Le PS «coupé en deux» au lendemain de son élection interne

Le premier secrétaire du Parti socialiste français (PS) et candidat à sa succession Olivier Faure donne une conférence de presse le 18 janvier 2023 à Nantes, à la veille du second tour des élections du parti. (Photo de LOÏC VENANCE / AFP)
Le premier secrétaire du Parti socialiste français (PS) et candidat à sa succession Olivier Faure donne une conférence de presse le 18 janvier 2023 à Nantes, à la veille du second tour des élections du parti. (Photo de LOÏC VENANCE / AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 20 janvier 2023

Le PS «coupé en deux» au lendemain de son élection interne

  • Un communiqué signé du service de presse du PS a proclamé en début de matinée la victoire du sortant Olivier Faure, avec 50,83% (12.076 voix), soit 393 suffrages de plus que son rival le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol (49,17%, 11.683 voix)
  • Cette annonce a été immédiatement contestée par l'élu normand

PARIS: Un score très serré, des nerfs mis à vif par des semaines de campagne interne tendue : il n’en fallait pas plus pour que le parti socialiste s’inflige une nouvelle crise ouverte vendredi, au lendemain de l'élection pour le poste de premier secrétaire.

Un communiqué signé du service de presse du PS a proclamé en début de matinée la victoire du sortant Olivier Faure, avec 50,83% (12.076 voix), soit 393 suffrages de plus que son rival le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol (49,17%, 11.683 voix).

Cette annonce a été immédiatement contestée par l'élu normand.

"Le choix des militants doit être respecté, l'unité du parti socialiste préservée. Je demande que la commission de récolement soit réunie. Sans elle aucun résultat ne peut évidemment être proclamé. J'appelle à l'apaisement et au rassemblement. Les Français nous regardent", a réagi sur Twitter Nicolas Mayer-Rossignol.

Le communiqué du parti survient quelques heures après que les deux candidats se sont affirmés chacun de son côté vainqueur.

"Le PS apparaît coupé en deux, pas sur les idées mais sur la stratégie. Nous avons tous une responsabilité pour trouver une voie d'union", a résumé dans un tweet Valérie Rabault, députée PS et soutien de Nicolas Mayer-Rossignol.

"Alors que le Parti socialiste a transmis les résultats cumulés des fédérations, confirmant la victoire d'Olivier Faure, nous revendiquons cependant le score de 54% qui est, nous en ferons la preuve, une fois le vote lavé de toutes irrégularités, le résultat du scrutin du 19 janvier", ont affirmé pour leur part vendredi dans un communiqué les partisans du Premier secrétaire sortant.

C'est peu après 1h30 que chaque camp a revendiqué la victoire, avec de part et d'autre des accusations d'irrégularités massives.

Les militants "ont exprimé ce soir, par un vote clair, leur volonté de poursuivre le

rassemblement de la gauche et des écologistes en me renouvelant leur confiance", a ainsi assuré Olivier Faure sur la chaîne YouTube du PS.

Congrès de Reims en 2008

"Vous nous avez fait confiance en nous plaçant en tête du scrutin", lui répliquait dans la foulée l'élu normand dans une courte vidéo postée sur Twitter.

En guise d'explication pour une telle différence, les entourages respectifs ont multiplié dès avant minuit les accusations réciproques de triche organisée. Surveillants de scrutin non autorisés à entrer dans des bureaux de vote, bourrage d'urnes, une agression physique à Elbeuf (Seine-Maritime)... Ils ont déjà annoncé des recours et demandé l'annulation du vote dans plusieurs sections.

Le maire de Rouen a ciblé en particulier Liévin (Pas-de-Calais) où, selon lui, des policiers municipaux ont vidé la salle, ainsi que Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis).

Du côté du premier secrétaire sortant, son mandataire Pierre Jouvet a dénoncé une "déstabilisation inadmissible" de la part du camp adverse, et "des méthodes qu'on a trop vues outre-Atlantique", dans une allusion à la défaite jamais reconnue de Donald Trump à la présidentielle américaine de 2020.

Pour les militants PS historiques, l’épisode évoque le congrès de Reims, en 2008.

Ségolène Royal et Martine Aubry avaient contesté pied à pied les résultats, la seconde finissant par être déclarée victorieuse à l’issue d’un psychodrame de plusieurs jours.

Nouveau traumatisme

Bien que le parti n'en fasse pas mention vendredi, une commission de récolement des résultats devait, selon les deux camps, se réunir vendredi, en présence de représentants des deux candidats, afin d'examiner l'ensemble des procès-verbaux de résultats adressés par les fédérations départementales puis, de valider le résultat.

Le vainqueur doit être officiellement intronisé lors d'un congrès dans une semaine à Marseille.

Ce nouvel épisode survient neuf mois après le désastre de la candidature d’Anne Hidalgo à la présidentielle (1,7%).

Le parti avait réussi, en juin, à sauver sa trentaine de sièges de députés au prix d’une adhésion à la Nupes dirigée par les Insoumis de Jean-Luc Mélenchon, un critique acerbe du parti socialiste.

Le résultat final aura des conséquences sur cet accord Nupes conclu avec LFI, EELV et le PCF, défendu par Olivier Faure, seul moyen selon lui de faire barrage à la droite et à l'extrême droite en 2027.

Nicolas Mayer-Rossignol ne cache pas ses réticences vis-à-vis du parti de Jean-Luc Mélenchon. Il a le soutien de la troisième candidate, Hélène Geoffroy, clairement hostile à la Nupes.


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Short Url
  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
Short Url
  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".


Restitutions coloniales: le gouvernement français annonce un projet de loi

La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
Short Url
  • Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation
  • Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises

PARIS: Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation.

S'appliquant en priorité aux pays africains mais de "portée géographique universelle", ce texte vise à accélérer le retour dans leur pays d'origine de biens culturels appartenant aux collections nationales françaises.

Ils doivent revenir à des "Etats qui, du fait d'une appropriation illicite, en ont été privés" entre 1815 et 1972, selon le ministère français de la Culture.

Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises. Les oeuvres à restituer devront avoir été acquises "dans une situation de vol, de pillage, de cession ou de libéralité obtenue par contrainte ou violence ou d'une personne qui ne pouvait en disposer", a précisé le ministère.

La décision de sortie des collections pour opérer cette restitution ne passera plus par un processus législatif au cas par cas mais pourra intervenir sur seul décret du Conseil d'Etat et après avis, le cas échéant, d'une commission scientifique bilatérale.

Cette commission devra en effet documenter et déterminer, si besoin, le caractère illicite de l'appropriation des oeuvres réclamées à travers un travail qui associerait des experts et historiens français et l'Etat demandeur, selon le ministère.

Concernant la période historique retenue, 1815 correspond à la date d'un règlement des conquêtes napoléoniennes qui est dû à un premier mouvement de restitution d'œuvres à l'échelle européenne. 1972 est celle de l'entrée en application de la convention internationale de l'Unesco protégeant les biens culturels contre le trafic illicite.