Le cardinal Aveline dénonce «le cynisme effrayant» de la Russie en Ukraine

L'archevêque de Marseille, Jean-Marc Aveline (Photo, AFP).
L'archevêque de Marseille, Jean-Marc Aveline (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 01 janvier 2023

Le cardinal Aveline dénonce «le cynisme effrayant» de la Russie en Ukraine

  • Créé Cardinal fin août au Vatican, Mgr Aveline, particulièrement engagé dans le dialogue inter-religieux, est considéré comme proche de la ligne sociale du pape argentin François
  • Dans son prêche, sur le parvis de la basilique Notre-Dame de la Garde, l'archevêque de Marseille, Jean-Marc Aveline, s'est d'abord étendu sur la guerre en Ukraine

MARSEILLE: Dans une prière pour la paix dimanche à Marseille, le cardinal Aveline a dénoncé "le cynisme effrayant" du gouvernement russe en Ukraine comme la répression des musulmans Rohingyas en Birmanie ou le drame des migrants en Méditerranée.

Dans son prêche, sur le parvis de la basilique Notre-Dame de la Garde, l'archevêque de Marseille, Jean-Marc Aveline, s'est d'abord étendu sur la guerre en Ukraine et ce conflit déclenché par "l'invasion des armées russes".

Devant une petite centaine de personnes, dont des représentants des différentes religions et le maire de gauche de Marseille Benoît Payan, le religieux a stigmatisé "le cynisme effrayant" du gouvernement russe qui, "en s'alliant à l'hiver", s'en prend désormais "aux civils ukrainiens en les privant d'électricité, de chauffage, d'eau et de nourriture", "dans le but de punir un peuple".

Mais Mgr Aveline a également tenu à prier pour le peuple russe "car tous les peuples, quoi qu'en disent leurs dirigeants, souvent trop corrompus pour être clairvoyants, demandent la paix et non la guerre".

Balayant l'ensemble des conflits en cours à travers le monde, il a évoqué les Ouïghours, "turcophones majoritairement musulmans", réprimés par les autorités chinoises au Xinjiang "pour leur appartenance ethnique"; le peuple libanais, victime du "cynisme d'une classe politique corrompue"; "le conflit sanglant" en Ethiopie; "la guerre civile au Yémen, sur fond de rivalité entre l'Iran et l'Arabie Saoudite".

Puis il a insisté sur "la répression terrible" en Birmanie, "notamment" envers les musulmans Rohingyas, victimes "d'une vaste campagne de massacres, de viols et d'incendies criminels menés par l'armée".

Mgr Aveline a aussi tenu à évoquer le drame des migrants tentant de fuir la pauvreté et la violence en traversant la Méditerranée, après avoir échoué "dans l'enfer des prisons libyennes, exploités par des mafias sans scrupule".

Or ces mafias de passeurs sont "protégées par des conventions avec l'Union européenne qui rendent de plus en plus difficile l'action des ONG" actives dans le secours en mer, a accusé l'archevêque de Marseille, en rendant hommage, sans les citer, à ces associations comme SOS Méditerranée, basée dans la cité phocéenne, qui "s'emploient à secourir ces personnes abandonnées sur des embarcations éphémères en Méditerranée centrale".

Créé Cardinal fin août au Vatican, Mgr Aveline, particulièrement engagé dans le dialogue inter-religieux, est considéré comme proche de la ligne sociale du pape argentin François.


Russie: le comité du Nobel de la paix condamne les poursuites contre le colauréat Memorial

Oleg Orlov, membre du conseil d'administration de l'International Historical Educational Charitable and Human Rights Society 'Memorial', à gauche, et Jan Rachinsky, président du conseil d'administration, quittent un tribunal après avoir été entendus à Moscou, en Russie, le 7 octobre 2022. (AP)
Oleg Orlov, membre du conseil d'administration de l'International Historical Educational Charitable and Human Rights Society 'Memorial', à gauche, et Jan Rachinsky, président du conseil d'administration, quittent un tribunal après avoir été entendus à Moscou, en Russie, le 7 octobre 2022. (AP)
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  • Le comité norvégien « déplore l'arrestation et les poursuites» visant le président de l'ONG Ian Ratchinski et d'autres figures de Memorial, a affirmé dans un communiqué sa présidente, Berit Reiss-Andersen
  • En octobre dernier, Memorial s'était vu décerner le prix Nobel de la Paix, aux côtés du Centre ukrainien pour les libertés civiles (CCL) et du militant bélarusse Ales Beliatski, emprisonné dans son pays

OSLO: Le comité remettant le Nobel de la paix a condamné mercredi les perquisitions et les arrestations "infondées" menées la veille en Russie contre l'ONG Memorial, colauréate du prix 2022.

Le comité norvégien "déplore l'arrestation et les poursuites" visant le président de l'ONG Ian Ratchinski et d'autres figures de Memorial, a affirmé dans un communiqué sa présidente, Berit Reiss-Andersen.

"Les accusations à leur encontre sont infondées et doivent être abandonnées", affirme le comité, dont les réactions à l'actualité sont rares.

En octobre dernier, Memorial s'était vu décerner le prix Nobel de la Paix, aux côtés du Centre ukrainien pour les libertés civiles (CCL) et du militant bélarusse Ales Beliatski, emprisonné dans son pays.

Memorial, officiellement visée par un ordre de dissolution des autorités russes, avait annoncé mardi l'ouverture d'une affaire criminelle contre Oleg Orlov, l'une des figures de l'ONG.

Plus tôt dans la journée, la police russe avait mené des perquisitions aux domiciles d'au moins neuf employés ou de leurs proches, dont MM. Orlov et Ratchinski, ainsi qu'au bureau de Memorial à Moscou.

Ces mesures font suite à l'ouverture début mars d'une affaire pour "réhabilitation du nazisme" contre Memorial, a indiqué l'ONG spécialisée dans la défense des droits humains et les enquêtes sur les crimes de l'ère soviétique.

D'après Memorial, les autorités l'accusent d'avoir inclus dans sa liste des victimes des répressions soviétiques les noms de trois personnes qui auraient été condamnées pour "trahison" ou collaboration avec le régime nazi.

L'ONG, fondée en 1989 sous Mikhaïl Gorbatchev, avait auparavant qualifié ces poursuites d'absurdes.

Elle a documenté pendant plus de 30 ans les crimes de l'URSS, en rassemblant des archives, en montant des expositions et en faisant pression sur l'Etat pour qu'il reconnaisse sa responsabilité.

Lors de l'annonce de son prix Nobel, Oleg Orlov avait critiqué l'invasion de l'Ukraine par son pays, disant ressentir une "une douleur permanente et une honte face aux horreurs" commises par l'armée russe.


Ukraine: Zelensky se rend sur le front, près de Bakhmout

Sur les images, on le voit dans un hangar sans équipements de protection mais accompagné de gardes de corps lourdement armés remettre des décorations à des soldats en tenue de combat. (Photo, AFP)
Sur les images, on le voit dans un hangar sans équipements de protection mais accompagné de gardes de corps lourdement armés remettre des décorations à des soldats en tenue de combat. (Photo, AFP)
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  • Sa visite près de Bakhmout, épicentre des combats face aux Russes, intervient quelques heures après le départ de Moscou du président chinois Xi Jinping, à l'issue d'un sommet avec Vladimir Poutine où ils ont affiché leur union face aux Occidentaux
  • Plus tôt mercredi, la Russie avait lancé 21 drones de combat de fabrication iranienne Shahed-136/131 contre l'Ukraine, une opération qui a commencé peu avant minuit, a déclaré l'armée de l'air ukrainienne, assurant en avoir abattu 16

KIEV: Le président Volodymyr Zelensky s'est rendu mercredi sur le front dans l'Est près de Bakhmout, ville devenue symbole de la résistance ukrainienne, tandis qu'une frappe russe sur un immeuble d'habitation a fait une trentaine de blessées et un mort à Zaporijjia.

L'armée russe a de son côté affirmé avoir "repoussé" une attaque de drones en Crimée annexée, quelques jours après une très rare visite du président russe Vladimir Poutine sur place.

"Région de Donetsk. Positions de première ligne des militaires ukrainiens en direction de Bakhmout", a annoncé Volodymyr Zelensky sur Telegram en publiant une vidéo de son déplacement mercredi dans les environs de cette ville, "presque encerclée" par les forces russes selon un responsable des séparatistes prorusses.

Sa visite près de Bakhmout, épicentre des combats face aux Russes, intervient quelques heures après le départ de Moscou du président chinois Xi Jinping, à l'issue d'un sommet avec Vladimir Poutine où ils ont affiché leur union face aux Occidentaux.

Volodymyr Zelensky effectuait ainsi sa deuxième visite dans la zone de Bakhmout, la première datant du 20 décembre, juste avant d'effectuer un déplacement historique aux Etats-Unis.

Sur les images, on le voit dans un hangar sans équipements de protection mais accompagné de gardes de corps lourdement armés remettre des décorations à des soldats en tenue de combat.

"Je suis honoré de décorer les meilleurs de nos héros, de vous serrer la main et remercier pour la défense de notre Etat et de la souveraineté", leur a-t-il déclaré.

« Frappes criminelles »

Plus tôt mercredi, la Russie avait lancé 21 drones de combat de fabrication iranienne Shahed-136/131 contre l'Ukraine, une opération qui a commencé peu avant minuit, a déclaré l'armée de l'air ukrainienne, assurant en avoir abattu 16.

Outre l'envoi de ces "drones meurtriers iraniens", les Russes ont tiré des missiles, il y a eu de "nombreux bombardements". "Tout cela, c'est juste la dernière nuit de terreur russe", a dénoncé M. Zelensky, condamnant des "frappes criminelles".

Sept personnes ont péri et neuf autres ont été blessées quand un lycée professionnel de Rjychtchiv, une localité à environ 80 kilomètres au sud de Kiev, a été touché dans la nuit de mardi à mercredi au cours d'un raid de drones, selon Andriï Nebytov, le chef de la police de la région de Kiev.

Dans une autre frappe, au moins une personne a été tuée et ont été 32 blessées, dont trois enfants, selon les secours, lorsque "deux missiles russes" se sont abattus sur un immeuble d'habitation à Zaporijjia, dans le sud de l'Ukraine, d'après les autorités locales.

Volodymyr Zelensky a aussitôt accusé la Russie de "bombarder la ville avec une sauvagerie bestiale".

La Russie a pour sa part assuré avoir "repoussé" mercredi une attaque de drones sur Sébastopol, le port d'attache de la Flotte russe de la mer Noire, dans le sud de la Crimée, quatre jours après une rare visite sur place de Vladimir Poutine.

"Les trois appareils ont été détruits", a assuré le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou.

Il n'y a eu aucune victime et "la situation est sous contrôle", a précisé le gouverneur local Mikhaïl Razvojaïev, installé par les Russes.

Depuis le début de l'offensive contre l'Ukraine, la Crimée, annexée par Moscou en 2014, a plusieurs fois été la cible de drones de combat, sans que Kiev ne revendique les attaques.

Xi Jinping a quitté Moscou

Xi Jinping est quant à lui reparti dans la matinée de Russie où il a affiché son entente avec Vladimir Poutine face à l'Occident.

Les deux hommes avaient loué, la veille, l'entrée dans une "nouvelle ère" de leur relation "spéciale", le président russe appuyant prudemment le plan chinois destiné à régler le conflit en Ukraine, tout en accusant Kiev de le rejeter.

En l'absence de percée sur cette question, leur sommet a avant tout eu pour objectif de démontrer la solidité des liens unissant la Russie à la Chine.

Le Kremlin a dit mercredi ne pas être surpris des commentaires critiques venant de l'Occident.

"En ce qui concerne la réaction des pays de l'Occident collectif, le fait que leur réaction sur tous les sujets était de nature inamicale et hostile n'est une nouvelle pour personne", a raillé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Dans ce contexte, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a jugé que la fourniture par Londres à l'Ukraine de munitions contenant de l'uranium appauvri, récemment évoquée par une responsable britannique, constituerait une "aggravation sérieuse" du conflit.

Vladimir Poutine avait averti mardi que la Russie serait "contrainte de répliquer" si une telle livraison avait lieu, sans fournir plus de précisions.


Mig-29 à l'Ukraine: la Slovaquie reçoit une offre d'armes américaines d'une valeur d'un milliard de dollars

Un chasseur Mig-29 de l'armée de l'air yougoslave survole Belgrade, en juin 1998, lors d'une patrouille. (Photo, AP)
Un chasseur Mig-29 de l'armée de l'air yougoslave survole Belgrade, en juin 1998, lors d'une patrouille. (Photo, AP)
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  • «La valeur de ce matériel est légèrement supérieure à un milliard de dollars (...) La Slovaquie paierait environ 340 millions de dollars sur une période de trois à quatre ans», a déclaré sur Facebook le ministre slovaque de la Défense Jaroslav Nad
  • Parmi ces 13 avions destinés à l'Ukraine, trois seront utilisés pour fournir des pièces détachées

BRATISLAVA: La Slovaquie a indiqué mercredi avoir obtenu des Etats-Unis une offre pour des armes d'une valeur de plus d'un milliard de dollars, à taux réduit, en compensation de ses treize chasseurs MiG-29 promis à l'Ukraine.

"La valeur de ce matériel est légèrement supérieure à un milliard de dollars (...) La Slovaquie paierait environ 340 millions de dollars sur une période de trois à quatre ans", a déclaré sur Facebook le ministre slovaque de la Défense Jaroslav Nad.

L'offre américaine était proposée en échange "de 13 vieux MiG et d'une partie du système de défense aérienne", a-t-il affirmé. "Nous étions les premiers à recevoir leur offre extrêmement avantageuse. Si nous ne la saisissons pas, ils se tourneront vers un autre pays".

Parmi ces 13 avions destinés à l'Ukraine, trois seront utilisés pour fournir des pièces détachées.

L'offre inclut 12 hélicoptères neufs de type Bell AH-1Z Viper, avec accessoires et entraînement de pilotes et techniciens, ainsi que plus de 500 missiles 500 AGM-114 Hellfire, a-t-il précisé.

La Slovaquie avait annoncé vendredi qu'elle donnerait des MiG-29 à Kiev, devenant après la Pologne le deuxième pays membre de l'Otan à fournir des avions au pays attaqué par la Russie depuis février 2022. Leur transport vers l'Ukraine prendra quelques semaines, avaient alors précisé les responsables slovaques.

Kiev a demandé à plusieurs reprises à ses alliés occidentaux de lui envoyer des chasseur-bombardiers modernes, dans l'espoir d'obtenir des F-16 américains.

Bratislava compte remplacer ses avions chasseurs par des F-16 américains, d'ici janvier 2024. Jaroslav Nad a avancé que l'accord avec les Etats-Unis visait aussi à rattraper le retard dans la livraison de ces F-16.

L'offre américain "doit également être considérée dans le contexte d'une compensation indirecte pour le retard des avions de combat F-16, pour lesquels nous demandons depuis longtemps une forme de compensation", a-t-il expliqué.