Changer de nom ? Le casse-tête de Boeing pour convaincre de voler dans un 737 MAX

Un Boeing 737 MAX sur le tarmac de l'usine Boeing Renton à Renton, Washington. (AFP)
Un Boeing 737 MAX sur le tarmac de l'usine Boeing Renton à Renton, Washington. (AFP)
Publié le Mercredi 18 novembre 2020

Changer de nom ? Le casse-tête de Boeing pour convaincre de voler dans un 737 MAX

  • « Je n'ai pas envie d'être un cobaye, j'attendrai probablement deux à trois ans avant de voler sur un MAX »
  • « L'idée de voler dans un avion dont on a simplement corrigé le logiciel me fait un peu flipper »

NEW-YORK : Laisser parler les experts, faire preuve de transparence, voire changer de nom: pour convaincre les passagers réticents à l'idée de prendre place dans un avion qui s'est écrasé deux fois en cinq mois en faisant 346 morts, les compagnies aériennes et Boeing marchent sur des oeufs.

« Je n'ai pas envie d'être un cobaye, j'attendrai probablement deux à trois ans avant de voler sur un MAX », affirme Gabriel Contassot, un passionné d'aviation qui regarde toujours quel appareil est proposé avant d'acheter un billet. 

« L'idée de voler dans un avion dont on a simplement corrigé le logiciel me fait un peu flipper », ajoute-t-il. Il n'a pas beaucoup plus confiance en Boeing ou en l'agence de l'aviation américaine (FAA) qui a autorisé l'appareil à voler.

Sur les réseaux sociaux, les réactions aux articles annonçant la remise en service du 737 MAX sont souvent du même acabit. 

« Beaucoup de clients seront au début hésitants à l'idée de voler sur un 737 MAX », estime Henry Harteveldt, spécialiste de l'industrie du voyage.

Les grandes compagnies américaines ont assuré qu'elles joueraient carte sur table: les clients devant voyager sur l'appareil seront explicitement prévenus.

American Airlines, qui a prévu de remettre l'appareil dans son programme de vol dès fin décembre si la FAA le permettait, veut restaurer la confiance en organisant des vols pour les membres d'équipage et en proposant aux entreprises et agences de voyage travaillant habituellement avec la compagnie de visiter l'appareil et de parler avec ses experts. 

Boeing, sur son site internet, propose une vidéo expliquant les modifications apportées au MCAS, le logiciel de vol mis en cause dans les deux accidents. 

Le constructeur comme les compagnies attendent toutefois les décisions des régulateurs pour dévoiler leur stratégie de communication. 

La période n'est par ailleurs pas propice à une grande campagne sur la sécurité aérienne, au moment où le Covid-19 revient en force aussi bien en Europe qu'aux Etats-Unis.

Toute opération de promotion est aussi délicate car elle peut avoir pour effet de raviver la mémoire des accidents et de 346 vies perdues.

Confiance des pilotes

Mais le temps passant, les craintes devraient s'estomper, prédisent les analystes.

« Rappelez-vous du DC 10, qui a connu plusieurs accidents tragiques dans les années 1970 », souligne M. Harteveldt. « McDonnell Douglas, qui fabriquait l'appareil, a procédé à de nombreux changements (...) et le DC 10 a finalement volé pendant environ 45 ans sans problème majeur lié à l'avion lui-même. Quand il a été retiré du service, des gens en ont pleuré ».

Paradoxalement, la pandémie peut aider. 

Beaucoup de voyageurs ont actuellement peur de prendre l'avion tout court et le trafic a été beaucoup réduit. 

Quand il reviendra à la normale, le 737 MAX aura engrangé six mois à un an de vol sans accident, les passagers seront rassurés et ne prêteront plus attention au nom de l'appareil, avancent plusieurs analystes. 

Boeing pour l'instant conserve le nom, mais fait aussi régulièrement référence aux divers appareils de la famille en utilisant leur désignation officielle: 737-7, 737-8 ou 737-9. 

La compagnie doit-elle complètement abandonner le terme MAX? Les avis divergent.

Depuis son arrivée à la tête de Boeing en janvier, David Calhoun « a répété que la confiance et la transparence étaient ce dont avait besoin l'entreprise pour regagner des clients », souligne Michael Eisen, analyste pour RBC Capital Markets.

« D'un point de vue marketing, un changement de nom pourrait aider, mais cela irait à l'encontre du message de l'entreprise », ajoute-t-il. « Il serait sans doute plus judicieux de dire: "c'est encore le MAX, on l'a réparé et voici pourquoi il s'agit de l'appareil le plus sûr" ».

Richard Aboulafia, de Teal Group Corporation, ne serait pas étonné pour sa part de voir l'épithète MAX disparaitre progressivement.

« En dehors des spécialistes du secteur, il y a peu de gens qui distinguent vraiment les 737 NG des 737 MAX », remarque-t-il. 

Même son de cloche chez Michel Merluzeau, du cabinet AIR: « 90% des passagers ne savent pas dans quel avion ils mettent les pieds, les gens achètent surtout en fonction du prix, des horaires ou de la fréquence ». 

Le capitaine Jon Weaks, président du syndicat des pilotes de Southwest, est pleinement confiant dans l'appareil. 

« Nous faisons notre propre analyse », explique-t-il à l'AFP. « Si les passagers sont encore hésitants, ils doivent se rappeler que nous mettons nos familles et nos amis dans ces avions que nous pilotons. Si l'un d'entre nous est aux manettes, tout va bien se passer. »

 

 


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.