'une nouvelle campagne militaire israélienne contre le Hezbollah au Liban.


Le pape appelle à «de nouvelles approches» au Moyen-Orient pour rejeter la violence

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  • Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage"
  • "Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix"

BEYROUTH: Le pape Léon XIV a appelé mardi, devant 150.000 personnes réunies pour une messe en plein air à Beyrouth, à "de nouvelles approches au Moyen-Orient" meurtri par les conflits, pour y faire prévaloir la paix.

Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage".

"Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix", a déclaré le souverain pontife.

Affirmant "prier spécialement pour le Liban bien-aimé", il a demandé "à la communauté internationale de ne ménager aucun effort pour promouvoir des processus de dialogue et de réconciliation" dans cette région meurtrie par les conflits.

La visite du chef de l'église catholique a donné un souffle d'espoir au Liban, qui a connu une guerre meurtrière avec Israël il y a un an et craint une nouvelle escalade malgré le cessez-le-feu.

Léon XIV a également appelé les dirigeants "dans tous les pays marqués par la guerre et la violence" à "écouter le cri" des "peuples qui appellent à la paix".

S'adressant aux "chrétiens du Levant, citoyens à part entière de ces terres", le pape leur a dit: "ayez du courage. Toute l'Église vous regarde avec affection et admiration".


Une plainte en France pour «entrave» au travail des reporters à Gaza

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
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  • "Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination"
  • "Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse"

PARIS: Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza.

Ces faits pourraient selon ces organisations constituer des "crimes de guerre", pour lesquels le parquet national antiterroriste à Paris peut enquêter, dès lors qu'ils sont commis contre des Français.

"Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination dans un contexte international où les atteintes à la liberté de la presse sont devenues structurelles", soulignent les plaignants dans la centaine de pages de leur requête, rendue publique par franceinfo.

"Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse", a commenté Me Louise El Yafi, l'une des avocates à l'origine de la plainte.

Elle "souligne aussi l'insécurité croissante visant les journalistes français en Cisjordanie (...). Ces atteintes, en violation du droit international humanitaire, relèvent également de crimes de guerre", ajoute sa consoeur Me Inès Davau.

Un journaliste français travaillant pour plusieurs rédactions francophones, qui a tenu à garder l'anonymat, porte lui aussi plainte: il dénonce son "agression" par des colons lors d'un reportage dans les territoires occupés.

Reporters sans frontières (RSF) a décompté plus de 210 journalistes tués depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Depuis le début de la guerre, les autorités israéliennes ont empêché les journalistes de médias étrangers d'entrer de manière indépendante à Gaza, autorisant seulement au cas par cas une poignée de reporters à accompagner leurs troupes.

En France, plusieurs plaintes ont été déposées en lien avec le conflit. Elles visent notamment des soldats franco-israéliens d'une unité d'élite de l'armée israélienne, l'entreprise française d'armement Eurolinks ou encore des Franco-Israéliens qui se rendraient complices du crime de colonisation.

Suite à une plainte, le parquet national antiterroriste a aussi demandé à un juge d'instruction parisien d'enquêter pour "crimes de guerre" dans le dossier de la mort de deux enfants français dans un bombardement israélien à Gaza en octobre 2023.