Kevin McCarthy accède enfin au perchoir de la Chambre américaine des représentants

Le leader républicain de la Chambre des représentants des États-Unis, Kevin McCarthy, célèbre son élection au poste de président de la Chambre des représentants des États-Unis lors du 15e tour de scrutin qui s'est déroulé tard dans la nuit au Capitole, à Washington. (Reuters)
Le leader républicain de la Chambre des représentants des États-Unis, Kevin McCarthy, célèbre son élection au poste de président de la Chambre des représentants des États-Unis lors du 15e tour de scrutin qui s'est déroulé tard dans la nuit au Capitole, à Washington. (Reuters)
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Publié le Samedi 07 janvier 2023

Kevin McCarthy accède enfin au perchoir de la Chambre américaine des représentants

  • Enfin élu, Kevin McCarthy remplace la démocrate Nancy Pelosi au poste de «speaker»
  • Il ressort affaibli de cette élection qui augure d'un mandat très difficile

WASHINGTON: Kevin McCarthy a été élu président de la Chambre américaine des représentants dans la nuit de vendredi à samedi, mettant fin à un processus marqué jusqu'au bout par de très vives tensions dans les rangs républicains.

A force de tractations, le groupe de trumpistes qui paralysait la nomination du quinquagénaire de Californie a finalement cédé. Ils ont mis fin à une pagaille au Congrès, inédite en plus de 160 ans qui préfigure de débats très agités au Congrès américain durant les deux prochaines années.

Mais pas sans un dernier baroud d'honneur.

La folle semaine du Congrès des Etats-Unis

Mieux qu'à Hollywood, le Congrès des Etats-Unis a vécu une semaine folle qui a débuté comme une comédie familiale, avant de prendre des accents de drame burlesque, puis de thriller, conclu dans une scène haletante samedi aux petites heures.

Le tout autour d'une procédure pourtant aride: l'élection du chef de la Chambre des représentants qui, pour la première fois en plus de 160 ans, a pris quatre longues journées et 15 votes.

Le bébé et le chien

Tout a débuté mardi dans une ambiance festive: les représentants élus en novembre doivent prendre leurs fonctions pour la première fois. Ils ont convié leurs proches qui, du balcon, applaudiront quand ils prêteront serment.

Mais le règlement prévoit qu'avant toute chose, ils choisissent leur chef, le "speaker" de la Chambre. Le républicain Kevin McCarthy est censé décrocher le rôle, son parti ayant regagné, de peu, la majorité dans cette enceinte.

Sauf qu'une poignée d'irréductibles, représentant la droite de la droite, refusent de lui donner leurs voix, lui reprochant pèle-mêle d'être trop timoré, pas assez solidaire de Donald Trump, d'incarner le "système" ou de ne pas avoir de convictions.

Les votes s'enchaînent mais personne ne décroche la majorité nécessaire. Les familles en profitent pour visiter Washington. Certains enfants descendent dans l'hémicycle, s'y endorment, s'y ennuient.

Le démocrate Jimmy Gomez garde son bébé de 4 mois avec lui. Il déclenche des rires complices en votant avec le petit Hodge cinglé sur son ventre. Jeudi, la républicaine Nancy Mace a voté, elle, avec son chien Libby sous le bras.

Palabres

Dans cette confusion, des tractations s'engagent peu à peu, alimentant toutes les spéculations.

Les caméras, exceptionnellement autorisées à filmer dans les moindres recoins, captent l'élue de gauche Alexandria Ocasio-Cortez en grande discussion avec le républicain Paul Gosar. En 2021, il avait pourtant posté une vidéo d'animation le montrant en train de la tuer. Cette-fois, il s'enquiert de la stratégie des démocrates.

Le républicain George Santos, snobé mardi par ses pairs parce qu'il a menti sur son CV pendant sa campagne, profite de ce climat de palabres pour sortir de son isolement.

Vendredi, après une nuit de négociations, des élus républicains prient au pied du perchoir, dans l'espoir que la situation se débloque.

A la reprise de séance, Kevin McCarthy s'agite en coulisses. Il ne cesse de quitter son siège pour discuter dans les galeries adjacentes à l'hémicycle. Ses efforts semblent porter de premiers fruits, une quinzaine d'élus rentrent dans le rang.

En milieu d'après-midi, la séance est ajournée, il ne lui manque qu'une poignée de voix.

Elle reprend tard le soir. Kevin McCarthy affiche son optimisme. La déception n'en est que plus vive quand un 14e vote échoue à une voix près. Le visage défait, il fonce sur le banc des dissidents, avant de reprendre contenance. Et de plaider pour un nouveau vote.

"Encore une fois, encore une fois", scandent ses soutiens, déterminés à gagner cette guerre d'usure. Cette fois sera la bonne, les rebelles s'abstiennent, ce qui suffit mécaniquement à lui offrir le perchoir. Il est minuit passé, les applaudissements retentissent.

Pagaille dans l'hémicycle

Ces électrons libres ont fait durer le suspense jusqu'au bout, bloquant une dernière fois la candidature de l'élu au 14ème vote, provoquant une véritable pagaille dans l'hémicycle.

Kevin McCarthy s'est alors dirigé vers le groupe de trumpistes, alors que les doigts se pointaient accusateurs. Au milieu du brouhaha, la greffière du Congrès appelait les élus à rester calmes.

Toute la semaine durant, ce noyau dur d'élus conservateurs, qui accuse l'élu de se plier aux intérêts de l'establishment de Washington, a profité de la très fine majorité républicaine décrochée aux élections de mi-mandat de novembre pour jouer les trouble-fête.

Ils n'ont fait retomber la pression qu'après avoir obtenu des garanties de taille -- dont une procédure visant justement à faciliter l'éviction du "speaker".

Enfin élu, Kevin McCarthy remplace la démocrate Nancy Pelosi au poste de "speaker". Et ressort affaibli de cette élection qui augure d'un mandat très difficile.

Au menu dans les tout prochains mois, des négociations sur le relèvement du plafond de la dette publique américaine, le financement de l'Etat fédéral et, potentiellement, sur le déblocage d'enveloppes supplémentaires pour la guerre en Ukraine.

Avec leur nouveau contrôle de la Chambre, les républicains ont aussi promis de lancer une kyrielle d'investigations sur la gestion par Joe Biden de la pandémie ou du retrait d'Afghanistan.

Mais après avoir étalé leurs divisions au grand jour, leurs enquêtes auront-elles le même écho?

Faire face à une Chambre hostile, mais désordonnée pourrait se révéler être une aubaine politique pour Joe Biden, s'il confirme son intention de se représenter en 2024 -- décision qu'il doit annoncer en début d'année.

Faute de contrôler les deux chambres - ce qui était le cas depuis son investiture en janvier 2021, bien qu'avec une très mince majorité au Sénat - le président américain ne peut plus espérer faire passer de législations majeures.

Mais avec un Sénat aux mains des démocrates, les républicains non plus.

Anniversaire de l'assaut

Tout au long de ce processus de désignation de "speaker", le parti de Joe Biden n'a pas manqué de dénoncer la mainmise des fidèles de Donald Trump -- dont beaucoup refusent toujours de reconnaître sa défaite en 2020 -- sur le parti républicain, deux ans jour pour jour après l'assaut du Capitole.

Mais les démocrates, qui ont perdu le contrôle de la Chambre après le scrutin de novembre, ne disposaient pas d'assez de voix pour mettre fin à cette paralysie.

Des séances de négociations marathon dans les galeries adjacentes à l'hémicycle, une horde de journalistes captant chaque déclaration de ce groupe d'électrons libres... Cette élection est par moments apparue interminable.

Et pour cause, les représentants de la Chambre n'avaient d'autres choix que de continuer à voter jusqu'à ce qu'un "speaker" soit élu à la majorité simple.

Une républicaine votant avec son chien sous le bras, des démocrates se partageant un journal pour passer le temps... Les caméras de la chaîne parlementaire américaine, d'ordinaire soumises à des règles très strictes sur les prises de vues autorisées, ont capté de nombreux moments de vie de cette procédure atypique, pour le plus grand plaisir des téléspectateurs et des réseaux sociaux.

Cette paralysie du Congrès américain a néanmoins eu des répercussions très concrètes: sans "speaker", troisième personnage le plus important de la politique américaine après le président et le vice-président, les élus n'ont pas pu pas prêter serment. Impossible donc de voter quelconque projet de loi, participer à des commissions parlementaires ou d'accéder à des informations classées secret défense.


L'ambassade suisse, qui représente les intérêts américains, rouvre en Iran

Le drapeau suisse flotte sur l'ambassade suisse, avec en arrière-plan la coupole du bâtiment du Reichstag, qui abrite la chambre basse du Parlement, le 23 novembre 2012 à Berlin. (AFP)
Le drapeau suisse flotte sur l'ambassade suisse, avec en arrière-plan la coupole du bâtiment du Reichstag, qui abrite la chambre basse du Parlement, le 23 novembre 2012 à Berlin. (AFP)
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  • Depuis dimanche, l'ambassade de Suisse « est à nouveau ouverte, après avoir été temporairement fermée le 20 juin en raison de l'instabilité de la situation dans le pays », indique un communiqué du ministère suisse des Affaires étrangères.
  • « Avec la réouverture de son ambassade à Téhéran, la Suisse peut à nouveau représenter directement sur place les intérêts américains en Iran, en sa qualité de puissance protectrice », ajoute le ministère. 

GENEVE : L'ambassade suisse à Téhéran pourra de nouveau représenter directement les intérêts américains en Iran, a annoncé la Suisse, qui a appelé les parties à « reprendre le chemin de la diplomatie ».

Depuis dimanche, l'ambassade de Suisse « est à nouveau ouverte, après avoir été temporairement fermée le 20 juin en raison de l'instabilité de la situation dans le pays », indique un communiqué du ministère suisse des Affaires étrangères.

L'ambassadrice Nadine Olivieri Lozano est revenue samedi dans la capitale iranienne par voie terrestre, en passant par l'Azerbaïdjan, accompagnée d'une petite équipe.

« Avec la réouverture de son ambassade à Téhéran, la Suisse peut à nouveau représenter directement sur place les intérêts américains en Iran, en sa qualité de puissance protectrice », ajoute le ministère. 

En l'absence de relations diplomatiques ou consulaires entre les États-Unis et l'Iran, la Suisse représente officiellement les intérêts américains dans ce pays depuis 1980, par l'intermédiaire de son ambassade à Téhéran.

« Il est essentiel que toutes les parties reprennent sans délai le chemin de la diplomatie. À cet effet, la Suisse met à disposition ses bons offices et Genève peut accueillir des négociations », souligne le ministère suisse des Affaires étrangères.

Téhéran et Washington ont déjà mené cinq cycles de négociations sur le programme nucléaire iranien depuis le 12 avril. Un sixième cycle, initialement prévu le 15 juin sous la médiation du sultanat d'Oman, a été annulé après le déclenchement d'une guerre provoquée par une attaque israélienne contre l'Iran, deux jours plus tôt. 

Israël a affirmé vouloir empêcher l'Iran d'acquérir l'arme nucléaire et a mené des frappes contre des sites nucléaires iraniens, tuant plusieurs hauts gradés de l'armée ainsi que des scientifiques du programme. Dans la nuit du 21 au 22 juin, le président américain Donald Trump a ordonné des frappes aériennes visant trois installations nucléaires situées dans le centre de l'Iran.

Téhéran, qui nie vouloir se doter de l'arme atomique, a mené des frappes de représailles contre Israël avant l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu, le 24 juin.


Le Dalaï Lama célèbre son 90e anniversaire en prononçant une prière pour la paix

Le chef spirituel tibétain, le Dalaï Lama, assiste à une cérémonie de prière pour une longue vie au temple Tsuglakhang à Mcleodganj, Dharamshala, le 5 juillet 2025. (Photo de Niharika KULKARNI / AFP)
Le chef spirituel tibétain, le Dalaï Lama, assiste à une cérémonie de prière pour une longue vie au temple Tsuglakhang à Mcleodganj, Dharamshala, le 5 juillet 2025. (Photo de Niharika KULKARNI / AFP)
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  • Le Dalaï Lama a fêté dimanche ses 90 ans « en simple moine bouddhiste » avec une prière en faveur de la paix, au terme d'une semaine de célébrations.
  • Les psalmodies des moines bouddhistes ont résonné depuis le monastère de McLeod Ganj, dans le nord de l'Inde, où le Dalaï Lama passe l'essentiel de son temps depuis qu'il a fui la répression chinoise à Lhassa, au Tibet, en 1959. 

MC LEOD GANJ, INDE : Le Dalaï Lama a fêté dimanche ses 90 ans « en simple moine bouddhiste » avec une prière en faveur de la paix, au terme d'une semaine de célébrations dans les contreforts de l'Himalaya indien, où il vit en exil.

« Je ne suis qu'un simple moine bouddhiste. D'habitude, je ne participe pas aux célébrations d'anniversaire », a-t-il déclaré dans un message, alors qu'il avait fait part la veille de son rêve de vivre « encore 30 ou 40 ans ».

Drapé dans sa robe bordeaux et son écharpe jaune, le chef spirituel des Tibétains a adressé un sourire espiègle à des milliers de fidèles avant le début des prières.

Les psalmodies des moines bouddhistes ont résonné depuis le monastère de McLeod Ganj, dans le nord de l'Inde, où le Dalaï Lama passe l'essentiel de son temps depuis qu'il a fui la répression chinoise à Lhassa, au Tibet, en 1959. 

Au fil des célébrations qui se sont étalées sur toute la semaine, Tenzin Gyatso (son nom d'état civil) n'a pas pu éviter d'aborder le sujet épineux de l'après, alors que la Chine entend bien choisir un successeur à sa place.

Extrêmement attendu sur la question, il a affirmé mercredi que l'institution serait « perpétuée », déclenchant aussitôt une réaction ferme de Pékin, qui a affirmé que tout nom devait être « approuvé par le gouvernement central ».

De son côté, l'actuel Dalaï Lama a assuré que celui qui prendrait sa suite serait « forcément né dans le monde libre ».

Il a également affirmé que la responsabilité de désigner un successeur « reposerait exclusivement sur les membres du Ganden Phodrang Trust, le bureau de Sa Sainteté le Dalaï Lama ». « Personne d'autre n'a l'autorité requise pour se mêler de cette question. »

« Le voir fêter ses 90 ans aujourd'hui me comble de bonheur, mais m'emplit aussi d'une profonde tristesse », a confié Dorje Dolma, 27 ans, qui a fui le Tibet pour l'Inde. « Sa Sainteté a toujours été comme une figure paternelle pour moi. Sa bonne santé me réjouit, mais parfois, son âge m'inquiète. » 

« Symbole durable d'amour » 

Né le 6 juillet 1935, il est devenu, dès l'âge de deux ans, le 14^e chef spirituel et politique des Tibétains, identifié par la tradition bouddhiste comme la réincarnation de son prédécesseur.

Considéré comme un dangereux séparatiste par Pékin, il a reçu le prix Nobel de la paix en 1989 et incarne désormais dans le monde entier le combat pour la liberté du Tibet.

Ce vaste territoire himalayen, d'une taille comparable à celle de l'Afrique du Sud, a été envahi en 1950 par les troupes chinoises, qui en ont fait une province de la République populaire de Chine. Tenzin Gyatso n'y a jamais remis les pieds depuis son exil en Inde.

Le chef spirituel a reçu dimanche les vœux du Premier ministre du pays qui l'accueille.

« Je me joins aux 1,4 milliard d'Indiens pour adresser nos vœux les plus chaleureux à Sa Sainteté le dalaï-lama pour ses 90 ans », a déclaré dans un communiqué Narendra Modi. 

« Il est un symbole durable d'amour, de compassion, de patience et de discipline morale », a-t-il ajouté, lui souhaitant une « bonne santé et une longue vie ».

Dans un communiqué, le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a assuré que Washington était « engagé dans la promotion du respect des droits humains et des libertés fondamentales des Tibétains ».

D'autres personnalités, comme les anciens présidents des États-Unis Barack Obama, Bill Clinton et George W. Bush, ou l'acteur Richard Gere, qui soutient sa cause depuis longtemps, ont salué l'œuvre du dalaï-lama.

L'anniversaire de ce dernier marque la fin d'une semaine entière de célébrations en l'honneur de l'un des dirigeants religieux les plus populaires au monde, apprécié pour son humour et ses enseignements.

« Bien qu'il soit important de travailler au développement matériel, il est vital de se concentrer sur la paix de l'esprit en cultivant un bon cœur et en faisant preuve de compassion, pas seulement envers ses proches, mais envers tout le monde », a-t-il fait valoir dimanche.

« Ainsi, vous contribuerez à rendre le monde meilleur. »

La fête s'est terminée par la traditionnelle dégustation du gâteau, dont Tenzin Gyatso a mangé une part sous les chants : « Joyeux anniversaire ».


Les migrants, un sujet épineux au menu du sommet franco-britannique

 Depuis le début de l'année, plus de 21 000 migrants ont traversé la Manche. (Photo AFP))
Depuis le début de l'année, plus de 21 000 migrants ont traversé la Manche. (Photo AFP))
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  • La France est accusée de ne pas en faire assez, malgré les fonds qu'elle reçoit de Londres pour financer une partie des actions visant à sécuriser la frontière.
  • Sur les six premiers mois de 2025, le nombre de migrants ayant traversé la Manche a augmenté de 48 % par rapport à la même période l'année précédente.

LONDRES : Depuis le début de l'année, plus de 21 000 migrants ont traversé la Manche, un record qui accentue la pression sur le Premier ministre britannique, Keir Starmer, à la veille du sommet franco-britannique au cours duquel des mesures visant à enrayer ces arrivées devraient être annoncées.

La page des tensions post-Brexit est tournée et les relations entre Paris et Londres se sont considérablement réchauffées. Mais un sujet reste sensible : les migrants qui arrivent en Angleterre à bord de petites embarcations depuis le nord de la France.

Les images de canots surchargés quittant les plages françaises sont régulièrement diffusées dans les médias.

La France est accusée de ne pas en faire assez, malgré les fonds qu'elle reçoit de Londres pour financer une partie des actions visant à sécuriser la frontière.

Le travailliste Keir Starmer, arrivé au pouvoir il y a un an, a promis de « reprendre le contrôle des frontières ». Le chef du gouvernement est sous la pression du parti d'extrême droite Reform UK de Nigel Farage, qui progresse dans les sondages.

« Les chiffres ne vont pas dans la bonne direction », souligne Peter Walsh, de l'Observatoire de la migration de l'université d'Oxford. 

Sur les six premiers mois de 2025, le nombre de migrants ayant traversé la Manche a augmenté de 48 % par rapport à la même période l'année précédente. Le record de 2022, avec 45 774 arrivées de migrants, pourrait bien être battu. 

Éviter les noyades 

Une loi sur le contrôle des frontières est actuellement en cours d'examen au Parlement britannique. Elle doit notamment donner davantage de pouvoir aux forces de l'ordre pour lutter contre les réseaux de passeurs.

Keir Starmer a besoin de la France, et cette question devrait être abordée lors du sommet franco-britannique de jeudi.

En février, les deux pays ont prolongé d'un an, jusqu'en 2027, le traité de Sandhurst, le cadre légal régissant les questions migratoires.

Sous la pression de Londres, Paris envisage de modifier la « doctrine » d'intervention des policiers et des gendarmes en mer afin de pouvoir intercepter les taxis-boats jusqu'à 300 mètres des côtes. Ces derniers embarquent en effet des migrants directement en mer pour éviter les contrôles sur les plages.

Selon le droit international de la mer, une fois qu'une embarcation est à l'eau, les autorités ne peuvent plus que procéder à des opérations de sauvetage. Elles n'interviennent pas pour intercepter les migrants afin d'éviter les noyades. 

La BBC a toutefois montré, vendredi, des forces de l'ordre françaises intervenant dans l'eau, non loin de la plage, et crevant un canot pneumatique chargé de migrants.

Downing Street a estimé qu'il s'agissait d'un « moment important » et s'est félicité de ces « nouvelles tactiques ».

Paris et Londres travaillent également sur un programme d'échange de migrants. Il s'agit d'un projet « pilote », selon plusieurs sources, une expérimentation qui reposerait sur le « principe un pour un ».

Le Royaume-Uni prendrait certains migrants, des « populations fragiles » selon une source française, et en échange, renverrait en France des personnes arrivées en bateau. Paris souhaiterait élargir cet accord à l'Union européenne afin que les réadmissions soient partagées entre plusieurs pays. 

L'effet Brexit 

Pourquoi le Royaume-Uni attire-t-il autant de migrants ?

Plusieurs responsables français, dont l'actuel garde des Sceaux et ancien ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, ont affirmé que les possibilités d'y travailler illégalement rendaient le pays particulièrement attractif.

Le gouvernement travailliste met l'accent sur la lutte contre le travail clandestin. Il affirme que les arrestations ont augmenté de 51 % de juillet 2024 à fin mai par rapport à l'année précédente.

Le chercheur Peter Walsh est toutefois sceptique quant à l'idée qu'il serait plus facile de travailler au noir au Royaume-Uni qu'en France. « Dans les deux pays, il faut prouver son droit à travailler », souligne-t-il.

« Les employeurs peu scrupuleux qui ne font pas ces vérifications risquent de sérieuses sanctions, comme en France. »

Selon lui, c'est surtout la langue et le regroupement familial qui attirent les migrants au Royaume-Uni. Il évoque également le Brexit : « Si un pays de l'UE vous a refusé l'asile, vous pouvez tenter votre chance au Royaume-Uni, qui ne sera pas informé de ce refus. »

Rishan Tsegay, une Erythréenne de 26 ans, est arrivée en Angleterre en 2015, cachée dans un camion. L'an dernier, elle est devenue citoyenne britannique et travaille comme infirmière.

Elle appelle Keir Starmer et Emmanuel Macron à offrir davantage de visas aux migrants fuyant des pays en guerre. « Ces gens viennent ici pour être en sécurité », raconte-t-elle à l'AFP. « On ne dit jamais que les réfugiés contribuent à la société, alors que certains jouent un rôle important. »

Selon le Home Office, les migrants ayant traversé la Manche entre mars 2024 et mars 2025 étaient principalement Afghans, Syriens, Érythréens, Iraniens et Soudanais.