La réforme des retraites est «indispensable et vitale», dit Macron à ses ministres

Le président français Emmanuel Macron sourit aux photographes en attendant l'arrivée du président des Comores Azali Assoumani à l'Elysée à Paris le 11 janvier 2023. (Photo d'Emmanuel DUNAND / AFP)
Le président français Emmanuel Macron sourit aux photographes en attendant l'arrivée du président des Comores Azali Assoumani à l'Elysée à Paris le 11 janvier 2023. (Photo d'Emmanuel DUNAND / AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 11 janvier 2023

La réforme des retraites est «indispensable et vitale», dit Macron à ses ministres

  • Le chef de l'Etat a "insisté sur toutes les avancées sociales" et appelé les ministres à la «mobilisation» pour «expliquer aux Français très concrètement» ce «qui va changer pour eux»
  • Interrogé sur la fronde des syndicats, unanimes contre le report de l'âge de départ à la retraite à 64 ans, M. Véran a indiqué que le gouvernement «ne se projette pas là dans l'idée d'une mobilisation massive»

PARIS: Emmanuel Macron a insisté mercredi lors du Conseil des ministres sur le caractère "indispensable et vital" de la réforme des retraites pour "préserver" le système, a rapporté le porte-parole du gouvernement Olivier Véran.

Le chef de l'Etat a "insisté sur toutes les avancées sociales" et appelé les ministres à la "mobilisation" pour "expliquer aux Français très concrètement" ce "qui va changer pour eux".

Interrogé sur la fronde des syndicats, unanimes contre le report de l'âge de départ à la retraite à 64 ans, M. Véran a indiqué que le gouvernement "ne se projette pas là dans l'idée d'une mobilisation massive", ni ne préjuge de "l'impact de cette mobilisation".

"Nous sommes sortis de la phase de concertation et nous rentrons dans la phase de l'explication, de l'information, de la discussion avec les Français pour expliquer, réexpliquer pourquoi il est fondamental que nous procédions à cette réforme des retraites", a-t-il développé lors de son compte-rendu du Conseil des ministres devant la presse.

"Cette réforme, que nous portons, que nous mènerons à son terme, doit permettre de garantir à chacun qu'il bénéficiera du même système de retraite que ses parents et ses grands-parents", a relevé le ministre, inquiet de constater qu'"un certain nombre de Français ne croient plus en la belle idée de la répartition".

Les huit principaux syndicats français ont annoncé une première journée de grève et de manifestations, le 19 janvier, espérant qu'elle "donne le départ d’une puissante mobilisation sur les retraites dans la durée".

"Aucun syndicat n'a à aucun moment quitté la table des négociations et des discussions", a souligné M. Véran, jugeant que "ça n'a pas toujours été le cas".

"Nous sommes aussi dans la phase d'échanges avec les groupes politiques de la majorité et

des oppositions et il semble déjà qu'un groupe important de l'opposition se soit prononcée de manière plutôt favorable", a-t-il ajouté à propos des Républicains. Il souhaite toutefois rester "à ce stade prudent, il ne nous revient pas de nous exprimer à leur place".

Le gouvernement a confirmé la hausse attendue de l'âge légal de départ en retraite de 62 à 64 ans d'ici à 2030.


Retraites: La justice suspend une interdiction de rassemblement nocturne à Paris

Le tribunal a estimé que l'interdiction générale de manifester dans plusieurs secteurs de Paris n'était "ni nécessaire ni proportionnée à la préservation de l'ordre public" (Photo, AFP).
Le tribunal a estimé que l'interdiction générale de manifester dans plusieurs secteurs de Paris n'était "ni nécessaire ni proportionnée à la préservation de l'ordre public" (Photo, AFP).
Short Url
  • L'arrêté du préfet de police interdisait de manifester entre samedi à 17h00 et dimanche à 3h00 du matin
  • La LDH, le SAF et le Syndicat de la magistrature reprochaient à la préfecture de police d'avoir pris «en catimini»

PARIS: Le tribunal administratif de Paris a annulé samedi un arrêté du préfet de police interdisant des rassemblements, jugeant qu'il portait atteinte à la liberté de manifester, selon l'ordonnance du juge des référés consultée par l'AFP.

Saisi en urgence par plusieurs organisations dont la Ligue des droits de l'homme (LDH), le Syndicat des avocats de France (SAF) et Solidaires, le tribunal a estimé que l'interdiction générale de manifester dans plusieurs secteurs de Paris n'était "ni nécessaire ni proportionnée à la préservation de l'ordre public".

L'arrêté du préfet de police Laurent Nuñez visé, publié vendredi, interdisait de manifester entre samedi à 17h00 et dimanche à 3h00 du matin dans plusieurs secteurs de Paris, proches de lieux de pouvoir ou ayant été ces dernières semaines le lieu d'affrontements entre manifestants et forces de l'ordre.

Il interdisait également, aux abords et au sein des manifestations, le port d'engins pyrotechniques, de substances dangereuses ou "d'équipements de protection destinés à mettre en échec" le maintien de l'ordre.

Le tribunal administratif a jugé ces deux interdictions disproportionnées, soulignant que plusieurs manifestations déclarées samedi à Paris se sont déroulées sans heurts.

La LDH, le SAF et le Syndicat de la magistrature reprochaient à la préfecture de police d'avoir pris "en catimini", "sans que personne n'en soit informé", des arrêtés quotidiens interdisant les rassemblements dans une grande partie du centre de la capitale.

Celui interdisant les "rassemblements non déclarés" entre lundi dernier 17h00 et mardi 03h00 a par exemple été publié à 17h30.

"Pourquoi ne pas faire connaître et rendre clairement lisibles les arrêtés si le but est que les gens ne manifestent pas ?", s'était interrogé le SAF.


Borne juge l'interview de Schiappa dans Playboy «pas du tout appropriée», la gauche vent debout

La Première ministre française Elisabeth Borne (Photo, AFP).
La Première ministre française Elisabeth Borne (Photo, AFP).
Short Url
  • Plusieurs responsables de gauche se sont émus de la communication du gouvernement en pleine crise sociale
  • La secrétaire d'État chargée de l'Économie sociale et solidaire a accordé un long entretien sur les droits des femmes dans le numéro du magazine de charme

PARIS: Elisabeth Borne a appelé Marlène Schiappa pour lui dire que son interview dans Playboy n'était "pas du tout appropriée" dans le contexte actuel, tandis que la gauche s'est indignée de cette communication en pleine crise sociale.

La secrétaire d'État chargée de l'Économie sociale et solidaire a accordé un long entretien sur les droits des femmes dans le numéro du magazine de charme à paraître jeudi, posant à la Une, habillée d'une longue robe blanche.

La Première ministre lui a fait savoir que ce n'était "pas du tout approprié, à plus forte raison dans la période actuelle", a-t-on appris samedi auprès de l'entourage d'Elisabeth Borne, confirmant une information de BFMTV.

Plusieurs responsables de gauche se sont émus de la communication du gouvernement en pleine crise sociale, après cette Une de Playboy et l'interview d'Emmanuel Macron dans Pif.

Quant au ministre du Travail Olivier Dussopt, en première ligne sur la réforme des retraites, il a récemment accordé un entretien au journal Têtu, dans lequel il révèle son homosexualité.

"On est en plein dans une crise sociale, il y a un sujet sur le maintien de l'ordre, il y a des personnes entre la vie et la mort et j'ai l'impression d'un écran de fumée, entre Têtu, Pif Gadget et Playboy", a déploré sur BFMTV la députée écologiste Sandrine Rousseau.

"Quel est le respect du peuple français, des personnes qui vont devoir travailler deux ans de plus, qui manifestent, qui perdent des journées de salaires, qui n'arrivent pas à manger à cause de l'inflation", a-t-elle ajouté. "Le corps des femmes doit pouvoir être exposé partout, j'ai pas de problème avec ça, mais là il y a un sujet social".

"Dans un pays où le Président s'exprime dans Pif et sa ministre Schiappa dans Playboy, le problème ce serait l'opposition. La France déraille", a twitté le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon.

Et Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, d'ironiser: "Il ne suffit pas de s'abonner à Pif pour connaître les intentions du gouvernement, il faut aussi s'abonner à Playboy..."

"Défendre le droit des femmes à disposer de leurs corps, c’est partout et tout le temps", a répondu Marlène Schiappa dans un tweet: "En France, les femmes sont libres. N’en déplaise aux rétrogrades et aux hypocrites".


Le Pen refusera d'être Première ministre si le RN remportait des législatives anticipées

La présidente du parti français d'extrême droite Rassemblement national (RN) Marine Le Pen (Photo, AFP).
La présidente du parti français d'extrême droite Rassemblement national (RN) Marine Le Pen (Photo, AFP).
Short Url
  • «Emmanuel Macron n’ira pas au référendum, il a peur du peuple»
  • Son parti, porté par de bons sondages, apparaît comme la force politique qui profite le mieux de la crise politique et sociale actuelle

PARIS: Marine Le Pen refusera d'être Première ministre en cas de dissolution de l'Assemblée nationale et de victoire du Rassemblement national à des élections législatives anticipées, souhaitant se consacrer à la présidentielle de 2027, assure-t-elle samedi dans un entretien à Ouest-France.

Son parti, porté par de bons sondages, apparaît comme la force politique qui profite le mieux de la crise politique et sociale actuelle.

Et, en cas de dissolution, "je pense que nous pouvons envisager une majorité", estime la cheffe de file des députés RN.

Il y aurait alors "un Premier ministre Rassemblement national à la tête d’une équipe composée des forces politiques qui souhaiteront participer à un gouvernement d’union nationale", moi, "j'envisage d’être présidente de la République" en 2027, a ajouté la triple candidate malheureuse à l'élection présidentielle.

En cas d'accession à l'Elysée, elle assure qu'elle reviendra sur la réforme d'Emmanuel Macron et le report à 64 ans de l'âge légal de départ à la retraite.

Pendant la campagne présidentielle de 2022, Marine Le Pen a défendu le maintien de la retraite à 62 ans, souhaitant cependant permettre aux Français rentrés avant 20 ans sur le marché du travail de partir à 60 ans s'ils ont cotisé au moins 40 annuités.

"Je proposerais à la représentation nationale, ou par référendum, d’adopter (cette) réforme", affirme-t-elle dans Ouest-France, dénonçant "la relation toxique" qu'entretient le chef de l'Etat avec les Français, "qu’il jette les uns contre les autres, en exacerbant les tensions".

Après avoir longtemps réclamé un référendum sur les retraites, Marine Le Pen a appelé à la dissolution de la chambre basse après l'utilisation du 49.3 et le rejet de la motion de censure.

"Emmanuel Macron n’ira pas au référendum, il a peur du peuple", estime la députée RN.

Et "il ne procédera à une dissolution que s’il y est contraint", c'est-à dire, selon elle, "en cas de drame".

Au RN, certains cadres restent inquiets des risques d'élections législatives anticipées. En recueillant 22% d'intentions de vote, le parti d'extrême droite améliorerait certes de trois points son score de juin, selon une étude Harris Interactive réalisée début mars, mais il n'aurait gagné qu'une dizaine de députés, très loin de toute majorité, fût-elle relative.