Le monde en ordre dispersé face à la levée des restrictions sanitaires en Chine

Des travailleurs portant des masques et des combinaisons de protection aident des voyageurs chinois à quitter le hall d'arrivée de l'aéroport international de Rome-Fiumicino, près de Rome, le 29 décembre 2022, après avoir été testés pour le coronavirus Covid-19. (Photo de Filippo Monteforte / AFP)
Des travailleurs portant des masques et des combinaisons de protection aident des voyageurs chinois à quitter le hall d'arrivée de l'aéroport international de Rome-Fiumicino, près de Rome, le 29 décembre 2022, après avoir été testés pour le coronavirus Covid-19. (Photo de Filippo Monteforte / AFP)
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Publié le Vendredi 30 décembre 2022

Le monde en ordre dispersé face à la levée des restrictions sanitaires en Chine

  • Trois ans après l'apparition des premiers cas de coronavirus à Wuhan (centre), la Chine a mis fin sans préavis le 7 décembre à sa politique draconienne dite du «zéro Covid»
  • Par précaution, les Etats-Unis et plusieurs pays, dont l'Italie, l'Espagne et le Japon, ont annoncé qu'ils exigeraient des tests négatifs des passagers provenant de Chine

PÉKIN : Un nombre croissant de pays, dont les Etats-Unis, plusieurs pays européens et le Japon, ont décidé d'imposer des contrôles aux passagers en provenance de Chine, après la levée de restrictions anti-Covid dans ce pays, des précautions que le chef de l'OMS a jugé «compréhensibles».

Une agence européenne pour la santé, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), a toutefois estimé que la mise en place d'un dépistage dans l'UE serait pour l'heure «injustifié», au vu du niveau d'immunité en Europe et de la présence des mêmes variants du Covid-19 qu'en Chine.

Trois ans après l'apparition des premiers cas de coronavirus à Wuhan (centre), la Chine a mis fin sans préavis le 7 décembre à sa politique draconienne dite du «zéro Covid».

Elle a permis depuis 2020 à la population d'être largement protégée du virus, grâce à des tests de dépistage généralisés, un suivi strict des déplacements mais au prix de confinements et quarantaines obligatoires dès la découverte de cas.

Ces mesures draconiennes, qui tenaient le pays largement isolé du reste de la planète, ont porté un rude coup à la deuxième économie mondiale et provoqué en novembre des manifestations de mécontentement inhabituelles.

Depuis la levée des restrictions, les hôpitaux chinois sont submergés par une déferlante de malades pour la plupart âgés, et vulnérables car peu ou pas vaccinés, tandis que nombre de pharmacies manquent de médicaments contre la fièvre.

- Ouverture et transparence -

En dépit du rebond épidémique, les autorités vont cesser le 8 janvier les quarantaines obligatoires à l'arrivée en Chine, et autoriser les Chinois à voyager à l'étranger, après trois ans de frustrations.

Par précaution, les Etats-Unis et plusieurs pays, dont l'Italie, l'Espagne et le Japon, ont annoncé qu'ils exigeraient des tests négatifs des passagers provenant de Chine.

La Corée du Sud voisine a pris vendredi la même décision, effective jusqu'à «février de l'année prochaine», a indiqué son Premier ministre, Han Duck-soo.

Ces mesures sont «compréhensibles» au vu du manque d'informations fournies par Pékin, a estimé le chef de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus.

«En l'absence d'informations complètes venant de Chine, il est compréhensible que des pays prennent les mesures dont ils pensent qu'elles protègeront leurs population», a-t-il déclaré.

Les autorités sanitaires en Chine ont quant à elle assuré jeudi avoir toujours publié des données «dans une volonté d'ouverture et de transparence», selon des propos cités par l'agence officielle Chine nouvelle.

Vendredi, seuls 5.515 nouveaux cas et un décès ont été annoncés par le Centre chinois pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC). Des chiffres qui ne semblent toutefois plus refléter la réalité, les dépistages généralisés n'étant plus obligatoires.

- «Mesures adaptées» -

La Chine maintient ses frontières largement fermées aux ressortissants étrangers depuis 2020.

Le pays ne délivre plus de visas touristiques depuis bientôt trois ans et impose une quarantaine obligatoire à l'arrivée. Cette mesure d'isolement sera levée le 8 janvier mais un test de dépistage de moins de 48 heures sera toujours exigé.

En France, le président Emmanuel Macron a «demandé des mesures adaptées de protection» des Français au gouvernement.

A Bruxelles, une réunion informelle convoquée par la Commission européenne, visant à «une approche coordonnée» des Etats membres, n'a pas donné lieu à ce stade à une prise de décisions dans un sens ou un autre.

A l'aéroport international de Pékin-Capitale, la plupart des Chinois interrogés jeudi par l'AFP se montraient compréhensifs à l'égard des mesures prises vis-à-vis de la Chine.

- «Inutiles» -

«Chaque nation a ses propres inquiétudes et sa manière de se protéger», estime Huang Hongxu, 21 ans, soulignant que la propagation possible de nouveaux variants était une source de préoccupation.

Un voyageur a pour sa part qualifié ces mesures d'«inutiles» auprès de l'AFP.

«C'est un peu discriminatoire», souligne Hu, qui n'a pas souhaité donner son nom complet.

En Chine, «notre politique Covid pour les arrivées internationales est appliquée (de la même façon pour tous)», relève le jeune homme de 22 ans. «Pourquoi les autres pays traitent spécialement les arrivées de Chine?»

Sur le front épidémique, les hôpitaux luttent contre une recrudescence des cas qui touche le plus durement les personnes âgées.

A Shanghai, des journalistes de l'AFP ont vu jeudi des patients masqués être acheminés sur des civières vers un hôpital de la ville. Dans l'établissement, un malade s'est plaint d'avoir attendu quatre heures pour obtenir des médicaments.

Berlin veut une surveillance des variants du Covid dans les aéroports européens

L'Allemagne a plaidé vendredi pour la mise en place dans les aéroports européens d'un «système de surveillance» de nouveaux variants potentiellement dangereux du Covid-19 face à l'explosion des cas d'infections en Chine, et rejeté à ce stade des tests pour les voyageurs en provenance de ce pays.

Alors que plusieurs pays, dont les Etats-Unis, vont exiger des tests négatifs pour les voyageurs chinois, le ministre de la Santé allemand Karl Lauterbach n'en voit pas l'utilité à ce stade.

«Tous les variants observés jusqu'à présent sont déjà connus», a-t-il argumenté devant la presse à Berlin.

Le ministre social-démocrate s'est en revanche prononcé pour des systèmes de surveillance dans les aéroports européens, qui permettraient de détecter rapidement de nouveaux variants dangereux. «Le contrôle ciblé par exemple de certains avions pourrait jouer un rôle», a-t-il estimé.

Il est «très important que l'Europe agisse ici de manière coordonnée», a-t-il encore jugé, ajoutant qu'il allait s'en entretenir vendredi avec son homologue français.

La fin soudaine ce mois-ci de la politique du «zéro Covid» en Chine, qui devrait favoriser une reprise des voyages à l'étranger des Chinois, est survenue alors que ce pays fait face à la plus importante vague de contaminations au monde.

Plusieurs pays dont l'Italie, l'Espagne, le Japon, la Corée du Sud, Israël, ainsi que les Etats-Unis, ont déjà décidé d'imposer des tests obligatoires à tous les voyageurs venant de Chine.

Jeudi, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) a toutefois estimé qu'elle telle mesure était «injustifiée» dans l'UE.

Les pays de l'UE «ont des niveaux d'immunisation et de vaccination relativement élevés» et les «variants circulant en Chine circulent déjà dans l'UE», a affirmé l'ECDC.

Face à la situation en Chine, l'Espagne suit l'exemple de l'Italie

Confrontée à l'absence de décision au niveau européen et encore marquée par la première vague de Covid en 2020, l'Espagne a suivi l'exemple de l'Italie en devenant vendredi le deuxième pays de l'Union européenne à imposer des contrôles pour les voyageurs en provenance de Chine.

En annonçant la mesure lors d'une conférence de presse à Madrid, la ministre de la Santé, Carolina Darias, a précisé que l'Espagne exigerait de ces voyageurs soit «un test négatif», soit «un schéma complet de vaccination».

Interrogé mercredi, le jour de l'annonce de la décision italienne, le ministère de la Santé avait indiqué à l'AFP que l'Espagne «(suivrait) les décisions communes prises au sein de la Commission européenne et avec le reste des pays de l'Union européenne».

La mesure prise par Madrid a donc sans aucun doute été motivée par le fait que la réunion informelle convoquée jeudi à Bruxelles par la Commission européenne afin de mettre au point «une approche coordonnée» des 27 n'avait débouché sur aucun résultat.

D'autant que le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) estimait dans le même temps qu'un dépistage obligatoire du Covid-19 au sein de l'UE pour les voyageurs arrivant de Chine serait «injustifié» .

«Nous savons l'importance d'agir de manière coordonnée, mais aussi l'importance d'agir avec célérité», a commenté Mme Darias, qui a souligné que Madrid plaiderait au niveau européen pour que l'ensemble des 27 exige des voyageurs venant de Chine la présentation d'un certificat Covid numérique.

- Traumatisme -

On ignorait à quelle date les contrôles décidés par Madrid prendraient effet et s'ils porteraient uniquement sur les passagers des vols directs en provenance de Chine, comme c'est le cas pour l'Italie, ou si les voyageurs avec escale seraient aussi concernés.

Comme ce fut le cas en 2020, les pays européens semblent donc réagir de manière individuelle à la levée brutale des restrictions sanitaires draconiennes en Chine, qui a provoqué une explosion du nombre de cas de Covid dans ce pays.

A cet égard, la réaction de l'Espagne, à l'instar de celle de l'Italie, s'explique par le véritable traumatisme qu'avaient constitué la pandémie de Covid 19 et le confinement très strict, pour ne pas dire impitoyable, mis en place par le gouvernement espagnol entre mars et juin 2020.

Mme Darias a mis en avant le fait que l'Espagne se trouvait aujourd'hui dans une situation «très forte» en matière de vaccination. De fait, 85,9% de la population totale bénéficie d'un schéma de vaccination complet (deux doses), près de 56% ayant reçu au moins une dose de rappel. Des chiffres rares en Europe.

Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le port du masque reste obligatoire dans tous les transports publics en Espagne, et surtout si cette obligation est, à de rares exceptions, respectée à la lettre.

Mais la ministre a souligné que Madrid était préoccupée par «la possibilité que de nouveaux variants non-contrôlés puissent apparaître en Chine».

- «Insuffisante» -

Au 28 décembre, le ministère de espagnol la Santé faisait état de seulement 14.221 nouveaux cas notifiés au cours des sept jours antérieurs et de 88 nouveaux décès pour cette période, pour un total légèrement supérieur à 117.000 morts.

En décidant d'instaurer des contrôles pour les passagers en provenance de Chine, le gouvernement de gauche espagnol a aussi peut-être réagi aux pressions de la région de Madrid, dirigée par le Parti populaire (opposition de droite).

Dès jeudi, la présidente de la communauté régionale de Madrid, Isabel Díaz Ayuso, avait exhorté dans un tweet le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez à prendre des mesures sans tarder à l'aéroport de Madrid-Barajas afin de contrôler les arrivées de Chine.

Elle avait aussi annoncé l'activation des protocoles anti-Covid dans les résidences pour personnes âgées, qui avaient été durement frappées par la pandémie en 2020.

Prenant la parole peu après Mme Darias, le conseiller pour la santé de la communauté de Madrid, Enrique Ruiz Escudero, a estimé vendredi que la mesure annoncée par la ministre était «insuffisante».

Un test anti-Covid devrait être exigé de tous les voyageurs venant de Chine «indépendamment de leur certificat de vaccination», a-t-il dit, soulignant que l'efficacité des vaccins chinois contre le Covid était «extrêmement relative».


Des milliers de morts cet été en Europe à cause du changement climatique, avancent des chercheurs

Plus de 15.000 morts pourraient être attribuées au changement climatique à l'issue de cet été dans les principales villes européennes, avancent des chercheurs dans un travail encore préalable mais dont l'intérêt a été salué par d'autres scientifiques. (AFP)
Plus de 15.000 morts pourraient être attribuées au changement climatique à l'issue de cet été dans les principales villes européennes, avancent des chercheurs dans un travail encore préalable mais dont l'intérêt a été salué par d'autres scientifiques. (AFP)
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  • Il s'agit de la première estimation de si grande ampleur sur les impacts sanitaires d'un été marqué en Europe par des températures particulièrement élevées
  • Plusieurs canicules ont été observées et l'été s'est révélé le plus chaud jamais enregistré dans plusieurs pays, comme l'Espagne, le Portugal et le Royaume-Uni

PARIS: Plus de 15.000 morts pourraient être attribuées au changement climatique à l'issue de cet été dans les principales villes européennes, avancent des chercheurs dans un travail encore préalable mais dont l'intérêt a été salué par d'autres scientifiques.

"Centrée sur 854 villes européennes, cette étude conclut que le changement climatique est à l'origine de 68% des 24.400 morts qui seraient liées à la chaleur cet été", souligne mercredi le communiqué des deux instituts britanniques auxquels appartiennent les auteurs, l'Imperial College London et la London School of Hygiene & Tropical Medicine.

Ils concluent donc qu'entre 15.013 et 17.864 décès liés cet été à la chaleur n'auraient pas eu lieu sans le réchauffement climatique, dans ces villes qui ne représentent par ailleurs qu'un petit tiers de la population européenne.

Il s'agit de la première estimation de si grande ampleur sur les impacts sanitaires d'un été marqué en Europe par des températures particulièrement élevées. Plusieurs canicules ont été observées et l'été s'est révélé le plus chaud jamais enregistré dans plusieurs pays, comme l'Espagne, le Portugal et le Royaume-Uni.

Or, les effets sur la santé des chaleurs sont bien connus: aggravation des troubles cardiovasculaires, déshydratation, troubles du sommeil... Et les plus âgés sont, de loin, les plus à risque d'en mourir.

"Il suffit que les canicules soient plus chaudes de 2 à 4°C pour que des milliers de personnes passent de vie à trépas", a souligné Garyfallos Konstantinoudis, co-auteur de l'étude, lors d'une conférence de presse, qualifiant les pics de chaleur de "tueurs silencieux".


Gaza: une commission de l'ONU accuse Israël de «génocide»

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  • La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien,
  • "La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport

GENEVE: Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre et d'autres responsables israéliens.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien, a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

"La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport.

Israël a "rejeté catégoriquement" ce "rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate" de la commission, a réagi son ministère des Affaires étrangères.

Sa publication intervient près de deux ans après le début de la guerre, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël. Depuis, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a juré de détruire le mouvement islamiste qui a pris le pouvoir en 2007 à Gaza.

La commission d'enquête a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

"Intention de détruire" 

"Il est clair qu'il existe une intention de détruire les Palestiniens à Gaza par des actes répondant aux critères énoncés dans la Convention sur le génocide", a relevé dans un communiqué Mme Pillay, qui fut présidente du Tribunal pénal international pour le Rwanda et juge à la Cour pénale internationale (CPI).

Les plus hauts dirigeants israéliens "ont orchestré une campagne génocidaire", a ajouté la Sud-Africaine de 83 ans, ancienne Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme.

La commission n'est pas une instance juridique mais ses rapports peuvent accroître la pression diplomatique et servent à recueillir des preuves que les tribunaux peuvent utiliser.

La commission a conclu un accord de coopération avec la Cour pénale internationale (CPI) avec laquelle "nous avons partagé des milliers d'informations", a expliqué Mme Pillay à l'AFP.

"La communauté internationale ne peut rester silencieuse face à la campagne génocidaire lancée par Israël contre le peuple palestinien à Gaza. Lorsque des signes et des preuves manifestes de génocide apparaissent, l'absence d'action pour y mettre fin équivaut à une complicité", a souligné Mme Pillay.

La campagne de représailles militaires dans le territoire palestinien a fait près de 65.000 morts, selon des données du ministère de la Santé de la bande de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas, données jugées fiables par l'ONU.

Depuis le début de la guerre, Israël a été accusé à plusieurs reprises de commettre un génocide à Gaza, par diverses ONG, des experts indépendants de l'ONU, et jusque devant la justice internationale, à l'initiative de l'Afrique du Sud.

Les autorités israéliennes ont toujours vigoureusement rejeté ces accusations.

L'ONU n'a pas qualifié la situation de génocide, mais le chef des opérations humanitaires a exhorté à la mi-mai les dirigeants mondiaux à "agir pour empêcher un génocide".

A La Haye, la Cour internationale de justice (CIJ) avait sommé Israël dès janvier 2024 de prévenir tout acte de génocide. Quatre mois après, le procureur de la CPI avait demandé que des mandats d'arrêt soient délivrés à l'encontre de MM. Netanyahu et Gallant, soupçonnés de crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

La CPI est depuis dans le collimateur de Washington qui a pris des mesures contre des magistrats ayant autorisé la Cour à émettre ces mandats d'arrêt, notamment l'interdiction d'entrée sur le sol américain et le gel des avoirs détenus aux États-Unis.


Rubio promet un soutien "indéfectible" à Israël, avant une visite à Doha

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
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  • En visite à Jérusalem, le secrétaire d’État Marco Rubio a réaffirmé le soutien « indéfectible » des États-Unis à Israël dans sa guerre contre le Hamas à Gaza
  • Alors que les offensives israéliennes se poursuivent, causant de lourdes pertes civiles à Gaza, les critiques internationales s’intensifient

Jérusalem: Le secrétaire d'Etat Marco Rubio a promis lundi à Jérusalem le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël pour éliminer le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza, à la veille d'un déplacement à Doha.

Durant la visite de M. Rubio, l'armée israélienne a poursuivi son offensive dans la bande de Gaza assiégée et affamée, la Défense civile locale faisant état d'au moins 49 morts, dont des enfants.

Lancée en riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, cette offensive a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste a pris le pouvoir en 2007.

Le déplacement de M. Rubio a coïncidé avec un sommet arabo-islamique à Doha, quelques jours après une attaque israélienne inédite le 9 septembre au Qatar contre des chefs du Hamas.

"Les habitants de Gaza méritent un avenir meilleur, mais cet avenir meilleur ne pourra commencer que lorsque le Hamas sera éliminé", a déclaré M. Rubio après une rencontre à Jérusalem avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

"Vous pouvez compter sur notre soutien indéfectible et notre engagement à voir cela se concrétiser", a-t-il ajouté.

M. Rubio se rend mardi au Qatar, en route pour Londres, afin de "réaffirmer le soutien total des Etats-Unis à la sécurité et la souveraineté du Qatar après l'attaque israélienne", selon le département d'Etat.

La frappe aérienne au Qatar, un médiateur entre Israël et le Hamas, a contrarié le président Donald Trump.

"Le Qatar a été un très grand allié. Israël et tous les autres, nous devons faire attention. Quand nous attaquons des gens, nous devons être prudents", a-t-il dit dimanche.

Malgré cette critique, M. Netanyahu a estimé que M. Trump était "le plus grand ami" qu'Israël ait jamais eu à la Maison Blanche.

- "Animaux barbares" -

Au sommet de Doha, l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, s'en est prix à Israël, l'accusant de "vouloir faire échouer les négociations" en vue d'un cessez-le-feu à Gaza et d'une libération des otages enlevés durant l'attaque du 7-Octobre.

Un communiqué final du sommet a appelé "tous les Etats à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël", alors que les six monarchies du Golfe ont appelé les Etats-Unis à "user de leur influence" pour contenir Israël.

A Jérusalem, M. Rubio s'est montré pessimiste quant à la possibilité d'une solution "diplomatique" à Gaza, qualifiant le Hamas d'"animaux barbares".

"Même si nous souhaitons vivement qu'il existe un moyen pacifique et diplomatique pour mettre fin (à la guerre) -et nous continuerons à explorer cette voie-, nous devons également nous préparer à la possibilité que cela ne se produise pas", a-t-il dit.

M. Rubio a aussi affiché la solidarité des Etats-Unis avec Israël avant un sommet coprésidé par la France et l'Arabie saoudite le 22 septembre à l'ONU, destiné à promouvoir la reconnaissance d'un Etat de Palestine, au côté d'Israël.

Une initiative largement symbolique dans la mesure où Israël s'oppose fermement à la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

Les Etats-Unis sont également hostiles à cette démarche, qui selon M. Rubio, a "enhardi" le Hamas.

En soirée, le secrétaire d'Etat a rencontré à Jérusalem des familles d'otages, selon un responsable du département d'Etat. Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque du 7-Octobre, 47 sont encore retenues à Gaza, dont 25 décédées selon l'armée israélienne.

- "Un corps sans âme" -

Dans le territoire palestinien, la Défense civile a indiqué que plus de la moitié des 49 Palestiniens tués l'avaient été à Gaza-ville, où l'armée a intensifié ses attaques avec l'objectif de s'en emparer.

Compte-tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

L'armée israélienne, qui présente Gaza-ville comme l'un des derniers bastions du Hamas dans le territoire palestinien, y a détruit plusieurs tours d'habitation en accusant le Hamas de s'y cacher.

Les Palestiniens continuent de fuir, en grand nombre, la ville et ses environs, qui comptaient un million d'habitants selon l'ONU.

"Je me sens comme un corps sans âme", dit Susan Annan, une Palestinienne qui habitait dans l'une de tours détruites. "Nous avons quitté notre maison avec seulement nos vêtements. Nous n'avons rien pu emporter."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire. L'ONU y a déclaré la famine, ce que Israël dément.