Nouvelles précipitations attendues en Californie, déjà inondée

 La dernière d'une succession de tempêtes dévastatrices a soufflé sur la Californie samedi, provoquant de fortes inondations dans des régions déjà gorgées d'eau et menaçant de chutes de neige allant jusqu'à deux mètres dans certaines régions. (AFP).
La dernière d'une succession de tempêtes dévastatrices a soufflé sur la Californie samedi, provoquant de fortes inondations dans des régions déjà gorgées d'eau et menaçant de chutes de neige allant jusqu'à deux mètres dans certaines régions. (AFP).
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Publié le Dimanche 15 janvier 2023

Nouvelles précipitations attendues en Californie, déjà inondée

  • Une importante vague de pluie -- et de neige en montagne -- a balayé samedi de nombreuses zones de l'Etat le plus peuplé des Etats-Unis, dont les sols sont déjà saturés d'eau
  • Des lignes électriques ont été touchées, tandis que des champs et des routes se trouvaient noyés

SALINAS : Le président américain Joe Biden a déclaré l'état de catastophe majeure en Californie, où de nouvelles intempéries sont attendues dimanche après trois semaines de précipitations inédites qui ont fait au moins 19 morts.

Joe Biden a a ordonné l'octroi d'une aide fédérale pour aider les habitants et les collectivités de cet État a réparer les dégâts causés depuis le 27 décembre par les violentes tempêtes hivernales, qui ont causé des inondations, des glissements de terrain et des coulées de boue, selon un communiqué de la Maison Blanche.

Une importante vague de pluie -- et de neige en montagne -- a balayé samedi de nombreuses zones de l'Etat le plus peuplé des Etats-Unis, dont les sols sont déjà saturés d'eau.

Une nouvelle "rivière atmosphérique", c'est-à-dire une bande étroite dans l'atmosphère transportant d'énormes quantités d'humidité depuis les tropiques, est attendue lundi, jour férié aux Etats-Unis, apportant "de nouvelles vagues de précipitation extrêmes", prévient le Service météorologique national (NWS).

Des lignes électriques ont été touchées, tandis que des champs et des routes se trouvaient noyés.

Le NWS s'attend à des "inondations désastreuses" dans la basse vallée de la rivière Salinas, une importante région agricole au sud de la baie de San Francisco.

"Ce n'est pas fini", a averti lors d'une conférence de presse le gouverneur de Californie Gavin Newsom, faisant valoir que même si la pluie diminuait en intensité, les sols étaient gorgés d'eau et les risques d'inondation restaient donc importants.

Conscient de la lassitude des Californiens après déjà plusieurs semaines de trombes d'eau, il a dit: "Je nous conjure, nous tous, de maintenir notre vigilance et notre bon sens pendant les 24 à 48 heures qui viennent".

Ordre d'évacuer

Selon le NWS, près de 26 millions de Californiens étaient encore sous le coup d'une alerte aux inondations samedi soir, et des dizaines de milliers d'entre eux ont reçu l'ordre d'évacuer.

Dans la région de Salinas, ville de 160 000 habitants au sud de San Francisco où la rivière éponyme a débordé de son lit, la crue touchait les coins agricoles de la vallée mais épargnait les zones urbaines, a constaté samedi matin un journaliste de l'AFP.

A Spreckles, un lotissement à quelques centaines de mètres du cours d'eau, la plupart des habitants n'avaient pas évacué malgré les alertes des autorités cette semaine.

"Il semblerait que nous ayons évité le pire", souffle Robert Zagajeski, sorti promener son chien sous une pluie fine. D'après les prévisionnistes, la rivière doit commencer à refluer à partir de samedi.

Comme le reste de la Californie, Salinas, patrie de John Steinbeck dont le Nobel de littérature s'est largement inspiré pour écrire ses "Raisins de la colère", enchaîne les déluges.

"On a besoin d'autant de pluie que possible, mais les agriculteurs ne peuvent absolument rien faire avec des champs aussi trempés", soupire M. Zagajeski.

Trois inondations en deux semaines: en Californie, le ras-le-bol d'un village face aux tempêtes

Armée d'une longue raclette, Camilla Shaffer nettoie le torrent de boue qui tapisse son jardin, dans le village forestier de Felton. Non sans lassitude: c'est déjà la troisième fois en deux semaines que sa maison est inondée, à cause des tempêtes en série qui s'abattent actuellement sur la Californie.

"Je suis tellement en colère, ça me donne juste envie de pleurer", confie à l'AFP cette britannique de 59 ans, fatiguée dans ses bottes pleines de fange.

Quelques jours à peine après avoir dégagé son porche, elle doit déjà tout recommencer. Et si la majorité de ses biens à l'étage est protégée, le mobilier de son studio artistique au rez-de-chaussée est bon pour la benne.

A Felton, petite bourgade de 4 500 âmes, blottie au milieu des montagnes peuplées de séquoias sur la côte au sud de San Francisco, les habitants se croyaient habitués aux sautes d'humeur de la rivière San Lorenzo. Le torrent a débordé plusieurs fois de son lit au cours de la dernière décennie.

Mais cette fois, leurs nerfs sont mis à rude épreuve: de mémoire de local, le village n'avait jamais subi une telle fréquence, ni une telle intensité.

Depuis Noël, huit tempêtes d'affilée ont déferlé sur la Californie, nourrie par des "rivières atmosphériques", de véritables fleuves du ciel, capables de transporter d'énormes quantités d'eau depuis les tropiques.

Résultat, plusieurs zones de Felton se sont réveillées les pieds dans l'eau le jour du Nouvel An. Avant de subir une deuxième crue lundi, et encore une autre samedi.

"Trois fois en deux semaines, c'est fou", lâche Kevin Smith. Natif du coin, ce grand gaillard de 35 ans a récemment racheté la maison en bois de ses parents, toute proche de la rivière. Dans son garage, la marque laissée par l'eau en début de semaine avoisine sa tête.

"Lundi, c'était la pire inondation depuis 40 ans", souffle ce restaurateur de voitures. Un bilan confirmé par le voisinage et les médias locaux.

«Nouvelle normalité»

S'il est difficile d'établir un lien direct entre ces tempêtes en série -- qui ont fait au moins 19 morts en Californie -- et le changement climatique, les scientifiques expliquent régulièrement que le réchauffement augmente la fréquence et l'intensité des phénomènes météorologiques extrêmes.

Et à Felton, où canapés, tapis, poubelles et commodes trônent encore de manière erratique dans certaines rues détrempées, on redoute que cette série noire ne préfigure un sombre avenir.

"J'espère que ce n'est pas ça, la nouvelle normalité", soupire Melissa Foley, en poussant une brouette remplie de kits de nettoyage donnés par la Croix Rouge, qu'elle distribue à ses voisins.

Comme de nombreux habitants du bord de la rivière, cette écologue de 44 ans vit dans une maison à étage, "capable de résister à une inondation comme il en arrive tous les 100 ans" et avait surélevé la plupart de ses affaires avant les crues.

"Nous savions pour quoi on signait en achetant ici", explique cette passionnée de trail, trop amoureuse de sa vie en forêt pour songer à partir.

Mais pour les moins bien lotis, les inondations des derniers jours sont véritablement catastrophiques. Prise en étau entre la rivière et un autre ruisseau sorti de son lit, Amberlee Galvin et sa mère ont vu l'eau monter jusqu'au plafond de leur rez-de-chaussée "en l'espace de 10 minutes" lundi, et même pénétrer à l'étage, moins élevé qu'ailleurs.

"Nous avons été secourues par un voisin en canoë", raconte cette cuisinière de 23 ans.

Sèche-linge, salle de bains, chambre de son frère: le niveau inférieur est complètement dévasté et encore rempli d'une eau toxique, car la rivière a charrié de l'essence, le contenu des égouts et d'autres produits chimiques. Un mur intérieur a également été sérieusement abîmé.

De quoi pousser les autorités locales à déclarer la bâtisse au moins temporairement inhabitable, en attendant un examen plus approfondi.

"L'assurance ne veut pas nous couvrir", blêmit la jeune femme. "Si on ne peut plus vivre ici, on va peut-être devoir déménager dans un endroit vraiment moins cher, comme le Texas."

Quelques kilomètres plus loin, Erick Diaz regarde les champs inondés depuis sa modeste maison en bois non loin de la rivière. Malgré un ordre d’évacuation visant 17 000 personnes dans la région, lui aussi reste chez lui.

"Je n’ai nulle part où aller et pour le moment tout va bien", dit cet ouvrier agricole de 30 ans.

Puissant blizzard

"La région a été durement frappée par la sécheresse ces dernières années", explique à l'AFP Manuel Paris, un ouvrier agricole de 58 ans, impressionné par le fleuve qui coule à toute vitesse en contrebas. "Cela fait tellement longtemps, nous ne sommes plus habitués à avoir autant de pluie".

Un journaliste de l'AFP a vu des tracteurs dans les champs près de Salinas qui tentaient de pomper les eaux de crue vers la rivière.

Dans les montagnes, ces précipitations se traduisent par d'importantes chutes de neige, avec plus d'un mètre attendu au cours du week-end dans la Sierra Nevada, les autorités alertant sur les risques d'avalanche et déconseillant tout déplacement.

Les autorités de la station de ski de Lake Tahoe, dans le Nevada, ont publié des photos montrant des dizaines de véhicules alignés sur une route, bloqués par un puissant blizzard.

Au moins 19 personnes sont mortes depuis le début de cette série d'intempéries. Des conducteurs ont notamment été retrouvés dans leurs voitures piégées par les flots, des personnes frappées par des chutes d'arbres, un couple a été tué par un éboulement et des corps ont été charriés par les crues.

La Californie est habituée aux conditions météo extrêmes, et les tempêtes hivernales sont courantes. Un tel enchaînement est en revanche hors du commun.

S'il est difficile d'établir un lien direct entre ces tempêtes en série et le changement climatique, les scientifiques expliquent régulièrement que le réchauffement augmente la fréquence et l'intensité des phénomènes météorologiques extrêmes.

Les pluies diluviennes des dernières semaines ne suffiront toutefois pas à en finir avec la sécheresse qui frappe durement cet Etat de l'Ouest américain depuis deux décennies, selon des spécialistes.


L’Iran minimise l’impact de l’attaque israélienne, la communauté internationale appelle à la retenue

Vendredi, avant l'aube, des explosions ont été entendues près d'une base militaire dans la région d'Ispahan dans le centre de l'Iran (Photo, AFP/Archives)
Vendredi, avant l'aube, des explosions ont été entendues près d'une base militaire dans la région d'Ispahan dans le centre de l'Iran (Photo, AFP/Archives)
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  • Des drones ont été abattus mais "il n'y a pas eu d'attaque de missiles", a indiqué le porte-parole de l'agence iranienne de l'espace
  • Selon le New York Times, qui cite des responsables iraniens, l'attaque a été menée par de petits drones, probablement lancés depuis le territoire iranien

TEHERAN, La communauté internationale appelle à la retenue après une attaque de représailles contre l'Iran attribuée à Israël, dans un contexte d'escalade au Moyen-Orient depuis la guerre dévastatrice à Gaza où les frappes se poursuivent samedi.

Après une journée de haute tension vendredi dans la région, les frappes aériennes continuent dans différents secteurs de la bande de Gaza.

En Irak, un "bombardement", dont l'origine demeure inconnue, a fait des victimes sur une base abritant des troupes de l'armée et d'anciens paramilitaires pro-Iran de la coalition Hachd al-Chaabi, ont rapporté des sources de sécurité, le tout dans un contexte régional déjà explosif.

Vendredi, avant l'aube, des explosions ont été entendues près d'une base militaire dans la région d'Ispahan dans le centre de l'Iran. Mais les autorités iraniennes ont minimisé l'impact des explosions et n'ont pas accusé directement Israël, qui ne les a pas revendiquées.

Des médias aux Etats-Unis, citant des responsables américains, ont affirmé qu'il s'agissait d'une opération israélienne menée en riposte à une attaque iranienne inédite aux drones et aux missiles contre Israël le 13 avril. Israël a juré de faire payer à l'Iran, son ennemi juré, le prix de son attaque.

Un haut responsable auprès du Congrès américain qui n'a pas souhaité être nommé a confirmé une attaque israélienne en Iran.

Des drones ont été abattus mais "il n'y a pas eu d'attaque de missiles", a indiqué le porte-parole de l'agence iranienne de l'espace. Il n'y a "eu, jusqu'à présent, aucune attaque aérienne depuis l'extérieur des frontières contre Ispahan ou d'autres régions du pays", a-t-il ajouté.

Selon le New York Times, qui cite des responsables iraniens, l'attaque a été menée par de petits drones, probablement lancés depuis le territoire iranien.

De son côté, le Washington Post, citant un responsable israélien ayant requis l'anonymat, a affirmé que l'attaque visait à montrer à l'Iran qu'Israël avait la capacité de frapper à l'intérieur de son territoire.

Pour sa part, l'armée israélienne a refusé de commenter ces événements en Iran.

Désescalade

Les Etats-Unis "n'ont pas été impliqués dans une opération offensive" a déclaré le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, soulignant que "l'objectif" de son pays et des autres membres du G7, réunis à Capri, en Italie, était "la désescalade".

La Maison Blanche n'a pas commenté ces événements sinon pour dire que le président Biden était informé en "temps réel" par ses conseillers à la sécurité nationale et que Washington ne veut pas "d'une guerre étendue avec l'Iran".

Signe de l'inquiétude croissante, l'ambassade américaine en Israël a néanmoins ordonné à ses employés de limiter leurs déplacements dans le pays. Et l'ambassade de Chine en Iran a appelé ses ressortissants à prendre leurs "précautions".

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a fait état de contacts avec l'Iran et Israël. "Nous avons dit aux Israéliens que l'Iran ne veut pas d'escalade", a-t-il précisé.

"Il est grand temps d'arrêter le cycle dangereux de représailles au Moyen-Orient", a dit le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, cité par son porte-parole.

 Contre-attaque calibrée

Pour Sanam Vakil, expert à Chatham House, "la contre-attaque d'Israël contre l'Iran (...) a été calibrée pour éviter des dommages et une nouvelle agression iranienne".

"Tant que l'Iran continue de nier l'attaque et d'en détourner l'attention et qu'aucune autre attaque n'est constatée, les deux parties ont pour l'instant la possibilité de faire baisser l'escalade", a-t-il fait valoir.

Lors de la première attaque directe jamais menée par l'Iran contre le territoire israélien le 13 avril, Israël a affirmé avoir intercepté avec ses alliés, principalement les Etats-Unis, la quasi-totalité des quelque 350 drones et missiles iraniens.

L'Iran a dit avoir agi en "légitime défense" après l'attaque qui a détruit son consulat à Damas le 1er avril et coûté la vie à sept de ses militaires dont deux hauts gradés. Téhéran a accusé Israël qui n'a ni confirmé ni démenti.

Gaza, Turquie, Washington

Les tensions entre Israël et l'Iran se déploient dans le contexte de la guerre en cours depuis plus de six mois dans la bande de Gaza et qui a fait 34.012 morts, principalement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Israël a lancé une vaste offensive à Gaza après une attaque sur son territoire le 7 octobre par des commandos du Hamas, soutenu par l'Iran, et qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles.

Plus de 250 personnes ont été enlevées durant l'attaque et 129 restent retenues à Gaza, dont 34 sont mortes d'après des responsables israéliens.

En représailles à l'attaque du 7 octobre, Israël a dit vouloir anéantir le Hamas, mouvement islamiste palestinien qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et est considéré comme une organisation terroriste par Israël, l'Union européenne et Israël

Outre le lourd bilan humain et les destructions, les quelque 2,4 millions d'habitants sont menacés de famine selon l'ONU qui exhorte à l'entrée de plus d'aide humanitaire dans ce petit territoire.

Le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh est arrivé vendredi soir en Turquie et doit être reçu par le président Recep Tayyip Erdogan au moment où le Qatar dit vouloir "réévaluer" son rôle de médiateur dans le conflit à Gaza.

Le Qatar, qui piétine dans la négociation d'une trêve entre le Hamas et Israël, menace de se retirer sous les critiques israéliennes et de certains démocrates américains. Or la Turquie, qui a des relations avec Israël et le Hamas, pourrait en profiter pour tenter de reprendre la médiation.

A Washington, la Chambre américaine des représentants va voter samedi sur un grand plan d'aide pour l'Ukraine, Taïwan et Israël, avec notamment 13 milliards de dollars d'assistance militaire à cet allié en guerre avec le Hamas.

 


Turquie: une "flotille de la liberté" pour Gaza prête à appareiller

Vue de la proue du navire RoRo Akdeniz avant son départ du port maritime de Tuzla, près d'Istanbul, le 19 avril 2024. Une nouvelle "flottille de la liberté" est prête à partir pour Gaza
Vue de la proue du navire RoRo Akdeniz avant son départ du port maritime de Tuzla, près d'Istanbul, le 19 avril 2024. Une nouvelle "flottille de la liberté" est prête à partir pour Gaza
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  • Après cette opération, les relations entre Israël et la Turquie ont connu une succession de crises jusqu'au rétablissement complet de leurs liens diplomatiques en août 2022, avec le retour des ambassadeurs et consuls dans les deux pays.
  • "Israël a attaqué notre flotte en 2010, tué dix de nos volontaires sans jamais avoir eu de comptes à rendre", a renchéri l'avocate américaine Huwaida Arraf, keffieh palestinien autour du cou.

TURQUIE : Une "flottille de la liberté" est prête à appareiller pour Gaza depuis le port turc de Tuzla (ouest) afin de forcer le blocus et d'apporter de l'aide à la population de l'enclave palestinienne.

Au moins trois bâtiments transportant 5.000 tonnes de vivres, d'eau potable et d'aide médicale attendent le feu vert des autorités turques pour lever l'ancre depuis ce port sur la mer de Marmara, au sud d'Istanbul, si possible la semaine prochaine, ont indiqué les organisateurs vendredi.

Quelque 280 militants, défendeurs des droits, avocats et médecins sont prêts à prendre place à bord, venus de plus d'une trentaine de pays dont les Etats-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, la Norvège, l'Allemagne, l'Espagne ou la Malaisie.

Devant la presse, ils ont réclamé la garantie de leur libre passage et un cessez-le-feu immédiat dans le territoire de Gaza soumis au blocus et aux bombardements israéliens depuis le 7 octobre.

Ann Wright, militante pacifiste et ancienne colonelle de l'armée américaine, qui a précisé avoir "démissionné en 2003 pour protester contre la guerre en Irak", a mis les autorités israéliennes en garde: "Toute tentative d'arraisonner ou d'attaquer nos bateaux sera illégale", a-t-elle prévenu.

Des ouvriers préparent un navire de la coalition de la flottille de la liberté alors qu'il jette l'ancre dans le port maritime de Tuzla, près d'Istanbul, le 19 avril 2024.
Des ouvriers préparent un navire de la coalition de la flottille de la liberté alors qu'il jette l'ancre dans le port maritime de Tuzla, près d'Istanbul, le 19 avril 2024.

"Nous représentons la société civile qui réclame la paix et la justice. Nous demandons au monde de garantir notre sécurité afin de livrer (les biens) de première nécessité à nos frères et sœurs de Gaza", a ajouté Mme Wright.

"Comme vous le savez, cette flottille n'est pas la première", a-t-elle glissé en référence à une précédente expédition restée célèbre, car source de grandes tensions entre Israël et la Turquie.

- Le précédent de 2010 -

En 2010, une "flottille de la liberté" forte de huit cargos et transportant près de 700 passagers, de l'aide humanitaire et des matériaux de construction, avait pris la mer au départ d'Antalya (sud) pour tenter de forcer le blocus de la bande de Gaza et ravitailler la population.

Neuf jours après son départ, le 31 mai, une opération militaire israélienne et l'abordage d'un de ses bâtiments, le Mavi Marmara, avaient fait dix morts et 28 blessés parmi les militants et dix blessés côté israélien.

Après cette opération, les relations entre Israël et la Turquie ont connu une succession de crises jusqu'au rétablissement complet de leurs liens diplomatiques en août 2022, avec le retour des ambassadeurs et consuls dans les deux pays.

"Ce que le peuple palestinien endure actuellement est inimaginable", a insisté Mme Wright. "Le siège de Gaza est illégal, c'est une forme de châtiment collectif qui constitue un crime de guerre".

"Israël a attaqué notre flotte en 2010, tué dix de nos volontaires sans jamais avoir eu de comptes à rendre", a renchéri l'avocate américaine Huwaida Arraf, keffieh palestinien autour du cou.

"Mais de la même façon que le siège de Gaza est illégal, toute tentative d'Israël de nous attaquer ou tenter d'intercepter nos navires sera contraire au droit", a-t-elle insisté.

La gynécologue obstétricienne malaisienne Fauziah Mohd Hasan a remarqué que, pendant que l'escalade des tensions se poursuit entre l'Iran et Israël, "les tueries continuent à Gaza".

"Nous ne pouvons pas laisser Israël distraire le monde sur ce qui cause de plus en plus de morts, de maladies et de destructions à Gaza", a plaidé le Dr Hasan, en évoquant les "plus de 50.000 femmes enceintes" dans l'enclave bouclée.

"Nous savons que des femmes subissent des césariennes sans anesthésie, qu'elles donnent naissance à des bébés prématurés et trop petits, qu'elles ne peuvent allaiter en raison du stress", avance aussi la Malaisienne.

La Turquie est l'un des principaux pays fournisseurs d'aide humanitaire à la population palestinienne.

Un neuvième "navire de la Bonté" envoyé par le gouvernement turc est arrivé vendredi au port égyptien d'El-Arish, chargé de 3.774 tonnes d'aide humanitaire.

 


Le vote d'hindous pour Modi et la «gloire de la civilisation de l'Inde»

Une femme vêtue d'une burqa arrive pour voter dans un bureau de vote lors de la première phase des élections générales indiennes à Kairana, dans l'État de l'Uttar Pradesh, le 19 avril 2024. (Photo de Sajjad HUSSAIN / AFP)
Une femme vêtue d'une burqa arrive pour voter dans un bureau de vote lors de la première phase des élections générales indiennes à Kairana, dans l'État de l'Uttar Pradesh, le 19 avril 2024. (Photo de Sajjad HUSSAIN / AFP)
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  • Agé de 73 ans, M. Modi reste très populaire après deux mandats, au cours desquels l'Inde a accru son influence diplomatique et son poids économique
  • Cette ferveur nationaliste hindoue exponentielle inquiète d'importantes minorités, dont quelque 210 millions d'Indiens musulmans

HARIDWAR: Le vieux Ram Bhakt a bravé vendredi la chaleur accablante dans la ville sainte de Haridwar pour donner son vote au Premier ministre Narendra Modi qui, selon lui, est le garant de la "gloire de la civilisation" de l'Inde.

Nichée entre les contreforts de l'Himalaya et les rives du Gange dans l'Etat de l'Uttarakhand (nord), Haridwar est une vieille cité parsemée de temples hindous. Un des sites de prédilection des pèlerins de la foi majoritaire du pays le plus peuplé du monde.

C'est aussi un bastion de M. Modi dont le parti nationaliste hindou Bharatiya Janata (BJP) a placé l'hindouisme au coeur de sa politique, dans ce pays qui a inscrit la laïcité dans sa Constitution.

Il a déjà donné au BJP deux victoires écrasantes en 2014 et 2019 en jouant sur la fibre religieuse de l'électorat hindou.

"Je vote pour la gloire de la civilisation de l'Inde", affirme le saddhu Ram Bhakt, homme saint de 96 ans, au front ridé couvert de pigment vermillon et de cendre, appuyé sur sa canne en bois, drapé dans une modeste robe couleur safran.

«Le pays dont nous rêvions»

"Sous Modi, notre pays est devenu ce dont nous, les sages, rêvions depuis toujours", se réjouit-il auprès de l'AFP.

Agé de 73 ans, M. Modi reste très populaire après deux mandats, au cours desquels l'Inde a accru son influence diplomatique et son poids économique.

Les analystes politiques l'ont d'ores et déjà donné vainqueur de ces élections générales qui ont débuté vendredi et se poursuivront en sept étapes jusqu'au 1er juin.

Cette année, il a inauguré dans la ville d'Ayodhya un grand temple dédié à la divinité hindoue Ram, bâti sur le site d'une mosquée vieille de plusieurs siècles détruite par des fanatiques hindous.

Cet événement, très attendu par ses militants, a bénéficié d'une ample couverture médiatique et de festivités publiques dans toute l'Inde.

"La nation est en train de créer la genèse d'une histoire nouvelle", a-t-il clamé aux milliers de personnes rassemblées pour la cérémonie, parmi lesquelles des célébrités de Bollywood et des stars du cricket.

Shiv Shankar Giri, 28 ans, membre d'un ordre monastique hindou à Haridwar, a dit à l'AFP avoir voté pour "celui qui nous a rendu Ram".

"Nous votons tous pour celui qui a rendu l'hindouisme fort", souligne-t-il. "Nous votons pour Modi".

«La protection de notre foi»

Mais cette ferveur nationaliste hindoue exponentielle inquiète d'importantes minorités, dont quelque 210 millions d'Indiens musulmans.

L’Etat de l’Uttarakhand, considéré comme la pierre angulaire géographique de l’hindouisme, est en proie à de vives tensions sectaires.

Des groupes radicaux, vaguement affiliés au BJP, appellent à l’expulsion des musulmans de cet Etat.

Plusieurs musulmans y ont été tués en février lors d'affrontements avec des riverains hindous, à la suite de la démolition par les autorités municipales d'une mosquée qui, selon elles, avait été construite illégalement.

Pour Mukesh Dubey, prêtre d'un petit temple hindou à Haridwar, le fait que le gouvernement Modi défende sa foi est une "duperie" destinée à détourner de difficultés plus graves et urgentes auxquelles l'Inde est confrontée, avec des millions de jeunes diplômés d'universités au chômage.

Les cadeaux religieux ne servent à rien si "les gens n'ont pas de travail et de nourriture", dit-il à l'AFP.

Le BJP devrait néanmoins remporter la victoire à Haridwar, où son candidat avait remporté aux dernières élections 250.000 voix de plus que son principal adversaire.

Uday Bharti, saddhu de 59 ans, est catégorique, le BJP agit en faveur de ce qui "compte le plus".

"Modi a assuré la protection de notre pays et de notre foi", affirme-t-il à l'AFP devant un bureau de vote. "Nous sommes ici pour garantir que Modi continue de faire du bon travail".