Propos anti-musulmans: Houellebecq et le recteur de la Mosquée de Paris se sont vus

Le recteur de la Grande Mosquée de Paris Hafiz Chems-eddine, à la Grande Mosquée de Paris, le 16 janvier 2020. (Photo, AFP)
Le recteur de la Grande Mosquée de Paris Hafiz Chems-eddine, à la Grande Mosquée de Paris, le 16 janvier 2020. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 05 janvier 2023

Propos anti-musulmans: Houellebecq et le recteur de la Mosquée de Paris se sont vus

  • La semaine dernière, M. Hafiz avait dénoncé des propos «violents» et «extrêmement graves» de M. Houellebecq à l'égard des musulmans parus fin novembre dans la revue Front populaire
  • «Une rencontre a eu lieu et s'est bien passée», a déclaré le grand rabbin, confirmant une information du Figaro. «Tous deux ont manifesté une grande intelligence du coeur»

PARIS: L'écrivain Michel Houellebecq et le recteur de la Grande mosquée de Paris (GMP) Chems-eddine Hafiz, qui entendait porter plainte contre le romancier pour des propos "violents" visant les musulmans, se sont vus jeudi, a appris l'AFP auprès du grand rabbin Haïm Korsia et de la Grande Mosquée.

"Une rencontre a eu lieu et s'est bien passée", a déclaré à l'AFP le grand rabbin, confirmant une information du Figaro. "Tous deux ont manifesté une grande intelligence du coeur", a poursuivi M. Korsia, qui avait proposé une médiation entre les deux hommes.

La rencontre a aussi été confirmée par la GMP, qui a indiqué, dans un tweet que M. Hafiz avait "décidé de suspendre le dépôt de sa plainte".

"M. Houellebecq a convenu qu'il avait pu choquer", a précisé une source proche du dossier à l'AFP.

La semaine dernière, M. Hafiz avait dénoncé des propos "violents" et "extrêmement graves" de M. Houellebecq à l'égard des musulmans parus fin novembre dans la revue Front populaire, dans un entretien avec le philosophe Michel Onfray. L'auteur du roman "Soumission" y présente les musulmans comme une menace pour la sécurité des Français non musulmans.

"Le souhait de la population française de souche, comme on dit, ce n'est pas que les musulmans s'assimilent, mais qu'ils cessent de les voler et de les agresser. Ou bien, autre solution, qu'ils s'en aillent", y affirme Michel Houellebecq. Il prédit également des futurs "Bataclan à l'envers" à l'égard des musulmans, en référence aux attentats jihadistes du 13 novembre 2015.

"Michel Houellebecq, reconnaît +que les paragraphes concernés sont ambigus+, affirme jeudi la GMP, après la rencontre. Elle ajoute que l'écrivain les remplacera, "dans (une) édition à venir (de l'entretien avec M. Onfray, ndlr), par des paragraphes explicitant mieux (son) propos, et qui, (il) l'espère, ne heurteront pas les musulmans."

Par ailleurs, dans un texte envoyé jeudi au Figaro, l'écrivain amende ses propos initiaux, écrivant notamment que ce que les Français "demandent, et même ce qu'ils exigent, c'est que les criminels étrangers soient expulsés, et en général que la justice soit plus sévère avec les petits délinquants".

Contacté par l'AFP, l'éditeur de Michel Houellebecq, Flammarion, s'est refusé à tout commentaire.

"Jeter comme ça l'anathème sur l'ensemble d'une composante de la population française, l'excluant totalement, c'est extrêmement grave", avait déclaré Chems-eddine Hafiz il y a une semaine sur BFM-TV, dénonçant le fait d'opposer "Français de souche" et "musulmans".


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.