Nucléaire: EDF à l'orée d'une année encore compliquée

Cette photo prise le 28 octobre 2022 montre les logos d'EDF sur l'uniforme du personnel dans le bâtiment du réacteur 2 de la centrale nucléaire de Chinon, dans le centre-ouest de la France. (Photo, AFP)
Cette photo prise le 28 octobre 2022 montre les logos d'EDF sur l'uniforme du personnel dans le bâtiment du réacteur 2 de la centrale nucléaire de Chinon, dans le centre-ouest de la France. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 22 décembre 2022

Nucléaire: EDF à l'orée d'une année encore compliquée

  • Au moment où EDF rebranche de nombreux réacteurs juste à temps pour l'hiver, le groupe annonce des réparations à mener l'an prochain sur six réacteurs exposés à des risques de corrosion
  • Ces annonces surviennent alors qu'en 2022 la production nucléaire va atteindre son plus bas historique, entre 275 et 285 térawattheures (TWh), conséquence de maintenances en retard depuis la Covid-19

PARIS: La "remontada" du nucléaire français a bien eu lieu avant Noël mais tout n'est pas réglé: l'annonce ces derniers jours par EDF de grosses réparations "préventives" sur des réacteurs augure d'une année 2023 encore incertaine pour la sécurité d'approvisionnement électrique du pays.

Tout est parti d'une note d'information d'EDF publiée vendredi dernier, en toute discrétion.

Au moment où EDF rebranche de nombreux réacteurs juste à temps pour l'hiver, le groupe annonce des réparations à mener l'an prochain sur six réacteurs exposés à des risques de corrosion. Soit plus de cinq mois d'immobilisation chacun.

"Evidemment, c'est une mauvaise nouvelle, on est dans une série noire. A un moment où l'électricité coûte cher, le mégawattheure qu'on ne produit pas est un manque à gagner terrible", souligne Julien Teddé, directeur général du courtier Opéra Energie.

Ces annonces surviennent alors qu'en 2022 la production nucléaire va atteindre son plus bas historique, entre 275 et 285 térawattheures (TWh), conséquence de maintenances en retard depuis la Covid-19, et de la découverte fin 2021 d'un problème de corrosion sur des tuyauteries cruciales, dont le rôle est d'injecter des trombes d'eau pour refroidir le coeur en cas d'accident.

Plutôt que de les contrôler un par un, le groupe a décidé de traiter d'office avant la fin 2023 ses 16 réacteurs les plus récents et puissants, qui par leur "design" sont très exposés à ce risque de fissures. A ce jour, dix sont déjà réparés ou en cours, et six vont donc l'être en 2023. Objectif: gagner du temps.

Prudence

Or les calendriers de redémarrage annoncés en 2022 par EDF n'ont quasiment jamais été tenus, présageant des retards également en 2023.

"Il faut rester prudent car EDF a toujours été trop optimiste sur ses calendriers de travaux", relève Emeric de Vigan, vice-président chargé des marchés électricité chez Kpler.

"Un aléa tel que la corrosion désorganise quand même beaucoup le planning des maintenances, donc on pourrait s’attendre à ce qu’EDF révise prochainement son calendrier", poursuit-il.

Depuis vendredi dernier, EDF a déjà annoncé que quatre réacteurs (sur 56) ne pourraient pas être rebranchés avant la fin de cet hiver, dont trois en raison de ces mêmes problèmes de corrosion.

Conséquence: l'annonce de ces arrêts plus longs que prévu "risque de faire dérailler la production de 300-330 TWh prévue en 2023 en supprimant 28-32 TWh" au premier semestre, estime Patricio Alvarez, analyste chez Bloomberg Intelligence.

Pour l'heure, EDF maintient son objectif de production en 2023, avec comme obsession, de "préserver l'hiver 2023-2024".

"300-330 TWh, c'est toujours plus qu'en 2022, mais cela reste très très bas, bien loin de l'époque où EDF produisait 430 TWh comme en 2005", souligne M. Teddé.

Pour autant, le risque de tensions sur l'approvisionnement électrique ne devrait pas être pire l'année prochaine qu'en 2022.

"Je ne suis pas archi-pessimiste, car il y a beaucoup de gaz qui va continuer à arriver grâce au GNL américain, et la baisse de la consommation électrique est bien là. On aura toujours le même suspense mais la situation devrait être meilleure", prédit Emeric de Vigan.

De son côté, le gestionnaire du réseau de haute tension RTE livre des analyses rassurantes pour l'hiver prochain, même si cela restera à confirmer en juin dans son bilan prévisionnel pour les prochaines années.

"Les tensions ne devraient pas totalement disparaître au cours de l'hiver 2023-24 mais la situation ne sera pas plus critique que celle de cet hiver 2022-23, où la disponibilité du parc nucléaire n’était que de 35 GW au 1er décembre", dit Thomas Veyrenc, directeur exécutif de RTE.

L’immobilisation des six réacteurs pour réparation pendant cinq mois en 2023, concernera "plus spécifiquement le printemps et l’été" et sera compensée par le retour de ceux réparés en ce moment.

In fine, RTE prévoit "une remontée durant l'automne pour maximiser la production lors de l'hiver".

Et la sécurité d'approvisionnement ne dépendra pas que du nucléaire: "si les efforts de sobriété sont maintenus à leur niveau actuel (-9%), le risque de tension sera réduit", estime RTE qui insiste aussi sur une accélération du développement des énergies renouvelables.


Laurent Wauquiez dépose une proposition de loi pour interdire le voile aux mineures

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  • Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public
  • Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier

PARIS: Le chef des députés Les Républicains Laurent Wauquiez a déposé lundi une proposition de loi pour interdire aux mineures de porter le voile dans l'espace public, mais son examen rapide semble peu probable et sa constitutionnalité mise en doute par des juristes.

M. Wauquiez veut interdire "à tout parent d'imposer à sa fille mineure ou de l'autoriser à porter, dans l'espace public, une tenue destinée à dissimuler sa chevelure", selon l'article unique de sa proposition de loi.

Il s'appuie notamment sur un rapport sur les Frères musulmans commandé par le gouvernement et publié en mai dernier, relatant l'augmentation "massive et visible du nombre de petites filles portant le voile".

Il estime que "le voilement de jeunes filles" heurte les principes républicains "les plus fondamentaux", tels que la "protection de l'enfant", "la liberté de conscience" et "l'égalité entre les hommes et les femmes".

Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public.

Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier.

En outre, des professeurs de droit public interrogés par l'AFP émettent de sérieuses réserves quant à la conformité avec la Constitution de cette proposition déjà formulée, tout en la circonscrivant aux moins de 15 ans, par le patron des députés macronistes Gabriel Attal en mai - même si celui-ci n'avait pas déposé de texte.

Pour la constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina, elle n'a "aucune chance d'être conforme", rappelant que la loi sur la dissimulation du visage que son texte vient modifier a un motif de "sécurité à l'ordre public" et ne "vise aucune religion en particulier".

Or, M. Wauquiez cible très clairement le voile islamique dans l'espace public, contrevenant "au principe de liberté de religion", ajoute l'enseignante.

Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public à l’Université de Lille, se dit également "très réservé".

Bien que le texte se heurte au principe de liberté religieuse, Laurent Wauquiez justifie sa démarche par la "préservation des droits de l’enfant", ce qui est "assez habile", reconnaît-il, mais insuffisant pour garantir sa conformité constitutionnelle.

Assimiler le port du voile par une mineure à "une forme d’asservissement" reste juridiquement fragile. "Incontestablement, une fillette de 9 ans pourrait le faire par mimétisme ou sous l'effet d’une instrumentalisation", observe-t-il. "Mais une adolescente de 16 ans peut davantage le porter par conviction personnelle."

Il rappelle par ailleurs que l’interdiction de dissimulation du visage est justifiée par des raisons de sécurité, avec la nécessité de pouvoir "identifier les personnes", un raisonnement difficilement transposable au fait de se couvrir la chevelure.


Quatre associations musulmanes portent plainte contre un sondage Ifop

Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
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  • Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop
  • Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021

PARIS: Quatre associations du culte musulman ont porté plainte lundi pour dénoncer le manque d'objectivité supposé d'un sondage Ifop sur le rapport des fidèles à l'islam, ont annoncé leurs avocats à l'AFP.

Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop "Etat des lieux du rapport à l'islam et à l'islamisme des musulmans de France".

Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021.

Ce sondage "viole le principe d'objectivité posé par la loi du 19 juillet 1977 relative à la publication et la diffusion des sondages d'opinion", se "fonde sur des questions orientées" et se "focalise sur des résultats minoritaires mis en avant à des fins polémiques", accusent les avocats Mes Raphaël Kempf et Romain Ruiz, dans un communiqué.

Selon eux, le sondage distille "le poison de la haine dans l'espace public", renforçant "les amalgames".

Contacté par téléphone, François Kraus, directeur du pôle politique/actualités de l'Ifop, a indiqué qu'il répondrait à l'AFP par écrit, ce qu'il n'avait pas fait dans l'après-midi.

Le CFCM avait déjà dans un communiqué vendredi déploré "une nouvelle mise à l’index des citoyens français de confession musulmane et de leurs pratiques religieuses", avec des analyses et données "contestables".

L'enquête Ifop, basée sur un échantillon de 1.005 personnes de religion musulmane, a été commandée par le média confidentiel "Ecran de veille", qui se présente comme "le mensuel pour résister aux fanatismes".

L'attention médiatique et politique s'est beaucoup focalisée sur le sous-échantillon des 15-24 ans, constitué de 291 personnes, et révélant une forte pratique (87% se considèrent religieux, 67% disent prier "au moins une fois par jour", 83% font le ramadan)

François Kraus écrit dans sa conclusion sur le site de l'Ifop que "cette enquête dessine très nettement le portrait d'une population musulmane traversée par un processus de réislamisation, structurée autour de normes religieuses rigoristes et tentée de plus en plus par un projet politique islamiste".

Le sondage a provoqué de vives réactions, l'extrême droite y voyant un signe d'"islamisation", tandis que des représentants de la communauté musulmane ont regretté "une stigmatisation".

"A mal poser les questions, on finit toujours par fabriquer les peurs qu’on prétend mesurer", affirmait dans son billet hebdomadaire le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz.

Le politiste Haouès Seniguer qualifie pour sa part de raccourci "grossier et réducteur" l'idée, sous-jacente selon lui au sondage, qu'une observance stricte de l'islam soit la porte d'entrée mécanique vers l'islamisme.


Macron invité de RTL mardi matin

 Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
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  • Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat Français a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine
  • Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire

PARIS: Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué.

Le président de la République sera notamment interrogé sur la situation internationale, alors qu'une nouvelle réunion de la "coalition des volontaires" au soutien de l'Ukraine est prévue mardi en visioconférence.

Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine.

M. Macron sera aussi interrogé sur "les menaces qui pèsent sur la France", selon le communiqué de RTL.

Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire.