Destruction, réparation: le cycle sans fin de la guerre énergétique en Ukraine

 Des résidents locaux enlèvent des débris suite à un barrage de frappes de drones russes dans le village de Stari Bezradychi, dans la région de Kiev, le 19 décembre 2022. (AFP).
Des résidents locaux enlèvent des débris suite à un barrage de frappes de drones russes dans le village de Stari Bezradychi, dans la région de Kiev, le 19 décembre 2022. (AFP).
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Publié le Mardi 20 décembre 2022

Destruction, réparation: le cycle sans fin de la guerre énergétique en Ukraine

  • A Kramatorsk, une ville industrielle dans l'est de l'Ukraine, trois compagnies officient pour maintenir et réparer un réseau énergétique déjà vétuste, et désormais endommagé par les frappes russes
  • «Nous réparons. Et s'ils détruisent, nous réparerons encore. C'est notre boulot», lâche en haussant les épaules Oleksandre, un employé de la compagnie municipale, en train de souder une canalisation

KRAMATORSK : Relancer les machines après chaque coupure d'électricité, protéger les installations à peine réparées avant une nouvelle attaque ou l'arrivée des grands froids. Recommencer tous les jours. Les techniciens ukrainiens effectuent un travail de Sisyphe pour contrer la guerre des infrastructures menée par la Russie.

A Kramatorsk, une ville industrielle dans l'est de l'Ukraine, trois compagnies officient pour maintenir et réparer un réseau énergétique déjà vétuste, et désormais endommagé par les frappes russes.

"Nous réparons. Et s'ils détruisent, nous réparerons encore. C'est notre boulot", lâche en haussant les épaules Oleksandre, un employé de la compagnie municipale, en train de souder une canalisation.

A quelque mètres, une excavatrice -- l'unique dont dispose la municipalité, obligée d'en louer une deuxième à une entreprise privée -- creuse une tranchée.

Système hors d'âge

La compagnie municipale emploie 40 techniciens (le double avant l'invasion russe) et gère le réseau pour la moitié des immeubles de Kramatorsk, qui comptait plus de 150 000 habitants avant l'offensive de Moscou.

Dans une tranchée entourée de rubalise, deux grosses canalisations assurant le chauffage de dizaines d'immeubles attendent d'être recouvertes. Endommagées par une frappe fin septembre, elles ont bien été réparées rapidement, mais la compagnie n'a pas encore eu le temps de les réenfouir sous terre.

"En temps normal, cela aurait été fait depuis longtemps. Mais nous manquons de temps et de matériel, il faut s'occuper à la fois des réparations et de la maintenance" d'un système hors d'âge, soupire le responsable technique de la compagnie, Rinat Milouchov.

Située dans la région de Donetsk, en partie occupée par les forces russes et théâtre de violents combats, Kramatorsk respire un peu mieux depuis une contre-offensive ukrainienne ayant permis la reprise de localités en septembre et octobre. Mais des combats acharnés se déroulent toujours dans la zone, notamment à Bakhmout, à une cinquantaine de km au sud-est.

Et comme tout le pays, la ville souffre des coupures de courant consécutives aux frappes systématiques des forces russes contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes. Lancée en octobre, cette campagne ciblée et assumée par le président russe Vladimir Poutine prive quotidiennement des millions d'Ukrainiens d'eau, d'électricité et de chauffage.

A Kramatorsk actuellement, les températures en journée tournent autour de - 2 degrés, mais au plus fort de l'hiver le thermomètre peut descendre à - 15, voire - 20.

"Les ouvriers travaillent jour et nuit pour garantir le chauffage à la population, mais à chaque coupure d'électricité il faut recommencer", explique M. Milouchov.

Loués comme "héros" dans le pays depuis le début de l'invasion pour leur travail inlassable et souvent dangereux, ses hommes ne sont payés qu'entre 150 et 200 euros mensuels (le salaire moyen en Ukraine est d'environ 350 euros par mois).

"Il faut redémarrer manuellement le système à chaque coupure de courant, soit plusieurs fois par jour", pointe le directeur, soulignant le stress induit pour son personnel.

«S'habituer»

Sans compter les dégâts occasionnés sur le réseau par ces redémarrages successifs et impossibles à planifier.

"Ca fait 20 ans que je travaille, j'en ai vu des situations compliquées, mais ce que nous vivons actuellement est sans comparaison", reconnaît le responsable. Avant d'ajouter, après un bref silence: "On doit s'habituer à ce nouveau rythme".

S'habituer. Le mot revient comme un leitmotiv. "On peut s'habituer à tous les désastres, gérer les coupures d'eau ou d'électricité... Mais surtout pas les bombardements!", s'écrie Ioulia, derrière le comptoir de son épicerie sans courant.

"Si la situation n'empire pas, on traversera l'hiver", assure de son côté Anna Prokopenko, une septuagénaire toute vêtue de bleue.

Même flegme souriant chez Isabella et Vassyl Maslyvets, un couple de retraités se promenant sous le soleil d'hiver.

"La dernière fois qu'on n'avait pas de chauffage, il faisait 12 degrés dans la maison, ce n'était pas la catastrophe totale, on a juste enfilé plus de vestes", raconte Isabella. "On reçoit de l'aide humanitaire, nos pensions ont été payées, les magasins sont ouverts, on a assez de nourriture. On a de quoi faire face", ajoute Vassyl.

Mais Andriï Bessonny, le maire adjoint de Kramatorsk, tout en louant l'"extraordinaire travail" de ses fonctionnaires, reste inquiet. "Le plus gros problème à venir est le froid, et le risque de gel des canalisations. Normalement, nous nous préparons à la saison froide des mois avant, mais cela a été impossible cet été à cause des bombardements", dit-il.


L'UE promet 88 millions d'euros en faveur de l'Autorité palestinienne

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  • "Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica
  • Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël

BRUXELLES: Les pays de l'Union européenne vont verser quelque 88 millions d'euros pour aider l'Autorité palestinienne, pressée de se réformer par les Européens, soucieux de son rôle futur dans le cadre du plan Trump pour la région.

"Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica, à l'issue d'une conférence des donateurs à Bruxelles.

Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël.

"Aujourd'hui, nous avons présenté les progrès réalisés dans le cadre de notre programme de réforme nationale, qui est mis en œuvre, pas seulement promis, mais mis en œuvre et en avance sur le calendrier, ce qui a été reconnu par nos partenaires", a indiqué de son côté le Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa.

Et cela "en dépit d'un environnement défavorable", a-t-il ajouté, accusant Israël de chercher "à affaiblir l'Autorité palestinienne ainsi que sa capacité à fonctionner".

Mme Suica a réitéré sur ce point les appels lancés par l'Union européenne pour qu'Israël accepte de libérer les recettes fiscales dues à l'Autorité palestinienne, indispensables à son fonctionnement.

"Cela a été dit par tous les participants", a-t-elle assuré.

Concernant Gaza, M. Mustafa a assuré que l'Autorité palestinienne avait un plan, soutenu par les pays arabes pour sa reconstruction. "Nous gouvernerons, nous réformerons et nous dirigerons la reconstruction de Gaza", a-t-il assuré.

L'Union européenne est le principal soutien financier de l'Autorité palestinienne. Elle conditionne toutefois le versement futur de cette aide à des réformes, qu'elle juge indispensables pour que cette Autorité soit en mesure de jouer pleinement son rôle dans le cadre de la solution à deux États, israélien et palestinien, que les Européens défendent depuis des années.

"Tout notre soutien à l'Autorité palestinienne est lié aux efforts pour poursuivre l'agenda des réformes", a rappelé Mme Suica.


Zelensky va rencontrer des responsables du Pentagone sur fond d'initiative américaine pour régler le conflit

 Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
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  • Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine
  • Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin

KIEV: Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin.

Cette réunion intervient au retour d'une visite infructueuse mercredi en Turquie du président ukrainien, qui espérait que Washington s'investisse à nouveau dans les négociations de paix. Mais l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, ne s'est pas déplacé.

Elle intervient également au lendemain d'une frappe russe ayant tué au moins 26 personnes dans une ville de l'ouest de l'Ukraine, l'une des attaques les plus meurtrières de Moscou sur son voisin ukrainien cette année.

La délégation du Pentagone, conduite par le secrétaire à l'Armée américaine, Daniel Driscoll, a rencontré mercredi le commandant en chef des armées ukrainiennes Oleksandre Syrsky et le ministre ukrainien de la Défense Denys Chmygal, selon leurs communiqués respectifs.

Le président Zelensky doit recevoir la délégation jeudi soir, a indiqué la présidence.

Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine.

Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin.

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que ce plan requiert notamment que l'Ukraine cède à la Russie des territoires qu'elle occupe et réduise son armée de moitié.

Le Kremlin s'est refusé à tout commentaire et Washington et Kiev n'ont pas commenté publiquement les propositions de ce plan.

 


Grèce: découverte d'une toile géante avec 111.000 araignées dans une grotte

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
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  • La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)"
  • Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue

ATHENES: Des scientifiques ont récemment découvert une toile d'araignée géante de plus de 100 m2 avec quelque 111.000 araignées dans une grotte à la frontière entre la Grèce et l'Albanie, selon une étude publiée dans la revue Subterranean Biology.

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes.

La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)".

Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue.

"Mon dieu, incroyable! Quelle texture!", s'exclame en anglais ce scientifique touchant la toile avec ses doigts.

Selon lui, dans chacun de ces trous il y a une arachnide à l'origine de ces "mégapoles" d'araignées. On voit ensuite un membre de l'équipe réussir à attraper une araignée et la poser dans une tube à essai.

Dans la revue, les chercheurs évoquent "la découverte (...) d’un assemblage extraordinaire d’araignées coloniales" alors que ces deux espèces sont normalement solitaires.

Il s'agit du "premier cas documenté de formation de toile coloniale chez ces espèces", notent d'ailleurs les experts qui précisent que cette immense toile est formée "de nombreuses toiles individuelles, (...) chacune étant stratégiquement placée à un endroit où les ressources trophiques (la nourriture disponible, ndlr) sont abondantes".

"Certaines sections de la toile peuvent se détacher de la paroi sous leur propre poids", expliquent-ils.

Des sources d'eau situées dans les recoins profonds de la grotte alimentent un ruisseau sulfuré qui traverse toute la longueur du passage principal de la grotte, selon l'étude.

Les araignées partagent la grotte avec de nombreux autres insectes, notamment des mille-pattes, des scorpions et des coléoptères.

La découverte de cette immense toile a été rapportée pour la première fois par des membres de la Société spéléologique tchèque, selon l'étude.