Jusqu’où ira Paris pour un dégel diplomatique avec Rabat?

 Le roi du Maroc Mohammed VI s'entretient avec le président français Emmanuel Macron après l'inauguration d'une ligne à grande vitesse à la gare de Rabat le 15 novembre 2018. (Photo, AFP)
Le roi du Maroc Mohammed VI s'entretient avec le président français Emmanuel Macron après l'inauguration d'une ligne à grande vitesse à la gare de Rabat le 15 novembre 2018. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 15 décembre 2022

Jusqu’où ira Paris pour un dégel diplomatique avec Rabat?

  • On s’active en coulisses des deux côtés pour stopper l’hémorragie d’une crise diplomatique qui n’a que trop duré et envisager un retour à la normale
  • Depuis près de deux mois, les ambassades des deux pays n’ont pas de représentants à leur tête

CASABLANCA: Se dirige-t-on vers un réchauffement des relations entre Rabat et Paris? Selon les informations dont dispose Arab News en français, on s’active en coulisses des deux côtés pour stopper l’hémorragie d’une crise diplomatique qui n’a que trop duré et envisager un retour à la normale.

Selon nos sources, les préparatifs d’un important déplacement officiel à Rabat du président français, Emmanuel Macron, vont bon train. Cette visite au royaume du Maroc aurait lieu au début de 2023, entre janvier et février, et elle devrait marquer la fin du froid diplomatique entre les deux pays. 

Plusieurs points y seront soulevés, notamment de celui de l’épineux problème des visas. La France avait réduit de moitié les visas octroyés aux Marocains dans la mesure où, selon la France, le Maroc ne délivrait pas assez d’autorisations consulaires pour rapatrier les immigrants en situation irrégulière et les mineurs marocains vers le sol du Royaume – une accusation qu’avait fermement réfutée ce dernier. Quoi qu’il en soit, ces épisodes seront de l’histoire ancienne grâce à la prochaine visite de Macron, puisqu’il annoncera la fin, ou du moins un allégement, de cette réduction du quota des visas délivrés.

Nomination des ambassadeurs 

Une autre décision marquerait un dégel diplomatique: la nomination d’ambassadeurs dans les deux pays. Depuis le départ d’Hélène Le Gal du Maroc, le 29 septembre 2022, en effet, aucun remplaçant n’a été nommé. Un mois après, le Maroc a riposté en nommant l’ambassadeur à Paris, Mohamed Benchaâboun, à la tête du Fonds Mohammed VI pour l’investissement. Et, depuis près de deux mois, les ambassades des deux pays n’ont pas de représentants à leur tête.

«Cette crise a trop duré. Les chefs d’État des deux pays se seraient entretenus au téléphone, il y a un mois, afin de trouver une porte de sortie. Les enjeux sont très importants et stratégiques. Les relations politiques, sécuritaires, culturelles et économiques sont très avancées entre les deux pays et cette crise diplomatique paralyse ses relations historiques», nous déclare Jawad Kerdoudi, président de l’Institut marocain des relations internationales (Imri). Selon lui, la prochaine visite de Macron au Maroc, si elle se concrétise, marquera la fin tant attendue de cette brouille diplomatique. 

Sahara: quelle sera la position de la France?

En plus de la question de l’allégement de l’octroi des visas, celle du Sahara devra également être inscrite à l’agenda de la visite officielle. «Macron, qui ne s’est pas exprimé depuis longtemps sur cette question, devra réitérer le soutien de la France au plan d’autonomie proposé par le Maroc comme seule solution crédible et réaliste au conflit du Sahara. Je ne pense pas que la France ira plus loin, comme les États-Unis, qui ont reconnu la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud. Si elle prend position en faveur du Maroc, elle perdra son allié algérien, avec lequel elle a plusieurs intérêts», nous explique Jawad Kerdoudi. 

Emmanuel Macron entre le marteau et l’enclume 

Rappelons que le roi du Maroc, Mohammed VI, a adressé le 20 août dernier un discours historique et sans équivoque dans lequel il a appelé les partenaires traditionnels du Maroc, dont les positions sur l’affaire du Sahara sont ambiguës, à clarifier leur position. Ce message s’adressait particulièrement à la France. 

Selon nos sources, le maintien de la visite officielle de Macron tient en grande partie à cette question du Sahara. Le souhait exprimé par la France aurait été de ne pas aborder ce sujet lors de la visite. Étant donné que, désormais, «le dossier du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international», comme l’avait clairement souligné le roi du Maroc, on se pose des questions sur l’avenir des relations entre Rabat et Paris. Malgré un éventuel réchauffement lors des prochains mois, les tensions risquent de perdurer.

 


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.