Des Rohingyas survivants d'une terrible traversée vers l'Indonésie

Des villageois regardent un bateau en bois utilisé par les Rohingyas à Pidie, dans la province d'Aceh, le 27 décembre 2022. (Photo, AFP)
Des villageois regardent un bateau en bois utilisé par les Rohingyas à Pidie, dans la province d'Aceh, le 27 décembre 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 27 décembre 2022

Des Rohingyas survivants d'une terrible traversée vers l'Indonésie

Des villageois regardent un bateau en bois utilisé par les Rohingyas à Pidie, dans la province d'Aceh, le 27 décembre 2022. (Photo, AFP)
  • Leur bateau est le quatrième arrivé en Indonésie en deux mois, mais le Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) a dit craindre qu'un autre navire avec quelque 180 personnes à bord ait sombré dans l'océan Indien
  • «Certains sont morts dans le bateau, environ 26. Nous les avons jetés à la mer», a déclaré Rasyit, un réfugié semblant épuisé, parlant un peu le malais.

LAWEUENG: Dans un refuge de la côte indonésienne, près de 200 réfugiés rohingyas affamés et déshydratés tentaient mardi de reprendre des forces après une terrible traversée au cours de laquelle une vingtaine de leurs compagnons de voyage ont perdu la vie. 

Leur bateau est le quatrième arrivé en Indonésie en deux mois, mais le Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) a dit craindre qu'un autre navire avec quelque 180 personnes à bord ait sombré dans l'océan Indien. 

Arrivés lundi soir sur une plage de la province d'Aceh, à l'Ouest de l'Indonésie dans une embarcation en bois d'une douzaine de mètres, les Rohingyas, dont des dizaines de femmes et d'enfants, ont passé la nuit couchés à même le sol dans une mosquée. 

Le bateau transportait 174 membres de cette minorité persécutée en Birmanie, selon un nouveau comptage des autorités locales. 

Certains avaient du mal à marcher, et nombre d'entre eux ont dû être réhydratés par perfusion après plusieurs semaines passées en mer dans le golfe du Bengale. 

Les équipes médicales de l'Organisation internationale pour les migrations "ont traité des cas de grave déshydratation et malnutrition", a indiqué mardi Louis Hoffmann, le chef de mission en Indonésie. 

Plusieurs réfugiésont rapporté avoir passé plus d'un mois en mer après avoir quitté les camps du Bangladesh qui abritent près d'un million de Rohingyas. 

"Certains sont morts dans le bateau, environ 26. Nous les avons jetés à la mer", a déclaré Rasyit, un réfugié semblant épuisé, parlant un peu le malais. 

"Quand nous avons quitté le Bangladesh, nous avions de l'eau pour 7 jours et 10 jours de nourriture", mais le moteur du navire a cassé au bout d'une semaine et le navire a dérivé plus d'un mois, a ajouté Umar Faruq, un réfugié de 14 ans parlant anglais. 

"La Malaisie ne nous a pas laissé débarquer", affirme le jeune homme qui voyage sans famille. 

Appel à l'aide 

Des centaines de milliers de Rohingyas, minorité à majorité musulmane persécutée en Birmanie, ont fui les exactions de l'armée birmane et cherché asile en 2017 au Bangladesh voisin. Mais le coup d'Etat militaire de 2021 en Birmanie a éloigné toute perspective de retour de ces apatrides hébergés dans d'immenses camps. 

Des milliers d'entre eux risquent chaque année leur vie dans de longs et périlleux voyages en mer, souvent sur des bateaux de fortune, pour tenter d'avoir une vie meilleure en Malaisie ou en Indonésie. 

"Au Bangladesh notre vie est difficile, nous n'avons pas le droit de sortir, les enfants ne peuvent pas aller à l'école", explique Muhammad Taher, un autre réfugié parlant malais. 

L'Onu a lancé en décembre un appel urgent aux pays de la région pour venir en aide à plusieurs bateaux de migrants, sans eau ni nourriture, à la dérive dans l'océan Indien. 

Ann Mayman, la représentante du HCR à Jakarta a adressé "un grand merci à l'Indonésie", "l'un des rares Etats de la région qui respecte les principes humanitaires de base concernant" les réfugiés, dans un message sur Twitter. 

L'Indonésie ne repousse pas les embarcations de Rohingyas à l'inverse de plusieurs autres pays d'Asie du Sud-Est. Mais elle ne les aide pas à débarquer, les bateaux étant amenés par les vents de mousson sur ses plages. 

Quelque 472 réfugiés ont ainsi débarqué à Aceh au cours des deux derniers mois, selon les données du HCR. 

« Nous allons survivre » 

Des réfugiés arrivés dimanche dans un autre bateau transportant 57 passagers ont dit avoir reçu de l'aide des Marines indonésienne et indienne. 

"Nous avons navigué trois jours et le moteur s'est cassé, nous étions à court de nourriture. Après 11 jours, des pêcheurs nous ont donné de la nourriture. Et nous avons rencontré la Marine indienne qui nous aidés à atteindre les eaux indonésiennes", a indiqué Zahid Husein, un réfugié de 18 ans. 

"Quand nous sommes arrivés dans les eaux indonésiennes, j'ai vu des collines, et j'ai pensé que nous allions survivre". 

"Dieu nous a aidé à trouver la Marine indonésienne", remercie le jeune homme qui a dit avoir perdu au moins 5 compagnons de voyage. 

L'Onu craint cependant que d'autres embarcations soient encore en perdition en mer. 

Et si la perte du bateau avec quelque 180 personnes à bord est confirmée, l'année 2022 sera l'une des plus meurtrières pour les Rohingyas avec un bilan dépassant 400 disparus en mer, selon le HCR. 


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com