Macron et Sanchez signent un traité pour sceller l'amitié franco-espagnole

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours lors d'une cérémonie collective de remise de prix aux personnalités du sport, au Palais présidentiel de l'Elysée à Paris le 17 janvier 2023. (Photo de Ludovic MARIN / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours lors d'une cérémonie collective de remise de prix aux personnalités du sport, au Palais présidentiel de l'Elysée à Paris le 17 janvier 2023. (Photo de Ludovic MARIN / POOL / AFP)
Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez et le président français Emmanuel Macron se serrent la main après avoir signé un traité à Barcelone le 19 janvier 2023 (Photo, AFP).
Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez et le président français Emmanuel Macron se serrent la main après avoir signé un traité à Barcelone le 19 janvier 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 19 janvier 2023

Macron et Sanchez signent un traité pour sceller l'amitié franco-espagnole

  • Hasard du calendrier, le chef de l'Etat français sera toute la journée en Espagne au moment même où, en France, débutent les manifestations et grèves potentiellement massives contre sa réforme des retraites
  • Paris veut graver dans le marbre le renforcement de ses relations avec d'autres voisins que l'Allemagne, notamment du sud de l'Europe, au moment où le moteur franco-allemand de l'UE est souvent apparu essoufflé

BARCELONE: Le président français Emmanuel Macron a retrouvé jeudi à Barcelone le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez pour un sommet "hautement symbolique", qui va porter la relation entre les deux pays au plus haut niveau, au moment où, à Paris, la mobilisation s'annonce massive contre sa réforme des retraites.

M. Macron a été accueilli vers 10H00 GMT par M. Sanchez au Musée national d'art de Catalogne, où les deux dirigeants devaient avoir un tête-à-tête avant de signer en grande pompe un "traité d'amitié et de coopération".

Un texte qui prévoit, dans le détail, un renforcement de la relation bilatérale sur les questions migratoires, de défense, d'énergie ou de jeunesse.

Hasard du calendrier, le chef de l'Etat français sera toute la journée dans la métropole catalane au moment même où, en France, débutent les manifestations et grèves potentiellement massives contre sa réforme des retraites.

Discret ces derniers jours sur la grande réforme de son second mandat, il pourrait devoir commenter cette mobilisation sociale durant sa conférence de presse commune avec le chef du gouvernement espagnol, ou lors d'un discours prévu devant la communauté française.

Traité «très important»
"Hautement symbolique" pour la présidence française, ce traité franco-espagnol est seulement le troisième de la sorte signé en Europe par la France après celui de l'Elysée, paraphé en 1963 avec l'Allemagne et complété depuis par celui d'Aix-la-Chapelle en 2019, et celui du Quirinal, signé avec l'Italie en 2021.

"Ce qu'on va faire à Barcelone est très important. Parce qu'au fond la vie linguistique, culturelle, économique (entre les deux pays) était très en avance sur la structuration politique. On a une vraie relation d'amitié avec Pedro Sanchez. Et donc là, on va vraiment donner un cadre", a souligné M. Macron dans le quotidien El Pais.

Paris veut en effet graver dans le marbre le renforcement de ses relations avec d'autres voisins que l'Allemagne, notamment du sud de l'Europe, au moment où le moteur franco-allemand de l'UE est souvent apparu essoufflé.

«Ligne commune» sur le plan Biden
Si Paris note déjà "un certain nombre de convergences" entre les deux dirigeants "pour l'agenda européen des prochains mois", Emmanuel Macron a dans l'esprit de concrétiser à Barcelone une "ligne commune avec Madrid" sur la réponse européenne à l'Inflation Reduction Act, le plan d'investissement massif du président américain Joe Biden dans la transition énergétique.

Le président français, qui avait dénoncé fin novembre à Washington des subventions américaines "super agressives", veut une action tout aussi massive de l'UE et des décisions rapides pour éviter la fuite d'entreprises européennes attirées par les aides américaines.

Un ton ferme à l'égard des Etats-Unis que n'a pas adopté le Premier ministre espagnol.

Depuis Davos, Pedro Sanchez s'est contenté lundi, sur la chaîne américaine CNBC, de noter que l'UE devait "faire ses devoirs" et réformer sa propre politique en matière d'aides d'Etat afin d'envoyer aux entreprises "le message que l'Europe, et bien sûr l'Espagne, sont un bon endroit" pour investir.

Emmanuel Macron caresse aussi l'espoir de rallier, dans une certaine mesure, à sa position le chancelier allemand Olaf Scholz, qui sera dimanche à Paris pour célébrer le 60e anniversaire du Traité de l'Elysée et participer à un conseil des ministres franco-allemand censé solder les différends entre les deux premières puissances européennes.

La signature du traité franco-espagnol intervient trois mois après la levée d'un des principaux désaccords entre les deux pays qui ont décidé, avec le Portugal, d'enterrer le projet de gazoduc "Midcat", auquel s'opposait Paris, pour le remplacer par un pipeline d'hydrogène "vert" reliant Barcelone à Marseille et baptisé "H2Med".

Barcelone a justement été choisie comme ville hôte du sommet pour souligner l'importance de ce projet stratégique mais aussi pour montrer que la situation s'est apaisée en Catalogne, théâtre d'une tentative de sécession en 2017.

Ne le voyant pas ainsi, plusieurs milliers d'indépendantistes catalans ont manifesté jeudi matin tout près du sommet pour protester contre sa tenue, aux cris de "ni France, ni Espagne!".

Rare point d'achoppement entre les deux pays, Madrid a prévu d'insister lors du sommet sur l'importance de rouvrir au plus vite huit points de passage frontaliers toujours fermés au nom de la lutte des autorités françaises contre le terrorisme et l'immigration illégale.


Ukraine: Zelensky accueilli par Macron à Paris pour faire le point sur les négociations

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée pour faire le point sur les intenses négociations en cours pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine. (AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée pour faire le point sur les intenses négociations en cours pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée
  • Cette nouvelle visite en France, la dixième depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, intervient au lendemain de discussions entre délégations américaine et ukrainienne en Floride

PARIS: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée pour faire le point sur les intenses négociations en cours pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine, a constaté un journaliste de l'AFP.

Cette nouvelle visite en France, la dixième depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, intervient au lendemain de discussions entre délégations américaine et ukrainienne en Floride, et à la veille d'une rencontre à Moscou entre l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, et le président russe Vladimir Poutine.

 


La France fixe une nouvelle doctrine d'intervention en mer contre les traversées clandestines

Un bateau de la Gendarmerie maritime française navigue à proximité de bateaux de passeurs transportant des migrants qui tentent de traverser la Manche au large de la plage de Gravelines, dans le nord de la France, le 27 septembre 2025. (AFP)
Un bateau de la Gendarmerie maritime française navigue à proximité de bateaux de passeurs transportant des migrants qui tentent de traverser la Manche au large de la plage de Gravelines, dans le nord de la France, le 27 septembre 2025. (AFP)
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  • La France prévoit de lancer prochainement des opérations en mer pour intercepter les “taxi-boats” transportant clandestinement des migrants vers l’Angleterre
  • Cette initiative intervient après une hausse des traversées de la Manche, avec plus de 39 000 arrivées en 2025

LILLE: Après des mois de discussions, la France a annoncé vendredi qu'elle allait débuter "prochainement" des opérations visant à intercepter en mer des petits bateaux clandestins en chemin vers l'Angleterre, avant qu'ils n'embarquent des groupes de migrants.

Ce changement de doctrine engagé par Paris sous pression de Londres était en gestation depuis plusieurs mois.

Les forces de l'ordre françaises peinent à trouver la parade face aux "taxi-boats", un mode d'action des passeurs consistant à faire partir une embarcation d'un point éloigné des principales plages de départ où sont rassemblés les migrants.

Le taxi-boat s'approche ensuite du rivage et vient récupérer des passagers directement dans l'eau, avant de poursuivre sa route vers l'Angleterre.

"La Gendarmerie maritime sera bientôt en mesure d'effectuer des opérations de contrôle et d'intervention en mer, sur des embarcations soupçonnées d'être des taxi-boats", a déclaré à l'AFP la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord (Prémar), confirmant des informations du journal Le Monde.

Le quotidien évoque un document signé par le préfet maritime mais aussi ceux du Nord, de la Somme et du Pas-de-Calais.

Le ministère de l'Intérieur français n'a pas souhaité réagir.

Côté britannique, un porte-parole du gouvernement a simplement rappelé vendredi à l'AFP que Londres a "déjà travaillé à s'assurer que les autorités en France réforment leurs tactiques en mer afin qu'elles puissent intervenir dans les eaux peu profondes".

- Pas de filets à ce stade -

Actuellement, une fois une embarcation clandestine en mer, seul le dispositif de secours intervient en cas de besoin, en raison des risques que présentent ce type d'opérations, comme prévu par les conventions internationales.

Désormais, il pourra aussi y avoir des "opérations de contrôle et d'intervention (...) issues d'études menées par l'ensemble des services de l’État concernés", a précisé la Prémar. Elles "comportent des dispositions prenant en compte la primauté de la sauvegarde de la vie humaine".

Ces futures opérations de la gendarmerie maritime sont prévues en amont de l'embarquement de passagers, pour ne pas mettre leurs vies en péril, selon une source proche du dossier.

"L'ensemble des travaux sur le sujet se fait en lien avec les parquets concernés", a souligné à l'AFP la procureure de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), Cécile Gressier.

En outre, la Prémar précise que "l'emploi de filets visant à stopper le taxi-boat n'est pas envisagé à ce stade".

Cette méthode, mentionnée la semaine dernière dans la presse, avait soulevé l'indignation d'associations d'aide aux migrants et d'ONG comme Amnesty International.

Pour le professeur de droit international Thibaut Fleury-Graff, "les interceptions sont susceptibles d'être contraires au droit de quitter tout pays" inscrit dans le Pacte de l'ONU sur les droits civils et politiques, et doivent respecter "l'ensemble des droits de la personne humaine".

Les taxi-boats embarquent leurs passagers sur une ou plusieurs haltes et repartent en direction de l'Angleterre surchargés, transportant régulièrement plus de 70 candidats à l'exil dans des conditions périlleuses.

Au moins 27 migrants sont morts cette année lors de ces dangereuses tentatives de traversées de la Manche, selon un décompte de l'AFP.

Après le pire naufrage dans la Manche, qui a fait 31 morts en novembre 2021, le parquet de Paris a demandé vendredi un procès en correctionnelle pour 14 hommes, nés pour la plupart en Afghanistan et en Irak, soupçonnés d'être impliqués dans des réseaux de passeurs à l'origine du drame.

Depuis le 1er janvier, plus de 39.000 personnes sont arrivées sur les côtes anglaises à bord de petites embarcations, selon les données britanniques, soit plus que sur la totalité de 2024.

Plus de la moitié des personnes arrivées clandestinement au Royaume-Uni entre septembre 2024 et septembre 2025 sont de cinq nationalités: Érythréens (la nationalité la plus représentée), Afghans, Iraniens, Soudanais et Somaliens.

Le gouvernement travailliste britannique, sous pression de l'extrême-droite, a annoncé ce mois-ci une réforme qui durcit fortement sa politique d'asile et d'immigration, espérant ainsi décourager les arrivées irrégulières de migrants sur ces "small boats", qu'il peine à endiguer.


France: des ONG inquiètes d'une baisse de l'aide au développement

Le docteur Bertrand Chatelain (à gauche), de l'ONG Médecins du Monde (MdM), examine un réfugié lors d'une opération de maraudage dans le camp de migrants du quartier Stalingrad à Paris, le 12 juillet 2023. (AFP)
Le docteur Bertrand Chatelain (à gauche), de l'ONG Médecins du Monde (MdM), examine un réfugié lors d'une opération de maraudage dans le camp de migrants du quartier Stalingrad à Paris, le 12 juillet 2023. (AFP)
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  • Plusieurs ONG françaises alertent sur un désengagement de la France en matière d’aide au développement, dans un contexte mondial déjà marqué par une baisse générale de la solidarité internationale
  • Les organisations humanitaires redoutent des conséquences majeures pour des millions de personnes

PARIS: Plusieurs ONG françaises, dont Médecins du Monde, ont critiqué vendredi un "désengagement croissant" de Paris envers la solidarité internationale, le gouvernement entendant amputer, dans le prochain budget, l'aide au développement de 700 millions d'euros, dans un contexte international tendu.

Sandrine Simon, directrice santé et plaidoyer de Médecins du Monde, critique une décision qui va "à l'encontre des engagements" de la France dans ce secteur. Elle évoque sa "grande inquiétude" et son "incompréhension".

En France, où l'aide publique au développement a été réduite ces dernières années, les coupes envisagées dans le projet de loi de finances 2026 s'élèvent à 700 millions d'euros, pour un montant alloué de 3,7 milliards d'euros.

"A chaque fois qu'il y a ne serait-ce qu'un million d'euros qui est coupé, on sait qu'il y a des milliers, voire des millions de personnes derrière qui sont affectées", alerte Anne Bideau, directrice générale de Plan International France, rappelant une "tendance à la baisse de l'aide publique au développement un peu partout dans le monde".

"on sait que les conséquences vont être dramatiques, donc on est extrêmement inquiets", ajoute Mme Bideau auprès de l'AFP.

Début 2025, le démantèlement de l'Agence américaine pour le développement international (USAID), sous l'impulsion du président républicain Donald Trump, avait provoqué une onde de choc internationale.

Mais la fin de l'USAID avait mis en exergue une tendance de fond: le montant accordé par 32 pays riches de l'OCDE et l'Union européenne à l'aide au développement a diminué en 2024 de 7,1% (en terme réel) à 212,1 milliards de dollars, selon une estimation de l'OCDE, une première en six ans.

"On a des crises à répétition, le Soudan, Gaza etc. Il y a une augmentation des besoins et il y a une réduction de l'aide", déplore pour sa part Stéphane Doyon, de Médecins Sans Frontières, ONG qui n'est pas financée par le gouvernement français.

En France, cette coupe est justifiée "par l'effort nécessaire sur les finances publiques - et pas pour des raisons idéologiques comme aux Etats-Unis", affirme une source diplomatique à l'AFP, rappelant qu'elle n'a pas encore été votée.

"Entre la loi de finances 2024 et le projet de loi de finances 2026, on aurait une baisse de moitié de l'aide publique au développement", a calculé la Coordination Sud, qui regroupe des associations françaises de solidarité internationale.

Avec des conséquences concrètes pour les ONG qui comptent sur le soutien de l'Etat.

"Nous espérions recevoir de l'argent de l'Agence française de développement qui vient de nous annoncer qu'ils ne nous soutiendraient pas l'année prochaine", explique Sandrine Simon, de Médecins du Monde, au moment où l'ONG elle-même programme avec "un niveau d'incertitudes très important ce budget 2026, bien au-delà des années passées."

Dans le pire des scénarios, avec des coupes budgétaires massives, plus de 22 millions de personnes pourraient mourir de causes évitables d'ici à 2030, selon une étude menée par des chercheurs espagnols, brésiliens et mozambicains.