Echec du premier vol commercial de la fusée Vega-C, sérieux revers pour l'Europe spatiale

Cette photo d'archive prise le 12 juillet 2022 montre le Vega-C assemblé au cône de nez du lanceur avec une sphère métallique, LARES-2, pour étudier les ondes gravitationnelles, à Kourou, en Guyane française. Le nouveau lanceur léger européen Vega-C, qui devait effectuer son premier vol commercial avec deux satellites Airbus à bord, a été perdu après son décollage de Kourou le 20 décembre 2022, un revers pour une Europe affaiblie dans l'espace. (AFP).
Cette photo d'archive prise le 12 juillet 2022 montre le Vega-C assemblé au cône de nez du lanceur avec une sphère métallique, LARES-2, pour étudier les ondes gravitationnelles, à Kourou, en Guyane française. Le nouveau lanceur léger européen Vega-C, qui devait effectuer son premier vol commercial avec deux satellites Airbus à bord, a été perdu après son décollage de Kourou le 20 décembre 2022, un revers pour une Europe affaiblie dans l'espace. (AFP).
Short Url
Publié le Mercredi 21 décembre 2022

Echec du premier vol commercial de la fusée Vega-C, sérieux revers pour l'Europe spatiale

  • Les Européens se retrouvent sans solution à court terme pour lancer leurs satellites, Vega-C risquant d'être clouée au sol le temps de comprendre les causes de l'échec
  • Peu après son décollage, la trajectoire du lanceur a dévié de celle programmée, puis les télémesures ont cessé d’arriver à la salle de contrôle du Centre spatial de Kourou, en Guyane française

KOUROU : C'est un nouveau mauvais coup pour l'accès de l'Europe à l'espace: le premier vol commercial de la nouvelle fusée Vega-C s'est soldé mardi soir par un échec, peu après son lancement depuis Kourou.

Déjà victimes des retards du lanceur d'Ariane 6 et de l'impossibilité de recourir à la fusée russe Soyouz depuis l'invasion de l'Ukraine, les Européens se retrouvent sans solution à court terme pour lancer leurs satellites, Vega-C risquant d'être clouée au sol le temps de comprendre les causes de l'échec.

Peu après son décollage à 22H47 locales (01H47 GMT), la trajectoire du lanceur a dévié de celle programmée, puis les télémesures ont cessé d’arriver à la salle de contrôle du Centre spatial de Kourou, en Guyane française.

Lancée au-dessus de l'océan Atlantique, la fusée venait de dépasser les 100 kilomètres d'altitude et se trouvait alors à un peu plus de 900 kilomètres au nord de Kourou. Il n'était pas précisé dans l'immédiat si le dispositif de destruction de la fusée a été activé ou si elle s'est abîmée en mer.

"La mission est perdue", a déploré Stéphane Israël, le président d'Arianespace, société chargée de l'exploitation et de la commercialisation des lanceurs européens.

"Environ 2 minutes et 27 secondes après le décollage, une anomalie s'est produite sur le Zefiro 40", le deuxième étage du lanceur, "mettant ainsi fin à la mission Vega-C", a précisé la société dans un communiqué.

"Des analyses de données sont en cours pour déterminer les raisons de cet échec", a ajouté Arianespace. Un point presse est prévu mercredi à Kourou, à 12H00 locales (15H00 GMT).

Si la multiplication du nombre de lancements spatiaux ces dernières années, sous l'impulsion notamment de l'américain SpaceX, a tendance à banaliser l'exercice, l'échec européen rappelle la complexité de cette entreprise.

"Tellement désolé d'apprendre ça. Les petits lanceurs, c'est bien plus compliqué que ce que la plupart des gens pensent", a tweeté Peter Beck, patron du mini-lanceur Rocket Lab.

Vega-C devait placer en orbite deux satellites d'observation de la Terre d'Airbus, Pléiades Neo 5 et 6, permettant d'imager n'importe quel point du globe plusieurs fois par jour avec une résolution de 30 cm.

C'est aussi un coup dur pour le géant européen, qui a développé sur fonds propres ce programme, dont les services sont vendus tant aux entreprises qu'aux militaires.

Les satellites apportant des revenus commerciaux sont généralement assurés. Sollicité par l'AFP, Airbus n'a pas fait de commentaires.

Avio dans la tourmente

Initialement prévu le 24 novembre, ce vol avait été repoussé d’un mois en raison d'un élément défectueux "lié à la coiffe", a précisé à l’AFP Stéphane Israël. Sans rapport a priori donc avec l'échec de cette nuit.

Il s'agissait du premier vol commercial de Vega-C après son tir de qualification le 13 juillet.

Capable de mettre 2,2 tonnes sur une orbite polaire de référence, Vega-C est présentée comme la petite soeur d'Ariane 6, dont elle utilise des éléments communs pour permettre à l'Europe d'être plus compétitive dans un marché en pleine expansion.

Quelque 24.500 satellites devraient être lancés d'ici 2031, près de cinq fois plus qu'au cours de la décennie écoulée, selon le cabinet spécialisé Euroconsult.

Vega-C - C pour "consolidation" selon son maître d'œuvre industriel, l'Italien Avio - est une version améliorée du lanceur léger Vega, qui a connu deux échecs en 20 lancements depuis 2012. Le cours de Bourse d'Avio plongeait de 9,45% peu après 10H00.

L'étage Zefiro 40, en cause dans l'échec du lancement, a été spécifiquement mis au point pour Vega-C, contrairement à d'autres parties du lanceur, communes avec Ariane 6 (l'étage principal P120C) ou avec Vega.

Pour l'Agence spatiale européenne (ESA), responsable des programmes de lanceurs européens, c'est un déboire de plus.

Il ne reste plus que deux Ariane 5 à lancer et le report à fin 2023 du vol inaugural d'Ariane 6, initialement prévu pour 2020, prive les Européens d'accès à l'orbite géostationnaire, à 36 000 kilomètres d'altitude, et de la capacité d'envoyer les charges les plus lourdes dans l'espace.

Et faute d'accès au lanceur moyen Soyouz, dont Arianespace commercialisait les missions pour le compte de clients internationaux jusqu'en février, l'ESA a ainsi été contrainte de se tourner vers SpaceX pour lancer deux missions scientifiques.

Vega-C doit assurer une partie des missions auparavant dévolues à Soyouz. Douze lancements sont prévus dans son carnet de commandes, ainsi que deux lancements de Vega, la précédente version.


Rubio promet un soutien "indéfectible" à Israël, avant une visite à Doha

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
Short Url
  • En visite à Jérusalem, le secrétaire d’État Marco Rubio a réaffirmé le soutien « indéfectible » des États-Unis à Israël dans sa guerre contre le Hamas à Gaza
  • Alors que les offensives israéliennes se poursuivent, causant de lourdes pertes civiles à Gaza, les critiques internationales s’intensifient

Jérusalem: Le secrétaire d'Etat Marco Rubio a promis lundi à Jérusalem le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël pour éliminer le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza, à la veille d'un déplacement à Doha.

Durant la visite de M. Rubio, l'armée israélienne a poursuivi son offensive dans la bande de Gaza assiégée et affamée, la Défense civile locale faisant état d'au moins 49 morts, dont des enfants.

Lancée en riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, cette offensive a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste a pris le pouvoir en 2007.

Le déplacement de M. Rubio a coïncidé avec un sommet arabo-islamique à Doha, quelques jours après une attaque israélienne inédite le 9 septembre au Qatar contre des chefs du Hamas.

"Les habitants de Gaza méritent un avenir meilleur, mais cet avenir meilleur ne pourra commencer que lorsque le Hamas sera éliminé", a déclaré M. Rubio après une rencontre à Jérusalem avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

"Vous pouvez compter sur notre soutien indéfectible et notre engagement à voir cela se concrétiser", a-t-il ajouté.

M. Rubio se rend mardi au Qatar, en route pour Londres, afin de "réaffirmer le soutien total des Etats-Unis à la sécurité et la souveraineté du Qatar après l'attaque israélienne", selon le département d'Etat.

La frappe aérienne au Qatar, un médiateur entre Israël et le Hamas, a contrarié le président Donald Trump.

"Le Qatar a été un très grand allié. Israël et tous les autres, nous devons faire attention. Quand nous attaquons des gens, nous devons être prudents", a-t-il dit dimanche.

Malgré cette critique, M. Netanyahu a estimé que M. Trump était "le plus grand ami" qu'Israël ait jamais eu à la Maison Blanche.

- "Animaux barbares" -

Au sommet de Doha, l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, s'en est prix à Israël, l'accusant de "vouloir faire échouer les négociations" en vue d'un cessez-le-feu à Gaza et d'une libération des otages enlevés durant l'attaque du 7-Octobre.

Un communiqué final du sommet a appelé "tous les Etats à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël", alors que les six monarchies du Golfe ont appelé les Etats-Unis à "user de leur influence" pour contenir Israël.

A Jérusalem, M. Rubio s'est montré pessimiste quant à la possibilité d'une solution "diplomatique" à Gaza, qualifiant le Hamas d'"animaux barbares".

"Même si nous souhaitons vivement qu'il existe un moyen pacifique et diplomatique pour mettre fin (à la guerre) -et nous continuerons à explorer cette voie-, nous devons également nous préparer à la possibilité que cela ne se produise pas", a-t-il dit.

M. Rubio a aussi affiché la solidarité des Etats-Unis avec Israël avant un sommet coprésidé par la France et l'Arabie saoudite le 22 septembre à l'ONU, destiné à promouvoir la reconnaissance d'un Etat de Palestine, au côté d'Israël.

Une initiative largement symbolique dans la mesure où Israël s'oppose fermement à la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

Les Etats-Unis sont également hostiles à cette démarche, qui selon M. Rubio, a "enhardi" le Hamas.

En soirée, le secrétaire d'Etat a rencontré à Jérusalem des familles d'otages, selon un responsable du département d'Etat. Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque du 7-Octobre, 47 sont encore retenues à Gaza, dont 25 décédées selon l'armée israélienne.

- "Un corps sans âme" -

Dans le territoire palestinien, la Défense civile a indiqué que plus de la moitié des 49 Palestiniens tués l'avaient été à Gaza-ville, où l'armée a intensifié ses attaques avec l'objectif de s'en emparer.

Compte-tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

L'armée israélienne, qui présente Gaza-ville comme l'un des derniers bastions du Hamas dans le territoire palestinien, y a détruit plusieurs tours d'habitation en accusant le Hamas de s'y cacher.

Les Palestiniens continuent de fuir, en grand nombre, la ville et ses environs, qui comptaient un million d'habitants selon l'ONU.

"Je me sens comme un corps sans âme", dit Susan Annan, une Palestinienne qui habitait dans l'une de tours détruites. "Nous avons quitté notre maison avec seulement nos vêtements. Nous n'avons rien pu emporter."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire. L'ONU y a déclaré la famine, ce que Israël dément.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Short Url
  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Short Url
  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».