Frère et soeur à Kaboul, mais deux destins soudainement séparés

Sur cette photo prise le 23 décembre 2022, Marwa (au centre), une étudiante lit des livres avec son frère Hamid (à gauche) chez eux à Kaboul. (AFP)
Sur cette photo prise le 23 décembre 2022, Marwa (au centre), une étudiante lit des livres avec son frère Hamid (à gauche) chez eux à Kaboul. (AFP)
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Publié le Dimanche 25 décembre 2022

Frère et soeur à Kaboul, mais deux destins soudainement séparés

  • «S'ils avaient ordonné la décapitation des femmes tout de suite, cela aurait été mieux», fond en larmes Marwa
  • «Je voulais que ma sœur atteigne ses objectifs à mes côtés, qu'elle réussisse et aille de l'avant. Les filles travaillent dur, mais que pouvons nous dire ?», déplore le frère de Marwa

KABOUL: "J'aurais préféré que Dieu n'ait pas créé de filles": Marwa n'était qu'à quelques mois de devenir la première femme de sa famille afghane à aller à l'université - au lieu de cela, elle va regarder avec désespoir son frère s'y rendre sans elle.

Ils ont 20 et 19 ans. Hamid suit des cours en administration dans un institut public, Marwa était inscrite à l'université pour devenir sage-femme et devait commencer les cours après les vacances d'hiver, en mars.

Mais mardi soir, l'annonce brutale par le régime taliban de fermer les universités du pays, privées comme publiques, aux femmes pour une durée indéterminée a scellé l'avenir de Marwa et séparé les chemins des deux frère et soeur pourtant proches, élevés au sein d'une même famille pauvre.

"S'ils avaient ordonné la décapitation des femmes tout de suite, cela aurait été mieux", fond en larmes Marwa que l'AFP a rencontré dans la maison familiale à Kaboul.

"J'aurais préféré que nous ne soyons pas nées si c'est pour être si malheureuses, que Dieu n'ait pas créé de filles", poursuit, rongée par le désarroi, la jeune fille qui espérait qu'entre les 20 ans qui ont séparé leurs deux règnes, les talibans "changent".

"Nous sommes traitées pire que des animaux. Les animaux peuvent aller n'importe où, mais nous, les filles, nous n'avons même pas le droit de sortir de chez nous", résume Marwa sous le regard impuissant de son aîné.

Après avoir terminé son cursus, Marwa avait l'intention de se rendre dans les régions reculées d'Afghanistan où les femmes sont privées de services de santé.

«Avenir misérable»

Depuis leur retour au pouvoir il y a seize mois, les talibans ont interdit aux femmes de voyager seules, de fréquenter les parcs ou encore d'occuper de nombreux emplois publics.

Cette nouvelle mesure a suscité l'indignation du monde entier, y compris des nations musulmanes qui l'ont jugée contraire à l'islam.

Pour justifier l'exclusion des étudiantes, le ministre de l'Enseignement supérieur Neda Mohammad Nadeem a notamment expliqué qu'elles n'étaient pas assez couvertes dans les établissements.

En réalité, les religieux à l'interprétation ultra-rigoriste de l'islam qui conseillent le chef suprême du mouvement, Hibatullah Akhundzada, restent profondément sceptiques à l'égard de l'éducation moderne, en particulier pour les filles et les femmes, qui ont également été interdites d'école secondaire dans la majeure partie du pays.

Dans la froide maison où s'entassent les dix membres de la famille, la jeune fille ainsi que sa jeune soeur de 17 ans, privée de lycée, ont pu notamment compter sur le soutien de leur père, vendeur de fruits et légumes ambulant, et de leur frère.

"Comment peuvent-ils dire qu'elles ne portaient pas le hijab? Si elles n'étaient pas masquées et en hijab, elles n'étaient pas autorisées à entrer", s'indigne Hamid, habillé à l'occidentale d'un jean et d'une veste.

"Lorsque les universités ont ouvert leurs portes sous le régime des talibans, des jours différents étaient prévus pour les garçons et les filles", insiste-t-il.

"Je voulais que ma sœur atteigne ses objectifs à mes côtés, qu'elle réussisse et aille de l'avant. Les filles travaillent dur, mais que pouvons nous dire ?", déplore l'étudiant, à la recherche d'un emploi pour aider sa famille qui manque d'argent pour se chauffer.

Occupée à bercer le dernier né de ses 8 enfants (quatre garçons et quatre filles), la timide mère de famille, qui souhaitait un meilleur destin pour ses filles, voit ses espérances anéanties. Née sous le premier régime taliban (1996-2001), la quadragénaire n'a pas eu le droit de dépasser l'école primaire.

"D'un côté, je suis heureuse que mon fils puisse poursuivre son objectif, de l'autre, j'ai le cœur brisé de voir que ma fille ne peut pas faire de même", commente-t-elle.

"Si ma fille n'atteint pas ses objectifs, elle aura le même avenir misérable que le mien".


Vatican: la cheminée sur la chapelle Sixtine installée en vue du conclave

Le Vatican a installé vendredi une cheminée au sommet de la chapelle Sixtine en vue du conclave qui débutera le 7 mai. (AFP)
Le Vatican a installé vendredi une cheminée au sommet de la chapelle Sixtine en vue du conclave qui débutera le 7 mai. (AFP)
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  • Les cardinaux du monde entier ont été rappelés à Rome à la suite du décès du pape François, mort le 21 avril à l'âge de 88 ans
  • À l'issue de chaque session de vote des cardinaux réunis à l'intérieur de la chapelle, les bulletins sont brûlés dans un poêle

CITE DU VATICAN: Le Vatican a installé vendredi une cheminée au sommet de la chapelle Sixtine en vue du conclave qui débutera le 7 mai, a constaté une journaliste de l'AFP.

À l'issue de chaque session de vote des cardinaux réunis à l'intérieur de la chapelle, les bulletins sont brûlés dans un poêle. La cheminée, visible depuis la place Saint-Pierre, émet alors une fumée noire si aucun pape n'a été élu, ou une fumée blanche en cas d'élection, par ajout de produits chimiques.

Les cardinaux du monde entier ont été rappelés à Rome à la suite du décès du pape François, mort le 21 avril à l'âge de 88 ans.

Les 133 "Princes de l'Eglise" âgés de moins de 80 ans et donc habilités à élire son successeur - il y en a 135 mais deux se sont fait porter pâle - se réuniront à partir du 7 mai pour commencer à voter en secret, au cours d'un processus qui devrait durer plusieurs jours.

Le premier jour, ils voteront une fois, puis deux fois le matin et deux fois l'après-midi.

Pour qu'un cardinal soit élu, il doit obtenir la majorité des deux tiers requise, soit au moins 89 voix.

Si aucun candidat n'obtient suffisamment de voix lors du premier vote du matin, les cardinaux procéderont à un second vote, et ce n'est qu'à ce moment-là qu'il y aura de la fumée.

Il en va de même pour la session de l'après-midi : si un pape est élu lors du premier vote, il y aura de la fumée blanche, mais si ce n'est pas le cas, les cardinaux procéderont à un second vote sans brûler les bulletins.

Après trois journées sans résultat, le scrutin est interrompu pour une journée de prières. Puis d'autres séries de scrutins sont organisées jusqu'à l'élection définitive.


Washington condamne les violences contre les Druzes en Syrie

Le ministre syrien des Affaires étrangères, Asaad al-Shaibani, rencontre d'autres diplomates au siège des Nations Unies à New York, le 29 avril 2025. (Getty Images via AFP)
Le ministre syrien des Affaires étrangères, Asaad al-Shaibani, rencontre d'autres diplomates au siège des Nations Unies à New York, le 29 avril 2025. (Getty Images via AFP)
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  • Vendredi dernier, le ministre syrien des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a hissé le drapeau de son nouveau pays au siège des Nations unies, marquant ainsi un nouveau chapitre après le renversement, en décembre, de Bachar al-Assadr
  • Les Etats-Unis ont confirmé par ailleurs jeudi avoir rencontré le chef de la diplomatie syrienne et ont appelé les autorités intérimaires à prendre des mesures contre le sectarisme, alors que la minorité druze est victime d'une flambée de violence

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont condamné jeudi les violences contre la communauté druze en Syrie, parlant d'actes "répréhensibles et inacceptables".

"Les violences récentes et la rhétorique incendiaire visant les membres de la communauté druze en Syrie sont répréhensibles et inacceptables", a déclaré Tammy Bruce, porte-parole du département d'Etat, dans un communiqué.

"Les autorités intérimaires doivent faire cesser les combats, tenir les auteurs de violences et de dommages aux civils responsables de leurs actes et assurer la sécurité de tous les Syriens", a-t-elle ajouté.

Le plus influent chef religieux druze en Syrie s'en est pris au pouvoir du président Ahmad al-Chareh jeudi, dénonçant une "campagne génocidaire" contre sa communauté, après que des affrontements confessionnels ont fait plus de 100 morts en début de semaine selon une ONG.

Les Etats-Unis ont confirmé par ailleurs jeudi avoir rencontré le chef de la diplomatie syrienne et ont appelé les autorités intérimaires à prendre des mesures contre le sectarisme, alors que la minorité druze est victime d'une flambée de violence.

Vendredi dernier, le ministre syrien des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a hissé le drapeau de son nouveau pays au siège des Nations unies, marquant ainsi un nouveau chapitre après le renversement, en décembre, du dirigeant de longue date Bachar al-Assad.

La porte-parole du département d'Etat a confirmé que des représentants américains avaient rencontré la délégation syrienne à New York mardi.

Elle a indiqué que les Etats-Unis ont exhorté les autorités post-Assad à "choisir des politiques qui renforcent la stabilité", sans fournir d'évaluation sur les progrès accomplis.

 


Le Royaume-Uni, la France et l'Arabie saoudite discutent de la création d'un État palestinien

Un garçon palestinien tient un livre alors qu'il est assis dans les décombres d'une maison, suite aux frappes israéliennes de la nuit. (AFP)
Un garçon palestinien tient un livre alors qu'il est assis dans les décombres d'une maison, suite aux frappes israéliennes de la nuit. (AFP)
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  • David Lammy, ministre des affaires étrangères : des discussions sont en cours avant la conférence de l'ONU en juin
  • "Il est inacceptable qu'un groupe de personnes, quel qu'il soit, ait vécu sans État pendant plus longtemps que je n'ai vécu"

LONDRES : Le gouvernement britannique est en pourparlers avec ses homologues français et saoudien au sujet de la reconnaissance officielle d'un État palestinien, a révélé le ministre britannique des affaires étrangères, David Lammy.

Les discussions devraient avoir lieu lors d'une conférence aux Nations unies en juin, a rapporté The Guardian.

Jusqu'à présent, 160 pays reconnaissent la Palestine, dont récemment l'Espagne, la Norvège et l'Irlande. Si un accord peut être conclu, cela signifierait l'ajout de deux membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies - et alliés clés d'Israël - à cette liste.

M. Lammy a déclaré à la commission des relations internationales de la Chambre des Lords que la reconnaissance de la Palestine par les pays de l'UE n'avait fait que peu ou pas de différence dans la progression vers la création d'un État, et que le Royaume-Uni souhaitait faire plus qu'un geste symbolique.

"Il est inacceptable qu'un groupe de personnes, quel qu'il soit, vive sans État depuis plus longtemps que moi", a-t-il déclaré à la commission.

"Nous avons toujours dit que la reconnaissance n'était pas une fin en soi et que nous préférerions qu'elle fasse partie d'un processus menant à deux États.

"Le président (français) Emmanuel Macron a eu beaucoup à dire à ce sujet, tout récemment, aux côtés des Saoudiens, et nous sommes bien sûr en discussion avec eux en ce moment".

M. Lammy a déclaré qu'un État viable ne pouvait pas inclure le maintien du Hamas au pouvoir à Gaza, et qu'un processus de démilitarisation complète de l'enclave devrait être entrepris.

Il a ajouté que l'expansion des colonies israéliennes en Cisjordanie constituait une menace pour une solution à deux États et que la violence des colons contre les Palestiniens était "choquante".

Il s'en est également pris à Israël qui continue d'empêcher l'aide d'entrer dans la bande de Gaza : "Le blocus de l'aide nécessaire à Gaza est épouvantable, les souffrances sont terribles, les besoins sont immenses, les pertes en vies humaines sont extrêmes.

Le 9 avril, M. Macron a déclaré que la France reconnaîtrait probablement un État palestinien lors de la conférence de juin, à la suite d'une visite officielle en Égypte.

Il a ensuite déclaré que cette décision, qui serait le premier acte de reconnaissance d'un État du G7, visait à "déclencher une série d'autres reconnaissances [...], y compris la reconnaissance d'Israël par des États qui ne le font pas actuellement".

Michel Duclos, conseiller spécial à l'Institut Montaigne, un groupe de réflexion basé à Paris, a déclaré au Guardian que le résultat de la conférence de juin "pourrait n'être rien de plus qu'une feuille de route ou un ensemble de propositions".

Il a ajouté : "Le dilemme pour la France pourrait bientôt devenir plus difficile : peut-elle continuer à reporter sa reconnaissance de la Palestine en attendant une véritable dynamique de deux États ? Ou bien un nouveau report nuirait-il à sa crédibilité ?".

L'Arabie saoudite a clairement indiqué que la normalisation des liens avec Israël était subordonnée à la recherche d'une solution à deux États.