L'oasis d'AlUla et ses jardins écologiques offrent aux visiteurs un paradis hivernal

Badr al-Mutairi explique aux visiteurs l'écosystème durable de l'oasis pendant une séance d’écojardinage. (Photo AN : Abdullah Jaber)
Badr al-Mutairi explique aux visiteurs l'écosystème durable de l'oasis pendant une séance d’écojardinage. (Photo AN : Abdullah Jaber)
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Publié le Jeudi 05 janvier 2023

L'oasis d'AlUla et ses jardins écologiques offrent aux visiteurs un paradis hivernal

Badr al-Mutairi explique aux visiteurs l'écosystème durable de l'oasis pendant une séance d’écojardinage. (Photo AN : Abdullah Jaber)
  • «Cette oasis est un cas d'école et un modèle à suivre pour le reste des oasis d'AlUla»
  • Les terres agricoles fertiles d'AlUla conviennent à diverses cultures au fil des saisons, notamment les agrumes et les dattes

ALULA: Alors que le festival Winter at Tantora est en cours, Experience AlUla attire de nouveaux visiteurs du monde entier en mettant en valeur les merveilles et les attractions naturelles de la ville-oasis.

L'écotourisme prend un nouvel essor lorsque les visiteurs de l'oasis patrimoniale explorent les cultures locales et en apprennent davantage sur l'écojardinage d'AlUla, un système agricole respectueux de l'environnement. L'expérience est renforcée par des guides locaux qui expliquent l'Histoire de l'oasis et de ses ressources en eau.

Les écofermes bénéficient d'une combinaison de connaissances locales et scientifiques, ainsi que d'approches environnementales et sociales appliquées avec succès aux systèmes agricoles dans des régions similaires.

Au cours d'une visite guidée, Badr al-Mutairi, un consultant agricole saoudien, déclare à Arab News: «Cette oasis est un cas d'école et un modèle à suivre pour le reste des oasis d'AlUla. Elle incarne les meilleures pratiques d'écoagriculture afin que les agriculteurs locaux comprennent le concept, l'ingénierie, la conception idéale de l'oasis et ce qui la sert le mieux.»

M. Al-Mutairi est également un inspecteur certifié avec quatre normes différentes en matière d'agriculture biologique, dont la norme biologique saoudienne, la loi américaine NOP, et les normes agricoles européennes et japonaises.

Il explique que les cultures dans l'oasis biologique d'AlUla sont pratiquées selon un protocole agricole bien étudié, dont le premier élément est un barrage représenté par des palmiers-dattiers de hauteur égale, suivi de bananiers et d'agrumes, puis de cultures plus petites, comme les légumes verts à feuilles.

«Toutes les cultures pratiquées dans l'oasis représentent un système environnemental intégré. Une fois que le courant d'air sec pénètre entre les palmiers, l'air est progressivement conditionné. Cela crée un air humide dont profitent les bananiers. Par conséquent, un air plus humide sera produit dans une zone protégée par les ombres des bananiers, ce qui facilitera la croissance des agrumes. Après avoir traversé ces conditions, la lumière du soleil et un air plus équilibré seront parfaits pour les cultures plus fragiles.»

(Photo AN : Abdallah Jaber)
(Photo AN : Abdallah Jaber)

L'agroécologie à AlUla intègre les principes de la science environnementale aux connaissances et pratiques indigènes. Elle combine efficacement l'investigation scientifique menée par les chercheurs et les agriculteurs avec des expériences communautaires utilisant des méthodes formelles et informelles.

«Une partie de l'oasis a été restaurée par un vieux fermier qui vivait dans l'oasis. Nous avons essayé d'achever ces aménagements selon des méthodes scientifiques avancées. Nous avons tiré parti de l'agriculture et de l'élevage pour la fabrication du compost, qui résulte du recyclage des déchets agricoles et animaux», indique Badr al-Mutairi.

Le système d'agriculture durable repose sur la bonne utilisation de toutes les composantes de l'exploitation. En pratique, cela se fait en préparant la zone médiane de la ferme à produire un engrais organique de haute qualité en mélangeant les déchets agricoles et les déchets animaux par fermentation aérobie.

«Le résultat de ce processus est restitué à la terre en quantités variables selon le type de sol. Habituellement, deux tonnes pour 1 000 mètres carrés sont utilisées pour améliorer sa fertilité et soutenir sa vie microbiologique», précise M. Al-Mutairi.

L’offre de visite de l'oasis propose également aux personnes intéressées des sessions qui offrent une expérience d'apprentissage immersive, avec la possibilité d'explorer les jardins et d'observer les animaux que l'on trouve traditionnellement dans les fermes, notamment les paons, les dindes, les poulets, les moutons, les lapins et les chèvres.

L'entrée de l'oasis offre un paysage à couper le souffle, avec des palmiers-dattiers s'étendant à perte de vue. Les visiteurs sont invités à se promener et à prendre des photos.

Une visiteuse de Riyad, Salma al-Hariri, âgée de 24 ans, déclare: «Dès que je suis entrée dans l'oasis, j'ai essayé d'en saisir toute la beauté. La nature est enchanteresse.»

Elle ajoute que les balançoires et les plantations de palmiers étaient sa partie préférée.

Les visiteurs peuvent également profiter d'ateliers interactifs de trois heures sur les micro-écosystèmes, axés sur le potager, les pépinières et le compostage.

Nafea Abdelhameed al-Tumbakti, un expert en agriculture écologique de la Commission royale pour AlUla, déclare à Arab News: «L'oasis d'AlUla couvre une superficie de quelque 350 hectares. Elle a été réhabilitée en plusieurs étapes, dont la plus importante a été le recyclage des déchets agricoles qui existaient dans le passé en production d'engrais organiques afin de fertiliser le sol.»

Les terres agricoles fertiles d'AlUla conviennent à diverses cultures au fil des saisons, notamment les agrumes et les dattes. AlUla est célèbre pour ses presque 2,3 millions de palmiers qui prolongent son oasis. Selon Badr al-Mutairi, le barni est considéré comme l'une des variétés de palmiers commerciaux les plus populaires de la région. Ce palmier produit une datte de taille moyenne avec un grain ferme et long de texture rugueuse.

M. Al-Tumbakti évoque également les cultures d'hiver d'AlUla. «Les cultures à feuilles sont dans leur saison désormais. Les choux-fleurs, les choux, les brocolis et les oranges sont tous récoltés à temps et proposés au marché des produits frais.»

Le marché des produits frais de la saison d'hiver doit commencer le 27 janvier et se poursuivra pendant deux mois. Il proposera des étals en plein air de produits frais, un éventail de cultures d'AlUla, telles que des grenades, des oranges et d'autres fruits de saison, ainsi que des légumes frais, notamment des aubergines, des oignons, des poivrons et des laitues. Des plats régionaux et une variété de sucreries seront également disponibles afin que les visiteurs puissent découvrir les saveurs traditionnelles d'AlUla.

Une saison d'aventures à AlUla.

Le premier week-end du festival Winter at Tantora s'est conclu par une aventure chargée d'adrénaline avec la via ferrata (itinéraire aménagé sur une paroi rocheuse). Les visiteurs courageux ont traversé les canyons d'AlUla en zigzaguant au cours d’une session d’escalade immersive, en suivant un parcours difficile.

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Une fois le parcours achevé, les aventuriers traversent un pont suspendu pour rejoindre l'autre côté de la montagne. Un hamac transparent est installé entre deux montagnes pour les clients qui souhaitent profiter de la vue exceptionnelle sur la vallée.

Des montgolfières qui flottent jusqu'à 1 800 mètres d’altitude offrent des vues panoramiques du paysage unique d'AlUla.

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En mars 2022, l’événement baptisé «AlUla Moments», en association avec la fédération saoudienne de montgolfières, a battu le record du plus grand spectacle lumineux de montgolfières au monde, avec un déploiement de cent quarante-deux montgolfières. (Photo fournie)

À l’occasion de l’événement AlUla Moments, des certificats de vol ont été distribués aux visiteurs qui se sont prêtés à l’aventure. Les visiteurs peuvent profiter d'expériences avec ou sans attache de quarante-cinq à soixante minutes, selon les conditions météorologiques et la disponibilité.

En mars 2022, AlUla Moments, en association avec la fédération saoudienne de montgolfières, a battu le record du plus grand spectacle lumineux de montgolfières au monde, avec un déploiement de cent quarante-deux montgolfières. L'événement a eu lieu près de Hégra, le premier site saoudien inscrit au patrimoine mondial de l'Organisation des nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco).

L'expérience d'écojardinage se déroule jusqu'à la fin du mois de mars. Les visiteurs peuvent profiter des offres AlUla en couple ou en groupe, et les billets pour toutes les activités peuvent être réservés sur experiencealula.com.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La bibliothèque Jadal est une oasis culturelle dans la province orientale de l'Arabie saoudite

Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
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  • Ali Al-Herz a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres, offrant aux visiteurs un espace où la mémoire, la philosophie et la culture prennent vie.
  • adal n'est pas seulement une bibliothèque, c'est bien plus que cela. C'est un musée à explorer, un espace philosophique propice à la réflexion et un rempart contre l'oubli des histoires culturelles importantes.

DHAHRAN : Dans le village tranquille d'Umm Al-Hamam, situé dans la province orientale de l'Arabie saoudite, une passion de longue date pour les livres s'est transformée en un havre culturel.

Ali Al-Herz, bibliophile et archiviste littéraire, a transformé sa maison en une bibliothèque d'exception nommée Jadal, un véritable trésor contenant plus de 37 000 livres, plus de 100 000 journaux et magazines, ainsi que des antiquités, dont certaines datent de plus d'un siècle.

Mais Jadal n'est pas seulement une bibliothèque, c'est bien plus que cela. C'est un musée à explorer, un espace philosophique propice à la réflexion et un rempart contre l'oubli des histoires culturelles importantes.

Al-Herz a déclaré à Arab News : « Depuis ma naissance, j'ai été entouré des livres de ma mère. J'ai grandi immergé dans cette passion, à tel point qu'elle m'a complètement envahi ; je suis devenu un rat de bibliothèque. »

L'étincelle qui a tout déclenché a été la rencontre d'Al-Herz avec l'épopée Sirat Antar à l'âge de 13 ans. « À partir de cette épopée, et à travers elle, j'ai commencé à explorer d'autres mondes », a-t-il déclaré. 

C'est cette curiosité et cette fascination qui ont finalement conduit Al-Herz à créer l'une des initiatives les plus originales du royaume d'Arabie saoudite.

Le nom « Jadal » signifie « débat » ou « discussion » en arabe, reflétant l'esprit curieux de la bibliothèque. Pour Al-Herz, l'objectif n'est pas seulement de préserver les textes, mais aussi l'idée de questionner et d'explorer les idées.

Al-Herz a déclaré : « J'ai choisi ce nom pour la bibliothèque, car il est profondément ancré dans l'histoire philosophique de la Grèce antique, ainsi que dans notre propre tradition culturelle arabo-islamique, en particulier dans notre héritage religieux. »

L'atmosphère philosophique imprègne les trois salles principales, nommées d'après Socrate, Platon et Aristote, qui accueillent les visiteurs dans un univers dédié à la lecture et à la réflexion. 

Des manuscrits rares, des textes anciens, des journaux et des antiquités ont été soigneusement archivés. Chaque pièce est un murmure du passé qui s'adresse à l'avenir. 

Al-Herz explique : « Même mon intérêt récent pour l'achat de livres s'est principalement orienté vers les éditions rares et les imprimés anciens, afin de créer une harmonie entre patrimoine et modernité. »

Mais Jadal ne se laisse pas envahir par la nostalgie, car Al-Herz organise toutes les deux semaines une réunion littéraire. Cet événement fait revivre une tradition qui était autrefois importante dans la vie intellectuelle des Arabes.

C'est un environnement où écrivains, universitaires et penseurs se réunissent autour d'un café arabe pour échanger des idées dans une atmosphère animée. 

À une époque où les gens recherchent des informations instantanées en ligne, Al-Herz continue d'utiliser des méthodes traditionnelles. « Il y a une lutte permanente entre deux générations », observe-t-il. « La victoire reviendra finalement à cette dernière génération, une fois que ma génération aura disparu. Les bibliothèques papier seront alors transformées en musées. »

Il a peut-être raison, mais pour l'instant, au cœur de la campagne de Qatif, la bibliothèque Jadal continue d'exister, et c'est un lieu où l'encre, la mémoire, le débat et le patrimoine continuent de façonner l'âme culturelle du Royaume. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


Amin Maalouf apporte un soutien inattendu aux langues régionales

Cette photographie montre la façade de l'Institut de France avant la présentation de la 9e édition du Dictionnaire de l'Académie française, qui est le dictionnaire officiel de la langue française, à Paris, le 14 novembre 2024. (Photo de Ludovic MARIN / POOL / AFP)
Cette photographie montre la façade de l'Institut de France avant la présentation de la 9e édition du Dictionnaire de l'Académie française, qui est le dictionnaire officiel de la langue française, à Paris, le 14 novembre 2024. (Photo de Ludovic MARIN / POOL / AFP)
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  • Ce dernier a écrit au Premier ministre François Bayrou et à la ministre de l'Éducation nationale, Elisabeth Borne, pour leur proposer un corpus d'œuvres en langues régionales destiné aux professeurs,
  • Le Collectif pour les littératures en langues régionales a constitué, avec l'aide de spécialistes, un recueil intitulé Florilangues, comprenant 32 textes en langue originale.

PARIS : Une initiative d'un collectif visant à enseigner le patrimoine littéraire dans les langues régionales de France a reçu lundi  un soutien inattendu : celui du secrétaire perpétuel de l'Académie française, Amin Maalouf.

M. Maalouf, écrivain franco-libanais, a été élu en 2023 à la tête d'une institution dont la mission est de veiller au rayonnement et à l'intégrité de la langue française.

Toutefois, il soutient la démarche du Collectif pour les littératures en langues régionales, qui suggère un enseignement de ce type au collège ou au lycée, a indiqué ce collectif à l'AFP.

Ce dernier a écrit au Premier ministre François Bayrou et à la ministre de l'Éducation nationale, Elisabeth Borne, pour leur proposer un corpus d'œuvres en langues régionales destiné aux professeurs, afin de sensibiliser à la « richesse de la production littéraire » dans d'autres langues que le français. 

« M. Maalouf, comme nous, est convaincu qu'il est nécessaire que les élèves français découvrent ces trésors culturels », écrit ce collectif à M. Bayrou, qui parle lui-même le béarnais.

Le Collectif pour les littératures en langues régionales a constitué, avec l'aide de spécialistes, un recueil intitulé Florilangues, comprenant 32 textes en langue originale (de l'alsacien au tahitien, en passant par le basque ou le corse), traduits en français.

On y trouve entre autres un poème en provençal de Frédéric Mistral (prix Nobel de littérature en 1904) intitulé Mirèio, une chronique en breton de Pierre-Jakez Hélias intitulée Bugale ar Republik, un court récit en créole martiniquais de Raphaël Confiant intitulé Bitako-a, ainsi qu'une chanson en picard d'Alexandre Desrousseaux intitulée Canchon dormoire (plus connue sous le nom de P'tit Quinquin).

« Il ne s'agit pas de donner des cours de langues régionales, mais de présenter des œuvres issues des littératures en langues régionales, que ce soit en français ou en version bilingue », précise le collectif.

Idéalement, selon lui, les élèves aborderaient des langues issues d'autres régions que la leur. « Pourquoi seuls les élèves antillais apprendraient-ils qu'il existe une littérature en créole ? », demande ce collectif, qui présente son initiative à la presse lors d'une visioconférence lundi après-midi. 


L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle

L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle. (Photo Fournie)
L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle. (Photo Fournie)
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  • Fraîchement conçue, cette installation baignée de jaune, ancrée dans les œuvres passées de l'artiste, offre une expérience sensorielle riche et complexe ainsi qu'un commentaire culturel incisif.
  • « The Social Health Club » s'articule autour d'objets trouvés au marché Haraj de Djeddah en 2018.

RIYAD : Ce mois-ci, l'artiste saoudienne Ahaad Alamoudi fait monter la température au Basel Social Club qui se tient jusqu'au 21 juin dans la ville suisse avec sa dernière installation, « The Social Health Club ». 

Fraîchement conçue, cette installation baignée de jaune, ancrée dans les œuvres passées de l'artiste, offre une expérience sensorielle riche et complexe ainsi qu'un commentaire culturel incisif. Elle marque également une première pour l'artiste avec un élément de performance en direct.

Basée à Djeddah, Alamoudi est connue pour créer des installations multimédias immersives s'inspirant de la dynamique complexe de son pays natal en pleine évolution. « The Social Health Club » s'articule autour d'objets trouvés au marché Haraj de Djeddah en 2018, notamment divers équipements de sport, dont un rameur.

« Ce sont des pièces que j'ai chinées dans des brocantes. J'aime le fait qu'aucune instruction n'accompagne ces machines : je ne connais ni leur nom, ni leur provenance, ni leur fabricant. Mais elles font désormais partie du paysage urbain dans lequel j'évolue. J'ai essayé de créer un espace ludique », a-t-elle déclaré à Arab News. 

Dans « The Social Health Club », les équipements, peints principalement dans un jaune vif et saturé, restent intacts, symbolisant une culture obsédée par l'auto-optimisation. Au cœur de l'installation se trouve un caméo représentant un fer à repasser peint en jaune, déjà présent dans son œuvre vidéo de 2020 intitulée « Makwah Man » (Makwah signifie « fer à repasser » en arabe).

« Beaucoup de mes œuvres sont issues d'un récit que je crée dans une vidéo. Dans « Makwah Man », cet homme vêtu d'une thobe jaune repasse un long morceau de tissu jaune au milieu du désert. Et pendant qu'il repasse, il nous dit comment vivre notre vie. Mais en nous disant comment vivre notre vie, il commence aussi à remettre en question la sienne, à comprendre le rôle du pouvoir, à prendre conscience de la pression du changement et de l'adaptation », explique Alamoudi. 

« Le jaune est présent dans la vidéo, mais l'artiste porte également une thobe jaune. Il y a aussi, dans cette version présentée à Art Basel, un portant de thobes jaunes qui tournent dans l'exposition. Pour moi, la thobe jaune est un symbole unificateur. J'essaie de dire que nous vivons tous cela différemment. Ainsi, dans la performance (pour « The Social Health Club »), un culturiste local vêtu d'une thobe jaune fera des exercices sur ces machines. Il n'a pas de règles à suivre. Il ne connaît rien, ne sait pas comment utiliser « correctement » l'équipement. Il entrera dans l'espace et utilisera les machines comme il le pourra.

« La performance sera enregistrée. Mais je pense que c'est plutôt une activation », a-t-elle poursuivi. « Ce n'est pas l'œuvre elle-même. L'œuvre existe sous la forme des machines. 

« Le Social Health Club » a été créé en étroite collaboration avec la conservatrice Amal Khalaf. Ensemble, ils se sont rendus à Djeddah où Alamoudi a pu découvrir avec elle des « machines un peu inhabituelles, différentes des machines classiques que l'on trouve dans les salles de sport et dont tout le monde connaît immédiatement l'utilité », explique Alamoudi.

« Elle est vraiment incroyable », a-t-elle poursuivi. « Nous avons vraiment construit cet espace ensemble. En gros, j'ai principalement créé la vidéo ; tout le reste a été construit à partir de là. Elle m'a beaucoup aidée. Elle s'est vraiment intéressée aux changements sociaux et à la manière dont nous les abordons. Notre collaboration a été parfaite. »

Le jaune domine chaque centimètre carré de l'œuvre, de manière délibérée et intense. 

« Je suis obsédé par les symboles dans certaines de mes œuvres. Et cela s'accompagne également d'une couleur », explique Alamoudi. « Je voulais mettre en valeur quelque chose de luxueux, de coloré, presque comme de l'or, mais qui n'est pas de l'or. Son apparence est assez austère. » 

Le jaune est à la fois une invitation et un avertissement. « Je pense que le jaune est également assez trompeur. J'aime cette couleur qui incite les gens à s'approcher pour voir ce qui se passe, mais qui les amène en même temps à se demander ce que c'est  elle est si agressive qu'elle en devient un peu inconfortable. »

L'interaction du spectateur est essentielle à la signification de l'œuvre. 

« Je pense que les machines représentent quelque chose et qu'elles véhiculent quelque chose, mais elles sont en réalité activées par les gens, par ce que les gens font avec elles », explique Alamoudi. « C'est pourquoi j'encourage beaucoup de spectateurs à interagir avec les œuvres, à les utiliser ou à essayer de les utiliser sans aucune instruction. Beaucoup de personnes qui entrent dans l'espace peuvent avoir peur de les toucher ou d'interagir avec elles. La présence de l'artiste qui active les structures ajoute une autre dimension à l'œuvre elle-même. »

Elle espère que les visiteurs se sentiront libres d'explorer les œuvres, sans être encombrés par des attentes.

« Les gens sont censés les utiliser à leur guise. Ils peuvent s'asseoir dessus, se tenir debout dessus, les toucher — ils peuvent aussi les laisser tranquilles », conclut-elle en riant. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com