Le Brésil et le monde du foot pleurent le «Roi» Pelé

Seul footballeur ayant remporté à trois reprises la Coupe du Monde (1958, 1962 et 1970), Pelé, de son vrai nom Edson Arantes do Nascimento, avait été élu athlète du siècle par le Comité international olympique en 1999. (Photo, AP)
Seul footballeur ayant remporté à trois reprises la Coupe du Monde (1958, 1962 et 1970), Pelé, de son vrai nom Edson Arantes do Nascimento, avait été élu athlète du siècle par le Comité international olympique en 1999. (Photo, AP)
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Publié le Vendredi 30 décembre 2022

Le Brésil et le monde du foot pleurent le «Roi» Pelé

  • Pelé, de son vrai nom Edson Arantes do Nascimento, est mort à 82 ans des suites «de défaillances multiples d'organes»
  • L'annonce de sa mort a provoqué une véritable onde de choc dans le monde entier, avec une pluie d'hommages sur les réseaux sociaux

RIO DE JANEIRO: Du président américain Joe Biden aux étoiles du football comme Neymar, Mbappé ou Messi, le monde entier a rendu hommage jeudi au "Roi" Pelé, première star planétaire du ballon rond, qui a succombé à un cancer du côlon et sera inhumé mardi.

Pelé, de son vrai nom Edson Arantes do Nascimento, est mort à 82 ans des suites "de défaillances multiples d'organes", a annoncé l'hôpital Albert Einstein de Sao Paulo, où il avait été admis il y a exactement un mois.

Une veillée funèbre, ouverte au public, aura lieu lundi et durera 24 heures, au stade du Santos FC, club où l'éternel numéro 10 a brillé de 1956 à 1974.

Un deuil officiel de trois jours a été décrété au Brésil, où Pelé était un véritable monument national.

L'enterrement, mardi, se déroulera en revanche dans l'intimité familiale, après un cortège suivant le cercueil dans les rues de Santos, ville portuaire à 80 km de Sao Paulo qui a décrété un deuil de sept jours.

"Nous t'aimons à l'infini, repose en paix", avait écrit peu avant sur Instagram Kely Nascimento, l'une des filles de Pelé, dont la santé était chancelante ces dernières années.

À l'extérieur de l'hôpital où le triple champion du monde est décédé, des fans ont brandi une banderole où l'on pouvait lire: "Roi Pelé éternel", tandis qu'à la télévision tournaient en boucle des images de ses exploits sportifs.

L'annonce de sa mort a provoqué une véritable onde de choc dans le monde entier, avec une pluie d'hommages sur les réseaux sociaux.

"Il a fait du football un art", a écrit sur Instagram Neymar, son héritier au sein de la sélection brésilienne.

Ses compères du trio d'attaquants vedettes du Paris SG, Kylian Mbappé et Lionel Messi, ont tous deux souhaité au "Roi" de "reposer en paix".

Zagallo, qui fut son coéquipier lors des titres mondiaux du Brésil en 1958 et 1962 puis son sélectionneur lors du sacre de 1970, a salué jeudi sur Instagram la mémoire du "plus grand de tous".

"Jamais il n'y a eu un numéro 10 comme lui", a réagi pour sa part le président élu du Brésil, Luiz Inacio Lula da Silva, qui sera intronisé dimanche. Le président sortant Jair Bolsonaro a pour sa part salué la mémoire de celui qui a "porté le nom du Brésil dans le monde entier".

"Pour un sport qui rapproche les peuples comme aucun autre, le parcours de Pelé, de ses débuts modestes à son statut de légende du football, montre que tout est possible", a tweeté pour sa part Joe Biden depuis la Maison Blanche.

La Fifa, la Confédération brésilienne de football (CBF) et le Santos FC, son club de toujours, lui ont également rendu hommage.

À Rio de Janeiro, le Christ Rédempteur du Corcovado, monument emblématique qui domine la baie, a été illuminé en hommage à Pelé, tout comme le mythique stade Maracana.

"Nous n'aurons plus jamais d'idole comme Pelé. Les joueurs d'aujourd'hui, comme Neymar, n'ont pas la même maturité", a dit à l'AFP Osnir Nogueira de Moraes, 46 ans, habitant de Sao Paulo, où le visage du "Roi" a été projeté sur un immeuble de la célèbre avenue Paulista.

 

Pelé en bref

Nom: Arantes do Nascimento

Prénom: Edson

Surnom: Pelé

Date de naissance: 23 octobre 1940 (82 ans)

Lieu de naissance: Tres Coraçoes (Brésil)

Taille: 1,72 m

Sport/poste: football/meneur de jeu

Clubs successifs: Santos (BRA/1956-1974), New York Cosmos (USA/1975-1977)

Sélections: 92 (77 buts)

1re sélection: 07/07/1957, Brésil-Argentine (1-2)

Dernière sélection: 18/07/1971, Brésil-Yougoslavie (2-2)

Palmarès en sélection

Trois Coupes du monde (1958, 1962, 1970)

Vice-champion de la Copa America (1959)

Palmarès en club

Deux Coupes Intercontinentales (1962, 1963)

Deux Copa Libertadores (1962, 1963)

Dix Championnats de Sao Paulo (1958, 1960, 1961, 1962, 1964, 1965, 1967, 1968, 1969, 1973)

Onze fois meilleur buteur du Championnat de Sao Paulo: 1957 (17 buts), 1958 (58), 1959 (46), 1960 (32), 1961 (47), 1962 (37), 1963 (22), 1964 (34), 1965 (49), 1969 (26), 1973 (11)

Cinq Coupes du Brésil (1961, 1962, 1963, 1964, 1965)

Un Championnat des Etats-Unis (1977)

Records:

. Unique joueur triple champion du monde

. Plus jeune champion du monde et plus jeune buteur en finale de Coupe du monde (17 ans en 1958)

. 1.281 buts en 1.363 matches, record mondial incluant des matches amicaux et homologué par la Fifa

. Meilleur buteur de l'histoire de l'équipe du Brésil à égalité avec Neymar (77 buts)

. 58 buts dans le Championnat de l'Etat de Sao Paulo pour la saison 1958

. Auteur de 6 quintuplés, 30 quadruplés et 92 triplés dans sa carrière

. 1.000e but marqué le 19/11/1969 au Maracana (Santos - Vasco de Gama). A la 78e minute, penalty, but de Pelé. Le match est interrompu, Pelé fait un tour d'honneur et revient sur la pelouse avec un maillot frappé du n°1000.

Distinctions:

Elu athlète du siècle par le Comité international olympique (1999)

Elu footballeur du siècle par la Fifa (2000)

Ballon d'Or d'honneur (remis en janvier 2014)

Athlète du siècle

Seul footballeur ayant remporté à trois reprises la Coupe du monde (1958, 1962 et 1970), Pelé avait été élu athlète du siècle par le Comité international olympique en 1999.

Aucun joueur n'a fait autant trembler les filets: 1.281 buts en 1.363 matches sous les maillots de Santos - son club au Brésil (1956-74) -, de la Seleçao et du Cosmos de New York (1975-77).

Mais au-delà des chiffres, Pelé restera dans les mémoires comme le "Roi" qui a révolutionné son sport.

Ce dribbleur de génie a été le précurseur du football moderne, avec une qualité technique exceptionnelle conjuguée à des capacités athlétiques hors norme en dépit de sa taille modeste (1,72 m).

Pelé était aussi un grand émotif, comme l'attestent les images en noir et blanc du gamin de 17 ans éclatant en sanglots après avoir décroché le premier de ses trois titres mondiaux, en 1958, en Suède.

En 1970, lors du premier Mondial retransmis en couleurs par les chaînes de télévision, c'est avec un sourire radieux que le Roi, au sommet de son art, avait fêté le triplé historique, au sein d'une équipe que beaucoup considèrent comme la plus talentueuse de tous les temps.

Pelé a également empilé les titres avec le Santos FC - avec qui il a signé son premier contrat professionnel à 15 ans seulement -, soulevant notamment deux coupes intercontinentales consécutives, contre Benfica (1962) et le Milan AC (1963).

«Un seul rein, trois coeurs»

Né le 23 octobre 1940 dans une famille pauvre à Tres Coraçoes, petite ville du Minas Gerais (sud-est) entourée de plantations de café, le petit Edson doit vendre des cacahuètes dans la rue pour aider ses parents.

Son prénom a été choisi en hommage à Thomas Edison, inventeur de l'ampoule électrique.

Que de chemin parcouru pour celui qui était reçu comme un chef d'État lors de tournées de matches amicaux à l'étranger avec Santos ou avec la Seleçao.

Son règne s'est aussi prolongé en dehors des terrains, avec des rôles au cinéma, des chansons enregistrées et même un poste de ministre des Sports (1995-1998).

Contrairement à l'éternel rebelle Maradona, il a souvent été perçu au Brésil comme un homme proche du pouvoir établi, y compris pendant la dictature militaire (1964-1985).

Parfois jugé hautain et vaniteux, Pelé n'était pas toujours prophète en son pays, contrairement à des héros au destin tragique comme le footballeur Garrincha ou le pilote automobile Ayrton Senna.

«Il a fait du football un art»: Les réactions du monde du football et de personnalités à la mort de Pelé

RÉACTIONS DU MONDE SPORTIF

. Zagallo (coéquipier de Pelé lors des titres mondiaux du Brésil en 1958 et 1962 et sélectionneur du Brésil lors du sacre de 1970, sur Instagram): "Il est le plus grand de tous (...) Mon ami, avec qui j'ai partagé tant d'histoires, de victoires et de titres, laisse un héritage éternel et inoubliable."

. Franz Beckenbauer (ancien international allemand et coéquipier de Pelé au Cosmos de New York, dans un communiqué diffusé par le Bayern Munich, dont il est le président honoraire): "Le football a perdu aujourd'hui le plus grand de son histoire, et moi un ami unique. Je suis parti aux Etats-Unis en 1977, car je voulais vraiment jouer aux côtés de Pelé au Cosmos de New York. Cette période à ses côtés fut l'une des plus belles expériences de ma carrière (...) Le football t'appartiendra à jamais. Repose en paix."

. Neymar (international brésilien et joueur du Paris SG, sur Instagram): "Avant Pelé, le football était juste un sport. Pelé a tout changé, il a fait du football un art (...), il a donné une voix aux pauvres, aux Noirs, et surtout: il a donné de la visibilité au Brésil (...) Il n'est plus là, mais sa magie va perdurer."

. Cristiano Ronaldo (international portugais, sur Instagram): "Un simple +au revoir+ à l'éternel roi Pelé ne suffira jamais à exprimer la douleur que le monde du football entier ressent actuellement. Une inspiration pour tant, une référence hier, aujourd'hui et pour toujours. L'affection dont il a toujours fait preuve à mon égard a été réciproque dans tous les moments, même à distance."

. Kylian Mbappé (international français, champion du monde 2018 et joueur du Paris SG, sur Twitter): "Le roi du football nous a quittés, mais son héritage ne sera jamais oublié, repose en paix, Roi."

. Lionel Messi (champion du monde argentin et joueur du Paris SG, sur Instagram): "Repose en paix, Pelé", en légende de trois photos, deux côte à côte et une autre de Pelé lors de la Coupe du monde de 1970.

. Ronaldo (ancien international brésilien et champion du monde 2002, sur Instagram): "Unique. Génial. Technicien. Créatif. Parfait. Inégalé (...) Le meilleur de tous les temps. Le monde est en deuil. C'est un mélange de tristesse et de fierté immense pour l'histoire qu'il a écrite. Quel privilège d'être venu après toi, mon ami. Son héritage transcende les générations."

. Thomas Bach (président du Comité international olympique, sur Twitter): "Avec la mort de Pelé, le monde a perdu une grande icône du sport. Comme j'ai pu en faire moi-même l'expérience, il était un véritable adepte des valeurs de l'olympisme et avait fièrement porté la flamme olympique (lors des Jeux de Rio en 2016, NDLR). Ce fut un privilège de lui décerner l'Ordre olympique."

. La Fédération internationale de football (Fifa, sur son site internet): "L'immortel, à jamais avec nous. Le football et le monde pleurent le roi Pelé. On le surnomme le Roi et son visage est sans doute l'un des plus célèbres de la planète football. Nommé en son temps plus grand joueur du 20e siècle par la FIFA, Pelé s’est taillé une place à la mesure de son immense talent dans la légende du football mondial."

. Gianni Infantino (président de la Fédération internationale de football): "Pelé avait une présence magnétique (...) Aujourd'hui nous pleurons la perte de sa présence physique, mais Pelé avait atteint depuis longtemps l'immortalité et donc il restera parmi nous pour l'éternité".

. Didier Deschamps (sélectionneur de l'équipe de France): "Avec la disparition de Pelé, le football perd l'une de ses plus belles légendes, si ce n'est la plus belle. Comme toutes les légendes, le Roi semblait immortel. Il a fait rêver et continuait à faire rêver des générations et des générations d'amateurs de notre sport. Qui n'a pas rêvé, enfant, d'être Pelé? Avec son numéro 10, il a mis sa virtuosité technique, son audace, sa créativité au service de ses équipes."

. Robert Lewandowski (international polonais et joueur du FC Barcelone, sur Facebook): "Repose en paix, Champion. Le paradis a une nouvelle étoile alors que le monde du football a perdu un héros."

. Geoff Hurst (ancien international anglais, sur Twitter): "J'ai tant de souvenirs de Pelé, sans aucun doute le meilleur joueur de football contre qui j'ai joué (Bobby Moore étant le meilleur joueur aux côtés de qui j'ai joué). Pour moi, Pelé reste le plus grand de tous les temps, je suis fier d'avoir joué sur le même terrain que lui."

. New York Cosmos (club où Pelé a joué de 1975 à 1977): "Pendant trois saisons avec le Cosmos, Pelé a aidé à transformer le paysage national du sport qu'est le football. Son impact durable sur le sport du football est inestimable. Le Cosmos et son Roi (Pelé) n'ont pas seulement débuté une révolution sportive en Amérique, ils ont aussi parcouru le monde pour diffuser la parole du 'beau jeu'."

. Sepp Blatter (ancien président de la Fédération internationale de football): "C'est une très triste nouvelle, Pelé nous a quittés. Le monde pleure le plus grand footballeur de l'histoire et une merveilleuse personne. Il a célébré le football comme aucun autre joueur."

. Zinédine Zidane (ancien international français, sur Instagram): "Eternel Roi Pelé."

. FC Barcelone (sur Twitter): "Le Barça regrette profondément la mort du "Roi" Pelé, l'un des meilleurs joueurs de tous les temps. Avec lui, le football est devenu plus grand. Repose en paix."

. Real Madrid (sur Twitter): "La légende de Pelé restera pour toujours dans la mémoire de tous ceux qui aiment ce sport et son héritage fait de lui l'un des grands mythes du football mondial."

RÉACTIONS DE PERSONNALITÉS

. Luiz Inacio Lula da Silva (président-élu du Brésil, qui prendra ses fonctions dimanche, sur Twitter): "Jamais il n'y a eu un numéro 10 comme lui. Peu de Brésiliens ont porté le nom de notre pays aussi loin que lui."

. Jair Bolsonaro (président sortant du Brésil, sur Twitter): "Pelé a porté le nom du Brésil dans le monde entier. Il a transformé le football en art et en joie."

. Emmanuel Macron (président de la République française, sur Twitter): "Le Jeu. Le Roi. L'Eternité."

. Amélie Oudéa-Castéra (ministre française des Sports et des Jeux olympiques, sur Twitter): "Le Roi Pelé nous a quittés. Sa légende, elle, ne s'éteindra jamais. Il était l’âme du Football. Un champion, un magicien, un génie. Dont le sourire disait tout."

. Joe Biden (président des Etats-Unis, sur Twitter): "Pour un sport qui rapproche les peuples comme aucun autre, le parcours de Pelé, de ses débuts modestes à son statut de légende du football, est une histoire de qui est possible."

. Barack Obama (ancien président des Etats-Unis, sur Twitter): "Pelé était l'un des plus grands joueurs ayant pratiqué ce beau sport. C'était aussi l'un des sportifs les plus connus au monde, il a compris le pouvoir du sport pour rassembler les peuples."

. Bill Clinton (ancien président des Etats-Unis, sur Twitter): "Pelé n'était pas seulement une légende du football, mais il était aussi quelqu'un d'engager dans l'action humanitaire, une icône globale. Il a utilisé son renom pour donner du pouvoir aux enfants issus des milieux défavorisés et inspirer des générations à travers le monde."

. Macky Sall (président du Sénégal, sur Twitter): "Le monde du football vient de perdre son emblème et sa plus grande référence. Par sa virtuosité, son génie et son humanisme, le Roi Pelé a marqué à jamais l’histoire du football."


CIJ: l'impartialité de l'UNRWA suscite de «sérieux doutes» selon les Etats-Unis

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
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  • La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre
  • Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ

LA HAYE: Un représentant des Etats-Unis a fait part mercredi à la Cour internationale de Justice de "sérieux doutes" concernant l'impartialité de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) lors d'audiences consacrées aux obligations humanitaires d'Israël envers les Palestiniens.

"L'impartialité de l'UNRWA suscite de sérieux doutes, du fait d'informations selon lesquelles le Hamas a utilisé les installations de l'UNRWA et que le personnel de l'UNRWA a participé à l'attentat terroriste du 7 octobre contre Israël", a déclaré Josh Simmons, de l'équipe juridique du département d'État américain.

La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre.

Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ.

M. Simmons a déclaré aux juges qu'Israël avait "de nombreuses raisons" de mettre en doute l'impartialité de l'UNRWA.

"Il est clair qu'Israël n'a aucune obligation d'autoriser l'UNRWA à fournir une assistance humanitaire", a-t-il déclaré.

Israël a promulgué une loi interdisant à l'UNRWA, d'opérer sur le sol israélien, après avoir accusé certains membres du personnel d'avoir participé aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché le conflit.

Une série d'enquêtes, dont l'une menée par l'ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, a révélé des "problèmes de neutralité" à l'UNRWA, mais a souligné qu'Israël n'avait pas fourni de preuves de son allégation principale.

Philippe Lazzarini, directeur de l'UNRWA, a déclaré mardi que plus de 50 membres de son personnel à Gaza avaient été maltraités et utilisés comme boucliers humains alors qu'ils étaient détenus par l'armée israélienne.

Lors de sa déposition face à la Cour, Diégo Colas, représentant la France, a appelé Israël à lever "sans délai" son blocage de l'aide vers la bande de Gaza".

"L'ensemble des points de passage doivent être ouverts, le travail des acteurs humanitaires doit être facilité, et le personnel doit être protégé conformément aux droits internationaux", a-t-il déclaré .

"Conséquences mortelles" 

Israël contrôle tous les flux d'aide internationale, vitale pour les 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza frappés par une crise humanitaire sans précédent, et les a interrompus le 2 mars dernier, quelques jours avant l'effondrement d'un fragile cessez-le-feu après 15 mois de combats incessants.

"L'interdiction totale de l'aide et des fournitures humanitaires décrétée par les autorités israéliennes depuis le 2 mars a des conséquences mortelles pour les civils de Gaza", a déclaré dans un communiqué Claire Nicolet, responsable de la réponse d'urgence de l'ONG Médecins sans Frontières dans la bande de Gaza.

"Les autorités israéliennes utilisent l'aide non seulement comme une monnaie d'échange, mais aussi comme une arme de guerre et un moyen de punition collective pour plus de 2 millions de personnes vivant dans la bande de Gaza," a-t-elle ajouté.

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence".

La résolution demande à la CIJ de clarifier les obligations d'Israël concernant la présence de l'ONU, de ses agences, d'organisations internationales ou d'États tiers pour "assurer et faciliter l'acheminement sans entrave des fournitures urgentes essentielles à la survie de la population civile palestinienne".

Les avis consultatifs de la CIJ ne sont pas juridiquement contraignants, mais celui-ci devrait accroître la pression diplomatique sur Israël.

En juillet dernier, la CIJ avait aussi rendu un avis consultatif jugeant "illégale" l'occupation israélienne des Territoires palestiniens, exigeant qu'elle cesse dès que possible.


Après la panne géante, les énergies renouvelables sur le banc des accusés en Espagne

Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
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  • Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne.
  • Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez.

MADRID : L'essor des énergies renouvelables a-t-il fragilisé le réseau électrique espagnol ? Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne, malgré les messages rassurants des autorités.

« Le manque de centrales nucléaires et la multiplication par dix des énergies renouvelables ont mis à terre le réseau électrique », assure en une le quotidien conservateur ABC mercredi matin. « Les alertes sur les renouvelables depuis cinq ans » ont été « ignorées », regrette de son côté El Mundo, également classé à droite.

Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, qui a fait de l'Espagne l'un des champions européens de la transition verte.

Selon le gestionnaire du réseau électrique espagnol REE, le solaire et l'éolien ont représenté en 2024 près de 40 % du mix électrique espagnol. C'est près de deux fois plus qu'en 2014, et près du double également de la part du nucléaire, tombée l'an dernier à 20 %. 

Cette évolution est défendue par l'exécutif, qui s'est engagé à fermer toutes les centrales nucléaires d'ici dix ans, mais elle est source de tensions dans le pays, plusieurs rapports ayant pointé ces derniers mois de possibles risques en l'absence de mesures fortes pour adapter le réseau.

- Une énergie « sûre » ?

Dans son document financier annuel publié fin février, Redeia, la maison-mère de REE, avait ainsi mis en garde contre « la forte pénétration de la production renouvelable sans les capacités techniques nécessaires à un comportement adéquat face aux perturbations ».

Cela pourrait « provoquer des coupures de production », qui « pourraient devenir sévères, allant jusqu'à entraîner un déséquilibre entre la production et la demande, ce qui affecterait significativement l'approvisionnement en électricité » de l'Espagne, avait-elle écrit. 

Un message relayé par l'organisme espagnol de la concurrence (CNMC) dans un rapport de janvier. « À certains moments, les tensions du réseau de transport d'électricité ont atteint des valeurs maximales proches des seuils autorisés, dépassant même ces seuils à certains moments », avait écrit l'organisme.

Après la coupure de lundi, certains experts du secteur se sont interrogés sur un éventuel déséquilibre entre production et demande (difficile à corriger dans un réseau où l'éolien et le solaire ont une place prépondérante) qui aurait pu contribuer à l'effondrement du système électrique espagnol.

Dans un entretien accordé mercredi matin à la radio Cadena Ser, Beatriz Corredor, la présidente de Redeia et REE (l'ex-députée socialiste) a cependant assuré que la production d'énergies renouvelables était « sûre ».

« Relier l'incident si grave de lundi à une pénétration des énergies renouvelables n'est pas vrai, ce n'est pas correct », a-t-elle insisté, en assurant que le rapport de février ne faisait que dresser la liste de risques potentiels, comme l'y oblige la législation. 

- « Ignorance » -

Mardi déjà, Pedro Sánchez avait lui aussi défendu le modèle énergétique mis en œuvre par son gouvernement, rappelant que la cause précise de la panne qui a provoqué le chaos au Portugal et en Espagne durant de longues heures lundi n'était toujours pas connue à ce stade.

« Ceux qui lient cet incident au manque de nucléaire mentent franchement ou démontrent leur ignorance », a assuré le dirigeant socialiste.

« Les centrales nucléaires, loin d'être une solution, ont été un problème » durant la panne, car « il a été nécessaire de rediriger vers elles de grandes quantités d'énergie pour maintenir leurs réacteurs stables », a insisté le chef du gouvernement. 

Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer la panne depuis deux jours, dont celle d'une cyberattaque. Mardi, la justice espagnole a ouvert une enquête pour déterminer si la panne avait été provoquée par un « sabotage informatique » susceptible d'être qualifié de « délit terroriste ».

REE estime cependant que cette hypothèse est peu crédible. « Au vu des analyses que nous avons pu réaliser avec l'aide notamment du Centre national du renseignement espagnol (CNI), nous pouvons écarter un incident de cybersécurité », a ainsi assuré le gestionnaire.

D'après REE, l'équivalent de 60 % de la consommation électrique de l'Espagne, soit 15 gigawatts, a disparu en l'espace de cinq secondes seulement lors de la panne survenue lundi à 12 h 33 (11 h 33 GMT), un phénomène qualifié d'« inédit » et « totalement extraordinaire ».


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
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  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.