Le monde en ordre dispersé face à la levée des restrictions sanitaires en Chine

Un passager portant un équipement de protection est vu dans une gare de Pékin, le 28 décembre 2022 (Photo, AFP).
Un passager portant un équipement de protection est vu dans une gare de Pékin, le 28 décembre 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 30 décembre 2022

Le monde en ordre dispersé face à la levée des restrictions sanitaires en Chine

  • Par précaution, les Etats-Unis et plusieurs pays, dont l'Italie et le Japon, ont annoncé qu'ils exigeraient des tests négatifs des passagers provenant de Chine
  • Ces mesures sont «compréhensibles» au vu du manque d'informations fournies par Pékin, a estimé le chef de l'Organisation mondiale de la santé

PÉKIN: Les Etats-Unis ont rejoint un nombre croissant de pays ayant décidé d'imposer des contrôles aux passagers en provenance de Chine, après la levée de ses restrictions sanitaires, des précautions que le chef de l'OMS a jugé "compréhensibles".

Dans la journée, une agence européenne pour la santé, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), a toutefois estimé que la mise en place d'un dépistage dans l'UE serait pour l'heure "injustifié".

Trois ans après l'apparition des premiers cas de coronavirus à Wuhan (centre), la Chine a mis fin sans préavis le 7 décembre à sa politique draconienne dite du "zéro Covid".

Elle a permis depuis 2020 à la population d'être largement protégée du Covid, grâce à des tests de dépistage généralisés, un suivi strict des déplacements mais également des confinements et quarantaines obligatoires dès la découverte de cas.

Ces mesures draconiennes, qui tenaient le pays largement isolé du reste de la planète, ont porté un rude coup à la deuxième économie mondiale et provoqué en novembre des manifestations de mécontentement inhabituelles.

Depuis la levée des restrictions, les hôpitaux chinois sont submergés par une déferlante de malades pour la plupart âgés, et vulnérables car peu ou pas vaccinés.

En dépit du rebond épidémique, les autorités vont cesser le 8 janvier les quarantaines obligatoires à l'arrivée en Chine, et autoriser les Chinois à voyager à l'étranger, après trois ans de frustrations.

Par précaution, les Etats-Unis et plusieurs pays, dont l'Italie et le Japon, ont annoncé qu'ils exigeraient des tests négatifs des passagers provenant de Chine.

Ces mesures sont "compréhensibles" au vu du manque d'informations fournies par Pékin, a estimé le chef de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus.

"En l'absence d'informations complètes venant de Chine, il est compréhensible que des pays prennent les mesures dont ils pensent qu'elles protègeront leurs population", a-t-il déclaré.

Pour l'ECDC, l'introduction d'un dépistage obligatoire de la Covid-19 au sein de l'Union européenne pour les voyageurs arrivant de Chine serait cependant "injustifiée".

Les pays de l'UE "ont des niveaux d'immunisation et de vaccination relativement élevés" et les "variants circulant en Chine circulent déjà dans l'UE", a affirmé l'ECDC dans un communiqué, expliquant qu'une telle mesure n'est pas nécessaire au niveau de l'Union européenne dans son ensemble.

Sans nommer explicitement de pays, Pékin a appelé jeudi à privilégier des mesures "scientifiques" qui n'entravent pas les échanges humains.

«Faits pour salir»

La Chine maintient ses frontières largement fermées aux ressortissants étrangers depuis 2020.

Le pays ne délivre plus de visas touristiques depuis bientôt trois ans et impose une quarantaine obligatoire à l'arrivée. Cette mesure d'isolement sera levée le 8 janvier mais un test de dépistage de moins de 48 heures sera toujours exigé.

En France, le président Emmanuel Macron a "demandé des mesures adaptées de protection" des Français au gouvernement.

A Bruxelles, une réunion informelle convoquée par la Commission européenne, visant à "une approche coordonnée" des Etats membres, n'a pas donné lieu à ce stade à une prise de décisions dans un sens ou un autre.

A l'aéroport international de Pékin-Capitale, la plupart des Chinois interrogés jeudi par l'AFP se montraient compréhensifs à l'égard des mesures prises vis-à-vis de la Chine.

"Chaque nation a ses propres inquiétudes et sa manière de se protéger", estime Huang Hongxu, 21 ans, soulignant que la propagation possible de nouveaux variants était une source de préoccupation.

"Ces mesures ciblant les passagers en provenance de Chine sont temporaires" et justifiées par "l'inquiétude" autour de la réouverture de la Chine, remarque Wu Jing, une Pékinoise.

«Discriminatoire»

Un voyageur a pour sa part qualifié ces mesures d'"inutiles" auprès de l'AFP.

"C'est un peu discriminatoire", souligne Hu, qui n'a pas souhaité donner son nom complet.

En Chine, "notre politique Covid pour les arrivées internationales est appliquée (de la même façon pour tous)", relève le jeune homme de 22 ans. "Pourquoi les autres pays doivent-ils accorder un traitement spécial aux arrivées de Chine?"

Sur le front épidémique en Chine, les hôpitaux luttent contre une recrudescence des cas qui touche le plus durement les personnes âgées.

A Shanghai, des journalistes de l'AFP ont vu jeudi des patients masqués être acheminés sur des civières vers un hôpital de la ville. Dans l'établissement, un malade s'est plaint d'avoir attendu quatre heures pour obtenir des médicaments.

En dépit du contexte, seuls 5.000 nouveaux cas et un décès ont été annoncés jeudi par le Centre chinois pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC). Des chiffres qui ne semblent plus refléter la réalité, les dépistages généralisés n'étant plus obligatoires.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.