Une prisonnière iranienne raconte: torture et aveux forcés

La célèbre militante iranienne Sepideh Qolian. (Instagram/@sepide_qoliyan)
La célèbre militante iranienne Sepideh Qolian. (Instagram/@sepide_qoliyan)
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Publié le Jeudi 12 janvier 2023

Une prisonnière iranienne raconte: torture et aveux forcés

  • Sepideh Qolian a été arrêtée en 2018 et reconnue coupable d’avoir agi «contre la sécurité nationale» pour son soutien à une grève et à une manifestation des travailleurs d’une usine de sucre
  • Elle raconte qu’une femme en charge de l’interrogatoire lui avait bandé les yeux, lui demandant de décrire, devant la caméra, les relations sexuelles qu’elle aurait eues

LONDRES: Dans une lettre écrite à l’intérieur de la tristement célèbre prison d’Evin à Téhéran, Sepideh Qolian, une éminente militante iranienne, révèle comment les prisonniers sont torturés pour obtenir des aveux, rapporte la BBC.
Sepideh Qolian a été arrêtée en 2018 et reconnue coupable d’avoir agi «contre la sécurité nationale» pour son soutien à une grève et à une manifestation des travailleurs d’une usine de sucre dans la province iranienne du Khouzistan. Elle purge une peine de cinq ans et elle étudie le droit en prison.
Dans sa lettre, vue par la BBC, elle décrit les interrogatoires brutaux que d’autres détenus et elle-même ont dû endurer. Les aveux ainsi obtenus sous la contrainte sont ensuite diffusés à la télévision d’État.
Elle écrit que l’aile «culturelle» de la prison, où elle passe ses examens de droit, est également utilisée comme centre de «torture et d’interrogatoire».
«La salle d’examen est remplie de jeunes garçons et filles, et on entend les cris des tortionnaires», écrit-elle dans sa lettre.

Elle révèle également les détails de son propre interrogatoire et de ses aveux forcés en 2018. Elle raconte qu’une femme en charge de l’interrogatoire lui avait bandé les yeux, lui demandant de décrire, devant la caméra, les relations sexuelles qu’elle aurait eues. Elle a refusé de le faire.
Après des heures d’interrogatoire, Sepideh Qolian a supplié qu’on l’emmène aux toilettes. La femme qui l’interrogeait l’a poussée à l’intérieur des toilettes pour femmes et elle a verrouillé la porte. Les toilettes se trouvaient à l’intérieur d’une salle d’interrogatoire et on pouvait entendre qu’un homme était torturé et fouetté. «Les bruits de torture se sont poursuivis pendant des heures, ou peut-être un jour. Probablement plus même. J’ai perdu la notion du temps», rédige-t-elle dans sa lettre.
Une fois qu’on lui a permis de sortir des toilettes et alors qu’elle avait été privée de sommeil après trois jours d’interrogatoire continu, elle soutient qu’elle a été emmenée dans une pièce dans laquelle une caméra vidéo avait été installée et qu’on lui a donné une déclaration déjà écrite à lire.
«J’ai pris le document alors que je n’étais qu’à moitié consciente. Je me suis assise devant la caméra et je l’ai lu», écrit-elle. Sa condamnation et sa peine étaient fondées sur ces aveux.
Elle identifie la femme chargée de l’interroger comme étant Ameneh Sadat Zabihpour, sanctionnée par le département du Trésor américain en novembre dernier pour son rôle dans l’obtention et la diffusion d’aveux forcés de binationaux et d’autres prisonniers.
Cette personne a poursuivi Sepideh Qolian en justice pour ses allégations, après quoi la militante a été condamnée à une peine supplémentaire de huit mois de prison.
Sepideh Qolian termine sa lettre en décrivant les manifestations contre le régime en Iran comme une «révolution».
Elle écrit: «Au cours de ma quatrième année de détention, je peux enfin entendre les pas de la libération dans tout l’Iran.»
«Désormais, les bruits que nous entendons dans les rues de Marivan, Izeh, Rasht, du Sistan et du Baloutchistan, et dans tout l’Iran, sont plus forts que les bruits des salles d’interrogatoire. On entend le vacarme de la révolution et le véritable cri “femme, vie, liberté”!»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Nucléaire: Paris, Berlin et Londres exhortent Téhéran à négocier «au plus vite, sans préconditions»

 Le président du Conseil européen António Costa, le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba, le Premier ministre italien Giorgia Meloni, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre canadien Mark Carney arrivent pour une photo de famille lors du sommet du Groupe des Sept (G7) au Kananaskis Country Golf Course à Kananaskis, Alberta, Canada, le 16 juin 2025. (AFP)
Le président du Conseil européen António Costa, le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba, le Premier ministre italien Giorgia Meloni, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre canadien Mark Carney arrivent pour une photo de famille lors du sommet du Groupe des Sept (G7) au Kananaskis Country Golf Course à Kananaskis, Alberta, Canada, le 16 juin 2025. (AFP)
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  • Dans la nuit de lundi à mardi, le ministère iranien des Affaires étrangères avait fait état de l'appel entre le chef de la diplomatie iranienne et chef négociateur pour le nucléaire avec ses homologues français, britannique et allemand
  • Jean-Noël Barrot, David Lammy et Johann Wadephul, qui se sont entretenus lundi soir avec la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Kaja Kallas, ont "appelé l'Iran à éviter toute fuite en avant contre les intérêts occidentaux"

PARIS: Les chefs de la diplomatie française, britannique et allemand ont "incité l'Iran à revenir au plus vite, sans préconditions, à la table des négociations" sur le programme nucléaire iranien, selon une source diplomatique française.

Jean-Noël Barrot, David Lammy et Johann Wadephul, qui se sont entretenus lundi soir avec la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Kaja Kallas, ont en outre "appelé l'Iran à éviter toute fuite en avant contre les intérêts occidentaux, toute extension régionale et toute escalade nucléaire" comme la non-coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), la sortie du Traité sur la non-prolifération (TNP) ou le franchissement de seuils d'enrichissement, selon la même source.

Dans la nuit de lundi à mardi, le ministère iranien des Affaires étrangères avait fait état de l'appel entre le chef de la diplomatie iranienne et chef négociateur pour le nucléaire avec ses homologues français, britannique et allemand ainsi que Kaja Kallas.

Abbas Araghchi a estimé que les frappes israéliennes contre son pays "portent un coup" à la diplomatie.

"L'agression israélienne contre l'Iran en pleine négociation (sur le nucléaire avec les Etats-Unis, NDLR) porte un coup à la diplomatie", a-t-il déclaré.

La France, l'Allemagne et le Royaume Uni et l'UE sont membres avec la Chine et la Russie d'un accord sur le nucléaire conclu en 2015 et dont les Etats-Unis s'étaient unilatéralement retirés.

Paris, Berlin et Londres, qui forment le groupe E3, avaient entrepris des discussions avec Téhéran l'an passé pour tenter de trouver un nouvel accord sur le nucléaire.

Parallèlement, les Etats-Unis avaient entamé des négociations indirectes en début d'année qui butaient sur la question de l'enrichissement d'uranium iranien.

Un nouveau cycle de négociations devait avoir lieu la semaine dernière avant qu'Israël ne frappe l'Iran.

Les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux, ainsi qu'Israël, considéré par des experts comme la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient, accusent depuis longtemps la République islamique d'Iran de chercher à se doter de l'arme atomique, ce qu'elle a toujours nié.

Par ailleurs, des messages ont été passés par les ministres français, britannique et allemand à Israël "sur la nécessité de ne pas cibler les autorités, infrastructures et populations civiles", selon la source diplomatique française.

 


Les forces américaines restent «dans une posture défensive» au Moyen-Orient annonce la Maison Blanche

Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
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  • "Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera"
  • "Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera"

WASHINGTON: Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X.

"Nous défendrons les intérêts américains" dans la région, a-t-il ajouté, alors que le conflit entre Israël et l'Iran se poursuit pour la cinquième nuit consécutive.

"Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera", a déclaré de son côté le ministre de la Défense, Pete Hegseth, interrogé sur la chaîne Fox News.

"Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera", a-t-il ajouté.

Le président américain va écourter sa participation au sommet du G7 au Canada pour rentrer à Washington dans la soirée en raison de la situation au Moyen-Orient, a indiqué la Maison Blanche.

Ces déclarations sur la posture "défensive" des forces américaines surviennent alors que des informations diffusées par des médias israéliens ont fait état d'une supposée participation directe des Américains aux frappes contre l'Iran.

Entretemps, le porte-avions américain Nimitz, qui croisait en mer de Chine méridionale, a mis le cap à l'ouest et prend la direction du Moyen-Orient, a confirmé un responsable du Pentagone.

Il remonte actuellement le détroit de Malacca, entre l'île indonésienne de Sumatra et la Malaisie.

Des sites qui géolocalisent en temps réel les positions des avions dans le monde entier ont identifié pour leur part dans la nuit de dimanche à lundi le mouvement d'une trentaine d'avions ravitailleurs américains, qui ont décollé des Etats-Unis et se sont dirigés vers différentes bases militaires en Europe.

Israël, allié des Etats-Unis, a lancé vendredi une campagne aérienne massive d'une ampleur sans précédent contre l'Iran, en ciblant des centaines de sites militaires et nucléaires, avec l'objectif affiché de l'empêcher de se doter de l'arme nucléaire. L'Iran tire depuis des salves de missiles en riposte.

Le président américain a appelé sur son réseau Truth Social "tout le monde à évacuer Téhéran immédiatement".

"L'Iran aurait dû signer l'+accord+ quand je leur ai dit de signer. Quel dommage et quel gâchis de vies humaines. Pour le dire simplement, L'IRAN NE PEUT PAS AVOIR D'ARME NUCLEAIRE", a-t-il aussi écrit.

Les Etats-Unis aident déjà Israël à intercepter les missiles iraniens visant son territoire.

 

 


Conflit Israël-Iran: Trump quitte prématurément le G7

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  • Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants"
  • Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."

KANANASKIS: "A cause de ce qui se passe au Moyen-Orient, le président Trump va partir ce soir après le dîner" avec les autres dirigeants du sommet du G7 au Canada, un jour plus tôt que prévu, a annoncé lundi sa porte-parole Karoline Leavitt sur X.

Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants", a-t-elle déclaré par ailleurs dans un court communiqué.

Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."