Atteint par le cancer, le patron de Publicis Arthur Sadoun s'engage contre ce «tabou» au travail

Le PDG de Publicis Group Arthur Sadoun pose lors d'une séance photo à Paris le 11 janvier 2023. (Photo JOEL SAGET / AFP)
Le PDG de Publicis Group Arthur Sadoun pose lors d'une séance photo à Paris le 11 janvier 2023. (Photo JOEL SAGET / AFP)
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Publié le Mardi 17 janvier 2023

Atteint par le cancer, le patron de Publicis Arthur Sadoun s'engage contre ce «tabou» au travail

  • Mais le dirigeant de 51 ans, d'allure athlétique, porte désormais une fine cicatrice au niveau du cou, et le souvenir douloureux d'un traitement préventif de sept semaines de rayons et chimiothérapie lors duquel il est resté aux manettes du groupe
  • Parler de son cancer, a fortiori lorsqu'on est patron d'un groupe du CAC40, «c'est mettre sur la place publique votre vulnérabilité», témoigne Arthur Sadoun

PARIS: Arthur Sadoun, patron du troisième groupe mondial de communication Publicis, lance mardi depuis Davos un appel aux grandes entreprises pour "faire tomber le tabou du cancer au travail", quelques mois après avoir rendu public son combat contre une tumeur liée au papillomavirus humain (HPV).

Au 133 avenue des Champs-Elysées à Paris, le bureau de cet habitué des voyages internationaux a retrouvé en ce mois de janvier son allure habituelle et de l'espace entre une bibliothèque en désordre et un siège d'avion éjectable.

Mais le dirigeant de 51 ans, d'allure athlétique, porte désormais une fine cicatrice au niveau du cou, et le souvenir douloureux d'un traitement préventif de sept semaines de rayons et chimiothérapie lors duquel il est resté aux manettes du groupe français, entouré de matériel médical.

Parler de son cancer, a fortiori lorsqu'on est patron d'un groupe du CAC40, "c'est mettre sur la place publique votre vulnérabilité", témoigne Arthur Sadoun dans un entretien à l'AFP.

"En plus, ça m'est arrivé 4 mois avant la fin de mon mandat", précise le président du directoire - renouvelé pour quatre ans en septembre dernier - qui dit s'être "fait violence au nom de la transparence".

Dans une vidéo publiée le 9 avril, Arthur Sadoun était apparu amaigri après avoir subi une intervention chirurgicale pour retirer "une petite tumeur". "Toutes les cellules cancéreuses ont été retirées. Aujourd'hui il n'y a aucune inquiétude à avoir", rassurait-il face caméra.

"Là où j'ai eu de la chance professionnellement, c'est que c'est arrivé à un moment où la transformation de Publicis était derrière nous. Où les difficultés qu'on a rencontrées dues aux changements qu'on a mis en place étaient derrière nous et où la dynamique était excellente.

Et donc j'ai pu continuer à diriger Publicis", analyse-t-il.

"Et j'ai été ultra-entouré, que ce soit dans ma famille, le milieu professionnel et par le corps médical", poursuit le dirigeant, marié à la journaliste de France 2 Anne-Sophie Lapix.

Pour sa dernière vidéo de voeux adressée aux près de 100.000 collaborateurs de Publicis, Arthur Sadoun s'est affiché comme d'habitude aux côtés du patriarche du groupe Maurice Lévy, mais le ton n'était cette fois pas à la plaisanterie.

«Les entreprises font déjà beaucoup»

"Vous savez que 80% des adultes ont le papillomavirus?", interroge-t-il dans ce clip, avant d'accueillir l'acteur américain Michael Douglas, qui avait lutté contre un cancer de la gorge causé par le même virus.

"On a eu 24 millions de vues sur YouTube quand même", se félicite Arthur Sadoun, qui souhaitait ainsi inciter à la vaccination contre ce virus, sexuellement transmissible.

Mais le combat le plus "légitime" que Publicis peut porter est au niveau des entreprises, estime-t-il.

Selon une statistique de l'association française Cancer@Work, "50% des gens ont peur de dire à l'employeur qu'ils sont atteints d'un cancer".

"Quand on mène un combat pour sa vie, on ne devrait jamais avoir à s'inquiéter pour son travail", et le problème est encore plus grave aux Etats-Unis (65% du chiffre d'affaires de Publicis), où la couverture médicale est assurée par l'employeur, ou encore en Inde, reconnaît Arthur Sadoun.

Selon lui, il s'agit pourtant d'un "problème de perception", car "les entreprises font déjà beaucoup pour les gens qui ont des maladies chroniques".

Le groupe de publicité s'engage ainsi mardi à garantir l'emploi et le salaire de chaque employé touché pendant au moins un an, et à adapter les conditions de travail pour les malades et les aidants, ou les assister lors d'une réinsertion professionnelle.

"On ne veut pas qu'ils perdent confiance dans leur capacité à progresser au sein de l'entreprise", affirme le dirigeant.

Selon Publicis qui lance une grande campagne de communication sur le sujet, une trentaine de multinationales, de Walmart à Toyota ou l'Oréal ont déjà répondu favorablement à cet appel.


Laurent Wauquiez dépose une proposition de loi pour interdire le voile aux mineures

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  • Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public
  • Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier

PARIS: Le chef des députés Les Républicains Laurent Wauquiez a déposé lundi une proposition de loi pour interdire aux mineures de porter le voile dans l'espace public, mais son examen rapide semble peu probable et sa constitutionnalité mise en doute par des juristes.

M. Wauquiez veut interdire "à tout parent d'imposer à sa fille mineure ou de l'autoriser à porter, dans l'espace public, une tenue destinée à dissimuler sa chevelure", selon l'article unique de sa proposition de loi.

Il s'appuie notamment sur un rapport sur les Frères musulmans commandé par le gouvernement et publié en mai dernier, relatant l'augmentation "massive et visible du nombre de petites filles portant le voile".

Il estime que "le voilement de jeunes filles" heurte les principes républicains "les plus fondamentaux", tels que la "protection de l'enfant", "la liberté de conscience" et "l'égalité entre les hommes et les femmes".

Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public.

Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier.

En outre, des professeurs de droit public interrogés par l'AFP émettent de sérieuses réserves quant à la conformité avec la Constitution de cette proposition déjà formulée, tout en la circonscrivant aux moins de 15 ans, par le patron des députés macronistes Gabriel Attal en mai - même si celui-ci n'avait pas déposé de texte.

Pour la constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina, elle n'a "aucune chance d'être conforme", rappelant que la loi sur la dissimulation du visage que son texte vient modifier a un motif de "sécurité à l'ordre public" et ne "vise aucune religion en particulier".

Or, M. Wauquiez cible très clairement le voile islamique dans l'espace public, contrevenant "au principe de liberté de religion", ajoute l'enseignante.

Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public à l’Université de Lille, se dit également "très réservé".

Bien que le texte se heurte au principe de liberté religieuse, Laurent Wauquiez justifie sa démarche par la "préservation des droits de l’enfant", ce qui est "assez habile", reconnaît-il, mais insuffisant pour garantir sa conformité constitutionnelle.

Assimiler le port du voile par une mineure à "une forme d’asservissement" reste juridiquement fragile. "Incontestablement, une fillette de 9 ans pourrait le faire par mimétisme ou sous l'effet d’une instrumentalisation", observe-t-il. "Mais une adolescente de 16 ans peut davantage le porter par conviction personnelle."

Il rappelle par ailleurs que l’interdiction de dissimulation du visage est justifiée par des raisons de sécurité, avec la nécessité de pouvoir "identifier les personnes", un raisonnement difficilement transposable au fait de se couvrir la chevelure.


Quatre associations musulmanes portent plainte contre un sondage Ifop

Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
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  • Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop
  • Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021

PARIS: Quatre associations du culte musulman ont porté plainte lundi pour dénoncer le manque d'objectivité supposé d'un sondage Ifop sur le rapport des fidèles à l'islam, ont annoncé leurs avocats à l'AFP.

Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop "Etat des lieux du rapport à l'islam et à l'islamisme des musulmans de France".

Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021.

Ce sondage "viole le principe d'objectivité posé par la loi du 19 juillet 1977 relative à la publication et la diffusion des sondages d'opinion", se "fonde sur des questions orientées" et se "focalise sur des résultats minoritaires mis en avant à des fins polémiques", accusent les avocats Mes Raphaël Kempf et Romain Ruiz, dans un communiqué.

Selon eux, le sondage distille "le poison de la haine dans l'espace public", renforçant "les amalgames".

Contacté par téléphone, François Kraus, directeur du pôle politique/actualités de l'Ifop, a indiqué qu'il répondrait à l'AFP par écrit, ce qu'il n'avait pas fait dans l'après-midi.

Le CFCM avait déjà dans un communiqué vendredi déploré "une nouvelle mise à l’index des citoyens français de confession musulmane et de leurs pratiques religieuses", avec des analyses et données "contestables".

L'enquête Ifop, basée sur un échantillon de 1.005 personnes de religion musulmane, a été commandée par le média confidentiel "Ecran de veille", qui se présente comme "le mensuel pour résister aux fanatismes".

L'attention médiatique et politique s'est beaucoup focalisée sur le sous-échantillon des 15-24 ans, constitué de 291 personnes, et révélant une forte pratique (87% se considèrent religieux, 67% disent prier "au moins une fois par jour", 83% font le ramadan)

François Kraus écrit dans sa conclusion sur le site de l'Ifop que "cette enquête dessine très nettement le portrait d'une population musulmane traversée par un processus de réislamisation, structurée autour de normes religieuses rigoristes et tentée de plus en plus par un projet politique islamiste".

Le sondage a provoqué de vives réactions, l'extrême droite y voyant un signe d'"islamisation", tandis que des représentants de la communauté musulmane ont regretté "une stigmatisation".

"A mal poser les questions, on finit toujours par fabriquer les peurs qu’on prétend mesurer", affirmait dans son billet hebdomadaire le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz.

Le politiste Haouès Seniguer qualifie pour sa part de raccourci "grossier et réducteur" l'idée, sous-jacente selon lui au sondage, qu'une observance stricte de l'islam soit la porte d'entrée mécanique vers l'islamisme.


Macron invité de RTL mardi matin

 Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
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  • Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat Français a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine
  • Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire

PARIS: Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué.

Le président de la République sera notamment interrogé sur la situation internationale, alors qu'une nouvelle réunion de la "coalition des volontaires" au soutien de l'Ukraine est prévue mardi en visioconférence.

Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine.

M. Macron sera aussi interrogé sur "les menaces qui pèsent sur la France", selon le communiqué de RTL.

Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire.