Faire du divertissement une force de l’Arabie saoudite: la Saudi Entertainment Academy

Dans un pays qui se transforme à vue d’œil et qui mise sur le tourisme, la culture et le divertissement, la Saudi Entertainment Authority et ses partenaires français deviennent des acteurs incontournables de la formation dans un secteur où tout reste à faire et à inventer. (AFP).
Dans un pays qui se transforme à vue d’œil et qui mise sur le tourisme, la culture et le divertissement, la Saudi Entertainment Authority et ses partenaires français deviennent des acteurs incontournables de la formation dans un secteur où tout reste à faire et à inventer. (AFP).
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Publié le Mercredi 25 janvier 2023

Faire du divertissement une force de l’Arabie saoudite: la Saudi Entertainment Academy

Faire du divertissement une force de l’Arabie saoudite: la Saudi Entertainment Academy
  • «La population est jeune, il existe un véritable appétit de culture et de divertissement que l’on retrouve aussi bien au plan individuel qu’à une échelle plus importante»
  • Dans un pays qui se transforme à vue d’œil et qui mise sur le tourisme, la culture et le divertissement, la SEA et ses partenaires français deviennent des acteurs incontournables de la formation dans un secteur où tout reste à faire et à inventer

Vivien Exartier est un quadragénaire qui vit dans le Golfe depuis une dizaine d’années. Après une expérience au Bahreïn à la direction des partenariats et des relations internationales de la Royal University for Women, ce diplômé de la Burgundy School of Business et docteur de la West Virginia University aux États-Unis a posé ses valises à Riyad en août 2022. Son nouveau défi: devenir directeur général de la Saudi Entertainment Academy (SEA).

Il décrit cette jeune institution avec enthousiasme, car elle s’inscrit parfaitement dans le plan Vision 2030. En effet, la dimension «qualité de vie» est un pilier important de la stratégie du Royaume. «La population est jeune, il existe un véritable appétit de culture et de divertissement que l’on retrouve aussi bien au plan individuel qu’à une échelle plus importante: la plupart des gigaprojets ont de très larges implications en matière de divertissement, de culture, de sport, d’événementiel… on peut citer AlUla, Saudi Venture Entertainement, Qiddiya, Red Sea Project…»

C’est à la demande et sous la tutelle du gouvernement saoudien et notamment de la General Entertainement Authority (GEA) que la SEA est créée. Il est en effet impératif que les Saoudiens soient formés aux spécificités des métiers du divertissement et de la culture, secteurs qui employaient énormément de main-d’œuvre étrangère et dont le développement a explosé: «Nous sommes passés de quasiment rien à quasiment tout en quelques années. Il n’y avait pas de cinémas, peu de parcs d’attractions, pas de théâtres, de concerts ou de musées, et en quelques années, tout cela est apparu avec forcément une forte demande en termes de ressources humaines qualifiées: c’est à cela que nous servons.»

La France est le partenaire stratégique du projet et l’Ambassade de France en Arabie Saoudite soutient l’initiative avec beaucoup d’enthousiasme et facilite de nombreux contacts dans les milieux du divertissement, culture et sports.

Cela a commencé avec une plate-forme de cours en ligne à la demande de GEA, mise en place par l’académie de Paris, partenaire privilégié du projet qui gère en France trente-cinq mille formateurs et qui bénéficie d’une solide expérience en la matière. Une trentaine de cours en ligne sont mis gratuitement à disposition des Saoudiens en 2021-2022 sur des sujets tels que «manager un musée, gérer une foule…» et le succès est immense: quatre-vingt-onze mille personnes se sont connectées et ont suivi les cours.

C’est à ce moment-là que la SEA passe à la vitesse supérieure en accueillant deux cent soixante étudiants sur ses deux campus pour des formations diplômantes conçues en partenariat avec l’université Côte d’Azur et particulièrement l’IUT de Nice.

La France est le partenaire stratégique du projet et l’Ambassade de France en Arabie Saoudite soutient l’initiative avec beaucoup d’enthousiasme et facilite de nombreux contacts dans les milieux du divertissement, culture et sports.

«Le contenu des formations est clairement basé sur un référentiel de métiers et de fonctions du secteur du divertissement et les besoins du terrain.. C’est très précis et cela permet de donner une véritable expertise aux étudiants.» La formation se déroule en alternance: «Les étudiants alternent les périodes en entreprise et les contenus théoriques, notamment dans des entreprises familiales du secteur comme Al-Hokair ou Bunyan, auxquelles nous sommes très liés.»

Le parcours des étudiants est entièrement financé par le gouvernement par le biais de HRDF un fonds dont un des buts est de remédier aux problèmes d’emploi des jeunes.

Pour le directeur général de la Saudi Entertainment Academy Vivien Exartier, les ambitions du Royaume nécessitent une très vaste gamme de formations et la France est en pointe sur ces domaines.

Aux côtés du PDG Eihab Abourokbah, Vivien Exartier développe également un troisième volet avec une activité de formation professionnelle destinée aux cadres et employés du secteur. L’académie de Paris a récemment fait venir une experte dans le domaine de la sécurité des événements grand public et à la fin du mois de janvier 2023, un cours sera donné par Simon Chadwick, professeur à Skema Business School, école de management française avec qui la SEA espère développer des relations fructueuses, notamment en matière de formation continue. Le thème du cours est «investing in sport asset», car le sport est clairement une des priorités de la SEA.

Pour Vivien Exartier, les ambitions du Royaume nécessitent une très vaste gamme de formations et la France est en pointe sur ces domaines: «Cela correspond à la volonté du gouvernement saoudien; s’appuyer sur les meilleures institutions pour pouvoir soutenir un développement le plus rapide possible».

L’évocation des six premiers mois à la direction opérationnelle de la SEA laisse un large sourire sur le visage de Vivien Exartier.

Toutefois, sa plus grande fierté, ce sont ses étudiants: «Ce qui me rend fier, c’est que le travail que nous faisons est utile, car nos étudiants sont sollicités en permanence pour travailler sur des événements partout dans le Royaume: je les ai envoyés sur un tournoi de golf, sur les différents festivals, sur de la gestion d’expositions, de salons… Bref, les jours où l’on peut ressentir le moindre doute sur notre engagement, il suffit de regarder les sollicitations et les demandes que nous avons et les retours toujours très positifs que nous recevons de la part des employeurs de nos étudiants pour savoir que nous allons dans la bonne direction.»

Dans un pays qui se transforme à vue d’œil et qui mise sur le tourisme, la culture et le divertissement, la SEA et ses partenaires français deviennent des acteurs incontournables de la formation dans un secteur où tout reste à faire et à inventer.

 

Arnaud Lacheret est docteur en sciences politiques, Associate Professor à Skema Business School et professeur à la French Arabian Business School. Twitter: @LacheretArnaud 
NDLR: L’opinion exprimée dans cette section est celle de l’auteur et ne reflète pas nécessairement le point de vue d'Arab News en français.