Argentine: un 131e enfant «volé» sous la dictature retrouvé

Des membres de l'association Madres de Plaza de Mayo Josefa 'Pina' de Fiore enterrent les cendres de feu Hebe de Bonafini -l'un des fondateurs de l'organisation des droits de l'homme- à la Pirámide de Mayo (pyramide de mai), située au centre de la Place Plaza de Mayo, à Buenos Aires, le 24 novembre 2022. (AFP)
Des membres de l'association Madres de Plaza de Mayo Josefa 'Pina' de Fiore enterrent les cendres de feu Hebe de Bonafini -l'un des fondateurs de l'organisation des droits de l'homme- à la Pirámide de Mayo (pyramide de mai), située au centre de la Place Plaza de Mayo, à Buenos Aires, le 24 novembre 2022. (AFP)
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Publié le Vendredi 23 décembre 2022

Argentine: un 131e enfant «volé» sous la dictature retrouvé

  • Au long de 45 ans de recherche, 130 cas avaient été «résolus» jusqu'à ce jeudi  - c'est-à-dire que l'identité originelle de l'enfant a été restituée
  • Souvent donnant lieu à d'émouvantes retrouvailles, parfois aussi après la mort. Mais rien, aucune restitution, depuis celle du «numéro 130», en juin 2019

BUENO AIRES: Les Grands-mères de la Place de Mai en Argentine ont annoncé jeudi avoir "retrouvé" un nouvel enfant volé sous la dictature (1976-1983) à un couple détenu en 1977 puis disparu, le 131e petit fils à récupérer son identité, et le premier depuis plus de trois ans.

"Avec bonheur, nous annonçons une nouvelle restitution d'identité" ont annoncé les "Abuelas" (grands-mères) dans un communiqué.

"Comme si cette fin d'année voulait exaucer tous nos souhaits" ont-elles écrit en référence à la Coupe du monde. "Après presque trois ans, nous célébrons une fois de plus la découverte d'un petit-fils".

La présidente emblématique des Abuelas, Estela de Carlotto, a indiqué en conférence de presse que le "petit-fils N. 131" était âgé de 44 ans, et enfant d'ex-militants marxistes Lucia Nadín et Aldo Quevedo, originaires de Mendoza, et détenus à Buenos Aires en octobre 1977. La jeune femme d'alors 19 ans était enceinte de près de trois mois.

Estela de Carlotto, toujours énergique à 92 ans, a estimé qu'il était vraisemblable que le petit-fils 131 soit né à l'ESMA, l'Ecole de mécanique de la Marine, dont une aile devint le centre de détention et de torture le plus tristement célèbre de la dictature.

C'est de cette ex-ESMA, devenue un musée et Espace de la Mémoire qu'elle a annoncé la découverte du "N.131", qui était absent. Il faut généralement du temps, le temps pour un enfant retrouvé de digérer sa "vraie" identité, avant qu'il ne se présente.

"Cet homme a accepté de réaliser l'examen (ADN) et hier (mercredi) la Banque nationale de données génétiques a annoncé l'heureuse nouvelle : il est le fils de Lucía Nadin et d'Aldo Quevedo", a déclaré Mme de Carlotto, en montrant une photo du couple

Sous la dictature militaire, des centaines d'enfants - les estimations tournent entre 300 et près de 500 - ont été "appropriés", nés d'une mère en détention puis disparue, et donnés à un foyer qui voulait ou ne pouvait avoir d'enfant, souvent proche du régime, dans l'idée aussi de voir élever un enfant "bien pensant" politiquement.

Encore 300 recherchés 

Au long de 45 ans de recherche, 130 cas avaient été "résolus" jusqu'à ce jeudi  - c'est-à-dire que l'identité originelle de l'enfant a été restituée. Souvent donnant lieu à d'émouvantes retrouvailles, parfois aussi après la mort. Mais rien, aucune restitution, depuis celle du "numéro 130", en juin 2019.

Les restitutions s'étaient raréfiées ces dernières années, la faute en partie à la pandémie de Covid, qui a pendant de longs mois rendu les contacts et les recherches difficiles.

Aussi l'organisation "Abuelas", portée désormais par une jeune génération d'activistes, a relancé ces derniers mois les sessions dites "d'approche spontanée", se déplaçant en province, invitant quiconque aurait des doutes sur son identité à venir parler, en toute confidentialité, à des conseillers formés pour la circonstance. Ensuite, si les soupçons se confirment, un test ADN est proposé.

Abuelas cherche toujours environ "300 hommes et femmes, dont l'âge est d'environ 45 ans, qui vivent avec leur fausse identité, parmi nous. Nous allons continuer de travailler avec l'espoir de retrouver tous nos petits-fils et petites-filles. Ils peuvent être n'importe où dans le monde", a déclaré Mme de Carlotto. "C'est un travail de patience et d'amour".

"Nous recommençons à rêver", a-t-elle conclu en référence à la chanson fétiche des supporters argentins au Mondial, "Muchachos"

Selon les estimations des ONG de défense des droits humains, quelque 30.000 personnes sont mortes ou ont disparu pendant la dictature.


La famille de l'Iranienne Mahsa Amini empêchée de se rendre en France pour le prix Sakharov

Des Kurdes syriens se produisent près d'un portrait de Mahsa Amini, exposé à l'occasion du premier anniversaire de sa mort, lors du festival folklorique de Dabke à Rumaylan (Rmeilan) dans la province de Hasakeh, au nord-est de la Syrie, le 17 septembre 2023. (Photo par Delil Souleiman AFP)
Des Kurdes syriens se produisent près d'un portrait de Mahsa Amini, exposé à l'occasion du premier anniversaire de sa mort, lors du festival folklorique de Dabke à Rumaylan (Rmeilan) dans la province de Hasakeh, au nord-est de la Syrie, le 17 septembre 2023. (Photo par Delil Souleiman AFP)
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  • Le prix Sakharov, plus haute distinction de l'UE pour les droits humains, avait été décerné en octobre dernier par le Parlement européen à Mahsa Amini et au mouvement «Femme Vie Liberté» réprimé dans le sang par le pouvoir en Iran
  • La mort de Mahsa Amini le 16 septembre 2022, à l'âge de 22 ans, trois jours après son interpellation par la police pour un voile mal ajusté, avait entraîné des mois de manifestations de grande ampleur

PARIS : Les parents et le frère de Mahsa Amini, jeune Kurde iranienne décédée l'an dernier, qui devaient recevoir le prix Sakharov décerné à la jeune victime à titre posthume, ont été interdits de quitter le territoire iranien, a annoncé samedi à l'AFP leur avocate en France.

Ils «ont été interdits de monter à bord du vol qui devait les conduire en France pour la remise du prix Sakharov et de quitter le territoire hier à minuit alors qu'ils étaient munis d'un visa», a indiqué Me Chirinne Ardakani. «Leurs passeports ont été confisqués», a-t-elle ajouté.

Le prix Sakharov, plus haute distinction de l'UE pour les droits humains, avait été décerné en octobre dernier par le Parlement européen à Mahsa Amini et au mouvement «Femme Vie Liberté» réprimé dans le sang par le pouvoir en Iran.

La mort de Mahsa Amini le 16 septembre 2022, à l'âge de 22 ans, trois jours après son interpellation par la police pour un voile mal ajusté, avait entraîné des mois de manifestations de grande ampleur contre les dirigeants politiques et religieux iraniens, dont la répression a provoqué des centaines de morts et des milliers d'arrestations.

«Alors que le Nobel se tient au même moment, les autorités iraniennes n'ont jamais été aussi mobilisées pour éviter que les familles des victimes prennent la parole auprès de la communauté internationale», a estimé Me Ardakani.

«Le meurtre brutal de Dina Mahsa Amini a marqué un tournant», avait souligné la présidente du Parlement, Robert Metso, lors de l'annonce du prix.

«Le slogan +Femme Vie Liberté+ est devenu un cri de ralliement pour tous ceux qui défendent l'égalité, la dignité et la liberté en Iran», avait-elle ajouté.


L'envers du paradis: quand Copacabana vire au noir

Vue aérienne de la plage de Copacabana à Rio de Janeiro, Brésil, le 10 novembre 2023. (Photo Mauro Pimentel AFP)
Vue aérienne de la plage de Copacabana à Rio de Janeiro, Brésil, le 10 novembre 2023. (Photo Mauro Pimentel AFP)
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  • Un étudiant venu à Rio pour un concert de Taylor Swift tué à coups de couteau sur la plage, un homme laissé inconscient après une agression, une jeune femme violée par un sans-abri : «Copacabana est triste», lâche Thiago Nogueira, un commerçant de 42 ans
  • Cette poussée de violence, répercutée à l'envi par médias et réseaux sociaux, a engendré un phénomène nouveau: l'apparition de groupes d'auto-défense, justiciers auto-proclamés munis de battes et de poings américains

RIO DE JANEIRO : La carte postale est lacérée: Copacabana, quartier de Rio de Janeiro légendaire pour sa plage interminable et son charme nostalgique, voit son image ternie par une vague de criminalité et l'apparition de justiciers auto-proclamés.

Avec ses kiosques de plage et ses longues rues arborées aux gratte-ciel Art déco décatis, le quartier bourgeois a fait les gros titres ces dernières semaines pour de bien mauvaises raisons: un étudiant venu à Rio pour un concert de Taylor Swift tué à coups de couteau sur la plage, un homme laissé inconscient après une agression, une jeune femme violée par un sans-abri.

«Copacabana est triste», lâche Thiago Nogueira, un commerçant de 42 ans, vêtu d'un maillot noir flanqué des mots «Rio de Janeiro». «La violence est vraiment forte, et ça empire», dit-il à l'AFP.

Les derniers faits divers ont donné à beaucoup le sentiment qu'un cap avait été franchi à «Copa» et alimenté l'inquiétude alors qu'approche la haute saison, qui amène des flots de touristes du monde entier pour les fêtes de fin d'année et le carnaval en février.

Le président de HoteisRio, association du secteur hôtelier, a réclamé des sanctions plus fortes contre les agresseurs.

Cette poussée de violence, répercutée à l'envi par médias et réseaux sociaux, a engendré un phénomène nouveau: l'apparition de groupes d'auto-défense, justiciers auto-proclamés munis de battes et de poings américains.

Sur des vidéos devenues virales, on voit des bandes de jeunes hommes vêtus de noir, visage masqué, patrouillant dans la rue et bastonnant de présumés «suspects».

Dans un Brésil profondément marqué par les discriminations, les cibles de ces prétendus redresseurs de torts leur ont valu des accusations de «racisme».

«Il est facile de savoir qui est un +criminel+ pour ces groupes d'auto-défense: des hommes noirs pauvres», s'indigne le musicien et militant de la cause noire Tas MC sur X, anciennement Twitter.

- «Cordon de sécurité» -

Rio a une longue histoire de violence -- et de réponse violente à la violence.

Il y a cinq ans, le président d'alors, Michel Temer, avait déployé l'armée pour prendre en charge la sécurité dans la mégapole pendant dix mois, jugeant que le crime organisé avait pris les dimensions d'un «cancer» à Rio.

La «Cité merveilleuse», ville hôte des Jeux olympiques de 2016, est régulièrement le théâtre de batailles rangées entre trafiquants de drogue lourdement armés et police, en particulier dans les favelas.

Elle est enfin gangrenée depuis plus de vingt ans par les «milices», créées par des habitants pour combattre la délinquance dans leur quartier, et vite devenues elles-mêmes d'authentiques organisations criminelles.

Les braquages à Copacabana ont augmenté de 25% cette année par rapport à la même période de l'année dernière, et les vols de passants en pleine rue ont bondi de 56%, selon les chiffres de l'Institut public de sécurité, cités par le site d'information G1.

Face à cette flambée, les autorités ont annoncé le déploiement de 1.000 policiers et d'un «cordon de sécurité» pour protéger nuits et week-ends.

A l'occasion d'une réunion de crise jeudi, les chefs de la sécurité de Rio ont promis de rendre la police plus présente et plus visible.

Ils ont également mis en garde les résidents contre toute velléité de jouer les policiers en lieu et place de la police.

«Les membres des groupes d'auto-défense commettent des crimes en prétendant empêcher des crimes. En réalité, ce sont des criminels eux aussi», a asséné Victor Santos, le secrétaire à la sécurité de l'Etat de Rio -- un poste rétabli le mois dernier par le gouverneur de droite Claudio Castro pour lutter contre l'explosion des violences.

Mais l'exaspération des habitants est aussi nourrie par le profil des auteurs d'agressions, souvent des récidivistes, et en vient parfois à viser le fonctionnement même de la justice.

L'agresseur qui avait laissé un homme inconscient sur le trottoir après l'avoir roué de coups le 2 décembre était «bien connu des autorités, avec neuf entrées à son casier judiciaire», a reconnu une enquêtrice.


Washington et ses alliés «défendront» la paix dans le détroit de Taïwan

Le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, Jake Sullivan, assiste à une conférence de presse conjointe avec le conseiller à la sécurité nationale de la Corée du Sud, Cho Tae-yong, et le secrétaire général du Secrétariat à la sécurité nationale du Japon, Takeo Akiba, au bureau présidentiel à Séoul, le 9 décembre 2023 (Photo, AFP).
Le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, Jake Sullivan, assiste à une conférence de presse conjointe avec le conseiller à la sécurité nationale de la Corée du Sud, Cho Tae-yong, et le secrétaire général du Secrétariat à la sécurité nationale du Japon, Takeo Akiba, au bureau présidentiel à Séoul, le 9 décembre 2023 (Photo, AFP).
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  • Le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a déclaré samedi que Washington et ses alliés asiatiques «défendraient» la paix dans le détroit de Taïwan
  • Ses commentaires sont intervenus lors d'un briefing conjoint, après une réunion trilatérale en Corée du Sud

SÉOUL: Le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a déclaré samedi que Washington et ses alliés asiatiques "défendraient" la paix dans le détroit de Taïwan, et réitéré leur engagement en faveur de la liberté de navigation dans la mer de Chine méridionale disputée.

"Nous continuerons à défendre la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan et la liberté de navigation dans les mers de Chine orientale et méridionale", a déclaré M. Sullivan aux journalistes à Séoul, aux côtés de ses homologues Sud-Coréen Cho Tae-yong et japonais Takeo Akiba.

Ses commentaires sont intervenus lors d'un briefing conjoint, après une réunion trilatérale en Corée du Sud.

La Chine considère Taïwan comme une province qu'elle n'a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile en 1949.

Ces dernières années, Pékin a intensifié la pression militaire sur l'île, promettant de s'en emparer un jour.

Taïwan est un point de tension majeur entre la Chine et les Etats-Unis, plus important allié de Taipei.

Samedi, M. Sullivan a également déclaré que les trois alliés avaient lancé de "nouvelles initiatives trilatérales" pour "contrer les menaces" posées par la Corée du Nord, notamment "une collaboration approfondie" entre leurs garde-côtes.

Les chefs de la Défense des alliés avaient convenu plus tôt d'activer une opération de partage de données en temps réel sur les lancements de missiles nord-coréens, Pyongyang ayant bénéficié de l'aide de Moscou, selon Séoul.

Les Occidentaux, le Japon et la Corée du Sud avaient dénoncé ce lancement, tout comme le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

La mise en orbite du satellite nord-coréen a entraîné la suspension, partielle par le Sud et totale par le Nord, d'un accord militaire conclu, il y a cinq ans, pour apaiser les tensions bilatérales.

La Corée du Nord a déclaré peu après le lancement de son satellite espion que "Malligyong-1" fournissait déjà des images des principaux sites militaires américains et sud-coréens. Aucune image n'a toutefois été rendue publique.

Au mois d'août, le président américain Joe Biden avait reçu à Camp David son homologue sud-coréen Yoon Suk Yeol et le Premier ministre japonais Fumio Kishida.

C'était la première fois que les dirigeants des trois pays se rencontraient pour un sommet autonome. Ils ont annoncé à cette occasion un programme d'exercices militaires conjoints sur plusieurs années et la mise en place d'un canal de communication d'urgence au plus haut niveau.