D'«apocalypse» à «soupe de tomate», retour sur les mots qui ont marqué l'actualité en 2022

Les gens participent à une manifestation contre l'exécution du footballeur iranien Amir Nasr-Azadani -condamné à mort dans le cadre de manifestations après la mort de Mahsa Amini- et pour exiger le droit de l'homme en Iran, devant l'ambassade d'Iran à Mexico, le 19 décembre 2022 (Photo, AFP).
Les gens participent à une manifestation contre l'exécution du footballeur iranien Amir Nasr-Azadani -condamné à mort dans le cadre de manifestations après la mort de Mahsa Amini- et pour exiger le droit de l'homme en Iran, devant l'ambassade d'Iran à Mexico, le 19 décembre 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 31 décembre 2022

D'«apocalypse» à «soupe de tomate», retour sur les mots qui ont marqué l'actualité en 2022

  • Au bout d'une année 2022 qui a tristement illustré l'accélération des impacts catastrophiques du réchauffement de la planète, la conférence sur le climat de l'ONU a finalement abouti à un accord
  • Craignant notamment d'admettre une quelconque responsabilité juridique, les pays riches, gros émetteurs historiques de gaz à effet de serre, s'y refusaient depuis des années

PARIS: D'apocalypse à soupe de tomate, retour sur 10 mots ou expressions qui ont marqué l'actualité en 2022.

Apocalypse

Avec la guerre en Ukraine et les menaces plus ou moins explicites de Vladimir Poutine, la possibilité d’une guerre nucléaire, ou au moins d’une frappe nucléaire tactique, s’est réinvitée dans le débat public comme jamais depuis des décennies.

"Nous n’avons pas été confrontés à la perspective d’une apocalypse depuis Kennedy et la crise des missiles cubains", en 1962, résume le président américain Joe Biden début octobre.

Face à Moscou, les puissances dotées elles aussi de l’arme nucléaire se voient contraintes de se poser des questions vertigineuses sur leur capacité de dissuasion et leur éventuelle réplique.

Authentification

La coche bleue qui certifie l'identité du titulaire d'un compte sur Twitter illustre à elle seule la cacophonie qui règne sur le réseau social depuis son rachat fin octobre pour 44 milliards de dollars par le milliardaire Elon Musk.

Après avoir lancé une version payante de la certification des profils, le réseau social est contraint de suspendre le nouveau système au bout de deux jours à peine : faute de vérification d'identité, de nombreux comptes se font passer pour ceux de célébrités ou de grandes entreprises, du basketteur LeBron James à Nintendo. Fin novembre, nouvelle annonce : Twitter va lancer prochainement des badges gris, dorés et bleus pour distinguer les différents types de comptes authentifiés de la plateforme.

«Femme, vie, liberté»

Le slogan des manifestants iraniens, devenu un des symboles de la révolte qui a éclaté après la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une jeune femme arrêtée à Téhéran par la police des mœurs.

Il a été repris dans les rassemblements quasi quotidiens et très violemment réprimés depuis ce décès, arboré dans des messages de soutien sur les réseaux sociaux, en Iran comme à l'étranger, et même affiché sur une banderole dans le stade lors du premier match des Iraniens au Mondial de foot.

Feuilles A4

De nombreux Chinois ont exprimé fin novembre leur opposition au gouvernement et à sa stricte politique "zéro Covid", usant de créativité pour contourner la censure et montrer leur colère et leur soutien aux manifestations.

Dans plusieurs villes, dont Pékin, les manifestants ont ainsi brandi en signe de solidarité des feuilles de papier A4 blanches, en référence au manque de liberté d’expression en Chine. D’autres ont aussi publié des carrés blancs sur leur profil WeChat.

London Bridge

De l'annonce du décès au protocole des funérailles et aux conditions d'accession au trône de son successeur, l'opération London Bridge (Pont de Londres) prévoyait étape par étape le déroulé des événements après la mort de la reine Elizabeth II, décédée à 96 ans après 70 ans de règne le 8 septembre.

Réglée au millimètre depuis des années, fréquemment révisée, elle a toutefois dû être adaptée au dernier moment, la souveraine s'étant éteinte en Ecosse, loin de la capitale britannique.

«Pertes et dommages»

Au bout d'une année 2022 qui a tristement illustré l'accélération des impacts catastrophiques du réchauffement de la planète, la conférence sur le climat de l'ONU a finalement abouti à un accord qualifié d'"historique" sur la mise en oeuvre d'un fond destiné à compenser les "pertes et dommages" climatiques déjà subis par les pays les plus pauvres.

Adoptée presque à la sauvette au milieu de la nuit alors que le sujet n'était même pas à l'ordre du jour d'une COP27 au bilan par ailleurs plutôt contrasté, cette mesure était réclamée depuis longtemps par les nations les plus modestes. Craignant notamment d'admettre une quelconque responsabilité juridique, les pays riches, gros émetteurs historiques de gaz à effet de serre, s'y refusaient depuis des années.

Post-fasciste

Un siècle après l'arrivée au pouvoir de Benito Mussolini, la victoire du parti d'extrême droite Fratelli d'Italia aux élections législatives fin septembre a permis à sa dirigeante, la Romaine Giorgia Meloni de devenir la première femme à diriger le gouvernement italien.

Présentée comme "post-fasciste", elle n'a eu de cesse depuis son élection de tenter de rassurer. "Je n'ai jamais eu de sympathie ou de proximité vis-à-vis des régimes antidémocratiques. Pour aucun régime, fascisme compris", a tenu à souligner celle qui fut dans sa jeunesse une admiratrice de Mussolini.

«Roe v. Wade»

Dans une volte-face historique, la très conservatrice Cour suprême des Etats-Unis a enterré en juin l'emblématique arrêt "Roe v. Wade", datant de 1973, qui garantissait le droit des Américaines à avorter mais n'avait jamais été accepté par la droite religieuse.

Sa décision a fait entrer les Etats-Unis dans un monde "post-Roe", où chaque Etat est libre d'autoriser ou non les interruptions volontaires de grossesse sur son sol.

Une quinzaine les ont déjà bannies et d’épiques batailles politiques et judiciaires se poursuivent ailleurs, témoignant des passions que suscite toujours la question de l'avortement dans le pays. Les résultats des récentes élections de mi-mandat ont toutefois été l'occasion pour les défenseurs de l'IVG de se réjouir de plusieurs victoires, y compris par exemple dans le très conservateur Etat du Kentucky où les électeurs ont rejeté un référendum hostile au droit à l’avortement.

Sobriété

Baisser le chauffage, enfiler des cols roulés, limiter l'emploi des appareils électriques...: en pleine crise énergétique, sur fond de guerre en Ukraine et de volonté de se défaire de la dépendance au gaz russe, les appels à la sobriété énergétique se sont multipliés, en particulier en Europe.

Visant à éviter coupures et pannes, s'inscrivant aussi dans le contexte de la lutte contre le réchauffement climatique, cette sobriété tant vantée est aussi pour beaucoup de consommateurs une nécessité économique, dans de nombreux pays heurtés de plein fouet par l'inflation.

Soupe de tomate

Les "Tournesols" de Van Gogh aspergés de soupe de tomate à Londres, "Les Meules" de Claude Monet recouvertes de purée près de Berlin, une BMW repeinte par Andy Warhol saupoudrée de farine à Milan...: la fin d'année a été marquée par des actions coups de poing de militants écologistes visant des oeuvres d'art pour alerter l'opinion sur le réchauffement climatique.

Protégées par des vitres --sur lesquelles d'autres se sont collé les mains, comme sur celle recouvrant la célébrissime "Jeune fille à la perle" de Vermeer--, les oeuvres n'ont pas été endommagées. Ces actions, et d'autres menées par ces militants, comme l'interruption de compétitions sportives ou le blocage de routes, ont visé à relancer le débat autour du climat, quitte à braquer une partie de l'opinion.


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

 


UE: quatre pays bénéficiaires de l'aide à la répartition des migrants

Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
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  • La Commission européenne propose de relocaliser au moins 30.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie, l’Espagne, la Grèce et Chypre vers d’autres États membres pour alléger la pression migratoire sur ces pays
  • Les 27 pays de l’UE doivent désormais négocier : chaque État devra soit accueillir des migrants, soit verser 20.000 € par personne — un débat déjà tendu entre pays réticents

BRUXELLES: La Commission européenne a annoncé mardi que l'Italie, l'Espagne, la Grèce et Chypre devraient recevoir de l'aide pour répartir ailleurs au moins 30.000 demandeurs d'asile et ainsi alléger la "pression migratoire" pesant sur ces pays.

Cette annonce va ouvrir des négociations délicates entre les 27 États membres de l'Union européenne (UE), dont nombre d'entre eux se montrent réticents à l'idée d'en accueillir.

L'UE a adopté en 2024 une réforme de sa politique sur la migration et l'asile, qui va bientôt entrer en vigueur.

L'élément clé est un nouveau système de "solidarité" visant à aider les pays méditerranéens considérés par Bruxelles comme étant sous "pression migratoire".

Les autres pays devront soit accueillir une partie des demandeurs d'asile en provenance de ces pays, soit leur verser une aide financière de 20.000 euros par migrant.

Les États membres ont cherché à influencer la décision de la Commission, ce qui a retardé son annonce d'un mois.

"La Grèce et Chypre subissent une forte pression migratoire du fait du niveau disproportionné des arrivées au cours de l'année écoulée", a déclaré mardi la Commission dans un communiqué.

"L'Espagne et l'Italie subissent également une forte pression migratoire du fait d'un nombre disproportionné d'arrivées à la suite d'opérations de sauvetage et de recherche en mer durant la même période", a-t-elle ajouté.

Cette annonce servira de base aux négociations entre États membres sur le nombre supplémentaire de demandeurs d'asile que chacun est disposé à accueillir, ou le montant de l'aide financière qu'il est prêt à apporter.

Certains pays ont déjà assuré qu'ils n'accueilleraient personne dans le cadre de ce dispositif et qu'ils se limiteraient à verser de l'argent.

Au moins 30.000 migrants devront être "relocalisés" chaque année dans le cadre du nouveau système. Le nombre définitif reste à déterminer, et la décision de qui ira où doit être prise d'ici fin décembre.