Le monde en ordre dispersé face à la levée des restrictions sanitaires en Chine

Des travailleurs portant des masques et des combinaisons de protection aident des voyageurs chinois à quitter le hall d'arrivée de l'aéroport international de Rome-Fiumicino, près de Rome, le 29 décembre 2022, après avoir été testés pour le coronavirus Covid-19. (Photo de Filippo Monteforte / AFP)
Des travailleurs portant des masques et des combinaisons de protection aident des voyageurs chinois à quitter le hall d'arrivée de l'aéroport international de Rome-Fiumicino, près de Rome, le 29 décembre 2022, après avoir été testés pour le coronavirus Covid-19. (Photo de Filippo Monteforte / AFP)
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Publié le Vendredi 30 décembre 2022

Le monde en ordre dispersé face à la levée des restrictions sanitaires en Chine

  • Trois ans après l'apparition des premiers cas de coronavirus à Wuhan (centre), la Chine a mis fin sans préavis le 7 décembre à sa politique draconienne dite du «zéro Covid»
  • Par précaution, les Etats-Unis et plusieurs pays, dont l'Italie, l'Espagne et le Japon, ont annoncé qu'ils exigeraient des tests négatifs des passagers provenant de Chine

PÉKIN : Un nombre croissant de pays, dont les Etats-Unis, plusieurs pays européens et le Japon, ont décidé d'imposer des contrôles aux passagers en provenance de Chine, après la levée de restrictions anti-Covid dans ce pays, des précautions que le chef de l'OMS a jugé «compréhensibles».

Une agence européenne pour la santé, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), a toutefois estimé que la mise en place d'un dépistage dans l'UE serait pour l'heure «injustifié», au vu du niveau d'immunité en Europe et de la présence des mêmes variants du Covid-19 qu'en Chine.

Trois ans après l'apparition des premiers cas de coronavirus à Wuhan (centre), la Chine a mis fin sans préavis le 7 décembre à sa politique draconienne dite du «zéro Covid».

Elle a permis depuis 2020 à la population d'être largement protégée du virus, grâce à des tests de dépistage généralisés, un suivi strict des déplacements mais au prix de confinements et quarantaines obligatoires dès la découverte de cas.

Ces mesures draconiennes, qui tenaient le pays largement isolé du reste de la planète, ont porté un rude coup à la deuxième économie mondiale et provoqué en novembre des manifestations de mécontentement inhabituelles.

Depuis la levée des restrictions, les hôpitaux chinois sont submergés par une déferlante de malades pour la plupart âgés, et vulnérables car peu ou pas vaccinés, tandis que nombre de pharmacies manquent de médicaments contre la fièvre.

- Ouverture et transparence -

En dépit du rebond épidémique, les autorités vont cesser le 8 janvier les quarantaines obligatoires à l'arrivée en Chine, et autoriser les Chinois à voyager à l'étranger, après trois ans de frustrations.

Par précaution, les Etats-Unis et plusieurs pays, dont l'Italie, l'Espagne et le Japon, ont annoncé qu'ils exigeraient des tests négatifs des passagers provenant de Chine.

La Corée du Sud voisine a pris vendredi la même décision, effective jusqu'à «février de l'année prochaine», a indiqué son Premier ministre, Han Duck-soo.

Ces mesures sont «compréhensibles» au vu du manque d'informations fournies par Pékin, a estimé le chef de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus.

«En l'absence d'informations complètes venant de Chine, il est compréhensible que des pays prennent les mesures dont ils pensent qu'elles protègeront leurs population», a-t-il déclaré.

Les autorités sanitaires en Chine ont quant à elle assuré jeudi avoir toujours publié des données «dans une volonté d'ouverture et de transparence», selon des propos cités par l'agence officielle Chine nouvelle.

Vendredi, seuls 5.515 nouveaux cas et un décès ont été annoncés par le Centre chinois pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC). Des chiffres qui ne semblent toutefois plus refléter la réalité, les dépistages généralisés n'étant plus obligatoires.

- «Mesures adaptées» -

La Chine maintient ses frontières largement fermées aux ressortissants étrangers depuis 2020.

Le pays ne délivre plus de visas touristiques depuis bientôt trois ans et impose une quarantaine obligatoire à l'arrivée. Cette mesure d'isolement sera levée le 8 janvier mais un test de dépistage de moins de 48 heures sera toujours exigé.

En France, le président Emmanuel Macron a «demandé des mesures adaptées de protection» des Français au gouvernement.

A Bruxelles, une réunion informelle convoquée par la Commission européenne, visant à «une approche coordonnée» des Etats membres, n'a pas donné lieu à ce stade à une prise de décisions dans un sens ou un autre.

A l'aéroport international de Pékin-Capitale, la plupart des Chinois interrogés jeudi par l'AFP se montraient compréhensifs à l'égard des mesures prises vis-à-vis de la Chine.

- «Inutiles» -

«Chaque nation a ses propres inquiétudes et sa manière de se protéger», estime Huang Hongxu, 21 ans, soulignant que la propagation possible de nouveaux variants était une source de préoccupation.

Un voyageur a pour sa part qualifié ces mesures d'«inutiles» auprès de l'AFP.

«C'est un peu discriminatoire», souligne Hu, qui n'a pas souhaité donner son nom complet.

En Chine, «notre politique Covid pour les arrivées internationales est appliquée (de la même façon pour tous)», relève le jeune homme de 22 ans. «Pourquoi les autres pays traitent spécialement les arrivées de Chine?»

Sur le front épidémique, les hôpitaux luttent contre une recrudescence des cas qui touche le plus durement les personnes âgées.

A Shanghai, des journalistes de l'AFP ont vu jeudi des patients masqués être acheminés sur des civières vers un hôpital de la ville. Dans l'établissement, un malade s'est plaint d'avoir attendu quatre heures pour obtenir des médicaments.

Berlin veut une surveillance des variants du Covid dans les aéroports européens

L'Allemagne a plaidé vendredi pour la mise en place dans les aéroports européens d'un «système de surveillance» de nouveaux variants potentiellement dangereux du Covid-19 face à l'explosion des cas d'infections en Chine, et rejeté à ce stade des tests pour les voyageurs en provenance de ce pays.

Alors que plusieurs pays, dont les Etats-Unis, vont exiger des tests négatifs pour les voyageurs chinois, le ministre de la Santé allemand Karl Lauterbach n'en voit pas l'utilité à ce stade.

«Tous les variants observés jusqu'à présent sont déjà connus», a-t-il argumenté devant la presse à Berlin.

Le ministre social-démocrate s'est en revanche prononcé pour des systèmes de surveillance dans les aéroports européens, qui permettraient de détecter rapidement de nouveaux variants dangereux. «Le contrôle ciblé par exemple de certains avions pourrait jouer un rôle», a-t-il estimé.

Il est «très important que l'Europe agisse ici de manière coordonnée», a-t-il encore jugé, ajoutant qu'il allait s'en entretenir vendredi avec son homologue français.

La fin soudaine ce mois-ci de la politique du «zéro Covid» en Chine, qui devrait favoriser une reprise des voyages à l'étranger des Chinois, est survenue alors que ce pays fait face à la plus importante vague de contaminations au monde.

Plusieurs pays dont l'Italie, l'Espagne, le Japon, la Corée du Sud, Israël, ainsi que les Etats-Unis, ont déjà décidé d'imposer des tests obligatoires à tous les voyageurs venant de Chine.

Jeudi, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) a toutefois estimé qu'elle telle mesure était «injustifiée» dans l'UE.

Les pays de l'UE «ont des niveaux d'immunisation et de vaccination relativement élevés» et les «variants circulant en Chine circulent déjà dans l'UE», a affirmé l'ECDC.

Face à la situation en Chine, l'Espagne suit l'exemple de l'Italie

Confrontée à l'absence de décision au niveau européen et encore marquée par la première vague de Covid en 2020, l'Espagne a suivi l'exemple de l'Italie en devenant vendredi le deuxième pays de l'Union européenne à imposer des contrôles pour les voyageurs en provenance de Chine.

En annonçant la mesure lors d'une conférence de presse à Madrid, la ministre de la Santé, Carolina Darias, a précisé que l'Espagne exigerait de ces voyageurs soit «un test négatif», soit «un schéma complet de vaccination».

Interrogé mercredi, le jour de l'annonce de la décision italienne, le ministère de la Santé avait indiqué à l'AFP que l'Espagne «(suivrait) les décisions communes prises au sein de la Commission européenne et avec le reste des pays de l'Union européenne».

La mesure prise par Madrid a donc sans aucun doute été motivée par le fait que la réunion informelle convoquée jeudi à Bruxelles par la Commission européenne afin de mettre au point «une approche coordonnée» des 27 n'avait débouché sur aucun résultat.

D'autant que le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) estimait dans le même temps qu'un dépistage obligatoire du Covid-19 au sein de l'UE pour les voyageurs arrivant de Chine serait «injustifié» .

«Nous savons l'importance d'agir de manière coordonnée, mais aussi l'importance d'agir avec célérité», a commenté Mme Darias, qui a souligné que Madrid plaiderait au niveau européen pour que l'ensemble des 27 exige des voyageurs venant de Chine la présentation d'un certificat Covid numérique.

- Traumatisme -

On ignorait à quelle date les contrôles décidés par Madrid prendraient effet et s'ils porteraient uniquement sur les passagers des vols directs en provenance de Chine, comme c'est le cas pour l'Italie, ou si les voyageurs avec escale seraient aussi concernés.

Comme ce fut le cas en 2020, les pays européens semblent donc réagir de manière individuelle à la levée brutale des restrictions sanitaires draconiennes en Chine, qui a provoqué une explosion du nombre de cas de Covid dans ce pays.

A cet égard, la réaction de l'Espagne, à l'instar de celle de l'Italie, s'explique par le véritable traumatisme qu'avaient constitué la pandémie de Covid 19 et le confinement très strict, pour ne pas dire impitoyable, mis en place par le gouvernement espagnol entre mars et juin 2020.

Mme Darias a mis en avant le fait que l'Espagne se trouvait aujourd'hui dans une situation «très forte» en matière de vaccination. De fait, 85,9% de la population totale bénéficie d'un schéma de vaccination complet (deux doses), près de 56% ayant reçu au moins une dose de rappel. Des chiffres rares en Europe.

Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le port du masque reste obligatoire dans tous les transports publics en Espagne, et surtout si cette obligation est, à de rares exceptions, respectée à la lettre.

Mais la ministre a souligné que Madrid était préoccupée par «la possibilité que de nouveaux variants non-contrôlés puissent apparaître en Chine».

- «Insuffisante» -

Au 28 décembre, le ministère de espagnol la Santé faisait état de seulement 14.221 nouveaux cas notifiés au cours des sept jours antérieurs et de 88 nouveaux décès pour cette période, pour un total légèrement supérieur à 117.000 morts.

En décidant d'instaurer des contrôles pour les passagers en provenance de Chine, le gouvernement de gauche espagnol a aussi peut-être réagi aux pressions de la région de Madrid, dirigée par le Parti populaire (opposition de droite).

Dès jeudi, la présidente de la communauté régionale de Madrid, Isabel Díaz Ayuso, avait exhorté dans un tweet le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez à prendre des mesures sans tarder à l'aéroport de Madrid-Barajas afin de contrôler les arrivées de Chine.

Elle avait aussi annoncé l'activation des protocoles anti-Covid dans les résidences pour personnes âgées, qui avaient été durement frappées par la pandémie en 2020.

Prenant la parole peu après Mme Darias, le conseiller pour la santé de la communauté de Madrid, Enrique Ruiz Escudero, a estimé vendredi que la mesure annoncée par la ministre était «insuffisante».

Un test anti-Covid devrait être exigé de tous les voyageurs venant de Chine «indépendamment de leur certificat de vaccination», a-t-il dit, soulignant que l'efficacité des vaccins chinois contre le Covid était «extrêmement relative».


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
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  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.


Canada: le libéral Mark Carney donné vainqueur après une campagne centrée sur Trump

Le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Mark Carney, salue ses partisans lors d'une fête de victoire à Ottawa (Ontario), le 29 avril 2025. (AFP)
Le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Mark Carney, salue ses partisans lors d'une fête de victoire à Ottawa (Ontario), le 29 avril 2025. (AFP)
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  • Le Parti libéral de Mark Carney a remporté lundi les législatives canadiennes, selon les projections des médias locaux, après une campagne centrée sur les menaces du président américain Donald Trump contre le pays
  • Toutefois, selon des résultats encore préliminaires, les libéraux pourraient rester minoritaires au Parlement et seraient donc contraints de gouverner avec l'appui d'un autre parti

OTTAWA: Le Parti libéral de Mark Carney a remporté lundi les législatives canadiennes, selon les projections des médias locaux, après une campagne centrée sur les menaces du président américain Donald Trump contre le pays.

Toutefois, selon des résultats encore préliminaires, les libéraux pourraient rester minoritaires au Parlement et seraient donc contraints de gouverner avec l'appui d'un autre parti.

Il y a quelques mois encore, la voie semblait toute tracée pour permettre aux conservateurs canadiens emmenés par Pierre Poilievre de revenir aux affaires, après dix ans de pouvoir de Justin Trudeau.

Mais le retour de Donald Trump à la Maison Blanche et son offensive inédite contre le Canada, à coups de droits de douane et de menaces d'annexion, ont changé la donne.

A Ottawa, où les libéraux sont réunis pour la soirée électorale dans une aréna de hockey, l'annonce des résultats a provoqué une salve d'applaudissements et des cris enthousiastes.

"Je suis si heureuse", lâche sur place Dorothy Goubault, originaire de la région des Mille Iles en Ontario. "Je suis contente car nous avons quelqu'un qui peut parler à M. Trump à son niveau. M. Trump est un homme d'affaires. M. Carney est un homme d'affaires, et je pense qu'ils peuvent tous les deux se comprendre".

Pour le ministre Steven Guilbeault, "les nombreuses attaques du président Trump sur l'économie canadienne, mais aussi sur notre souveraineté et notre identité même, ont vraiment mobilisé les Canadiens", a-t-il déclaré sur la chaine publique CBC.

Et les électeurs "ont vu que le Premier ministre Carney avait de l'expérience sur la scène mondiale".

Mark Carney n'avait pas encore pris la parole à minuit locales (04H00 GMT), tandis que se poursuivait le dépouillement.

Dans les longues files devant les bureaux de vote toute la journée, les électeurs ont souligné l'importance de ce scrutin, parlant d'élections historiques et déterminantes pour l'avenir de ce pays de 41 millions d'habitants.

- "Chaos" -

À 60 ans, Mark Carney, novice en politique mais économiste reconnu, a su convaincre une population inquiète pour l'avenir économique et souverain du pays qu'il était la bonne personne pour piloter le pays en ces temps troublés.

Cet ancien gouverneur de la banque du Canada et de Grande-Bretagne n'a cessé de rappeler pendant la campagne que la menace américaine est réelle pour le Canada.

"Ils veulent nos ressources, notre eau. Les Américains veulent notre pays", a-t-il prévenu.

"Le chaos est entré dans nos vies. C'est une tragédie, mais c'est aussi une réalité. La question clé de cette élection est de savoir qui est le mieux placé pour s'opposer au président Trump?", a-t-il expliqué pendant la campagne.

Pour faire face, il a promis de maintenir des droits de douane sur les produits américains tant que les mesures de Washington seront en place.

Mais aussi de développer le commerce au sein de son pays en levant les barrières douanières entre provinces et de chercher de nouveaux débouchés, notamment en Europe.

En face, le chef conservateur, qui avait promis des baisses d'impôts et des coupes dans les dépenses publiques, n'a pas réussi à convaincre les électeurs de ce pays du G7, 9e puissance mondiale, de tourner le dos aux libéraux.

Pierre Poilievre aura aussi souffert jusqu'au bout de la proximité, de par son style et certaines de ses idées, avec le président américain, ce qui lui a aliéné une partie de l'électorat, selon les analystes.

Au QG des conservateurs à Ottawa, Jason Piche se dit toutefois "surpris" des résultats, "je pensais que ce serait plus serré que ça".

Un peu plus loin, Jean-Guy Bourguignon, homme d'affaires de 59 ans, se dit carrément "très triste". "Est-ce que c'est vraiment ça le pays dans lequel nous voulons vivre?", demande-t-il alors qu'il énumère les politiques des libéraux, qu'il juge liberticides.

Près de 29 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes dans ce vaste pays du G7 qui s'étend sur six fuseaux horaires. Et plus de 7,3 millions de personnes avaient voté par anticipation, un record.


Ukraine: Poutine annonce une trêve du 8 au 10 mai, «tentative de «manipulation»» répond Zelensky

Le président russe Vladimir Poutine prononce un discours lors d'une réunion du Conseil des législateurs à Saint-Pétersbourg, le 28 avril 2025. (AFP)
Le président russe Vladimir Poutine prononce un discours lors d'une réunion du Conseil des législateurs à Saint-Pétersbourg, le 28 avril 2025. (AFP)
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  • Le président russe Vladimir Poutine a annoncé lundi une trêve sur le front en Ukraine durant trois jours du 8 au 10 mai
  • Son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky denonçant une "tentative de manipulation"

MOSCOU: Le président russe Vladimir Poutine a annoncé lundi une trêve sur le front en Ukraine durant trois jours du 8 au 10 mai, à l'occasion de la commémoration de la victoire sur l'Allemagne nazie, son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky denonçant une "tentative de manipulation".

Le président américain Donald Trump exhorte Kiev et Moscou à conclure un cessez-le-feu et un accord de paix, trois ans après le début de l'offensive russe ayant déjà fait des dizaines de milliers de morts civils et militaires.

"A partir de minuit entre le 7 et le 8 mai, et jusqu'à minuit entre le 10 et le 11 mai, la partie russe annonce un cessez-le-feu", a indiqué le Kremlin dans un communiqué. "Pendant cette période, toutes les opérations de combat seront arrêtées".

D'après la présidence russe, Vladimir Poutine a pris cette décision unilatérale "pour des raisons humanitaires" et à l'occasion des célébrations du 80e anniversaire de la victoire sur l'Allemagne nazie.

Pour M. Zelensky, au contraire, "il y a désormais une nouvelle tentative de manipulation". "Pour une raison, a-t-il dit dans son adresse quotidienne, tout le monde doit attendre le 8 mai et ne cesser le feu qu'ensuite pour garantir le silence" lors de la parade du 9 mai sur la place Rouge à Moscou.

La Russie commémore le 9 mai cet événement dont Vladimir Poutine a fait un marqueur essentiel de la puissance retrouvée du pays. Les dirigeants d'une vingtaine de pays sont attendus pour un défilé militaire en grande pompe sur la place Rouge à Moscou.

Le Kremlin a dit considérer que l'Ukraine "devrait suivre cet exemple", tout en prévenant que les forces russes "fourniront une réponse adéquate et efficace" en cas de violation de la trêve.

Vladimir Poutine avait déjà déclaré un bref cessez-le-feu de 30 heures les 19 et 20 avril à l'occasion de Pâques. Les deux camps s'étaient ensuite accusés de l'avoir violé, même si une baisse de l'intensité des combats avait été ressentie dans plusieurs secteurs du front.

"Accroître la pression sur la Russie"

La Maison Blanche a soutenu lundi que Donald Trump souhaitait un cessez-le-feu "permanent" en Ukraine et pas seulement une trêve temporaire.

Les Etats-Unis, jusque-là le premier soutien de l'Ukraine, veulent tourner la page aussi vite que possible quitte, craint Kiev, à accepter des dispositions très favorables à Moscou.

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a dit dimanche à son homologue russe, Sergueï Lavrov, qu'il était temps de mettre fin à une "guerre insensée" en Ukraine, selon un communiqué lundi.

De son côté, le président français Emmanuel Macron a affirmé que "dans les huit à dix jours prochains, nous allons accroître la pression sur la Russie", dans un entretien publié par le magazine Paris Match.

Il a estimé avoir "convaincu les Américains de la possibilité d’une escalade des menaces, et potentiellement de sanctions" contre Moscou.

Conditions maximalistes de Poutine 

La Russie maintient des conditions maximalistes concernant l'Ukraine, dont elle veut la reddition et le renoncement à rejoindre l'Otan, tout en s'assurant de pouvoir garder les territoires ukrainiens annexés.

La reconnaissance internationale de l'annexion russe de la Crimée et de quatre autres régions ukrainiennes est une condition "impérative" à la paix, a encore martelé lundi le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.

La Russie a annexé la péninsule ukrainienne de Crimée en mars 2014, ce que la communauté internationale, Etats-Unis compris, n'a jamais reconnu.

En septembre 2022, quelques mois après le déclenchement de son assaut à grande échelle, elle a aussi revendiqué l'annexion de quatre régions ukrainiennes qu'elle occupe partiellement, celles de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia.

La Russie, qui a l'avantage sur le front, a revendiqué lundi la prise de Kamyanka, un village de la région de Kharkiv, dans le nord-est de l'Ukraine.

La Corée du Nord a pour la première fois reconnu lundi avoir envoyé des troupes en Russie et qu'elles avaient aidé Moscou à reprendre aux Ukrainiens les zones de la région de Koursk dont ils s'étaient emparés.

Trois personnes ont par ailleurs été tuées lundi dans une attaque russe contre un village de la région de Donetsk (est), selon les services du procureur régional.