Décès de Hussein al-Husseini, parrain de l'accord de Taëf qui a mis fin à la guerre civile libanaise

Hussein al-Husseini, ancien président du Parlement libanais et père de l'accord de Taëf de 1989, qui avait mis fin à quinze ans de guerre civile dans le pays, est décédé mercredi. (AFP/Photo d'archives)
Hussein al-Husseini, ancien président du Parlement libanais et père de l'accord de Taëf de 1989, qui avait mis fin à quinze ans de guerre civile dans le pays, est décédé mercredi. (AFP/Photo d'archives)
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Publié le Mercredi 11 janvier 2023

Décès de Hussein al-Husseini, parrain de l'accord de Taëf qui a mis fin à la guerre civile libanaise

  • Al Husseini était un expert constitutionnel et juridique qui était à la tête du Parlement dans un contexte de guerre civile
  • Le Liban déclare un deuil national de trois jours durant lesquels les drapeaux libanais seront mis en berne dans toutes les institutions

BEYROUTH: Hussein al-Husseini, ancien président du Parlement libanais et père de l'accord de Taëf de 1989 qui avait mis fin à la guerre civile de quinze ans dans le pays, est décédé mercredi après avoir combattu la maladie. Il était âgé de 86 ans.

Le président du Parlement, Nabih Berri, a annoncé que l'élection présidentielle prévue pour jeudi avait été reportée d'une semaine en raison du décès de son prédécesseur, qui avait présidé le Parlement de 1984 à 1992.

Le Liban a décrété un deuil national de trois jours durant lesquels les drapeaux libanais seront mis en berne dans toutes les institutions.

Les funérailles d'Al-Husseini auront lieu jeudi dans sa ville natale, Shamstar, dans la vallée de la Békaa, à l'est du Liban. Al-Husseini, qui avait été admis à l'hôpital pour une grippe, est resté aux soins intensifs. Il est décédé mercredi matin.

Les responsables le décrivent comme «le parrain de l'accord de Taëf, qui a sorti le Liban du cycle de la violence et de la guerre civile», et comme «un homme de modération, de dialogue et de réconciliation nationale».

Al-Husseini était un expert constitutionnel et juridique qui avait pris la direction du Parlement dans un contexte de guerre civile. Il avait démissionné en août 2008, trois ans après l'assassinat de l'ancien Premier ministre, Rafic Hariri, et compte tenu d'un clivage politique entre le Hezbollah, ses alliés et les forces souveraines.

«L'autorité est capable d’agir si elle le veut, mais elle n’a pas jusqu’à présent voulu agir, j'annonce ma démission de ce Parlement», avait-il déclaré, une phrase qui était célèbre.

De nombreux documents relatifs aux discussions et aux négociations relatives à l'accord de Taëf sont restés entre les mains d'Al-Husseini, et leurs détails complets n'ont pas été divulgués, malgré toutes les pressions politiques exercées sur lui pour les rendre publics.

Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a fait l’éloge d’Al-Husseini pour avoir approuvé «le document d'accord national qui a mis fin à la guerre du Liban, ainsi que pour sa connaissance du maintien des équilibres libanais au cœur des réformes constitutionnelles qui constituent une garantie de stabilité au Liban si elles étaient pleinement établies et appliquées».

L'ancien Premier ministre, Fouad Siniora, a déploré la perte d'Al-Husseini «dans ces circonstances difficiles et délicates, sur le plan national, constitutionnel et institutionnel, et compte tenu de l’hégémonie des armes non libanaises hors de l’autorité de l’État».

Siniora a également rappelé «le rôle important d'Al-Husseini dans la préservation et la défense du Liban, patrie de la coexistence islamo-chrétienne».

Pour sa part, l'ancien Premier ministre Tammam Salam a salué les positions d'Al-Husseini «pour préserver la démocratie de l’action politique dans les moments les plus difficiles, et pour faire passer le Liban de la fournaise de la guerre à l’écriture d’une nouvelle Constitution dans le cadre de sessions marathon qui se sont tenues à Taëf sous un parrainage arabe, et avec la participation d'un Parlement inclusif».

Le grand mufti du Liban, cheikh Abdel Latif Derian, a affirmé qu'Al-Husseini «avait fait des efforts continus pour préserver l'unité du Liban, son peuple, ses institutions et la paix civile, et avait joué un rôle clé dans la signature de l'accord de Taëf qui a émergé de la réunion parlementaire sous son leadership en Arabie saoudite. Tout au long de sa vie politique, il a plaidé pour la coexistence et a tenu à l'unité des musulmans et des Libanais, afin que ce pays reste libre, indépendant, arabe, souverain, tout en coopérant avec ses frères arabes».

Le Conseil suprême islamique chiite a décrit Al-Husseini comme «un homme de modération et de haute moralité patriotique. Son nom était associé à l'accord de Taëf, par lequel il a contribué à l’arrêt d’une guerre faite de conflits et à l’approbation de sa Constitution».

La session plénière qui devait se tenir jeudi est la première cette année, après l'échec des députés lors des dix sessions précédentes en décembre pour élire une figure maronite à la présidence, en raison de la répartition verticale entre les forces politiques au Liban.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
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  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
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  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

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  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.