Flambée des prix de l'énergie: l'UE prépare un soutien à l'industrie européenne

(De gauche à droite) La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le Premier ministre de la République tchèque Petr Fiala et le président du Conseil européen Charles Michel posent à la fin d'une conférence de presse après le sommet du Conseil européen à Bruxelles, le 15 décembre 2022. (Photo : John THYS / AFP)
(De gauche à droite) La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le Premier ministre de la République tchèque Petr Fiala et le président du Conseil européen Charles Michel posent à la fin d'une conférence de presse après le sommet du Conseil européen à Bruxelles, le 15 décembre 2022. (Photo : John THYS / AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 16 décembre 2022

Flambée des prix de l'énergie: l'UE prépare un soutien à l'industrie européenne

  • Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE ont «donné un mandat à la Commission pour venir à la fin du mois de janvier avec des propositions (...) pour soutenir la compétitivité des entreprises européennes», a annoncé Charles Michel
  • Les Vingt-Sept tentent de trouver une réponse commune aux vives inquiétudes des milieux industriels, alors que le modèle économique européen reposait notamment sur l'énergie bon marché fournie par la Russie

BRUXELLES : Les Vingt-Sept, réunis en sommet à Bruxelles, ont demandé jeudi à la Commission européenne de préparer d'ici à fin janvier des mesures de soutien à l'industrie de l'UE menacée par la crise énergétique et la course aux subventions américaines.

Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE ont «donné un mandat à la Commission pour venir à la fin du mois de janvier avec des propositions (...) pour soutenir la compétitivité des entreprises européennes», a annoncé Charles Michel, le président du Conseil, institution qui représente les Etats membres.

Les Vingt-Sept tentent de trouver une réponse commune aux vives inquiétudes des milieux industriels, inquiets du risque de décrochage vis à vis de l'Asie et des Etats-Unis alors que le modèle économique européen reposait notamment sur l'énergie bon marché fournie par la Russie.

La guerre et les sanctions ont définitivement détruit cet avantage compétitif. Moscou a réduit de 80% ses livraisons de gaz par pipeline à destination de l'UE depuis le début de son offensive militaire en février.

Si l'approvisionnement européen est assuré pour cet hiver, grâce notamment aux importations de gaz naturel liquéfié acheté à d'autres fournisseurs, son coût a explosé, tout comme celui du pétrole et de l'électricité, au point de menacer la survie de secteurs entiers dans la chimie ou la sidérurgie.

La pression est accrue par le plan américain adopté cet été par Washington qui prévoit 370 milliards de dollars d'investissements en faveur de la lutte contre le changement climatique. Derrière l'objectif environnemental louable, il revêt un caractère protectionniste, avec des aides exceptionnelles réservées aux firmes implantées outre-Atlantique, susceptibles de saper davantage la compétitivité européenne.

Sur ce dossier, des discussions techniques sont en cours entre Bruxelles et Washington, deux semaines après que le président français Emmanuel Macron a réclamé des concessions au président américain Joe Biden lors d'un voyage aux Etats-Unis.

- Dialogue avec Washington -

«Nous souhaitons dialoguer pour plaider des exemptions en faveur des entreprises européennes», a souligné jeudi Charles Michel.

Sans attendre un éventuel infléchissement de Washington, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a détaillé jeudi son plan de travail pour mettre sur pied son propre plan européen.

«Nous devons adapter nos règles en matière d'aides d'État pour les rendre plus simples, plus rapides», a-t-elle dit.

La présidente a également plaidé pour augmenter les financements permettant d'accélérer la production d'énergie décarbonnée et la sobriété, afin de s'affranchir des importations d'hydrocarbure russe.

Elle défend également l'idée d'un «fonds de souveraineté» européen pour développer une politique industrielle commune et investir davantage dans des projets de recherche et d'innovation à l'échelle du continent: hydrogène, semi-conducteurs, informatique quantique, intelligence artificielle...

«L'effort macroéconomique américain est d'environ 2 points de PIB. Il nous faut faire un effort comparable», a réclamé Emmanuel Macron.

- Eviter le cavalier seul -

Les Européens doivent s'efforcer de rester unis, face à la crise économique qui s'abat sur eux. Après la chute historique du PIB provoquée par la pandémie de Covid en 2020, la flambée des prix de l'énergie va faire replonger l'économie de l'UE en récession cet hiver.

Il s'agit de veiller à ce que les différents pays membres ne se lancent pas dans une course aux subventions qui se ferait inéluctablement au détriment des pays les moins riches. L'annonce d'un plan allemand à 200 milliards d'euros avait fait polémique cet automne.

«On va devoir être très mobilisés pour éviter la tentation de la fragmentation du marché intérieur, tous les États n'ont pas les mêmes capacités», a averti Charles Michel.

Sur tous ces dossiers économiques, les Vingt-Sept se sont accordés pour se retrouver en sommet extraordinaire les 9 et 10 février prochain à Bruxelles. Ils devraient alors pouvoir «donner des orientations très fortes inspirées par les travaux de la Commission», a promis le président du Conseil.

«Les semaines qui viennent vont être déterminantes. Elles auront un impact pour les années qui viennent sur la capacité de l'UE à rester une force politique et économique dominante au niveau international», a-t-il averti.


L'Ukraine va annoncer des mesures pour faire rentrer ses hommes de l'étranger

Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
Short Url
  • Selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front
  • Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion

KIEV: Le chef de la diplomatie ukrainienne a indiqué mardi des "mesures" imminentes visant à faire rentrer en Ukraine les hommes en l'âge de combattre se trouvant à l'étranger.

L'Ukraine, qui combat depuis deux ans l'invasion russe, a cruellement besoin de soldats, d'autant que Kiev s'attend à ce que la Russie lance une nouvelle offensive dans les semaines ou mois à venir.

"Le fait de séjourner à l'étranger ne dispense pas un citoyen de ses devoirs envers sa patrie", a déclaré Dmytro Kouleba sur X, annonçant avoir ordonné des "mesures pour rétablir l'équité entre les hommes en âge d'être mobilisés en Ukraine et ceux à l'étranger".

Il n'a pas précisé la nature de ces mesures se bornant à dire que le ministère allait "prochainement fournir des éclaircissements" sur de nouvelles procédures à suivre pour "accéder aux services consulaires".

L'Ukraine interdit aux hommes en âge de combattre de voyager à l'étranger à quelques exceptions près.

Déserteurs 

Mais, selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front.

Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion.

La déclaration du ministre intervient alors qu'un influent site d'information ukrainien ZN.UA a publié lundi soir ce qu'il affirme être une lettre officielle signée par un adjoint de M. Kouleba et préconisant aux consulats ukrainiens de suspendre à partir de mardi tout service consulaire pour les hommes âgés de 18 à 60 ans.

Selon des médias ukrainiens, plusieurs consulats ukrainiens ont cessé d'accepter ces dossiers.

La compagnie d'Etat Dokument qui facilite la délivrance de documents ukrainiens a annoncé mardi sur son site qu'elle "suspendait" les procédures à l'étranger pour des "raisons techniques".

L'Ukraine, dont l'armée est en difficulté face aux troupes russes, a adopté une loi sur la mobilisation visant à durcir les punitions pour les récalcitrants.

Elle a aussi baissé l'âge de mobilisation de 27 à 25 ans.


Début des discussions entre Washington et Niamey sur le retrait des troupes américaines du Niger

Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
Short Url
  • Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis
  • Washington a accepté de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait

WASHINGTON: Washington a entamé les discussions avec Niamey sur le retrait du Niger des troupes américaines qui y étaient déployées dans le cadre de la lutte antidjihadiste au Sahel, a déclaré lundi le Pentagone.

Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis, estimant que la présence américaine était désormais "illégale".

Washington a finalement accepté la semaine dernière de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait.

"Nous pouvons confirmer le début des discussions entre les Etats-Unis et le Niger sur le retrait ordonné des forces américaines du pays", a déclaré le porte-parole du Pentagone Pat Ryder.

Une "petite délégation du Pentagone et du commandement militaire américain pour l'Afrique" participe aux discussions, a-t-il précisé.

Les Etats-Unis vont "continuer à explorer les options possibles afin d'assurer que nous soyons toujours en mesure de faire face aux potentielles menaces terroristes", a-t-il encore dit.

A Niamey, le ministre nigérien des Affaires étrangères, Bakari Yaou Sangaré, a indiqué dans un communiqué avoir eu lundi "des discussions" avec l’ambassadrice des États-Unis à Niamey, Kathleen Fitzgibbon, portant "sur la question du départ des troupes militaires américaines du Niger".

L’entretien s’est déroulé en présence de Maria Barron, directrice de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) à Niamey, qui a assuré que l'agence allait "poursuivre sa coopération bilatérale" avec le Niger, annonçant "un nouvel accord devant remplacer celui en cours qui expire en septembre 2024", selon le communiqué.

Au Niger, les Etats-Unis disposent notamment d'une base de drone importante près d'Agadez, construite pour environ 100 millions de dollars.

Après le coup d'Etat qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum fin juillet, le nouveau régime militaire a rapidement exigé le départ des soldats de l'ancienne puissance coloniale française et s'est rapproché de la Russie, comme le Mali et le Burkina Faso voisins, également dirigés par des régimes militaires et confrontés à la violence de groupes jihadistes.


L'Ukraine s'attend à une détérioration sur le front vers la mi-mai

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
Short Url
  • L'armée ukrainienne traverse une période délicate, confronté à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions en raison de retards importants de livraisons d'aide occidentale, notamment américaine
  • La Russie, qui est à l'initiative depuis l'automne 2023, a revendiqué lundi la conquête d'un village de l'Est ukrainien situé non loin de Vougledar

KIEV: La situation sur le front ukrainien va empirer autour de la mi-mai et début juin, qui sera une "période difficile", a prévenu lundi le chef du renseignement militaire ukrainien Kyrylo Boudanov, sur fond de craintes d'une nouvelle offensive russe.

La Russie, qui est à l'initiative depuis l'automne 2023, a revendiqué lundi la conquête d'un village de l'Est ukrainien situé non loin de Vougledar, localité à la jonction des fronts Est et Sud, dont elle cherche à s'emparer depuis deux ans.

"N'allons pas trop dans les détails, mais il y aura une période difficile, à la mi-mai et début juin", a prévenu M. Boudanov, interrogé sur l'état du front, dans une interview au service ukrainien de la BBC.

L'armée russe "mène une opération complexe", a-t-il dit.

"Nous pensons qu'une situation plutôt difficile nous attend dans un futur proche. Mais il faut comprendre que ce ne sera pas catastrophique", a estimé Kyrylo Boudanov.

"Armageddon ne se produira pas, contrairement à ce que beaucoup disent en ce moment. Mais il y aura des problèmes à partir de la mi-mai", a-t-il ajouté.

L'armée ukrainienne traverse une période délicate, confronté à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions en raison de retards importants de livraisons d'aide occidentale, notamment américaine.

En face, les troupes russes, bien plus nombreuses et mieux armées, ne cessent de pousser à l'Est et revendiquent régulièrement la prise de petits villages dans le Donbass.

En février, Moscou s'est emparé d'Avdiïvka, une ville forteresse, et vise désormais la cité  stratégique de Tchassiv Iar.

Cette cité, perchée sur une hauteur, s'étend à moins de 30 kilomètres au sud-est de Kramatorsk, la principale ville de la région sous contrôle ukrainien, qui est un important nœud ferroviaire et logistique pour l'armée ukrainienne.

Offensive estivale? 

Lundi, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir "libéré" Novomykhaïlivka, à une trentaine de kilomètres de Donetsk.

Ce village est proche de Vougledar, une cité minière à la jonction des fronts Sud et Est. Début 2023, l'Ukraine était parvenue à y repousser un assaut de l'armée russe, infligeant des pertes humaines importantes.

Kiev craint désormais une offensive estivale russe encore plus puissante.

Fin mars, le commandant des forces terrestres ukrainiennes Oleksandre Pavliouk avait jugé "possible" un tel scénario, impliquant un groupe de 100.000 soldats russes.

Le commandant en chef des forces ukrainiennes, Oleksandre Syrsky, a déjà admis mi-avril que la situation sur le front Est s'était "considérablement détériorée" récemment.

Il a affirmé voir une "intensification significative" de l'offensive russe depuis mars, aboutissant à des "succès tactiques".

La grande contre-offensive ukrainienne de l'été 2023 s'était heurtée à de puissantes lignes de défense russes qui ont épuisé les ressources de l'armée ukrainienne, sans permettre de libérer les régions occupées par la Russie.

L'Ukraine fait désormais face aux hésitations de ses alliés occidentaux, même si une aide militaire américaine de 61 milliards, longtemps bloquée, a finalement été votée par la Chambre des représentants des Etats-Unis samedi. Le texte doit encore être adopté par le Sénat puis promulgué par le président Joe Biden.

Kiev espère désormais que l'aide des Etats-Unis pourra atteindre le front très rapidement. Le Kremlin a, lui, jugé que qu'elle ne changerait "rien"