Frappe russe meurtière à Dnipro: les secours ukrainiens cessent les recherches

Des fleurs et des jouets sont placés devant un immeuble résidentiel de la ville ukrainienne de Dnipro le 17 janvier 2023, détruit à la suite d'une frappe de missile il y a 4 jours (Photo, AFP).
Des fleurs et des jouets sont placés devant un immeuble résidentiel de la ville ukrainienne de Dnipro le 17 janvier 2023, détruit à la suite d'une frappe de missile il y a 4 jours (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 17 janvier 2023

Frappe russe meurtière à Dnipro: les secours ukrainiens cessent les recherches

  • À ce stade, «41 personnes sont décédées (dont 4 enfants), 79 personnes ont été blessées (dont 16 enfants) et 39 personnes ont été secourues (dont 6 enfants)» à la suite de cette frappe
  • Le bilan pourrait encore s'alourdir, les équipes de secours s'affairant toujours à retrouver sous les énormes pans de béton plus d'une vingtaine de personnes dont le sort reste inconnu

DNIPRO: L'Ukraine a arrêté mardi sa quête de survivants à Dnipro, sous les décombres d'un immeuble résidentiel détruit par un missile russe, un bombardement, parmi les plus meurtriers de la guerre, qui a fait 45 morts et une vingtaine de disparus selon un dernier bilan.

Ce carnage n'a fait que renforcer les efforts des Ukrainiens pour négocier des approvisionnements accrus en armements occidentaux, avec notamment une première rencontre en personne mardi en Pologne du commandant en chef de l'armée ukrainienne Valery Zaloujny et du chef d'état-major américain Mark Milley.

Le gouverneur régional, Valentyn Reznitchenko, a fait état de 45 morts à Dnipro, dont six enfants, mardi après-midi. Selon les médias, un bébé de onze mois est parmi les tués.

Le bilan précédent officiel faisait état de 44 morts, 20 disparus et 79 blessés.

Un peu plus tôt, les services de secours ukrainiens avaient annoncé sur Telegram la fin "les opérations de recherche et de sauvetage sur le site de la frappe" à Dnipro (centre-est).

Il s'agit d'un des bombardements les plus meurtriers sur un site civil depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie il y a près de onze mois.

Samedi, un missile a éventré l'immeuble du quai de la Victoire à Dnipro, ravageant "plus de 200 appartements" selon un responsable de la présidence ukrainienne.

Une section entière du bâtiment s'est effondrée, emprisonnant sous les décombres des dizaines de personnes.

Pendant près de quatre jours, les secours se sont efforcés d'extraire des survivants, avec le renfort de grues et d'une brigade cynophile. Trente-neuf personnes on pu être sauvées.

Obsèques de victimes 

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a juré de traduire en justice "chaque personne coupable de ce crime de guerre".

Aux obsèques mardi d'une des victimes, un entraîneur de boxe réputé dans sa communauté, des proches se recueillaient, certains en larmes, devant sa sépulture et son portrait. A proximité du cercueil, une gerbe de fleurs bleues et jaunes, couleurs du drapeau national.

"Je me souviendrai de lui comme d'une personne ouverte et honnête, toujours prête à aider", se souvient Artem Birioukov, l'un de ses élèves, lors d'une cérémonie d'adieux. "C'était mon second père", a-t-il ajouté.

De son côté, Moscou a nié comme lors d'épisodes précédents toute implication dans le carnage. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a évoqué lundi "une tragédie" pouvant être due selon lui à un tir de la défense antiaérienne ukrainienne.

L'immeuble a été frappé au cours d'une nouvelle salve de bombardements massifs contre des installations énergétiques ukrainiennes, une campagne engagée par le Kremlin en octobre, après une série de revers militaires russes, afin de plonger les Ukrainiens dans le froid et dans le noir.

Sur le front diplomatique, les Occidentaux ont réaffirmé leur soutien à Kiev qui réclame toujours plus d'armements, notamment des chars, pour repousser encore l'armée russe des territoires qu'elle occupe.

"Le message que nous envoyons au (président Vladimir) Poutine c'est que nous nous sommes engagés à défendre les Ukrainiens jusqu'à ce qu'ils soient victorieux", a dit le chef de la diplomatie britannique James Cleverly.

Samedi, Londres a annoncé vouloir remettre à Kiev des blindés Challenger 2, ce qui sera la première livraison de chars occidentaux lourds à l'Ukraine.

Le chancelier allemand Olaf Scholz a fait face mardi au Forum économique mondial à Davos (Suisse) à une pression accrue afin d'autoriser la livraison, y compris par des pays tiers qui en sont équipés, de chars Leopard 2, que Kiev réclame depuis des semaines.

«C'est Verdun là-bas»

"Nous essayons d'organiser un soutien plus important à l'Ukraine", a déclaré le président polonais Andrzej Duda, dont le pays s'est dit prêt à livrer des chars Leopard 2, "nous espérons que le fabricant de ces chars, l'Allemagne, y participera aussi".

Une nouvelle réunion sur le soutien militaire occidental à l'Ukraine est prévue vendredi sur la base américaine de Ramstein en Allemagne.

A l'approche de cette rencontre le général ukrainien Zaloujny a indiqué avoir énuméré à l'Américain Milley "les besoins urgents" de Kiev. L'Ukraine réclame des chars, des blindés légers, des systèmes de défense antiaérienne et des missiles de longue portée.

Les demandes ukrainiennes interviennent alors que l'armée russe et le groupe paramilitaire Wagner ont redoublé d'efforts dans l'Est ukrainien pour conquérir la ville de Bakhmout et ses environs, une bataille sanglante en cours depuis l'été.

Des journalistes de l'AFP ont constaté mardi que de violents combats d'artillerie étaient en cours autour de Bakhmout, ville de 70 000 habitants avant la guerre et aujourd'hui largement ravagée.

"C'est Verdun là-bas", confie Ivan, un ambulancier militaire ukrainien en référence à cette effroyable bataille de la Première Guerre mondiale entre Français et Allemands dans l'est de la France.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.