Mexique: Retour du calme à Culiacan, après la capture dans le sang d'un fils du «Chapo»

Des véhicules incendiés sont vus dans la rue lors d'une opération visant à arrêter le fils de Joaquin "El Chapo" Guzman, Ovidio Guzman, à Culiacan, dans l'État de Sinaloa, au Mexique, le 5 janvier 2023. (Photo, AFP)
Des véhicules incendiés sont vus dans la rue lors d'une opération visant à arrêter le fils de Joaquin "El Chapo" Guzman, Ovidio Guzman, à Culiacan, dans l'État de Sinaloa, au Mexique, le 5 janvier 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 07 janvier 2023

Mexique: Retour du calme à Culiacan, après la capture dans le sang d'un fils du «Chapo»

  • Près de 4 500 soldats patrouillent dans les rues de la ville de 800 000 habitants et ses environs après l'offensive lancée par le cartel de Sinaloa
  • «Dix militaires (...) ont malheureusement perdu la vie dans l'exercice de leurs fonctions», a annoncé le secrétaire à la Défense Luis Cresencio Sandoval

CULIACAN: Des milliers de soldats ont repris vendredi le contrôle de la ville de Culiacan, dans le nord-ouest du Mexique, théâtre de scènes de guerre la veille après la capture d'Ovidio Guzman, fils du célèbre baron de la drogue "El Chapo" lors d'une opération qui a fait 29 morts.

Près de 4 500 soldats patrouillent dans les rues de la ville de 800 000 habitants et ses environs après l'offensive lancée par le cartel de Sinaloa pour tenter d'empêcher la capture de l'un de ses chefs présumés âgé de 32 ans.

"La situation est calme ces dernières heures", a déclaré le président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador lors de sa conférence de presse quotidienne.

"Dix militaires (...) ont malheureusement perdu la vie dans l'exercice de leurs fonctions", a annoncé le secrétaire à la Défense Luis Cresencio Sandoval, ajoutant qu'il y avait également eu "19 morts" parmi les criminels présumés.

Trente-cinq autres militaires ont été blessés par balle, tandis que 21 personnes ont été arrêtées lors de cette opération qui n'aurait pas fait de victime parmi la population, selon les autorités.

Un haut gradé de l'armée figure parmi les victimes, a indiqué M. Sandoval, précisant que sa patrouille avait été attaquée à la suite de l'arrestation de celui qui se fait appeler "El Raton" ("la Souris"), accusé de diriger une faction liée au cartel de Sinaloa fondé il y a quatre décennies par son père.

Atterrissage d'urgence

Sur place, des agents en uniforme retirent les dizaines de voitures et camions incendiés jeudi dans plusieurs points de la ville où des échanges de tirs nourris ont été observés jusqu'à l'aéroport, touchant un avion de ligne et deux appareils de l'armée juste avant leur décollage.

Les appareils officiels "ont dû effectuer un atterrissage d'urgence, malgré le fait qu'ils aient reçu un nombre important d'impacts", a expliqué le secrétaire à la Défense. Aucun de ces incidents n'a fait de blessés.

Des images diffusées sur les réseaux sociaux ont montré des passagers se recroquevillant pour échapper aux balles, et des travailleurs aéroportuaires se cachant derrière leurs comptoirs.

Suspendus jeudi, les vols ont repris vendredi.

Ovidio Guzman a été transféré jeudi à bord d'un avion de l'armée de l'Air jusqu'à Mexico.

Des images diffusées par des médias locaux l'ont ensuite montré, barbu et vêtu d'un gilet orange, embarquer à bord d'un hélicoptère en direction de la prison d'El Altiplano, à 90 km de Mexico.

C'est de cette même prison que son père s'était évadé en 2015 en empruntant à moto un tunnel long de 1,5 km creusé sous la douche de sa cellule, ventilé et éclairé et débouchant dans un immeuble en construction.

La capture d'Ovidio Guzman intervient trois jours avant l'arrivée au Mexique du président américain Joe Biden. Washington offrait cinq millions de dollars pour la capture du fils du "Chapo". A nouveau arrêté en 2016, ce dernier a été expulsé aux Etats-Unis où il est emprisonné à vie.

Extradition

Le ministre mexicain des Affaires étrangères, Marcelo Ebrard, a nié jeudi que cette arrestation soit un geste de son gouvernement à l'égard de Washington, et exclu toute extradition "express".

Le narcotrafiquant présumé, recherché par les autorités américaines pour trafic de cocaïne, de méthamphétamine et de marijuana aux Etats-Unis, a de fait obtenu vendredi une suspension judiciaire contre une extradition immédiate.

Son arrestation n'est "pas un accomplissement insignifiant de la part des autorités mexicaines", a réagi John Kirby, un porte-parole de la Maison Blanche, ajoutant que les États-Unis continueraient à travailler "au pas de course" avec le Mexique dans la lutte contre le narcotrafic et notamment contre le puissant opioïde synthétique fentanyl.

Le cartel de Sinaloa est considéré par l'Agence américaine antidrogue (DEA) comme le principal responsable du trafic de cette drogue 50 fois plus puissante que l'héroïne qui a causé de nombreux décès par overdose aux Etats-Unis.

En octobre 2019, "El Raton" avait été brièvement arrêté, puis relâché sur ordre du président Obrador après un violent soulèvement à Culiacan à la suite de son arrestation. Le président avait justifié cette décision critiquée, arguant qu'un bain de sang avait été évité.

M. Obrador a souligné que cette fois-ci l'opération avait été menée à la périphérie de la ville et non dans le centre afin de ne pas mettre la population en danger.


Pourparlers sur l'Ukraine: Kiev et l'Europe voient des avancées mais encore beaucoup de travail

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
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  • Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou
  • Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine

KIEV: Le chancelier allemand a insisté lundi pour que la Russie rejoigne la table des négociations sur un plan de paix pour l'Ukraine, au lendemain de pourparlers à Genève ayant donné lieu à un "nouvel élan", mais qui nécessitent encore "du travail" selon Kiev et l'UE.

Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou. Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine.

L'Ukraine, qui lutte depuis près de quatre ans contre l'invasion de la Russie, est de nouveau au coeur d'échanges lundi à Luanda en marge d'un sommet entre l'UE et l'Union africaine. Et la "Coalition des volontaires", qui réunit les alliés de l'Ukraine, se réunira mardi en visioconférence.

"La Russie doit être présente à la table (des négociations)", a affirmé le chancelier allemand Friedrich Merz, jugeant néanmoins improbable "une percée" diplomatique cette semaine.

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre".

Salué par le président russe Vladimir Poutine, le texte initial du plan Trump reprenait plusieurs exigences cruciales pour Moscou. Le Kremlin a dit lundi n'avoir aucune information à l'issue des pourparlers de Génève, mais savoir que des "modifications" avaient été apportées.

Si M. Zelensky a salué lundi des avancées, il a estimé qu'il fallait "beaucoup plus" pour parvenir à une "paix réelle" avec la Russie et mettre fin au conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Atmosphère "constructive"

Le dirigeant ukrainien s'est néanmoins félicité de l'inclusion d'éléments "extrêmement sensibles": la libération totale des prisonniers ukrainiens selon la formule de "tous-contre-tous" et des civils, et le retour des "enfants ukrainiens enlevés par la Russie".

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que l'hypothèse d'une visite de Volodymyr Zelensky à Washington était "au stade de la discussion", sans date fixée.

L'atmosphère à Genève était "parfois tendue, parfois plus légère mais dans l'ensemble constructive", a-t-il décrit, évoquant une ambiance "typique des négociations extrêmement importantes".

Depuis Luanda, les alliés européens de Kiev se sont dit prudemment optimistes.

"Il reste encore du travail à faire mais il y a une base solide pour avancer", a dit la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Le président du Conseil européen, Antonio Costa, a lui salué un "nouvel élan".

Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a aussi noté les "progrès significatifs" réalisés à Genève.

Aucune nouvelle version du texte n'a pour l'heure été publiée.

"Nous continuons tous à travailler avec nos partenaires, en particulier les États-Unis, et à rechercher des compromis qui nous renforcent et ne nous affaiblissent pas", a dit M. Zelensky lors d'une conférence virtuelle en Suède, ajoutant que son pays se trouve à un "moment critique".

Le président américain a semblé se réjouir de l'issue de la rencontre à Genève. "Est-ce vraiment possible que de grands progrès soient réalisés dans les pourparlers de paix entre la Russie et l'Ukraine??? Ne croyez que ce que vous voyez, mais quelque chose de bon pourrait bien se produire", a-t-il écrit sur son réseau Truth Social.

A Genève, son secrétaire d'Etat Marco Rubio s'était dit dimanche "très optimiste" sur la possibilité de conclure "très vite" un accord, estimant que "les points qui restent en suspens ne sont pas insurmontables".

Les Russes auront "leur mot à dire", avait-il aussi assuré.

Lors d'un entretien téléphonique lundi entre Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, le dirigeant russe a réitéré son opinion selon laquelle le plan initial des États-Unis pourrait "servir de base à un règlement de paix final".

La poussée lente, mais progressive, des troupes russes accentue la pression sur Kiev.

Moscou a revendiqué lundi la prise d'un village dans la région de Zaporijjia (sud), tandis que des frappes aériennes russes ont fait au moins quatre morts à Kharkiv.

La Russie cible quasi quotidiennement le pays au moyen de drones ou de missiles. Les infrastructures énergétiques sont particulièrement visées, faisant craindre un hiver difficile en Ukraine. Kiev vise de son côté régulièrement des dépôts et raffineries de pétrole et d'autres installations côté russe.

 


L'IA générative, un potentiel «Frankenstein des temps modernes», prévient le chef des droits humains de l'ONU

Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
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  • "Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk
  • Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé

GENEVE: Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes.

"L'IA générative recèle un immense potentiel, mais son exploitation à des fins purement politiques ou économiques peut manipuler, déformer et détourner l'attention", a déclaré le Haut Commissaire Volker Türk lors d'une réunion à Genève (Suisse), soulignant que "sans garanties et réglementations adéquates, les systèmes d'IA pourraient se transformer en un monstre de Frankenstein des temps modernes".

"Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk lors d'un forum sur les entreprises et les droits humains.

Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé.

L'exploitation de cette technologie "à des fins purement politiques ou économiques" fait peser une menace "sur plusieurs droits humains, notamment le droit à la vie privée, la participation politique, la liberté d'expression et le droit au travail".

Le Haut Commissaire a averti que ces menaces "pourraient se concrétiser en préjudices qui compromettent les promesses des technologies émergentes et pourraient engendrer des conséquences imprévisibles".

"Il est de la responsabilité des gouvernements de s'unir pour éviter un tel scénario", a insisté M. Türk.

Par ailleurs, le chef des droits humains de l'ONU a mis en évidence une autre menace représentée par la concentration croissante du pouvoir des entreprises et l'"accumulation massive de richesses personnelles et d'entreprises entre les mains d'une poignée d'acteurs".

"Dans certains cas, cela dépasse le poids économique de pays entiers", a-t-il déclaré, insistant sur le fait que lorsque "le pouvoir n'est pas encadré par la loi, il peut mener à des abus et à l'asservissement".

 


L'UE promet 88 millions d'euros en faveur de l'Autorité palestinienne

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  • "Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica
  • Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël

BRUXELLES: Les pays de l'Union européenne vont verser quelque 88 millions d'euros pour aider l'Autorité palestinienne, pressée de se réformer par les Européens, soucieux de son rôle futur dans le cadre du plan Trump pour la région.

"Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica, à l'issue d'une conférence des donateurs à Bruxelles.

Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël.

"Aujourd'hui, nous avons présenté les progrès réalisés dans le cadre de notre programme de réforme nationale, qui est mis en œuvre, pas seulement promis, mais mis en œuvre et en avance sur le calendrier, ce qui a été reconnu par nos partenaires", a indiqué de son côté le Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa.

Et cela "en dépit d'un environnement défavorable", a-t-il ajouté, accusant Israël de chercher "à affaiblir l'Autorité palestinienne ainsi que sa capacité à fonctionner".

Mme Suica a réitéré sur ce point les appels lancés par l'Union européenne pour qu'Israël accepte de libérer les recettes fiscales dues à l'Autorité palestinienne, indispensables à son fonctionnement.

"Cela a été dit par tous les participants", a-t-elle assuré.

Concernant Gaza, M. Mustafa a assuré que l'Autorité palestinienne avait un plan, soutenu par les pays arabes pour sa reconstruction. "Nous gouvernerons, nous réformerons et nous dirigerons la reconstruction de Gaza", a-t-il assuré.

L'Union européenne est le principal soutien financier de l'Autorité palestinienne. Elle conditionne toutefois le versement futur de cette aide à des réformes, qu'elle juge indispensables pour que cette Autorité soit en mesure de jouer pleinement son rôle dans le cadre de la solution à deux États, israélien et palestinien, que les Européens défendent depuis des années.

"Tout notre soutien à l'Autorité palestinienne est lié aux efforts pour poursuivre l'agenda des réformes", a rappelé Mme Suica.