L'oasis d'AlUla et ses jardins écologiques offrent aux visiteurs un paradis hivernal

Badr al-Mutairi explique aux visiteurs l'écosystème durable de l'oasis pendant une séance d’écojardinage. (Photo AN : Abdullah Jaber)
Badr al-Mutairi explique aux visiteurs l'écosystème durable de l'oasis pendant une séance d’écojardinage. (Photo AN : Abdullah Jaber)
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Publié le Jeudi 05 janvier 2023

L'oasis d'AlUla et ses jardins écologiques offrent aux visiteurs un paradis hivernal

Badr al-Mutairi explique aux visiteurs l'écosystème durable de l'oasis pendant une séance d’écojardinage. (Photo AN : Abdullah Jaber)
  • «Cette oasis est un cas d'école et un modèle à suivre pour le reste des oasis d'AlUla»
  • Les terres agricoles fertiles d'AlUla conviennent à diverses cultures au fil des saisons, notamment les agrumes et les dattes

ALULA: Alors que le festival Winter at Tantora est en cours, Experience AlUla attire de nouveaux visiteurs du monde entier en mettant en valeur les merveilles et les attractions naturelles de la ville-oasis.

L'écotourisme prend un nouvel essor lorsque les visiteurs de l'oasis patrimoniale explorent les cultures locales et en apprennent davantage sur l'écojardinage d'AlUla, un système agricole respectueux de l'environnement. L'expérience est renforcée par des guides locaux qui expliquent l'Histoire de l'oasis et de ses ressources en eau.

Les écofermes bénéficient d'une combinaison de connaissances locales et scientifiques, ainsi que d'approches environnementales et sociales appliquées avec succès aux systèmes agricoles dans des régions similaires.

Au cours d'une visite guidée, Badr al-Mutairi, un consultant agricole saoudien, déclare à Arab News: «Cette oasis est un cas d'école et un modèle à suivre pour le reste des oasis d'AlUla. Elle incarne les meilleures pratiques d'écoagriculture afin que les agriculteurs locaux comprennent le concept, l'ingénierie, la conception idéale de l'oasis et ce qui la sert le mieux.»

M. Al-Mutairi est également un inspecteur certifié avec quatre normes différentes en matière d'agriculture biologique, dont la norme biologique saoudienne, la loi américaine NOP, et les normes agricoles européennes et japonaises.

Il explique que les cultures dans l'oasis biologique d'AlUla sont pratiquées selon un protocole agricole bien étudié, dont le premier élément est un barrage représenté par des palmiers-dattiers de hauteur égale, suivi de bananiers et d'agrumes, puis de cultures plus petites, comme les légumes verts à feuilles.

«Toutes les cultures pratiquées dans l'oasis représentent un système environnemental intégré. Une fois que le courant d'air sec pénètre entre les palmiers, l'air est progressivement conditionné. Cela crée un air humide dont profitent les bananiers. Par conséquent, un air plus humide sera produit dans une zone protégée par les ombres des bananiers, ce qui facilitera la croissance des agrumes. Après avoir traversé ces conditions, la lumière du soleil et un air plus équilibré seront parfaits pour les cultures plus fragiles.»

(Photo AN : Abdallah Jaber)
(Photo AN : Abdallah Jaber)

L'agroécologie à AlUla intègre les principes de la science environnementale aux connaissances et pratiques indigènes. Elle combine efficacement l'investigation scientifique menée par les chercheurs et les agriculteurs avec des expériences communautaires utilisant des méthodes formelles et informelles.

«Une partie de l'oasis a été restaurée par un vieux fermier qui vivait dans l'oasis. Nous avons essayé d'achever ces aménagements selon des méthodes scientifiques avancées. Nous avons tiré parti de l'agriculture et de l'élevage pour la fabrication du compost, qui résulte du recyclage des déchets agricoles et animaux», indique Badr al-Mutairi.

Le système d'agriculture durable repose sur la bonne utilisation de toutes les composantes de l'exploitation. En pratique, cela se fait en préparant la zone médiane de la ferme à produire un engrais organique de haute qualité en mélangeant les déchets agricoles et les déchets animaux par fermentation aérobie.

«Le résultat de ce processus est restitué à la terre en quantités variables selon le type de sol. Habituellement, deux tonnes pour 1 000 mètres carrés sont utilisées pour améliorer sa fertilité et soutenir sa vie microbiologique», précise M. Al-Mutairi.

L’offre de visite de l'oasis propose également aux personnes intéressées des sessions qui offrent une expérience d'apprentissage immersive, avec la possibilité d'explorer les jardins et d'observer les animaux que l'on trouve traditionnellement dans les fermes, notamment les paons, les dindes, les poulets, les moutons, les lapins et les chèvres.

L'entrée de l'oasis offre un paysage à couper le souffle, avec des palmiers-dattiers s'étendant à perte de vue. Les visiteurs sont invités à se promener et à prendre des photos.

Une visiteuse de Riyad, Salma al-Hariri, âgée de 24 ans, déclare: «Dès que je suis entrée dans l'oasis, j'ai essayé d'en saisir toute la beauté. La nature est enchanteresse.»

Elle ajoute que les balançoires et les plantations de palmiers étaient sa partie préférée.

Les visiteurs peuvent également profiter d'ateliers interactifs de trois heures sur les micro-écosystèmes, axés sur le potager, les pépinières et le compostage.

Nafea Abdelhameed al-Tumbakti, un expert en agriculture écologique de la Commission royale pour AlUla, déclare à Arab News: «L'oasis d'AlUla couvre une superficie de quelque 350 hectares. Elle a été réhabilitée en plusieurs étapes, dont la plus importante a été le recyclage des déchets agricoles qui existaient dans le passé en production d'engrais organiques afin de fertiliser le sol.»

Les terres agricoles fertiles d'AlUla conviennent à diverses cultures au fil des saisons, notamment les agrumes et les dattes. AlUla est célèbre pour ses presque 2,3 millions de palmiers qui prolongent son oasis. Selon Badr al-Mutairi, le barni est considéré comme l'une des variétés de palmiers commerciaux les plus populaires de la région. Ce palmier produit une datte de taille moyenne avec un grain ferme et long de texture rugueuse.

M. Al-Tumbakti évoque également les cultures d'hiver d'AlUla. «Les cultures à feuilles sont dans leur saison désormais. Les choux-fleurs, les choux, les brocolis et les oranges sont tous récoltés à temps et proposés au marché des produits frais.»

Le marché des produits frais de la saison d'hiver doit commencer le 27 janvier et se poursuivra pendant deux mois. Il proposera des étals en plein air de produits frais, un éventail de cultures d'AlUla, telles que des grenades, des oranges et d'autres fruits de saison, ainsi que des légumes frais, notamment des aubergines, des oignons, des poivrons et des laitues. Des plats régionaux et une variété de sucreries seront également disponibles afin que les visiteurs puissent découvrir les saveurs traditionnelles d'AlUla.

Une saison d'aventures à AlUla.

Le premier week-end du festival Winter at Tantora s'est conclu par une aventure chargée d'adrénaline avec la via ferrata (itinéraire aménagé sur une paroi rocheuse). Les visiteurs courageux ont traversé les canyons d'AlUla en zigzaguant au cours d’une session d’escalade immersive, en suivant un parcours difficile.

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Une fois le parcours achevé, les aventuriers traversent un pont suspendu pour rejoindre l'autre côté de la montagne. Un hamac transparent est installé entre deux montagnes pour les clients qui souhaitent profiter de la vue exceptionnelle sur la vallée.

Des montgolfières qui flottent jusqu'à 1 800 mètres d’altitude offrent des vues panoramiques du paysage unique d'AlUla.

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En mars 2022, l’événement baptisé «AlUla Moments», en association avec la fédération saoudienne de montgolfières, a battu le record du plus grand spectacle lumineux de montgolfières au monde, avec un déploiement de cent quarante-deux montgolfières. (Photo fournie)

À l’occasion de l’événement AlUla Moments, des certificats de vol ont été distribués aux visiteurs qui se sont prêtés à l’aventure. Les visiteurs peuvent profiter d'expériences avec ou sans attache de quarante-cinq à soixante minutes, selon les conditions météorologiques et la disponibilité.

En mars 2022, AlUla Moments, en association avec la fédération saoudienne de montgolfières, a battu le record du plus grand spectacle lumineux de montgolfières au monde, avec un déploiement de cent quarante-deux montgolfières. L'événement a eu lieu près de Hégra, le premier site saoudien inscrit au patrimoine mondial de l'Organisation des nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco).

L'expérience d'écojardinage se déroule jusqu'à la fin du mois de mars. Les visiteurs peuvent profiter des offres AlUla en couple ou en groupe, et les billets pour toutes les activités peuvent être réservés sur experiencealula.com.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le bouzkachi en Afghanistan: du pain, des jeux et de l'argent

Pratiqué depuis des siècles dans les steppes du nord de l'Afghanistan, ce sport national, au cœur de l'identité afghane, est passé d'un passe-temps rude et rural à un phénomène professionnalisé et riche en argent (Photo, AFP).
Pratiqué depuis des siècles dans les steppes du nord de l'Afghanistan, ce sport national, au cœur de l'identité afghane, est passé d'un passe-temps rude et rural à un phénomène professionnalisé et riche en argent (Photo, AFP).
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  • Le rustique bouzkachi s'est embourgeoisé
  • Avant le retour des talibans, il y avait en Afghanistan 100 à 200 tchopendoz

MAZAR-E-SHARIF: Ses points de suture tout frais entre les yeux n'ont pas empêché le cavalier de bouzkachi Sarwar Pahlawan de remporter avec son équipe la finale d'un sport toujours violent mais désormais financé en Afghanistan par des investisseurs.

A bientôt 40 ans, dont 20 en tournois, l'un des meilleurs "tchopendoz" du pays se félicite des récentes évolutions de ce sport équestre au coeur de l'identité afghane, pratiqué depuis des siècles dans les steppes du Nord, et qui enfièvre désormais aussi le Sud.

"Le jeu a changé du tout au tout", a-t-il expliqué à l'AFP dans sa maison de Mazar-e-Sharif (nord), après la récente victoire de son équipe Yama devant une foule exclusivement masculine, les femmes étant bannies des stades.

"Avant on nous payait avec du riz, de l'huile, un tapis ou une vache", mais aujourd'hui les tchopendoz ont des contrats de professionnels, jusqu'à 10.000 dollars (9.150 euros) par an.

Les équipiers de Yama, après leur victoire, se sont aussi partagé 35.000 dollars, trois chameaux et une voiture offerts par des sponsors.

En outre, chaque but a rapporté à son auteur 100 dollars. C'est-à-dire quand, après une âpre mêlée de sabots levés et de coups de cravache, un cavalier parvient à jeter au sol, dans le "cercle de justice", le sac de cuir de 30 kg qui remplace désormais la carcasse d'une chèvre.

Le rustique bouzkachi s'est embourgeoisé.

"Avant, après un tournoi, on nous versait de l'eau froide sur les épaules, maintenant on a des hammams et des saunas", explique Sarwar.

De même, les cavaliers ne se pendent plus aux arbres ni ne fendent plus de bois pour se muscler: ils soulèvent de la fonte dans des salles de gym.

"Ma vie a beaucoup changé", dit le tchopendoz de 1,65 m seulement mais dont la puissance lui vaut le surnom de "lion".

"Maintenant j'ai une voiture. Je n'avais presque pas de moutons et j'en ai beaucoup, je n'avais pas de terrain, et j'en ai un. Je n'avais pas de maison, et j'en ai deux".

Mais Sarwar reste "un homme simple". Entre deux tournois, il élève ses moutons.

Un million de dollars 

Le magnat du pétrole Saeed Karim, qui partage sa vie entre Mazar-e-Sharif, Dubaï et Istanbul, est le plus gros financier du bouzkachi nouveau.

Il a monté l'équipe qui porte le nom de sa compagnie, Yama Petroleum, il y a cinq mois.

Il a acquis les deux meilleurs tchopendoz du pays (dont Sarwar) et une quarantaine d'étalons, certains au Kazakhstan ou Tadjikistan, dont le prix peut atteindre 100.000 dollars.

"On a investi un million de dollars dans les chevaux, les cavaliers, les écuries et les équipements", explique-t-il.

L'entrepreneur possède quatre propriétés en Turquie, dont une maison de quatre millions de dollars à Istanbul. Combien en a-t-il au total? "Je n'ai pas compté".

"Je veux juste servir mon peuple", dit-il. "Quand mon équipe gagne, c'est un honneur".

Les talibans, revenus au pouvoir en 2021, avaient interdit ce sport "immoral" lors de leur premier règne (1996-2001).

Mais "le bouzkachi c'est la passion de cette nation. Les talibans savent qu'il rend les gens heureux, c'est pour cela qu'ils l'autorisent", estime le président de la Fédération de bouzkachi, Ghulam Sarwar Jalal.

Ils perçoivent aussi des taxes sur les tournois.

Une ligue nationale a été créée en 2020 et le bouzkachi s'est professionnalisé.

Avant, chaque équipe faisait jouer un nombre illimité de chevaux, "aujourd'hui c'est six chacune, ce sont les normes internationales", explique M. Karim.

De même un peu d'ordre a été mis dans ces combats brutaux, et les cartons jaunes ou rouges pleuvent en cas de faute.

Mais c'est surtout l'arrivée d'argent qui a transformé le bouzkachi.

"Les fans viennent plus nombreux car ils savent qu'il y a davantage de bons chevaux et de bonnes équipes sur le terrain", dit le propriétaire de Yama.

Mais "avec 40 chevaux, il faut 300.000 dollars par an" pour 15 cavaliers, 20 palefreniers et les soins des magnifiques étalons nourris d'orge, de dattes, oeufs et huile de poisson.

Pour le confort de ses hommes, qui ont souvent des jambes, côtes ou doigts cassés, M. Karim a fait construire un vaste ranch où ont été plantés des poiriers importés de Turquie et des amandiers, déjà en fleurs.

«Comme le football»

Dix-mille hommes s'étaient entassés pour la finale dans le stade de Mazar-e-Sharif, bravant les décharges de Taser ou les bastonnades des gardes qui canalisaient la foule, et hurlant quand un cavalier s'emparait de "la chèvre" et fusait au grand galop.

Parmi les spectateurs, Mohammad Yama Razaqyar. Il travaille pour un des sponsors de la finale.

"L'investissement des hommes d'affaires est bon pour le jeu. L'organisation est parfaite", se réjouit-il, tout en insistant sur le fait que "les spectateurs peuvent venir sans peur", avec la fin des combats meurtriers depuis le retour des talibans.

A la Fédération, M. Jalal est un président heureux.

"Cette année, 20 entrepreneurs nous ont contactés. Quatre ou cinq millions de dollars seront investis dans de nouvelles équipes".

"On veut faire (du bouzkachi) un sport comme le football ou le cricket", un sport "commercial", avance le président.

Avant le retour des talibans, il y avait en Afghanistan 100 à 200 tchopendoz.

"Maintenant on a au moins 500. Le bouzkachi attire les jeunes", lance-t-il.


En Irak durant le ramadan, des séries TV pour «  briser les tabous »

Des acteurs irakiens filment des scènes d'une série télévisée qui sera diffusée pendant le mois sacré musulman du Ramadan, le 23 février 2024, dans le quartier Cheikh Omar à Bagdad (Photo, AFP).
Des acteurs irakiens filment des scènes d'une série télévisée qui sera diffusée pendant le mois sacré musulman du Ramadan, le 23 février 2024, dans le quartier Cheikh Omar à Bagdad (Photo, AFP).
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  • La première saison du «Monde de Mme Wahiba», diffusée en 1997, racontait l'histoire de Wahiba, une infirmière qui s'efforce d'aider ses voisins malgré les sanctions internationales imposées à l'Irak en 1990
  • L'émission aborde également la question du mariage des enfants, qui n'est pas rare en Irak, en particulier dans les zones rurales

BAGDAD: Drogue, divorce ou mariage de mineurs: cette année en Irak, les séries TV veulent "briser les tabous" durant le ramadan, quand la télévision connaît ses plus grosses audiences dans ce pays conservateur.

Après une interruption de 27 ans, une série irakienne interdite sous le régime du dictateur Saddam Hussein, est revenue dans une deuxième saison pour raconter la sombre histoire des barons de la drogue qui prospèrent dans le pays.

Cette série, "Le monde de Mme Wahiba", aborde "les questions qui préoccupent notre société sur fond de guerre et de chaos", explique à l'AFP le réalisateur Samer Hikmat.

La chute du régime de Saddam Hussein et l'invasion américaine en 2003 a ouvert une boîte de Pandore. De 2006 à 2008, le pays a été déchiré par une guerre civile mais le traumatisme le plus récent a été la prise de contrôle de près d'un tiers du territoire irakien par le groupe jihadiste Etat islamique de l'été 2014 à décembre 2017.

Des décennies d'instabilité ont créé "une classe de personnes ayant profité du chaos", a déclaré M. Hikmat, en pointant du doigt en particulier les nouveaux riches trafiquants de drogue.

Et ce sont les jeunes qui sont "les victimes" de la drogue, selon lui.

L'Irak, qui était initialement un pays de transit de la drogue, a connu ces dernières années une explosion de la consommation de stupéfiants, principalement de captagon et de crystal meth.

«Conséquences tragiques»

La première saison du "Monde de Mme Wahiba", diffusée en 1997, racontait l'histoire de Wahiba, une infirmière qui s'efforce d'aider ses voisins malgré les sanctions internationales imposées à l'Irak en 1990, après l'invasion du Koweït, qui ont plongé de nombreux Irakiens dans la pauvreté et la criminalité.

Les dix-sept premières minutes du premier épisode étaient suffisantes pour que le régime décide de suspendre la diffusion de la série et l'interdire, craignant qu'elle n'incite les gens à s'opposer au pouvoir en place.

Un an plus tard, le feuilleton a reçu un prix régional et les autorités ont autorisé sa diffusion uniquement à la mi-journée, quand l'audience est à son plus bas.

Cette année, il est diffusé après la rupture du jeûne des musulmans, depuis le premier jour de ramadan, où l'audience des chaînes de télévision dans les pays arabes atteignent traditionnellement des sommets.

Quelques acteurs sont décédés pendant la longue interruption de la série, mais beaucoup d'autres ont repris leur rôle, comme Wahiba qui joue désormais un rôle secondaire. Sa petite-fille, une psychiatre, joue le personnage principal.

A Bagdad, dans le même garage où des scènes de la première saison ont été tournées, le réalisateur Samer Hikmat filme une séquence dans laquelle le baron de la drogue Alaa menace de décapiter un membre de son gang.

L'acteur Zuhair Rashid, qui incarne le trafiquant de drogue, estime que la série pointe la sombre réalité de "la richesse alimentée par la drogue et ses conséquences tragiques".

Malgré ses efforts, l'industrie du divertissement irakienne est loin des succès que connaissent les programmes syriens et égyptien dans le monde arabe.

Après la montée en puissance de l'EI, les séries irakiennes, qui ne sont diffusées que sur les chaînes de télévision locales, se sont principalement focalisées sur la persécution brutale des jihadistes et la guerre menée pour les vaincre.

Nouvelle tendance 

Cette année pendant le ramadan, Mehdi Abbas, un critique, fait état d'une nouvelle tendance, avec "la majorité des séries abordant des questions qui représentent une menace pour la société".

Une nouvelle série intitulée "Nay" (flûte en arabe) traite du chômage, en particulier parmi les étudiants en arts, et du fossé qui se creuse entre les riches et les pauvres.

L'actrice Suzanne Salehi, qui joue dans cette série, affirme raconter "l'aspiration des jeunes" à un meilleur d'avenir.

Une autre émission, "Séparation", est basée sur des histoires réelles de divorce que l'écrivain Hassaballah Yehya a suivies au tribunal, reflétant l'augmentation du nombre de séparations dans ce pays conservateur.

L'émission aborde également la question du mariage des enfants, qui n'est pas rare en Irak, en particulier dans les zones rurales.

L'âge légal du mariage en Irak est de 18 ans, mais il peut être abaissé à 15 ans en cas de consentement parental ou de décision judiciaire. "Les gens évitent généralement les sujets sensibles", estime M. Yehya, mais "nous essayons de briser les tabous".


Makenzy Orcel: Le premier Goncourt Choix du Maroc fait sa tournée dans le pays

Une somme humaine, le premier Goncourt Choix du Maroc, a fait le tour du Royaume. Son auteur, Makenzy Orcel, a ainsi sillonné les instituts français du pays, de Casablanca à Agadir, en passant par Fès, Meknès, Marrakech, Essaouira pour présenter son œuvre. (AFP).
Une somme humaine, le premier Goncourt Choix du Maroc, a fait le tour du Royaume. Son auteur, Makenzy Orcel, a ainsi sillonné les instituts français du pays, de Casablanca à Agadir, en passant par Fès, Meknès, Marrakech, Essaouira pour présenter son œuvre. (AFP).
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  • «C’est une belle aventure, à la fois littéraire et humaine, et une belle consécration, d’autant plus qu’elle vient des étudiants, d’une rencontre avec une œuvre»
  • «C’est absolument fabuleux, j’ai toujours rêvé d’être lu dans le monde entier, afin de prouver bêtement au petit garçon que j’ai été dans ce quartier populaire à Port-au-Prince que rien n’est impossible»

CASABLANCA: Une somme humaine, le premier Goncourt Choix du Maroc, a fait le tour du Royaume. Son auteur, Makenzy Orcel, a ainsi sillonné les instituts français du pays, de Casablanca à Agadir, en passant par Fès, Meknès, Marrakech, Essaouira pour présenter son œuvre. Un livre sélectionné par soixante-dix étudiants marocains et leurs enseignants, à l’occasion du prestigieux concours littéraire.

«C’est une belle aventure, à la fois littéraire et humaine, et une belle consécration, d’autant plus qu’elle vient des étudiants, d’une rencontre avec une œuvre. J’en suis non seulement heureux, mais très reconnaissant de faire désormais partie de leur bibliothèque», déclare l’auteur.

Un voyage littéraire

Désormais, ce roman pourra être lu au Maroc, mais également dans le reste du monde arabe, car le livre de l’écrivain haïtien sera traduit en langue arabe. Une fierté pour son auteur.

«C’est absolument fabuleux, j’ai toujours rêvé d’être lu dans le monde entier, afin de prouver bêtement au petit garçon que j’ai été dans ce quartier populaire à Port-au-Prince que rien n’est impossible. Il suffit de travailler, de se dépasser, de continuer. Je veux croire que les lecteurs, où qu’ils se trouvent, font partie de la même communauté, celle qui récuse une version unique du monde et qui se nourrit de sa complexité, de ses métamorphoses. C’est un honneur de pouvoir leur montrer ce que j’ai vu du monde, depuis quel lieu je l’aborde, l’enrichis, si je puis dire.»

«Un roman autobiographique imaginaire», c’est ainsi que l’auteur décrit son livre écrit dans un registre dramatique. En effet, Makenzy Orcel a «inventé un personnage et raconté sa vie de sa naissance à sa mort», et il en a fait «le gardien de sa propre éternité». Il s’agit de son héroïne, qui nous parle depuis l’au-delà et nous fait part de son destin tragique, notamment son enfance brisée, les passions qui l’ont animée, les rencontres qu’elle a faites… Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’auteur a choisi une narratrice.

«Un roman autobiographique imaginaire», c’est ainsi que l’auteur décrit son livre écrit dans un registre dramatique; en effet, Makenzy Orcel a «inventé un personnage et raconté sa vie de sa naissance à sa mort», et il en a fait «le gardien de sa propre éternité».

«Ça fait partie de l’esprit même de mon projet; une très vieille femme haïtienne dans L’Ombre animale [premier volet]; une jeune femme française dans Une somme humaine [deuxième volet] et une adolescente afro-américaine [dans le troisième volet]… J’ai beaucoup exploré des récits avec des héros masculins, mais cette fois-ci, je voulais travailler sur des récits féminins, sonder les êtres et les choses à partir de la conscience d’une figure féminine.»

De la poésie au roman

Né dans la capitale haïtienne, en 1983, Makenzy Orcel grandit dans un quartier pauvre de la ville, aux côtés de sa mère qui lui transmet son amour pour les histoires. Un héritage qu’il préserve fièrement, malgré l’absence de livres dans son environnement proche. Après le lycée, il entame des études de linguistique, qu’il abandonnera pour se «consacrer aux livres et à l’écriture». Le jeune auteur publie alors plusieurs recueils de poèmes avant de se lancer dans l’écriture de romans.

«Le roman est un genre dont j’aime la liberté et les métamorphoses qu’il subit. Écrire un roman, c’est écrire de la poésie, de la nouvelle, du cinéma, tout ça à la fois, porté par le même souffle. La poésie, c’est une autre façon de prendre en charge le temps, de travailler la langue et j’estime qu’elle est au cœur de mon travail. J’ai seize livres à mon actif, des recueils de poèmes et des romans pour la plupart primés, mais surtout lus et étudiés dans le monde.»

Nommé chevalier des arts et lettres en 2017 et finaliste du prix Goncourt en 2022, l’écrivain partage désormais ses récits avec le monde entier. Un fabuleux parcours qu’il n’avait pas «imaginé» à ses débuts. «Le plus important pour moi, ça a toujours été le travail et j’ai mis dans tous mes livres de la profondeur et assez d’humanité pour qu’ils puissent résister au temps. Ce n’est pas un grand prix qui fait durer un livre, mais ce que je viens de signaler. Je poursuis ma quête.»